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Critique de visages


je suis totalement séduite par la plume et la voix de Carole Martinez que je découvre avec le coeur cousu. Sous la forme d'un conte où se mèlent surnaturel et réalisme cru, nous suivons le sillage de Frasquita et ses enfants dans une longue épopée lyrique. du conte, on retrouve la trame, avec "l'objet" magique qui passe de mère en filles en distribuant un don singulier à chacune. du conte, on retrouve aussi les Amours improbables, le poison, des robes somptueuses à rendre jalouse Cendrillon... Mais on s'en éloigne lorsqu'on avance sur un terrain fait de boue et de sang sur les chemins d'Andalousie. Aucune date n'est donnée mais j'ai eu envie d'en savoir plus et grâce aux indices semés par l'auteure, je pense ne pas me tromper en situant ce récit à la fin du XIX ème siècle. Après avoir été "jouée et perdue" par son mari, Frasquita parcourt la campagne andalouse. Elle découvre les émeutes paysanes et à sa façon y participe en "réparant" la chair des hommes. Ces événement font,à mon avis, référence aux rébellions des journaliers brimés par la noblesse puis la bourgeoisie .Leur lutte revêt alors une dimension idéologique nouvelle avec la naissance de l'Association internationale des travailleurs et les anarchistes.
Le roman est constitué de trois parties: la vie de Frasquita dans son village natal jusqu'à son mariage puis son départ après avoir été l'objet du pari perdu par son mari. Sa traversée de l'Andalousie ,sa rencontre avec Salvador, les épreuves qui vont profondément la transformer. Et enfin, son exil au delà de la mediterranée avec ses enfants. Cette dernière partie nous dévoile le parcours de chacun d'eux.
Ce roman/conte d'une poésie envoutante qui mèle merveilleusement le fantastique et le réel, parle de la transmission, de l'héritage et de la question émergente de la liberté individuelle, de la possibilité , ou pas, de refuser cet héritage.La narratrice, fille cadette de Frasquita énonce " n'est-ce pas la douleur de nos mères que nous nous léguons depuis la nuit des temps dans cette boite en bois?"
L'écriture de C.Martinez m'a alternativement fait penser à L.Gaudé notamment dans La porte des Enfers ou Danser les ombres et C.Divakaruni dans La maîtresse des épices. le premier par cette capacité incroyable à utiliser les métaphores fantasmagoriques pour donner plus de puissance et d'émotion aux drames, et la seconde pour ces beaux portraits de femmes et la façon touchante de parler de la transmission orale des femmes entres elles.
Je remercie beaucoup Diablotin qui a judicieusement mis ce livre sur mon chemin!
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