Vous expliquez tout le temps qu'on est là pour parler au nom des morts.
Mais parfois on ne crie tout simplement pas assez fort.
"Nul n'est plus chanceux que celui qui croit à sa chance."
Tony avait souvent entendu dire que les gens accusaient la perte d'un proche de diverses façons.
Il n'était pas sûr d'être d'accord.
Ils réagissaient peut-être différemment en apparence,
mais quand on y regardait de plus près, l'effet était toujours le même :
la mort déchirait votre vie en deux.
La vie avant ce décès et la vie après.
Et donc, JJ s’était intégré au bruit de fond pour ne devenir qu’une autre référence qu’elles pouvaient ignorer. Aussi, naturellement, quand Seth indiqua en passant qu’il avait rendez-vous avec JJ pour partir en quête de raretés dans les boutiques de CD d’occasion de Bradfield, cela n’éveilla aucune inquiétude.
Quand on est habitué à la sincérité, on ne se doute jamais que ce qu’on nous raconte n’est qu’une pâle version de la vérité.
Elle avait l'impression d'avoir cinq ans de mois, comme si le poids de son passé récent s'était envolé.
Une régénérescence, voilà l'effet que ça lui faisait.
Une était redevenue une personne apte à nouer une relation.
Au bout du compte, tout se résout par le sang. On peut se remettre de certains torts qui nous sont faits. Les classer dans la case des leçons apprises, des dangers à éviter à l'avenir. Mais certaines trahisons exigent une réponse. Et parfois, seul le sang peut l'offrir.
C’était un de ses coups de gueule habituels, parmi quelques autres que Patterson poussait machinalement dès qu’une affaire le contrariait. Ambrose savait que le problème n’était pas vraiment ce que critiquait son chef. C’était ce que Patterson considérait comme son incapacité à faire des progrès qui puissent soulager les familles en deuil. C’était qu’il se sentait faillible. Et Ambrose n’avait rien à dire pour le rassurer face à cela.
Carol n’avait pas menti. Le sancerre était délicieux, acidulé avec une note de groseille, frais et gouleyant. Malgré cela, Tony n’était d’humeur qu’à le siroter sobrement. Si Carol allait lui offrir des informations sur son père comme un chien dépose un journal trempé au pied de son maître, il voulait garder les idées claires.
La femme qui se dirigeait vers lui à travers la foule était certainement la seule personne dans la pièce avec qui il avait une réelle envie de passer du temps. C’était le meurtre qui les avait réunis, le meurtre qui les avait amenés à se comprendre mutuellement, le meurtre qui leur avait appris à respecter la pensée et les valeurs de l’autre.
//----Dédicace : ----//
Au méli-mélo que constitue ma famille,
autant sur le plan biologique que logique.
Je déteste peut-être le camping, mais il s’agit là
d’une grande tente que je suis fière d’habiter.
//---- Titre original : Fever of the Bone ----//
//---- Citations d'ouverture ----//
Aucun contact possible avec la chair
N’apaisa la fièvre de l’os.
Murmures d’immortalité
T. S. Eliot