Yui comprit que la tristesse conserve toujours des traces de la joie ; que nous gardons gravée en nous l'empreinte de ceux qui nous ont appris à aimer, à être tour à tour heureux et malheureux ; de ces personnes rares qui ont su montrer comment y voir clair dans nos sentiments, comment repérer nos zones hybrides, celles qui nous rendent vulnérables mais aussi différents - uniques et différents.
Dans l'Antiquité, apprirent-ils à Hana, les Japonais croyaient que l'au-delà se trouvait de l'autre côté des mers et des fleuves ; voilà pourquoi, dans bien des régions du Japon, on pratiquait encore ce beau rituel consistant à poser des offrandes et des bougies sur des petites barques en papier que l'on confiait au courant afin qu'elles dérivent vers le large.
« Il faut aimer la vie, Takeshi, et apprendre à faire confiance aux gens. Ne les lui fais pas haïr, on ne se défait pas de la haine », conclut-elle en baissant la voix.
Ils se faisaient arbre, écorce et bois ; de leur peau surgissait de longs rhizomes sur lesquels pointaient sans cesse des bourgeons qui, en fleurissant , se mêlaient, reliant leur corps l'un à l'autre.
Yui comprit que la tristesse conserve toujours des traces de joie ; que nous gardons gravée en nous l'empreinte de ceux qui nous ont appris à aimer, à être tour à tour heureux et malheureux ; de ces personnes rares qui ont su nous montrer comment y voir clair dans nos sentiments, comment repérer les zones hybrides, celles qui nous rendent vulnérables mais aussi différents - uniques et différents.
Pour moi, tous les adolescents sont l'incarnation de ce principe surréaliste...
Elle pressentait que le bonheur s'enseogne davantage par l'exemple qu'avec des mots et surtout, qu'il faut avoir une bonne dose de joie de vivre pour pouvoir la transmettre à autrui.
Peut-être est-ce le chagrin qui amplifie l'existence, se dit-elle, et cela la désola vaguement.
Yui lui avait appris que demain, par principe, n'existe pas.
Qu'elle mal y-a-t-il, se dit-elle, à parler à ceux qui ne sont plus ?
Il suffisait d'accepter que ses mains ne touchent que le vide, que l'effort de mémoire parvienne à combler les failles, que la joie d'aimer se borne à donner, sans plus recevoir.