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EAN : 9782914704649
176 pages
Jigal (17/02/2010)
3.61/5   14 notes
Résumé :
« Le cortège des berlines blindées serpentait dans la nuit et le brouillard. À travers les roseaux muets, suintaient les lumières des phares. Faisceaux jaunes mordant l’obscure vapeur des enfers… Et Dieu lui-même semblait avoir déserté… » Alger, les années 2000. Un jeune homme disparaît. Pour régler une dette, Djo, commissaire à la retraite – entêté, solitaire et amoureux – reprend du service et réactive ses réseaux. L'enquête devient une inquiétante course contre l... >Voir plus
Que lire après La prière du MaureVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Comme la littérature nigériane dont nous avons parlé en début de semaine, la littérature algérienne est peu représentée dans nos librairies et la venue d'un auteur de polar algérien à Quais du polar - qui rappelons le ouvre ses portes demain- est forcément perçu comme un événement en soi.

Cet auteur, c'est Adlène Meddi qui a beaucoup fait parler de lui dans le milieu avec son dernier roman 1994 qui a bien marché depuis sa mise en vente en octobre dernier aux éditions Payot Rivages.

Un journaliste d'investigation qui s'est recyclé avec énormément de talent et d'habileté dans le travail de romancier policier et qui utilise avec beaucoup de maitrise toute la matière documentaire qu'il a intégré de son expérience de journaliste de terrain dans un Pays où ce métier nécessitait pas mal de courage.

Nous n'avons pas encore réussi à lire 1994, mais on s'est rattrapé avec un autre de ces romans réédité en poche chez Jigal Polar, "La prière du maure"( bon titre à double lecture ( on appelle Maure les habitants arabo-berbère du nord de l'Afrique) et qui comme "1994" n'hésite à plonger dans l'histoire récente de son pays pour nous parler sans prendre forcément de gants de son pays et de ses habitants.

"La Prière du Maure" nous entraine quelques années après le cadre de son dernier roman, soit au début des années 2000, où le système politique est disséqué dans sa plus belle complexité entre services spéciaux, .factions du régime, groupes armés, pouvoir militaire sans éthique, terroristes et victimes de tout bord.

"Puisque tout le pays s'était décidé à plonger, la tête première, dans le néant, silencieusement et inéluctablement, ne lui restait-il pas à lui, Djoumet Malakout, commissaire de police à la retraite, qu'à se hisser vers le haut ? En criant. Criant plus fort que sa chute. »

Ce monde des services spéciaux algériens fait assez froid dans le dos, avec des réglements de comptes et des violences de tout bord, tout semble être intrigues, menaces, soupçons en tous genres, à tous les coins de rue avec une fatalité qui semble inéluctable.

Dans ce roman, à la fois thriller d'espionnage et récit d'apprentissage ( avec un héros Djo, qui va subir une initiation rapide et radicale, l'entrainant vers les tréfonds de l'âme humaine comme dans tout bon polar digne de ce nom) Adlène Meddi plonge son lecteur dans les affres du pouvoir qu'il soit politique, militaire ou financier .

Une plongée qui possède un charme tout particulier car elle se déroule dans une ville Alger que son auteur semble connaitre pas mal et qui apparait ici à la fois très belle et très inhospitalière, dans un versant fantasmagorique, et grouillant, à la lisière de la folie, de celle des hommes qui sont prêt à tout pour le pouvoir .

Une cité qu'on appelle Alger La Blanche mais qui est ici plutôt rouge comme le sang des hommes qui coulent sur les murs.
Meddi nous livre cette immersion en apnée avec un style à la fois frontal et qui se permet même quelques envolées lyriques et poétiques, presque "slamées" pour un roman à vif et d'une belle intensité que son récent "1994" qu'on dévorera certainement après le festival ne devrait que confirmer !
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Adlène Meddi est un journaliste, reporter et écrivain algérien et on sent bien le côté reporter qui a fouillé dans les poubelles de l'Histoire pour dénoncer un système, le critiquer, le mettre à jour.

J'avais déjà découvert une Algérie loin des cartes postales avec "Le désert ou la mer" de Ahmed Tiab mais ici, j'ai plongé un peu plus dans Alger La Noire et j'en suis ressortie en regardant derrière moi si certains personnages louches ne me suivaient pas.

Ici, l'avenir n'est pas heureux, le sang coule toujours et des gens qui posent les mauvaises questions aux mauvaises personnes disparaissent.

Pourtant, nous sommes face à une enquête banale : un ancien commissaire à la retraite à qui on a demandé de rechercher un jeune homme qui a disparu. Il lui suffit juste de réactiver ses anciens réseaux et de poser quelques questions…

Ça le gonfle, notre Djo, il préférerait rester les doigts de pied en éventail, mais il a une dette et on lui demande de la rembourser avec cette petite enquête.

Oui, une enquête qui serait des plus banales ailleurs qu'en Algérie. Car en fait, si l'enquête semble simple, ou du moins vue et revue, c'est tout ce qui vient se greffer autour qui ne l'est pas.

Un peu comme quelqu'un qui côtoierait une personne atteinte du choléra/peste/Covid19 (biffez les maladies non souhaitées) et puis qui, sans se savoir infecté, irait foutre la pécole à tous ceux qu'il va croiser ensuite… Sans le vouloir, il va semer la mort dans son sillage.

Services secrets, policiers, politiciens, tout le monde est sous contrôle, tout le monde est espionné, tout le monde contrôle tout le monde et la situation peut changer car certains jouent double jeu, triple jeu, mélangeant l'espionnage et la délation, sans oublier la torture, du genre de celle qui vous ferait avouer l'assassinat de Lincoln.

Je veux bien qu'il y a pénurie de sucre dans les rayons des magasins, mais au moment où ce livre a été écrit, il y avait du sucre et en ajouter un peu dans ce petit noir aurait adouci les phrases qui écorchent l'âme, qui rappent la peau, qui jaillissent comme des balles d'un AK47.

Le style d'écriture m'a perturbé dans les premières pages tant le staccato des mots tourbillonnaient dans ma tête, tant la noirceur humaine était mise en avant et me fusillait sur place. Trop, c'était trop…

Après une telle lecture, un petit Astérix de l'ère Goscinny/Uderzo est à préconiser, même deux, si jamais les symptômes d'abattement persistent.

Dommage pour le style d'écriture avec lequel je n'ai pas matché, parce qu'il y a derrière cette petite enquête une autre enquête, bien plus grande, bien plus fournie, travaillée, celle de l'auteur qui a vraiment joué au journaliste d'investigation, comme je les aime.

Un livre qui fait très froid dans le dos… Je quitte l'Algérie sur la pointe des pieds, croisant les doigts que les services spéciaux ou autres barbouzes excités de la mort ne me suivent pas pour me régler mon compte.

PS : je soulignerai l'excellent jeu de mot dans le titre "La prière du maure"…

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Voilà un roman sombre à l'atmosphère lourde comme je les aime.
Un polar qui se situe en plein Alger voilà qui ne pouvait que m'attirer. Et je ne suis pas déçue !
J'ai eu quelques difficultés à entrer dans le récit toutefois, ne comprenant pas trop ce qu'il se passait. J'avais l'impression de prendre le train en marche, de débarquer en plein milieu d'un film dont on n'a pas suivi le début. Mais peu à peu, la sensation de flou se dissipe et on plonge au coeur d'une intrigue bien ficelée. On se retrouve prisonnier dans la toile d'araignée que constituent les différents services secrets et de renseignement algériens. le piège est en place mais c'est seulement au fur et à mesure de la lecture que le lecteur s'en rend compte.
J'ai adoré être surprise par cette intrigue somme toute banale en apparence. le tout dans un cadre que j'aime, j'y ai reconnu les lieux que j'ai pu visiter : la place Audin, la Grande Poste, Bal el Oued… Mais le talent de Adlène Meddi est de m'avoir montré ces lieux sous un tout autre angle. L'action se situe très souvent de nuit et le contexte post-décennie noire contribuent à créer cette atmosphère à la fois mystérieuse et suffocante.
Adlène Meddi nous donne un aperçu de l'envers du décor, de la face cachée des milieux policier, militaire et politique, de la difficulté de coordonner tous ses services et ses hommes aux intérêts différents. J'ai par contre eu des difficultés à m'y retrouver avec tous ses sigles et services différents. On a vraiment une impression de fouillis généralisé, on ne sait plus qui prend les décisions, qui est responsable de leur application et qui agit sur le terrain. Tous se court-circuitent les uns les autres et mieux vaut, dans certains cas, ne pas mettre son nez dans certaines affaires, ce que Djo apprendra à ses dépens.
J'ai donc aimé comprendre à quel point la lutte contre le terrorisme pendant la décennie noire a du être d'une difficulté extrême. Les passages du roman relatifs à cette période sont très durs mais j'ai apprécié leur présence car peu de mes amis algériens souhaitent parler de cette époque (ce que je comprends parfaitement) et je n'avais donc qu'une vague idée de ce qu'il s'était passé.
Je dois également souligner la qualité du style de Adlène Meddi qui parvient à harmoniser vivacité et poésie avec grand talent. Son texte est un véritable régal à lire, les métaphores sont toutes choisies avec soin et pertinence.
Un très bon roman donc qui se distingue par sa force, son style, son originalité et sa redoutable efficacité.


Lien : http://booksandfruits.over-b..
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Voici un roman qui nous transporte dans la violence Algérienne des années 2000. Règlements de compte, marchandages. Personne n'est en sécurité, les civils, les dirigeants des services secrets, tout est intrigues, soupçons, la peur est présente à tous les coins de rue. Des assassinats perpétrés dans les villages où chaque famille est endeuillée par la disparition d'un de ses membres. Un livre qui décrit bien cet état de chose, une enquête qui mènera le héros vers la mort. On sent une désespérance, une impossibilité à combattre cette fatalité, Extrait d'un interview d'Adlène Meddi sur le site Obiwi le 29/03/2010 Adlène Meddi, à travers votre livre La prière du Maure, qu'aviez-vous envie de partager avec vos lecteurs?" Partager? Pour être franc je ne sais pas. Je voulais d'abord régler un problème avec moi-même: comment puis-je aujourd'hui continuer à vivre et penser à demain avec tous les morts qui m'habitent, avec toute cette mort qui m'habite? Je n'ai pas encore régler ce problème, mais j'en ai saisi quelques contours en écrivant et en suivant mes personnages, leurs choix fatidiques ou leur abandon à la fatalité.
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2 jours de terreur à Alger la blanche !
Djo, flic en retraite, désabusé, revenu de beaucoup de choses est obligé de sortir de sa retraite pour partir à la recherche d'un gosse disparu et ainsi, effacer une dette d'honneur. Pour ce faire, il rencontre son demi-frère Aybak, colonel dans les Services Secrets.
Est-ce fortuit ou non, en tout cas, les agents de service de l'Etat Major de la police sont mutés et remplacés par des serviteurs zélés selon le Commissaire Zine son ancien collègue. La peur et la suspicion règnent en maître. Les pistes s'entremêlent pour former un noeud d'embrouilles
Tout y est, les flics revenus de tout, la nuit algéroise, l'alcool, les cigarettes, l'insomnie, les cauchemards qui reviennent chaque nuit.
La mort de la fille de Structure déclenchera une véritable guerre du pouvoir suprême, au-dessus du Chef de l'Etat, alors qu'elle n'a été tuée « que » par son petit ami qu'elle venait de larguer. Djo et les autres comparses en sont les rouages et en feront les frais. Il sera exécuté face à la mer, d'une balle en pleine tête.

Adlène Meddi nous livre un polar intense et haletant qui tient aux tripes. le monde des services spéciaux algériens donne froid dans le dos. Toutes, ces vies fracassées, ces hommes réchappés d'une danse macabre et toujours, au milieu de la violence, cette poésie brute qui s'immisce dans les moindre recoins, comme ces giroflées venues de nulle part et fleurissant dans les murailles. Il nous donne à lire des paragraphes entiers, de belle poésie, de slam tant les phrases sont rythmées, (page 26)

Alger, la belle, la sanglante, puante, grouillante dans l'attente de je ne sais quelle fin, comme si elle avait besoin de son comptant de sang pour se libérer de ses folies. le pouvoir militaire ne répond à aucune éthique, pas ou peu d'enquête, on fait « avouer ». Nous sommes au début des années 2000, la lutte contre les djihadistes, les salafistes continue , la peur est présente partout jusqu'à la paranoïa. Tous les coups sont permis.

De la belle ouvrage, un vrai coup de coeur, un coup de poing dans le coeur, le coeur d'Alger, le coeur du pouvoir.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
"Ayback considéra la chute comme s'il le sondait. Il savait que ce dernier avait peur des conséquences d'une telle prise.Lui, Aybak, protégé de l'état major et de l'armée haïssant les services version STRUCTURE lui n'avait pas peur Il s'était juste abandonné à l'idée de catastrophe généralisée dans laquelle il pataugeait depuis plus de 15 ans.Il avait appris à vivre avec. Pour survivre. Pour lui. Pour sa femme . Il sourit."
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Aybak, installé dans un fauteuil Club grenat, prit son verre de whisky et en assécha jusqu'aux bords humides. Peut-être avait-il soif. Sans doute voulait-il gagner du temps pour réfléchir. Il regarda longuement Djo. Comme un anxieux oiseau de proie s'apprêtant à s'envoler, celui-ci, la calvitie luisante sous a lumière jaune et le regard noir, n'avait pas touché à son verre depuis le début de la rencontre. Dans l'appartement à hauts plafonds de sixième étage de la rue Didouche Mourad, au cœur d'Alger, la baie vitrée explosait en lampions lointains, reflets des bateaux délicatement posés sur la rade.
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- Tu m'as menti, Djo. Pour de bonnes raisons, certes, mais tu m'as menti. Je garde espoir. Tu n'es pas aussi blanc que tu le laisses paraître. Ça me rassure. Je hais les chevaliers, les idéalistes et les défenseurs de la nature. Leur hystérie est aussi dévastatrice que les prétendus méfaits de leurs adversaires. Ce gamin est l'un de tes proches. Le fils d'un proche à toi, homme ou femme que je ne connais pas. Que je ne cherche pas à connaître. La vieille mère éplorée qui sollicite l'altruiste justicier est un mensonge. Un beau mensonge, mais un mensonge quand même.
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Il prit son gilet pare-balles, une kalachnikov et quatre chargeurs en plus de son Beretta quinze balles.L'artillerie s'imposait, même pour secourir un chat coincé dans un arbre, la nuit ayant décidé de devenir une arme de destruction passive.
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Sans début, sans fin, je vacille au sommet de l'instant qui s'écroule pour tomber comme un point d'interrogation au bout d'une question funambule
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Vidéo de Adlène Meddi
Cette année, Riveneuve était au salon du livre de Paris. Découvrez les auteurs présents sur le stand !

Les livres cités : - le mouchoir de la duchesse (Bérengère Desmettre) - L'entraide (Emmanuel Defouloy) - Jours tranquilles à Alger (Adlène Meddi, Mélanie Matarese) - Darius (Jean-Benoît Patricot) - Saluts et applaudissements (Thierry de Carbonnières)

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