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Citations sur Train de nuit pour Lisbonne (119)

SOLIDAO FURIOSA. FURIEUSE SOLITUDE;. Est-il vrai que tous nos actes sont en grande partie déterminés par la peur de la solitude ? Est-ce pour cela que nous renonçons à toutes les choses que nous regretterons à la fin de notre vie ? Est-ce pour cette raison que nous disons si rarement ce que nous pensons ? Pourquoi, sinon, tenons-nous à ces mariages désunis, à ces amitiés mensongères, à ces ennuyeux repas d'anniversaires ? Qu'est ce qui arriverait si nous mettions fin à ce chantage insidieux et décidions de nous assumer ? Si nous laissions jaillir comme une fontaine tous nos désirs réduits en esclavage et la fureur que nous cause leur servitude ? Car cette solitude redoutée, en quoi consiste-t-elle réellement ? Dans le silence des reproches qui nous sont désormais épargnés ? Dans la nécessité aboliede marcher à pas feutrés, en retenant notre souffle, sur le champ de mines des mensonges conjugaux et des demi-vérités amicales ? Déplorons-nous la liberté de ne nous asseoir à table, en face de personne ? L'abondance de temps qui s'ouvre quand se tait le feu roulant des rendez-vous ? Ne voilà-t-il pas des choses merveilleuses ? Un état paradisiaque ? Pourquoi alors en avoir peur ? Est-ce à la fin une peur qui n'existe que parce que nous n'avons pas réfléchi à son objet ? Une peur qui nous a été inculquée par des parents, des professeurs et des prêtres à la tête vide ? Et pourquoi sommes-nous en réalité tellement sûrs que les autres ne nous envieraient pas, s'ils voyaient à quel point notre liberté est devenue vaste ? Et qu'ils ne rechercheraient pas aussitôt notre société ?
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Les rencontres entre gens, me semble-t-il souvent, sont comme le croisement de trains qui foncent inconscients dans la nuit la plus profonde. Nous jetons des regards furtifs et fiévreux sur les autres, assis derrière une vitre trouble dans une lumière indécise, et qui échappent aussitôt à notre champ de vision, c'est tout juste si nous avons eu le temps de les apercevoir. (...) On dira : il en va de même quand les promeneurs étrangers se croisent dans la pluie et le vent ; alors la comparaison peut être valable. Mails il y a quand même des gens en face de qui nous restons assis plus longtemps, nous mangeons et travaillons ensemble, dormons l'un à côté de l'autre, habitons sous le même toit. Où est alors la fugacité ? Pourtant, tout ce qui fait miroiter à nos yeux stabilité, familiarité et connaissance intime n'est-il pas seulement une illusion inventée pour nous tranquilliser, avec laquelle nous cherchons à masquer et bannir cette fugacité vacillante et angoissante, parce qu'il serait impossible de l'affronter à chaque instant ? (...) Nos regards ne glissent-ils pas continuellement sur l'autre comme pendant la rencontre précipitée de la nuit, pour nous abandonner à nos seules suppositions, pensées fragmentaires et particularités imaginées ? N'est-il pas vrai que ce ne sont pas les hommes qui se rencontrent, mais seulement les ombres projetées par leurs imaginations ?
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Nous sommes des êtres stratifiés, des êtres pleins de hauts-fonds, avec une âme de vif-argent instable, avec un caractère dont la couleur et la forme change comme dans un kaléidoscope inlassablement secoué.
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Sur mille expériences que nous faisons, nous en exprimons tout au plus une par le langage, cita-t-il. Parmi toutes ces expériences muettes sont cachées celles qui donnent secrètement à notre vie sa forme, sa couleur et sa mélodie. 
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Et alors il entendit des phrases qui provoquèrent en lui un effet étourdissant, car elles sonnaient comme si elles avaient été écrites pour lui seul, et non seulement pour lui, mais pour lui en ce matin-là où tout avait changé.
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Les rencontres entre les gens, me semble-t-il souvent, sont comme le croisement de trains qui foncent inconscients dans la nuit la plus profonde. Nous jetons des regards furtifs et fiévreux sur les autres, assis derrière une vitre trouble dans une lumière indécise et qui échappent aussitôt à notre champ de vision, c'est tout juste si nous le temps de les apercevoir. Etaient-ce réellement un homme et une femme qui ont filé tels des fantasmes dans le cadre d'une fenêtre éclairée émergée du néant, comme découpée sans aucun sens ni but dans l'obscurité déserte ?
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L'espagnol - c'était comme du latin mais tout différent du latin et cela le troublait. Cela le chiffonnait, que des mots où le latin était tellement présent fussent prononcés par des bouches d'aujourd'hui - dans la rue, au supermarché, au café. Que l'on en fît usage pour commander du Coca-Cola, pour marchander et jurer. (...) Certes, les Romains aussi avaient marchandé et juré. Mais c'était différent. Il aimait les phrases latines parce qu'elles portaient en elles la paix de tout un monde passé. Parce qu'elles ne vous forçaient pas à en dire quelque chose. Parce qu'elles étaient langue, au-delà du verbiage.
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Plus la discussion sur le sujet se prolongeait, plus grandissait le nombre de ceux qui pensaient avoir mal entendu.
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La vie n’est pas ce que nous vivons, elle est ce que nous nous imaginons vivre.
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Mais aussi, étant un autre, je ne serais pas devenu celui qui souhaite à présent retourner à l’ancienne croisée des chemins. Puis-je souhaiter être celui-là ? J’ai l’impression que cela me satisferait. Mais cette satisfaction – elle ne peut exister que pour moi, qui ne suis pas lui, que comme accomplissement de vœux qui ne sont pas les siens. Car si j’étais effectivement lui – je n’aurais pas la satisfaction de voir s’exaucer le vœu d’être un autre puisque, étant un autre, je n’en aurais pas formulé le désir !
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