Citations sur Anthologie de la poésie chinoise (129)
Soleil de l'aube à l'entrée du vieux temple ,
Le jour paraît sur la haute futaie.
Un sentier de bambous mène au secret
Des cellules tapies dans la verdure.
Clarté des monts où s'égaient les oiseaux
Reflets des eaux où s'épurent les coeurs,
Toute rumeur du monde ici s'est tue,
Rien que le son de la cloche et du gong.
Chang Jian
Les plaisirs de la vie sont dans l'intimité de cœurs qui se connaissent.
Les livres qui plaisent à l'âme sont trop vite lus,
Les amis que l'on chérit, longtemps attendus, ne viennent pas;
C'est ainsi dans le monde que souvent choses s'opposent,
À de belles humeurs combien de fois s'ouvre le cœur dans une vie ?
En contemplant les fleurs d'abricotier dans l'autel du Dieu du sol à Bo
Comme flocon de neige quand elle éclot,
Comme flocon de neige quand elle prend congé,
De toutes les fleurs la plus rare et étrange,
Son parfum n'est plus dans ses boutons,
Pas davantage dans son calice,
Mais de ses os il se diffuse.
Elles vont au gré du vent sur la rivière,
Y laissent la Lune s'attarder,
Et avilissent les pêchers des montagnes dont le sang blêmit,
Et même si la nuit, elles se dispersent, clairsemées et pâles,
Leur âme est en définitive singulière et charmante.
(p. 662 Chao Buzhi 1053-1110 dynastie des Song du Nord)
Peut-être suis-je aveugle…
Peut-être suis-je aveugle
Je ne peux que vous toucher par ma voix
Ouvrir le poème comme la paume d’une main
Le tendre vers vous
Ô frères sur la rive mienne du Pacifique
De couleur rouge, de couleur claire, bleue, noire
Fleurs qui se mettent à pleurer sur la rive mienne du Pacifique
Cette voix a traversé un vide infini
// Gu Cheng / 顾城 ou 顧城 (1957 – 1993)
//Traduit du chinois par Chantal Chen - Andro
Cascade deux fois contemplée
« Le métier à tisser du ciel s’est arrêté, et la lune sa navette
se repose un instant
Depuis son sommet la falaise est drapée d’un tissu de soie
blanche de neige, froide !
Des fils de glace ruisselant en pluie sont suspendus au
Fleuve du firmament.
Depuis des millénaires, ils n’ont jamais séché ;
Leur fleur de rosée sont par trop fraîches pour qui ne
porte qu’un mince vêtement.
On dirait un arc en ciel s’abreuvant d’un torrent,
Un dragon de jade qui descend la montagne,
Une neige de lumière envolée depuis la grêve."
(p. 847 Qiao Ji 1 323 dynastie Yuan)
Les pensées pour les monts, les sentiments pour les fleuves, ne les déçois pas !
Le charme des pluies et l'allure des jours sereins toujours y feront merveille.
Fermer ses portes pour trouver des beaux verts, tel n'est pas l'art poétique ;
C'est des voyages seuls que viennent d'eux même les poèmes.
L’étang de dix mille toises
« Le ravin verdoyant recèle bien des mystères ;
On y voit, parfois, une créature surnaturelle.
Un dragon doit se lover au fond de ses eaux ;
Son antre est profond de dix mille pieds.
Prudemment, nous suivons la pente raide,
Puis, courbés, descendons dans une brume bleue.
Devant nous surgit une grande étendue d’eau ;
Derrière nous se dresse un énorme roc grisâtre.
Le chemin disparaît dans les monts périlleux ;
Le rivage est coupé en deux falaises opposées.
Tranchées jusqu’à leur racines invisibles,
Leurs ombres inversées, calmes, vibrent sur l’eau.
Noir : on devine une courbe dans ce gouffre ;
Clarté : reflets ; brisés des ondulations de la lumière.
Un nuage solitaire s’introduit dans ce gouffre ;
Les oiseaux volent et tentent en vain de s’éloigner.
Des plantes grimpantes forment des rideaux ;
Des arbres transis ressemblent à des drapeaux.
Des torrents sinueux amènent des eaux lointaines ;
Ses eaux souterraines sont évacuées par des grottes.
Il semble que nul n’ait connu cet endroit exquis ;
Nous sommes sans doute les premiers à l’explorer.
Avec regret, il est temps de repartir maintenant ;
C’est la meilleure promenade de ces dernières années.
A cette saison, le dragon caché ne peut bouger ;
Ses mouvements sont gênés par des rocs géants.
J’aimerais revenir ici par une belle journée d’été,
Pour voir le dragon surgir dans un ouragan ! »
(p. 413 et 414 Du Fu 712 770-dynastie Tang)
L’îlot aux perroquets
Les perroquets sont passés sur les eaux de la Wu ;
On a baptisé « Perroquets » un îlot de cette rivière.
Les oiseaux se sont envolés à l’ouest, vers le mont Long ;
Comme ils sont verdoyants, les arbres de cet îlot vert.
La brume se disperse, les orchidées parfument le vent tiède ;
Entre les fleurs de pêcher, des vagues colorées se lèvent,
L’homme exilé, à ce moment, regarde en vain l’horizon ;
La Lune solitaire sur ce long îlot, pour qui brille t-elle ?
(p. 358 Li Bai-701 762-dynastie Tang)
La vie est
Au coin des lèvres du Dieu de la Mort
Un sourire.