AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782290390368
128 pages
J'ai lu (26/04/2023)
3.71/5   2121 notes
Résumé :
Marivaux

Le jeu de l'amour est du hasard

Peut-on épouser un inconnu ? Ce n'est pas l'avis de Silvia, promise à un certain Dorante qu'elle n'a jamais vu. Avant d'accepter ce mariage, elle décide donc de tester son prétendant sans se faire connaître : elle prendra l'identité et les attributs de sa servante Lisette, pendant que celle-ci se fera passer pour Silvia. Mais ce qui était une bonne idée se transforme en situation cocasse, puisque... >Voir plus
Que lire après Le Jeu de l'amour et du hasardVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (117) Voir plus Ajouter une critique
3,71

sur 2121 notes
5
40 avis
4
45 avis
3
23 avis
2
3 avis
1
0 avis
Marivaux - le Jeu de l'amour et du hasard - 1730 : L'amour est un jeu ! Il faut dire ça a tous ceux qui souffrent d'avoir approché d'un peu trop près sa lumière et qui s'en trouvent blessés jusqu'à la fin de leur vie. Marivaux utilisait ce sentiment dans l'immédiateté de comédies badines souvent très réjouissantes. Celle-ci par sa témérité et son rythme entraînait le lecteur dans un tourbillon de répliques qui lui faisaient tourner la tête. Il fallait être attentif pour s'y retrouver dans cette galéjade qui voyait les maitres jouer le rôle des valets et les valets celui des maitres. En laissant libre choix à sa fille de choisir ou pas l'homme qui venait lui demander sa main, monsieur Orgon validait une machination sensée découvrir la probité et le caractère de l'aspirant fiancé. Celui-ci se méfiant d'une personnalité orgueilleuse ourdissait le même complot afin de pouvoir jauger le comportement de sa future femme. Évidemment les quiproquos pleuvaient et c'est l'amusement qui prévalait avant tout dans cette pièce qui n'avait d'autres ambitions que de faire rires les spectateurs. Même si l'histoire était d'une facilité déconcertante les rebondissements perpétuels et les chassés croisés amoureux rendaient cette simple bacchanale absolument jouissive. Il faut dire que cette pièce pétillante était faite pour être jouée devant un parterre de nobles qui à l'instar de Louis XIV et de sa cour quand ils assistaient aux représentations de Molière se montrait en cette occasion capable de rire d'eux même. Il est d'ailleurs étonnant de constater que cette population tellement fière de son élitisme ait pu se divertir avec des pièces de théâtre qui de façon plus ou moins détournée cherchait à les ridiculiser. Sans doute que la longue tradition des fous qui se moquait ouvertement des monarques du moyen-âge et de la renaissance pour les distraire survivait ici. Souvent mise en scène à la comédie française car elle est une bonne école pour les jeunes acteurs se destinant aux classiques, "Les jeux de l'amour et du hasard" emporte encore l'adhésion du clampin moderne par sa légèreté certes mais aussi par sa langue déliée qui prouve qu'on peut faire rire en soignant son écriture... un bel exercice
Commenter  J’apprécie          1253
Voilà une comédie bien plaisante de Pierre de Marivaux, basée sur un double quiproquo. Plaisante, vous dis-je, magnifiquement écrite dans cette langue du XVIIIème qui vous ravit les oreilles, mais cependant assez peu profonde, comparée notamment à d'autres comédies du même auteur.

Je l'avais trouvé tellement plus profond dans L'Île des Esclaves ou La Colonie, par exemple, que je ne me cache pas d'une toute petite déception. C'est divertissant, voilà tout.

L'histoire en deux mots tient dans le pitch suivant : Silvia est une belle demoiselle de bonne famille à marier. Son père, Monsieur Orgon, qui est un homme ouvert et soucieux du bonheur de sa fille lui destine Dorante, à propos duquel les meilleurs bruits circulent.

Mais Silvia est fort méfiante sur les choses du mariage. Ainsi, plutôt que de s'engager à la légère avec un inconnu pouvant contrefaire sa nature véritable, la demoiselle préfère en juger par elle-même (on se saurait lui donner tort). Elle se fera donc passer pour sa femme de chambre et observera de loin comment Dorante s'y prendra avec sa domestique contrefaite en elle-même.

L'ennui, c'est qu'évidemment, Dorante pourrait avoir la même idée avec son valet Arlequin, de sorte que le terrain de l'expérience s'en trouverait considérablement modifié. Qu'adviendrait-il ? Ça, je vous laisse le soin de le découvrir par vous-même si vous ne connaissez pas cette pièce.

Un bon cru, en somme, mais pas aussi jubilatoire, d'après moi, que d'autres écrits de Marivaux quant à la forme (Le Paysan parvenu) ou quant au fond (L'Île des Esclaves, La Colonie). Mais bien entendu, au jeu d'exprimer son amour des pièces on se hasarde car, en définitive, cela ne représente sans doute jamais grand-chose.
Commenter  J’apprécie          1252
Quelle brillante pièce de théâtre ! Décidemment, je suis charmée par les dramaturges français ! Après Molière, Alfred de Musset et Edmond Rostand, je découvre Marivaux, avec sa pièce le Jeu de l'Amour et du hasard.

J'ai été emportée par l'histoire : une jeune femme, Silvia, est promise à Dorante, qui possède toutes les qualités d'un bon mari, honnête, beau, riche…Mais Silvia est farouchement opposée au mariage, et tente donc, avec la collaboration de sa femme de chambre Lisette, et de son père Monsieur Orgon, de découvrir si son prétendant est vraiment digne d'être aimé. Pour cela, elle a décidé d'échanger sa place avec Lisette, et ainsi, de mieux observer Dorante. Or, ce dernier a imaginé le même stratagème avec son valet Arlequin. Les rôles étant inversés, Silvia et Dorante seront-ils finalement faits l'un pour l'autre ?

Le Jeu de l'Amour et du hasard est une pièce relativement courte, mais tellement passionnante ! On décèle d'ailleurs de légères touches d'humour, à travers le couple Arlequin / Lisette, parfaite copie de leurs maîtres, mais plus ridicules et superficiels. Finalement, la modernité de cette pièce est ce qui m'a le plus marquée ; le mariage arrangé est ici parfaitement dénoncé par Monsieur Orgon, père compréhensif, affectueux et sincère, et l'inversion des rôles, surtout pour des aristocrates, est plutôt rare à l'époque de Marivaux. C'est sans doute pour cela que le Jeu de l'Amour et du hasard est une pièce si célèbre encore aujourd'hui, traversant les siècles sans jamais être démodée…

A lire !!
Commenter  J’apprécie          560
Voilà une comédie bien agréable pour une fin d'année.

On est chez des bourgeois aisés. Monsieur Orgon veut marier sa fille Silvia avec Dorante, le fils d'un très bon ami. Les deux jeunes gens ne se connaissent que par des ouï-dire favorables, mais ils se méfient : il y a tant de gens qui cachent sous une masque public une âme sombre, ma bonne dame ! Chacun dans son coin décide d'échanger les rôles avec leur servante / valet lors de la rencontre, afin de prendre le temps d'étudier leur promis(e).

Et Dorante en serviteur de trouver Lisette (en réalité Silvia) bien plus alléchante que sa maîtresse. Et Silvia de juger Arlequin (en réalité Dorante) plus urbain que son grossier maître.
Et l'amour naît… mais le mur infranchissable du statut social les sépare : comment ! S'enticher d'un serviteur ? Inacceptable ! S'amouracher d'une servante ? Impossible !
Et la situation se reproduit en papier calque chez les serviteurs qui jouent les maîtres. Comment ! Se laisser aimer d'un seigneur ? Inimaginable ! Accepter les avances d'une Dame ? Impensable !
Seuls Monsieur Orgon et son fils Mario savent, et jouent de la situation, laissant pousser les graines de l'amour avant de dévoiler le pot aux roses, à Silvia d'abord, qui va pousser loin son avantage (trop à mon goût) afin d'acquérir l'absolue certitude de l'amour que Dorante lui porte.

Le jeu des quiproquos proche du théâtre de boulevard est très efficace et je m'en suis beaucoup amusé. On sent toutefois qu'il s'agit d'aller plus loin que simplement faire rire. Il s'agit de ridiculiser les structures de classe qui obligent de se déplacer avec un masque et de considérer le monde à travers un filtre faussé. de la part d'un noble, même provincial, c'est assez révolutionnaire je trouve.

Mais foin de détails satiriques ! J'ai lu cette pièce pour m'amuser et elle a atteint son but. Seul petit écueil : les tournures de phrases sont parfois bizarres, obligeant à comprendre le sens de manière globale seulement. J'ai eu un peu de mal à saisir « Voilà un garçon qui me surprend, malgré que j'en aie. » ou bien « je suis fâchée de vous dire que c'est une idée » ; cette dernière signifiant probablement « je suis contrainte de vous dire que vous vous faites des idées ». Parlait-on vraiment comme ça au 18ème siècle ? Apparemment, D Alembert considérait Marivaux comme auteur de phrases particulièrement alambiquées, ce en quoi je suis d'accord.
Mais moi j'aime bien Marivaux, alors que D Alembert non.
Commenter  J’apprécie          460
Il ne s'agit surtout pas des éclats de rire qu'on a en lisant du Molière, cependant, la bonne humeur et le sourire sans au rendez-vous.
Marivaux traite d'un sujet en vogue au XVIIIème siècle (et peut-être encore à notre époque), à savoir le mariage forcé. La famille riche qui impose un mari à sa fille. Marivaux est plus proche de la Bruyère que Molière puisqu'il suit le acheminement naturel du caractère de ses personnages. Lui qui trouvait que Molière forçait leur caractère.
Marivaux choisit le déguisement comme moteur à sa pièce (et vous savez ce que cela a donné). L'absurdité et la préciosité ridicule des servants et surtout Arlequin assurent le ton comique, ainsi que les apparitions furtives de Mario qui ricane et se moque de sa soeur.
Marivaux nous présente deux visions des choses chez les deux héroïnes: la soubrette qui cherche un mari qui lui assure protection et tendresse et sa maîtresse qui veut vivre les délices de l'amour conjugal.
Une dernière chose, on apprécie ce marivaudage, style précieux apanage de ce grand dramaturge. Surtout dans les répliques de Dorante.
Commenter  J’apprécie          510

Citations et extraits (81) Voir plus Ajouter une citation
SILVIA : [...] Je vais vous parler à coeur ouvert. Vous m'aimez ; mais votre amour n'est pas une chose bien sérieuse pour vous. Que de ressources n'avez-vous pas pour vous en défaire ! La distance qu'il y a de vous à moi, mille objets que vous allez trouver sur votre chemin, l'envie qu'on aura de vous rendre sensible, les amusements d'un homme de votre condition, tout va vous ôter cet amour dont vous m'entretenez impitoyablement. Vous en rirez peut-être au sortir d'ici, et vous aurez raison. Mais moi, Monsieur, si je m'en ressouviens, comme j'en ai peur, s'il m'a frappée, quel secours aurai-je contre l'impression qu'il m'aura faite? Qui est-ce qui me dédommagera de votre perte? Qui voulez-vous que mon coeur mette à votre place? Savez-vous bien que, si je vous aimais, tout ce qu'il y a de plus grand dans le monde ne me toucherait plus? Jugez donc de l'état où je resterais. Ayez la générosité de me cacher votre amour. Moi qui vous parle, je me ferais un scrupule de vous dire que je vous aime, dans les dispositions où vous êtes. L'aveu de mes sentiments pourrait exposer votre raison, et vous voyez bien aussi que je vous les cache.

DORANTE : Ah ! ma chère Lisette, que viens-je d'entendre? Tes paroles ont un feu qui me pénètre. Je t'adore, je te respecte. Il n'est ni rang, ni naissance, ni fortune qui ne disparaisse devant une âme comme la tienne. J'aurais honte que mon orgueil tînt encore contre toi, et mon coeur et ma main t'appartiennent.
Commenter  J’apprécie          190
SILVIA: Monsieur un tel a l'air d'un galant homme, d'un homme bien raisonnable, disait-on tous les jours d'Ergaste. - Aussi l'est-il, répondait-on ; je l'ai répondu moi-même ; sa physionomie ne vous ment pas d'un mot. Oui, fiez-vous-y à cette physionomie si douce, si prévenante, qui disparaît un quart d'heure après, pour faire place à un visage sombre, brutal, farouche, qui devient l'effroi de toute une maison ! Ergaste s'est marié ; sa femme, ses enfants, son domestique, ne lui connaissent encore que ce visage-là, pendant qu'il promène partout ailleurs cette physionomie si aimable que nous lui voyons, et qui n'est qu'un masque qu'il prend au sortir de chez lui.
(Acte I, scène 1)
Commenter  J’apprécie          290
MONSIEUR ORGON: Eh bien, que vous importe ? S'il vous aime tant, qu'il vous épouse !
LISETTE: Quoi ! vous ne l'en empêcheriez pas ?
MONSIEUR ORGON: Non, foi d'homme d'honneur, si tu le mènes jusque-là.
LISETTE: Monsieur, prenez-y garde. Jusqu'ici je n'ai pas aidé à mes appas, je les ai laissés faire tout seuls, j'ai ménagé sa tête ; si je m'en mêle, je la renverse ; il n'y aura plus de remède.
MONSIEUR ORGON: Renverse, ravage, brûle, enfin épouse ; je te le permets, si tu le peux.
(Acte II, scène 1)
Commenter  J’apprécie          260
[...] ... SYLVIA : Si je n'aimais pas cet homme-là, avouons que je serais bien ingrate.

MARIO, riant : Ah ! ah ! ah ! ah !

MONSIEUR ORGON : De quoi riez-vous, Mario ?

MARIO : De la colère de Dorante, qui sort, et que j'ai obligé de quitter Lisette.

SYLVIA : Mais que vous a-t-il dit dans le petit entretien que vous avez eu tête à tête avec lui ?

MARIO : Je n'ai jamais vu homme ni plus intrigué ni de plus mauvaise humeur.

MONSIEUR ORGON : Je ne suis pas fâché qu'il soit la dupe de son propre stratagème, et d'ailleurs à le bien prendre il n'y a rien de si flatteur ni de si obligeant pour lui que tout ce que tu as fait pour lui jusqu'ici, ma fille ; mais en voilà assez.

MARIO : Mais où en est-il précisément, ma soeur ?

SYLVIA : Hélas, mon frère, je vous avoue que j'ai lieu d'être contente.

MARIO : Hélas, mon frère, dit-elle ! Sentez-vous cette paix douce qui se mêle à ce qu'elle dit ?

MONSIEUR ORGON : Quoi, ma fille, tu espères qu'il ira jusqu'à t'offrir sa main dans le déguisement où te voilà ?

SYLVIA : Oui, mon cher père, je l'espère.

MARIO : Friponne que tu es, avec ton cher père ! tu ne nous grondes plus à présent, tu nous dis des douceurs.

SYLVIA : Vous ne me passez rien.

MARIO : Ah ! ah ! je prends ma revanche ; tu m'as tantôt chicané sur mes expressions, il faut bien à mon tour que je badine un peu sur les tiennes ; ta joie est bien aussi divertissante que l'était ton inquiétude.

MONSIEUR ORGON : Vous n'aurez point à vous plaindre de moi, ma fille, j'acquiesce à tout ce qui vous plaît. ... [...]
Commenter  J’apprécie          60
Tu ne sais ce que tu dis, dans le mariage, on a plus souvent affaire à l'homme raisonnable qu'à l'aimable homme: en un mot, je ne lui demande qu'un bon caractère, et cela est plus difficile à trouver qu'on ne pense. On loue beaucoup le sien, mais qui est-ce qui a vécu avec lui? Les hommes ne se contrefont-ils pas, surtout quand ils ont de l'esprit? N'en ais-je pas vu moi qui paraissent avec leurs amis les meilleurs gens du monde? C'est la beauté, la douceur, l'enjouement même, il n'y a pas jusqu'à leur physionomie qui ne soit garante de toutes les bonnes qualités qu'on leur trouve [...] Oui, fiez vous y à cette physionomie si douce, si prévenante, qui disparaît un quart d'heure après pour laisser place à un visage sombre, brutal, farouche, qui devient l'effroi de toute une maison.

Acte I Scène 1
Commenter  J’apprécie          120

Videos de Pierre de Marivaux (36) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre de Marivaux
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv : https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Savez-vous quelle pièce de théâtre parle pour la première fois du consentement ? Bien avant MeeToo, très exactement 300 ans plus tôt …
« La double inconstance » de Marivaux, c'est à lire en poche dans la collection Etonnants Classiques.
Dans la catégorie : Littérature dramatiqueVoir plus
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature des langues romanes. Littéraure française>Littérature dramatique (842)
autres livres classés : théâtreVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (10133) Voir plus



Quiz Voir plus

Le Jeu de l'Amour et du Hasard

Qui prend la place de Silvia ?

Dorante
Arlequin
Lisette
Mario
Monsieur Orgon

7 questions
169 lecteurs ont répondu
Thème : Le Jeu de l'amour et du hasard de Pierre de MarivauxCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..