Citations sur La ville des prodiges (24)
Un mois après l’exécution d’Odón Mostaza, Onofre Bouvila demanda de nouveau la main de sa fille Margarita à don Humbert Figa i Morera, qui cette fois la lui accorda immédiatement et sans réticence.
– En quoi consiste le travail ? demanda Onofre.
– À faire ce que je dis, répondit don Humbert Figa i Morera, et à ne pas poser de questions hors de propos. La police est au courant de tes activités. Sans ma protection, tu serais déjà en prison. Tu n’as pas le choix : tu travailles pour moi ou tu en prends pour vingt ans.
Il travailla pour don Humbert de 1888 à 1898, l’année où l’on perdit les colonies.
La vérité était qu’Onofre ne dépensait pas parce qu’il ne savait pas à quoi le faire, et qu’il n’avait personne qui pût lui apprendre à dépenser, ni aucun motif pour cela.
Onofre Bouvila remit tout ce qu’il possédait à la señora Agata. Cela lui faisait une semaine payée, mais il n’avait plus un sou en poche. Le lendemain matin, à la pointe du jour, il se jeta dans la rue à la recherche d’un emploi.
De temps en temps, et comme si quelqu’un l’en eût instamment prié, il jetait le journal et s’exclamait : « Je vais voir quel temps il fait. » Il sortait dans la rue et scrutait le ciel. Puis il rentrait, et annonçait : « Dégagé », ou bien : « Nuageux, frisquet », etc. On ne lui connaissait pas d’autre activité.
(...) "J'ai peur, maman. - Ça va, dit-elle en abandonnant son air irascible, reste si tu veux, mais pas dans mon lit. Tu ne vois pas que j'ai de la compagnie ?", ajout-t-elle en portant son index à ses lèvres et en désignant ensuite un homme qui ronflait à ses côtés et qui n'était pas, soit dit en passant, mon père le garde forestier, (...) moyennant quoi je m'étendis sur la natte, au pied du lit, et je me mis à compter les pots de chambre que je pouvais voir de là.
- A quarante-quatre ans, on revit toujours les choses au moins pour la seconde fois, dit-il en montant dans la berline blindée qui devait le conduire à Montjuich.
Je croyais qu'à force de dureté je tiendrais le monde entre mes mains, et pourtant je me trompais : le monde est pire que moi.
Une fois, il avait demande à Efrèn Castells comment on pouvait s'y prendre pour tuer un chat. "C'est simple, avait répondu le géant, on lui tord le cou jusqu'à ce qu'il meure : il n'y a pas de problème." Onofre ne lui demanda plus jamais aucun conseil sur rien.
Gaudi vivait désormais seul dans la crypte de la Sagrada Familia provisoirement transformée en atelier, entouré de statues colossales, de fleurons de pierre et d'ornements qui, faute de fonds , ne pouvaient être installés à l'endroit prévu, il dormait là sans ôter ses habits de tous les jours ;il respirait cet air imprégné de ciment et de plâtre. Finalement , il fut écrasé par un tramway électrique ...Hommage à Barcelone !