Voilà une comédie bien plaisante de Pierre de
Marivaux, basée sur un double quiproquo. Plaisante, vous dis-je, magnifiquement écrite dans cette langue du XVIIIème qui vous ravit les oreilles, mais cependant assez peu profonde, comparée notamment à d'autres comédies du même auteur.
Je l'avais trouvé tellement plus profond dans
L'Île des Esclaves ou
La Colonie, par exemple, que je ne me cache pas d'une toute petite déception. C'est divertissant, voilà tout.
L'histoire en deux mots tient dans le pitch suivant : Silvia est une belle demoiselle de bonne famille à marier. Son père, Monsieur Orgon, qui est un homme ouvert et soucieux du bonheur de sa fille lui destine Dorante, à propos duquel les meilleurs bruits circulent.
Mais Silvia est fort méfiante sur les choses du mariage. Ainsi, plutôt que de s'engager à la légère avec un inconnu pouvant contrefaire sa nature véritable, la demoiselle préfère en juger par elle-même (on se saurait lui donner tort). Elle se fera donc passer pour sa femme de chambre et observera de loin comment Dorante s'y prendra avec sa domestique contrefaite en elle-même.
L'ennui, c'est qu'évidemment, Dorante pourrait avoir la même idée avec son valet Arlequin, de sorte que le terrain de l'expérience s'en trouverait considérablement modifié. Qu'adviendrait-il ? Ça, je vous laisse le soin de le découvrir par vous-même si vous ne connaissez pas cette pièce.
Un bon cru, en somme, mais pas aussi jubilatoire, d'après moi, que d'autres écrits de
Marivaux quant à la forme (
Le Paysan parvenu) ou quant au fond (
L'Île des Esclaves,
La Colonie). Mais bien entendu, au jeu d'exprimer son amour des pièces on se hasarde car, en définitive, cela ne représente sans doute jamais grand-chose.