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Avis : Coup de coeur

Amère est un roman resté dans mon esprit malgré tous les livres lus et voici maintenant L'impromise, deuxième roman d'Angélique Maurin, qui va venir le rejoindre. Je me suis interrogée sur le pourquoi de ce souvenir entêtant : peut-être à cause de la profondeur des âmes noires des personnages qui n'en ont aucune conscience. Elles vivent pour elles, car oui, dans les deux romans ce sont des femmes qui sont les personnages principaux.
Ce roman est un cristal dans lequel les âmes se reflètent.
MADO a 16 ans lorsque les années de guerre s'annoncent ; elle n'est pas encore femme mais la rencontre avec Gus, boulanger que ses jambes aperçues depuis un soupirail séduisent, va tout changer. Elle va l'épouser et faire de lui le complice d'un monde qui lui restera à jamais fermé. Elle aura des enfants, supportera la guerre et ses ravages, traversera la vie en n'ayant qu'une seule chose en tête : elle-même.
le portrait de cette femme est fait par touches successives, emplissant l'espace, gommant les réalités, emportant l'adhésion du lecteur malgré son effroi.
L'écriture d'Angélique Maurin est âpre, en osmose avec les réalités de la fiction, elle se nourrit d'un humour caustique et d'une plume acérée, d'une provocation nourrie de subtiles descriptions. Elle voit tout, elle dit tout et surtout l'inavouable des pensées. Les combats d'amour tout comme le manque d'amour sont magistralement décrits, les raisonnements sont tordus mais souvent vrais, la pudeur se niche dans les non-dits ou les non-actions.
Tout ceci se passe entre Tarascon, Digne et Marseille au temps où la rue Curiol était le rendez-vous des homosexuels et des travestis.
J'aime tout dans ce roman : le titre qui dit beaucoup, le visuel de la couverture que l'on doit à Jonas Bonhomme, le fils de l'auteure, et surtout la créativité d'un texte autour de la profondeur d'une âme distanciée.
Vous aimez la lecture qui bouscule, celle qui vous ouvre des mondes intérieurs torturés, tout ceci en étant facile à lire et en étant scotché au suspense de l'intensité des devenir de chacun, alors ne manquez pas ce nouveau roman, il vient de paraître.
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« Ils n'exigeaient rien l'un de l'autre. Ils s'utilisaient. Avec beaucoup de plaisir. Celui de Mado était peut-être direct, brut, sans fioritures, sans états d'âmes et celui de Gus violent, lancinant, douloureux, mais ils se rejoignaient dans une volonté purement égoïste et dans la pleine conscience de ne rien accommoder de sacré, de ne rien tricoter de durable. »
Mado et Gus n'étaient pas prédestinés à se rencontrer, à partager une histoire d'amour, une vie. Seul le plaisir de la chair les a réuni. Mado, jeune fille de seize ans, à la découverte de son moi. Et Gus, son aîné qui ne cherche que des aventures.
Seulement voilà, après quelques ébats et quelques débats, ils sont contraints à se marier par la fatalité d'une grossesse imprévue.
Dans cette période d'avant guerre, les moeurs sont différentes. La place des femmes dans cette société est encore à faire. Pour cette Mado qui rêve d'indépendance, la vie qui se dessine devant elle la laisse si mélancolique que son avenir se veut incertain. La guerre dont ils doivent faire face n'arrangera en rien les choses. Et la reconstruction ne se tissera pas…
« L'impromise », deuxième roman pour Angélique Maurin. J'avais tellement hâte de le lire tant j'ai été bouleversée par le premier. Alors non, il ne s'agit pas d'une suite. Mais la plume de notre auteure est si sensible, délicate et captivante qu'il était pour moi indispensable de me plonger au coeur des pages de ce livre. Et quelle belle découverte. Angélique Maurin à cette faculté de nous transmettre des émotions si particulières liées à un personnage torturé intérieurement, dont seul les mots ne suffisent pas et pourtant ; la magie de son écriture nous emporte dans les profondeurs de son héroïne. Un sentiment paradoxal certes, mais qui résonnera en vous, mes chers lecteurs si l'envie vous prend de vous laisser charmer par ce roman. Vous pourrez très bien vous attacher malgré tout à ces personnages tantôt attirants tantôt exaspérants. La beauté de ce livre ne réside pas dans ses personnages mais bien dans la plume exceptionnelle de notre auteure à nous dévoiler un monde en noir et blanc de sentiments.
Mes chères lectrices et chers lecteurs, je vous souhaite une belle lecture, entre les âmes de nos amants.
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Ahhh si j'étais influent, je mettrais en lumière les petits perles de l'auto-édition.
Oh oui, si j'étais influent, je créerai un prix pour les auto-édités, car leur image n'est pas toujours bonne et pourtant j'y ai trouvé probablement mes plus belles lectures.
😍
J'ai eu envie de prendre mon temps avant de faire ce retour pour confirmer ce que j'en pensais. Et j'ai toujours cette histoire collée à moi. Je ne me souviens certes plus de tous les petits détails mais j'ai encore bien l'histoire dans la tête et j'aurais du mal à oublier les personnages que j'ai beaucoup aimé.
😍
Des histoires avec des personnages très ambivalents, j'adore. J'ai adoré cette gamine, Mado, pour sa drôle d'histoire avec Gus. Je l'ai aussi détestée tellement son comportement pouvait blesser certains et certaines. Une femme en dehors du système, une femme dont les émotions ne sont pas accessibles aux "mortels".
😍
Alors, clairement, Mado est le coeur de ce roman. C'est simpliste à dire mais c'est un véritable tour de force de rendre crédible et tellement vivant un personnage aussi déroutant, déstabilisant.
😍
Un vrai roman à personnage, une histoire de vie.
😍
La fin m'était peut-être un peu prévisible ; mais ça n'a absolument pas gâcher le plaisir.
😍
Angélique, je vous « aime ».
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Même un détestable macho apparaît plus agréable et aimable que Mado...
Mado, une ado qui n'en est plus vraiment une, une fille qui n'en ressent pas le lien, une épouse qui subit juste son sort sans amour, une mère qui mettrait en colère toutes les autres... bref... Ainsi le lecteur decouvre une anti-héroine dans une contre-romance tragique.

Nous sommes face à des points de vue bien différents sur une même situation. le lecteur connaît les pensées des personnages mais il n'y a quasiment aucun dialogue, communication entre eux. Sensation de gros décalage entre les personnages qui vivent des moments parallèles.
Les personnages qui gravitent autour de Mado, qui la croisent ou plus si affinités, sont décrits de manière approfondie, on sait ce qu'ils pensent et ressentent. En contraste avec ce personnage central, Mado, qui reste assez énigmatique pour moi jusqu'à la fin, dont on perçoit la pierre à la place du coeur. Mais d'où vient cette personnalité froide et égoïste ? Il faudrait presque un autre roman sur son enfance.

J'ai mis un certain temps à m'habituer au style, avec des changements de narrateurs, des ellipses assez conséquentes parfois, mais finalement j'ai compris qu'il fallait juste se laissait guider par l'auteure et que tout prenait son sens à un moment où un autre.
J'ai découvert une écriture en dentelle poétique et percutante à la fois.

Bravo pour l'intelligence du texte, sa structure, je n'en dis pas plus mais "ce n'était pas la bonne mère " m'a définitivement conquise dans les dernières lignes pour dire que c'est un coup de 🖤.

SP non rémunéré
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1938. Gus, 36 ans, est boulanger. Il aime la vie et les femmes, et a pour objectif d'ouvrir sa propre boulangerie dans son village natal, à Tarascon. Il fait la rencontre de Mado, joli brin de jeune fille de 16 ans. Elle va lui tourner la tête.

« Ces émotions extrêmes n'étaient pas habituelles chez lui. Il était bien sûr fréquent pour Gus de s'extasier sur la beauté des femmes, comme d'ailleurs de se concentrer avec passion à leur conquête. Mais jamais il n'avait ressenti ce coup de poing-là. »

Tous deux entameront une liaison qui est condamnée à s'arrêter très vite lorsque Gus rentrera à Tarascon. Cela ne dérange pas Mado, qui souhaite papillonner, elle aussi. Il faut dire qu'à part ses magazines de mode, rien ne l'intéresse vraiment…

« La seule chose qui semblait égayer Mado et allumer un peu de lumière et d'éclat dans ses ténébreuses prunelles, c'était des bêtises de magazines féminins. Et ces futilités-là ne poussaient guère au labeur. Elle pouvait passer des heures plongées dans son satané Midinette, et ses romans-feuilletons. »

Je ne vous raconterai pas plus ce qu'il va se passer pour Mado et Gus, je veux vous laisser le même plaisir de la découverte que j'ai eu ! Ils vont subir le carcan des moeurs de l'époque d'avant et après guerre. Pour Mado, rebelle indépendante, tout est compliqué, dans cette société où la place des femmes se résume à celle d'épouse dévouée et de mère attendrissante. Tout ce qu'elle n'est pas et se refuse à devenir. de 1938 à 1976, nous allons suivre ces destins tourmentés, ballotés comme de simples jouets de la vie, du destin, ou encore de l'Histoire. 

Mado est une femme forte, mais qui peut engendrer des sentiments différents au fil de la lecture. Elle m'a fait passer par toutes les couleurs ! Elle m'a choquée à plusieurs reprise par son comportement, et autant à certains moments, je l'ai admirée. Paradoxal, me direz-vous ? C'est le moins que l'on puisse dire ! Et c'est cela que j'ai beaucoup apprécié dans ce roman : la capacité d'Angélique de modeler ses personnages de telle façon qu'ils provoquent des sentiments totalement contradictoires chez le lecteur. Mado est la pièce maîtresse de ce roman. Angélique l'a façonnée en anti-héros à jupon. Son indifférence et sa nonchalance peut raisonner en nous. Ne pourrions-nous pas, nous aussi, nous laisser porter par la vie, sans contraintes, en occultant les drames et les embûches ? Mado pourrait passer pour quelqu'un de sans coeur, mais au fil des chapitres, le lecteur s'aperçoit que ce n'est pas le cas. Et pourtant, bien des étapes dans la vie de Mado pourrait nous le faire croire.

Angélique développe des thématiques intéressantes, la maternité, notamment, est dépeinte sous plusieurs angles, jusqu'à donner des sueurs froides au lecteur. En tous cas, moi, j'en ai eu !! 

La plume d'Angélique est vraiment agréable, fluide, élégante et foisonnante. le vocabulaire utilisé est riche. La construction est linéaire, et malgré le contexte historique assez lourd (Mado et Gus connaîtront la Seconde Guerre Mondiale), Angélique ne tombe pas dans le pathos. J'ai aimé suivre la vie de Mado dans ce siècle particulier, m'immerger dans cette ambiance pas si lointaine, en définitive, mais qui paraît pourtant si distante de notre société actuelle. 

Une lecture à la fois rafraîchissante et passionnante, une tranche de vie à découvrir, qui ne peut laisser personne insensible. Je vous conseille de découvrir les romans d'Angélique, ils valent vraiment le coup !

« Il la trouva belle, obscure et lumineuse, mais parce qu'il faisait nuit, parce que la lune l'irradiait, parce que la pluie déposait sur sa peau ce voile gras et translucide qui la faisait briller. Elle n'était qu'illusion. Elle n'était que Mado. Elle n'avait toujours été que cela. Son accidentelle, celle que même le plus cruel des destins n'aurait pas osé admettre lui avoir promis. »

#AngéliqueMaurin #LImpromise
Lien : https://soniaboulimiquedesli..
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Démoniaquement glauquissime !

J'ai eu la chance de découvrir ce roman en avant-première, il s'agit de ma seconde lecture de l'auteure. Et quelle lecture !
Fans de romance rose bonbon aux arômes édulcorés ? Passez votre chemin. Ce livre n'est pas pour vous !
L'impromise est l'histoire d'une femme exceptionnelle, hors-normes, comme l'auteure aime à nous les dépeindre, dans un sud de France marqué par la seconde guerre mondiale. Comment parler de Mado sans trop en dire ? Mado, c'est l'antihéros par excellence, ou peut être bien l'expression du démon, qui se terre dans les profondeurs insondables de l'âme humaine. Elle personnifie l'antithèse de l‘épouse parfaite. Mado, la femme fatale qui tourne les têtes, la mère aux méthodes contestables, la femme « libérée » dans tous les sens du terme.
Avec son écriture élégante, ciselée, coulante, Angélique nous embarque dans l'esquif bringuebalant de la vie de Mado et des siens. Nous voilà alors submergés de vagues d'émotions déstabilisantes. La fascination, l'horreur, l'extase, l'ahurissement, le dégoût, l'incompréhension, le déni… Non, elle n'a pas osé ???? Eh bien si, elle a osé. Et nous lecteurs, on est pris au piège, alors on se laisse happer jusqu'au bout. Mais on n'en ressort pas indemnes ! Oh Bonne Mère !
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J'ai lu L'improvise de @angelique.maurin.auteur et je ne vous en avais pas fait la chronique !

Tout d'abord j'ai voulu lire ce roman à l'époque car j'étais dans une période guerre mondiale. Il me paraissait logique d'en faire la lecture à ce moment la ! Premier roman de l'auteur pour moi et je ne suis pas déçue. Bien au contraire, angélique à une écriture et une plume digne des plus grands ! Une plume tranchée, franche et sans tabous que j'apprécie beaucoup ! Les choses sont posés par écrit POINT, elles ne demandent pas réflexion et suspicion !

Une étude de l'âme humaine ou devrais je dire de la race humaine que je partage et qui peut parfois me dégouter mais ce n'est que réalité. Une perspicacité rare dans les romans français qui ne vous laissera pas de marbre.

Une temporalité bien menée, les drames de vie que chacun peut vivre sont très présents dans ce roman sans tourner dans le mélodrame ! En fait Angelique sait doser : la noirceur, l'espoir, les drames, les tourments, l'envie ... Elle mélange tout cela et vous concocte un super roman !

Un roman noir, sombre et parfois angoissant se passant en France qui faut absolument lire et qui mérite plus de visibilité !
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L'auteure nous propose un roman de littérature blanche qui se déroule en France , en Provence entre 1938 et 1976. Période marquée par la guerre . le personnage principal est Mado que l'on va suivre de son enfance à l'âge adulte . Une jeune fille ni belle ni moche , intéressée et inintéressante ; une femme peu aimable , ambiguë,une impromise. À l'âge de 16 ans , Mado va croiser le chemin de Gus un artisan boulanger qui est tombé sous le charme de ses jambes vues au travers le soupirail de son lieu de travail . Gus un jeune homme qui collectionne les conquêtes d'un instant est littéralement tombé sous le charme . Nous allons suivre le destion de cette femme déroutante qui aspire à une vie différente des femmes de cette époque . Une jeune femme qui deviendra mère , qui connaîtra la guerre et ses catastrophes en gardant toujours comme objectif de penser à elle . Mado est le personnage fort de ce roman mais Gus et les autres personnages secondaires sont tout aussi importants et parfaitement étudiés . Nous allons suivre le destin de cette impromise dans une ambiance sombre , froide mais prenante. La femme tient une place importante dans les livres de l'auteure . Des femmes anti héroïnes , au fort caractère qui ne sont pas forcément source d'empathie mais auxquelles on s'attache malgré tout . Mado en fait partie . Un personnage froid , ambigu que l'on déteste mais qui nous touche . Une jeune femme qui ne s'intéresse pas à grand chose et qui n'intéresse pas grand monde , sauf Gus. La plume de l'auteure est pleine de poésie , de sensibilité et nous retranscrit avec beaucoup de justesse de côté ambivalent de ses personnages féminins. Des personnages que l'on déteste mais dont on ne peut être indifférent . Derrière Mado et son mauvais caractère se cache un passé douloureux avec une mère froide , sans coeur . Comme dans son précédent livre « Amère » , l'auteure aborde des thèmes forts comme la féminité , la maternité , la sexualité , la famille …Un très bon roman que vous prendrez plaisir à lire et une auteure à suivre .
Lien : https://m.facebook.com/story..
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Coup de coeur ! ❤
Il est des livres qui vous marquent, vous attachent et collent longtemps à votre esprit, parce qu'ils vous touchent, vous parlent, vous font réfléchir. Indubitablement, celui-ci en est ! Il nous fait témoin d'une tranche de vie, celle de Mado, adolescente languide de la fin des années 30, dont on va suivre l'existence jusque dans les années 80.
Mado n'est pas belle ; elle n'est pas laide non plus, mais elle vous captive. Elle n'est pas intelligente ; pas sotte pour autant, elle vise ce qui lui est utile. Elle est indolente, égoïste, inconsciente. Elle se définit par ce qu'elle n'est pas.
Mado n'attend pas grand-chose de la vie. Elle s'ennuie. Elle se laisse porter par le destin qui lui donne toutes les chances que sa nonchalance transforme en calamités, pour les autres…
Mado relègue les horreurs de la guerre au second plan car les ruines qu'elle engendre dans le coeur des gens sont irréversibles.
Mado, c'est la force du roman, mais une force d'inertie, elle ne dévie de sa ligne d'inconduite que pour suivre ses lignes de fuite. Une force centripète, qui ramène tout en son centre, l'alentour devenant flou et sans intérêt.
Et cette anti-héroïne, antipathique, inconsistante, nous ramène à nous-même, nous subjugue, nous enferre non par ses qualités, elle n'en a pas, mais par ce don que l'auteure avait déjà manifesté dans « Amère », celui d'une écriture pure, sans fioriture, poétique, sans concession qui sonde les âmes de ses personnages et atteint la nôtre par ricochet.
Et comme fil rouge de son oeuvre, la question de la maternité, entêtante, dérangeante qui ne peut que faire écho en nous.
Bref, déjà séduite par son 1er roman, celui-ci achève de me conquérir et j'affirme qu'Angélique Maurin va devenir une écrivaine qui compte ! A suivre !
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Avec Amère, son premier roman, j'avais découvert une auteur prometteuse au style déjà bien marqué, aux sentiments virevoltant entre les pages, nous embarquant le temps d'un voyage dépaysant pour une lecture inoubliable.
Ici, dans L'Impromise, son deuxième ouvrage, elle nous confirme son talent unique. Avec une plume remarquable, elle nous plonge dans les tréfonds de l'âme humaine avec une finesse et une justesse sans pareilles. C'est transperçant et véritablement mémorable.

Elle a ce don de disséquer l'humanité avec brio. Elle décortique autant la noirceur que la lumière de chaque âme habitant son texte avec une facilité déconcertante et nous offre ça sur un plateau, nous chamboulant à volonté par ricochet. On vit par procuration cette tranche de vie si atypique et pourtant si réaliste avec une curiosité quasi malsaine chevillée au corps. Sexualité, prostitution, maternité, handicap, deuil... Les plus grands tourments possibles de l'existence sont abordés de manière exceptionnellement dramatique et poignante.

Elle use sans abuser de ses qualités littéraires pour nous servir un texte charmant, chantant, poétique et sublime. Séduite par ses mots, ses phrases parfaites, il m'était impossible de ne pas me délecter de chaque paragraphe faisant de ce récit une histoire harmonieuse aussi singulière que vibrante. Elle est incontestablement une de mes plus belles découvertes de ces dernières années.

Autour de son personnage singulier et racé de Mado, cette impromise, elle nous embarque au temps jadis et nous transporte dans la Provence du 20e siècle, marquée par les guerres, ses moeurs patriarcales avec une immersion toute bienvenue mais bouleversante à souhait. Je me suis laissée aller aux humeurs de cette femme à la psychologie travaillée et tellement déconcertante, à son ambition bien singulière la poussant à cheminer vers des actes irréparables, tantôt révoltants, tantôt presque justifiables pour une femme de ce siècle ne pensant qu'à elle-même, la menant jusqu'à une fin inéluctable.
Il y a aussi Gus, Gil, Huguette et les autres... Des personnages secondaires certes, mais qui portent aussi l'intrigue à bout de bras, car sans eux, le récit n'aurait pas la même saveur, la vie de Mado étant aussi faite de rencontres et de relations humaines atypiques mais primordiales au déroulement de son destin funeste.
Touchée par cette patte à la Franck Bouysse, j'ai vécu ce roman sombre habitée d'une intensité émotionnelle inoubliable. Page après page, je n'avais qu'une envie, celle de me laisser étonner par Mado la fantasque et ses intentions surprenantes de l'existence, ses choix, et ses non-actes, sa personnalité troublante et son existence paradoxale faite d'ennui et d'espoir tué dans l'oeuf.

Mado, c'est une femme qu'on ne peut pas oublier, qui nous remue et nous marque au fer rouge. Et telle une Emma Bovary, elle porte en elle les cicatrices surannées d'antan avec ce besoin d'anticipation féminine, maladroit certes, mais tellement ancré en elle qu'il déborde irrémédiablement de partout.

C'est un roman à lire de toute urgence pour les curieux du vrai, de l'authenticité à l'état brut. C'est une histoire qui vivra encore longtemps en vous, même après avoir tourné son ultime page. Un chef d'oeuvre d'une finesse incomparable, une sculpture littéraire réalisée avec soin et magnificence. Incontestablement un roman unique, fort, profond qui laisse des traces. Bravo Angélique pour cette rencontre ineffaçable avec Mado que je ne pourrai jamais oublier, cette illustre héroïne déroutante aux charmes insolites qui ne nous laisse ni indifférents, ni indemnes.
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