Bref, le ou la partenaire idéal.e, c'est celui ou celle qui vous prendra toutes les parties du corps... sauf la tête.
Mais toutes ces choses nous sont parfaitement naturelles quand on est amoureux : on ne se force jamais à sortir, à faire la fête, à fuir la routine, on ne s'oblige pas non plus à faire l'amour n'importe où, n'importe quand, où à inventer sans arrêt des trucs de dingue.
Alors, dans un mariage, lorsqu'on se dit qu'il faut faire des efforts pour fuir la routine, eh bien, c'est trop tard : la lumière a déjà pâli.
Après, bien sûr, on peut toujours s'obliger à inventer de nouvelles sorties et chercher à surprendre l'autre, mais au lieu d'être portés par l'enthousiasme, ces actes sont dictés par le devoir de faire durer le couple à tout prix.
Mais, croyez-moi, ce n'est plus vraiment la même chose.
Bien sûr, on s'amuse quand même, on profite des soirées, on se chuchote qu'on s'aime, mais personne n'est tout à fait dupe : comme on n'est plus transportés par un feu intérieur, on fait juste des efforts pour jouer au couple modèle.
Contrairement à ce qu'affirmait Saint-Exupéry, avec son "on ne voit bien qu'avec le coeur", Pa est convaincu qu'on ne voit bien qu'avec l'odorat, l'ouïe, le toucher, tout ce qui fait défaut aux rencontres en ligne.
Que c'est notre instinct, notre corps qui nous guident mieux que tout.
Le corps, Emma. Le toucher. Le frisson au contact de la peau de l'autre. Son odeur, le matin au réveil, le soir au coucher, après l'amour. Ses cicatrices. Ses rides. Un amant se reconnaît dans le noir non pas à sa voix, mais à toutes ces sensations qu'il fait naître en nous. Le corps ne ment pas, Emma. Jamais.
J'aimais nos échanges parce qu'ils étaient légers, que tu ne me demandais rien, que tu ne faisais pas de fautes d'orthographe et que tu avais un sacré sens de l'humour. Je me doutais bien que tu n'étais pas vraiment libre.... Bref, cette soupape était bienvenue, sans que je nourrisse pour autant des attentes démesurées.
Mais ce soir, c'est particulier : je dois rencontrer Matthieu. Depuis ce matin, Brassens gratte sa guitare en chantant dans ma tête "J'ai rendez-vous avec vous", pendant que je sautille dans l'appartement comme une groupie la veille d'un concert de son boys band préféré.
Pathétique.
Tu veux posséder. Que l'autre t'appartienne. Qu'il soit à toi. Mais il n'y a que dans la liberté que le couple peut vivre et s'épanouir. Liberté offerte et consentie....
Tu crois que pour ta mère j'étais l'homme de sa vie ?
Non, j'étais l'amant de sa vie. Et elle, l'amante de la mienne.
Tu t'imagines que c'est au prince de t'éveiller, que c'est son baiser qui mettra un terme à ton sommeil infini.
Mais c'est là le plus gros mensonge des contes de fées.
La princesse doit ouvrir les yeux seule; ce n'est qu'ainsi elle sera capable de voir son prince.
Tu attends de l'autre qu'il te tende la main et t'aide à te lever.
Et, quand il l'a retire, tu tombes.
Bien sûr que se mettre debout tout seul est difficile, douloureux parfois.
C'est pourtant l'unique façon de parvenir à marcher sur ses deux jambes ...
Pendue à son cou, je l'ai embrassé à en perdre le souffle.
Je ne l'aime jamais autant que dans ses fragilités.
Je serai sa petite marchande de glaces, on ira voir la mer du Nord en hiver, il regardera sous les jupes des filles, on écoutera des paradis parce qu'ils s'écoutent ainsi, main dans la main, dans la foule sentimentale, près de Londres sur Tamise ...