Aux prises avec le pire…
Béotien au royaume du thriller, je n'ai aucune compétence pour évaluer ce polar d'
Olivier Merle. Les tueries des serial killers ne me passionnent pas plus que les pratiques sadomasochistes, et les investigations de la police criminelle ne sont pas ma tasse de thé… Pourtant, au fil des pages, ce livre m'a captivé. Et ce en raison de sa tension narrative sans doute, mais surtout à cause de l'empathie que suscitent ses principaux personnages. À côté de la rapine, du mensonge et de la sauvagerie, la bonne volonté et la tendresse ordinaires tissent l'essentiel.
J'ai apprécié la créativité d'
Olivier Merle dans un genre littéraire inattendu sous sa plume, et j'ai retrouvé entre les lignes l'auteur que j'ai aimé dans ses précédents romans. Non seulement la fécondité de son imaginaire, la fluidité de son style, la rigueur de ses descriptions, la lucide délicatesse de son scalpel psy, sa maîtrise du suspense. Mais surtout son sens de la vulnérabilité des hommes liée à la complexité contradictoire de leur existence, et cette générosité d'esprit qui, de roman en roman, dévoile au lecteur les enjeux éthiques de la vie.
Les flics Grimm, Ermeline, Jarry et Blanchard me sont devenus proches et chers, ainsi qu‘Amandine, la maîtresse de Grimm. le « loup » surgi de nulle part s'est à jamais englouti dans son implacable et cynique cruauté. Mais les Kerdegat, Rebecca et Sabine nous interrogent sur les racines et la portée du mal dont ils se sont rendus complices. Et, à la p. 541 qui clôt ce roman, un nouveau jour s'est levé sur la morne existence de Grimm : pour saluer cette aurore, promesse de rédemption, il commande une coupe de champagne à la terrasse d'un café…
Jean-Marie Kohler
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