J'aime bien les romans originaux et celui là l'est assurément par le parti pris. En effet, écrire sur la folie, la schizophrénie, la dépression etc est un acte littéraire difficile qu'il faut savoir manier sans tomber dans le style... clinique !
Ici, sans être aussi emballée que @dis_moi_10_phrases, j'ai trouvé que c'était réussi !
Notre personnage, Sandor Novick, est en arrêt maladie, pris de mélancolie pré-dépression suite à la mort de son père. Sandor est un empathique profond, d'ailleurs il l'est tellement qu'il attire tous les fous errants des villes, on se confie à lui, on partage ses névroses, sa folie car Sandor sait écouter et plus que tout il comprend. Il a pris au 1er degré la maxime d'Ossip Maudelstram, poète russe, qui a écrit "Le fou, c'est d'abord celui qui est sans interlocuteur."
Mais Sandor est aussi le père de Constance, atteint de schizophrènie paranoïde, qui lui bouffe l'espace, les nuits, les repas de famille, la tête, la vie. Alors, il cherche, Sandor dans la folie des autres de quoi s'arrimer à celle de sa fille, dans les conférences sur le sujet. Et puis la folie est partout, dans les livres, la musique, au cinéma alors difficile d'avoir le moral, de tenir bon, d'espérer pour ses autres enfants que ça ira, que Ysé, son ex lui reviendra.
Et pour, non pas "lacher prise", mais "prendre ses distances", il s'échappe à la campagne mais là bas aussi d'autres fous l'attendent. Et enfin après une installation laborieuse dans une ferme restée dans son jus, je l'ai senti sereint mais comme
Robert Walser, qu'il cite "Je ne suis pas ici pour écrire, je suis ici pour être fou !"