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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Dans son monde tout autre, dans son absence au monde où rien ne se fait de commun, le corps errant est un entre-soi à lui tout seul. »
Sandor est en proie à des « troubles de l'âme » qualifiés par son psychiatre de mélancolie « par ricochet ». Son père sombre dans le chaos, sa fille, Constance, diagnostiquée schizophrène, est l'un de ces corps errant qui parsèment la ville, et lui arpente les rues de Lyon. Cela fait partie des prescriptions : faire le vide, nager, et marcher le plus possible. Vacant, lui aussi en errance, il est à même de voir et de reconnaître les « corps errants », ces fous que l'ont voit paisibles ou gesticulant sur les trottoirs, ceux qui prennent les passants à partie, ces « âmes fêlées » devant lesquelles la majorité d'entre nous baisse le regard et presse le pas. Sandor, lui, s'arrête. Il écoute qui s'adressent à lui.
« (...) Souvent ils vont à l'essentiel: la vie, la mort, l'amour, la haine, la peur du monde, la relation à l'autre, le désir de reconnaissance. Ils expriment admirablement nos névroses banales, notre fatigue de nous-mêmes, notre fureur chronique à fleur de peau, nos entraves matérielles, l'encombrement des choses, le malaise de nos corps, la tristesse quotidienne que produit en nous le sentiment de la fugacité, toutes les entraves qui contrarient la fraîcheur de vivre. »
Sandor a cinquante ans. Ancien de Sciences Po, il travaillait dans une grande société où il n'assistait plus aux réunions qu'avec des lunettes noires pour tenter de pallier son « problème de lucidité », mettant un filtre entre lui et « les masques, les simagrées (…) Les petits hommes qui se prennent pour quelqu'un. Les surimportants qui pontifient ». En congé maladie, il sait déjà qu'il ne retournera sans doute jamais au bureau.
Au fur et à mesure de ses rencontres, il collecte la parole de ceux qu'on n'écoute pas parce que le fou, a-t-il lu, « est d'abord celui qui est sans interlocuteur ». Sandor constitue un « herbier psychotique », avec une empathie sans faille. « Quelquefois, par solidarité, j'ai envie de hurler avec eux, de harponner les autres, tous les autres si indifférents, si pressés, si blindés de normalité. »
Le livre est doux-amer, drôle souvent, intelligent. Il nous donne à voir le parcours d'un homme qui, petit à petit, va se réconcilier avec lui-même, son histoire et ses obsessions, et réussir à changer de vie.
« On ne trouve pas de déraison dans la beauté du monde. »"

Kits Hilaire dans Double Marge (Extrait)
Lien : https://doublemarge.com/mes-..
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« Mes Fous » Un Livre de Jean-Pierre Martin (Français, né en 1948) 160 pages. éditions de l'Olivier Sorti le 27/08/2020 …

« Je vois des femmes enceintes au ventre transparent d'où sortent par le nombril des milliers de cerfs-volants. »
Depuis que le narrateur ne prend plus ses cachets il voit la vie en rose…

« Mon père est en HP, ma soeur s'est suicidée, ma mère est au bord du suicide, j'ai des antécédents, j'aurais bien aimé avoir une chambre plus tard quand je serai vieille, dans très longtemps, tout à côté d'eux dans un hospice, en attendant je chante, je vais enregistrer un album. »

« Au mot « chant », j'ai sursauté. Et aussi au mot « album ». Je crois savoir à quel point certains schizophrènes, ceux qu'on appelle ainsi, ont envie de chanter. le chant leur paraît un remède. »

« « J'entends des voix. Jésus s'adresse à moi directement. J'aimerais bien voir les religieuses qui m'avaient recueillie quand j'étais tombée dans le fossé. Je leur dirai que Jésus m'a parlé. » Puis elle se met à chanter. Une sorte de cantique pop. Elle me redit ce que je sais : elle veut faire un album. »

Un Livre avec tantôt des fulgurances, tantôt des longueurs. On regrette le manque de dialogues sur toute une partie.

Franchement Mister, allez à la ligne et mettez le tiret quand vous voulez déclamer des prises de paroles.

« C'est tellement bien, tellement rare, d'avoir une amie femme avec laquelle on s'entend parfaitement, de vivre une sorte d'amour sans sexe, sans la frénésie de la chair. »

« – On est tous plus ou moins atteints, mais le fou, c'est d'abord celui qui est sans interlocuteur. »

« « On ne va tout de même pas attendre la fin du monde. » Nous aussi, on a une zone à défendre. »

Désolé pour cette critique « Tout en citations » mais j'ai trouvé que les mots parlaient d'eux-mêmes (Et je ne fais pas ça souvent !)
Phoenix
++
Lien : https://linktr.ee/phoenixtcg
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C'est parce que le roman de Jean-Pierre Martin a été sélectionné pour le prix Goncourt que je l'ai remarqué. Je trouve le sujet passionnant et le titre "Mes fous" le résume bien.
Personnellement j'ai eu à me poser la question de savoir si j'attirai les fous pour avoir vécu avec un magnaco-dépressif. le narrateur, Sandor, dit très justement qu'il y a deux catégories de personnes, celles qui ont eu affaire à la folie de près, dans leur famille proche, et les autres.
Sandor aimerait retrouver une vie ordinaire mais il ne peut pas, hanté par ses fous. Il en vient même à se demander s'il ne cherche pas leur compagnie ? Pourquoi ? Parce qu'ils voient le monde d'une autre façon ?
Son médecin lui dit qu'il souffre d'un excès d'empathie car il est dans l'incapacité de travailler, déprimant quand il voit à sa fille Constance qui est Schizophrène. Et il y pense tout le temps. C'est d'autant plus difficile que son père a des troubles psychiques liés à son grand âge. Et si son fils aîné, Alexandre, semble trop parfait, ses deux autres fils ne sont pas en reste, Adrien est Asperger et Ambroise sensible à l'extrême.
Ceux que Sandor appelle des corps errants le magnétisent et il en rencontre au quotidien. Il y a Karim le fou politique, la dame tout en rose, Dédé le fou météo, Volodia le psychotique...
Mais plutôt que nous démoraliser, il nous ouvre les yeux sur les bouleversants, les délirants, les exilés de l'intérieur, les allumés de toutes sortes et on comprend pourquoi ils deviennent son seul sujet possible d'écriture. Parce qu'il faut comprendre la détresse psychique pour ne pas être le réceptacle des misères mentales et éviter d'aller mal.
En ce sens, ce roman est une réussite.


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Profond et très touchant. Je recommande vivement.
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Un beau livre, un très beau livre; avec cette écriture qui, sans décrire la folie, la donne à voir, dans toute sa cruauté, sa souffrance, sa poésie aussi quelquefois, qui te tape dans le coeur dans la tête dans les tripes, qui te déchire, et puis forcément tu te demandes s'il y a vraiment une frontière entre  ce "corps errant" et celui qui se pense en bonne santé. Déchirant. Superbe. 
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Constance, la fille de Sandor a sombré dans une psychose profonde. C'est tout un monde qui s'écroule, toute une cellule familiale qui explose. Son médecin l'arrête et Sandor se met à errer dans les rues de Lyon, croisant des fous à chaque pâté de maisons, chaque quai de métro, chaque zinc de bar… Il les attire ou est-ce lui qui est attiré par ces fous?

Sandor va se plonger dans la littérature sur la folie, il cherche à comprendre, peut changer le cours des choses, sauver ce qui est à sauver et aimer ce qui tient encore la route: ces trois fils qui se construisent tant bien que mal dans leur vie d'adultes, sa femme qu'il ne désespère pas de reconquérir.
Mais Constance l'obsède. "Oublie Constance!" lui dit un jour son médecin. Comment oublie-t-on son enfant?

Ce roman est absolument splendide. Qui n'a pas un jour souffert devant le désespoir de son enfant aura peut-être du mal à en saisir toute la force. Il raconte le parcours d'un père, d'un parent, meurtri par la non-mort de son enfant, celui qui sombre dans la maladie mentale, pour qui les chances de guérison sont quasi nulles.

Les qualités littéraires de Jean-Pierre Martin sont indiscutables et son personnage est d'une crédibilité bouleversante. Sa douleur est palpable, mais l'espoir qu'il insuffle par les décisions qu'il prend, le regard qu'il porte sur tous ces fous, son amour de père, sa résilience et son humanité, font de ce roman un beau roman, au sens le plus noble du terme, de ces romans que l'on referme trop vite.
Pourquoi n'en parle-t-on pas plus?

Lien : https://carpentersracontent...
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Sandor souffre ou du moins est atteint d'un « excès d'empathie ». Il capte et reconnaît les personnes qu'il croise dans les rues de Lyon et qui lui semble en décalage avec le monde extérieur. Il répère les « fous » et revient les fréquenter ensuite au détour de ses déambulations, en revenant tailler le bout de gras avec eux par exemple. Sandor déambule car il est en arrêt de travail et il a le temps d'exercer ce drôle de passe-temps. Il est aussi un fin observateur de sa famille proche. Une famille que l'on pourrait qualifier de dysfonctionnelle et qui ne se trouve pas bien loin des « fous » que Sandor côtoie.

Avec « Mes fous », l'auteur écrit un très beau livre sur les nuances qui existent entre le normal et le pathologique. Il relève à travers les points de vue de son personnage Sandor, un point de vue plus global. Celui que porte la société sur la folie, sur la psychiatrie et sur ces personnages en marge. Des personnages qu'on laisse de côté, qui ne mérite plus notre attention. Des « corps errants » pour reprendre la très belle expression de l'auteur.

Sans être dénué d'empathie et avec un ton très juste, Jean-Pierre Martin invite les lectrices et les lecteurs à une réflexion sur la question. Sandor développe sa pensée au fil du récit et ce n'est jamais manichéen bien au contraire. le personnage principal est touché par ces marginaux et à la lecture de ce livre nous aussi.

« J'ai aussi une fibre ethnographique. J'aurais volontiers pratiqué l'observation participante ».

« C'est vrai que j'ai tendance à voir la folie partout, à débusquer sa menace, chez moi ou chez les autres, à travers des signes légers : une parole exagérément volubile, l'hystérie d'un geste, le mutisme glaçant d'un poisson froid, la logorrhée d'un monologuiste. Les fous et les demi-fous me magnétisent. À moins que ce ne soit le contraire. Je ne peux pas détourner mon regard. Je suis prêt à les suivre tel un privé qui aurait renoncé à la filature et adopté la méthode directe.
Fou n'est pas le mot, même si je le prononce avec affection. Je préfère dire : corps errants. Je les appelle ainsi pour tenter de leur rendre un peu de leur noblesse. »

« Est-ce que j'attire les fous, ou bien est-ce que c'est moi qui cherche leur compagnie ? Quelquefois j'aimerais échapper à cette manie qui est la mienne, décider de ne plus prêter attention. Mais les corps errants saisissent comme personne les fragilités alentour. »
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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