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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je suis fascinée par la capacité d'un auteur à approfondir son talent romanesque de livre en livre. C'est le cas d'Éric Metzger, qui y va crescendo : chaque nouveau roman bénéficie d'un nouveau degré dans l'aboutissement et la qualité. de la sensibilité et des émotions contrastées, il en suscite depuis le début, c'est ce qui l'a d'ailleurs rendu profondément attachant, il constitue petit à petit une oeuvre globale. Et ce quatrième roman a le souffle incandescent des grands classiques qu'il affectionne : un cadre idyllique, des portraits parfaitement maîtrisés, une construction travaillée.

Dans ce roman, tout se passe en été. Cinq parties pour cinq étés et un unique but : rejouer la découverte de l'amour.
Le premier été, Emile découvre le « théâtre de Verdure » : un festival de Calvi qui attire dès juin les Parisiens et autres fêtards (le fameux « Calvi on the Rocks »). À l'époque, Emile est encore étudiant et cette semaine lui coûte très cher, chaque soir il arpente l'île de beauté à dos de scooter, accompagné d'amis friqués et de sublimes créatures.
La rencontre d'Andréa, jeune femme corse belle et insolente, va changer sa vie. Au départ, il pense la haïr, car son orgueil confond son désir. Plus tard, et pendant chaque été, il lui attribuera un nouveau rôle : ennemie, amie, confidente, absente. Chaque année il sera attiré inexorablement vers Calvi, là où tout a commencé, l'espoir en lui, la souffrance qui l'accompagne, et l'idée hautement romanesque et tragique qu'il se fait de l'amour.

Car Emile ne voyage jamais sans son double littéraire, Julien Sorel, héros du Rouge et le Noir de Stendhal. Il l'accompagne pendant tout le roman, il est un modèle et un contre-modèle, tour à tour source d'inspiration et exutoire pratique de ses contradictions. Emile-Julien lutte contre ses démons intérieurs, ses désirs et ses failles. Il préfère être désaimé plutôt que refusé. Et la belle Andréa ne lui facilite guère la tâche. Ils sont deux tempêtes caractérielles engluées dans leur fierté inutile.

Son amour, il le partage avec la deuxième héroïne du roman, la Citadelle de Calvi. Majestueuse et magnétique, elle abrite ses personnages et les observe, maternelle, au fil des ans, grandir, respirer, espérer. Elle est à la fois terre d'accueil et prison, témoin figé de la vie qui passe malgré tout, un lieu envoûtant auquel on revient toujours. le point de repère d'Emile est ce bar où il prend son café tous les matins, travaille son mémoire et donne rendez-vous à Andréa des années plus tard. C'est un lieu-clé, un point de repère du roman.

Les années et la maturité permettront-elles à Emile de s'apaiser et de conquérir la belle Andréa ? Pas si sûr… Car soumis à un sabotage permanent, l'amour insatisfait est nettement plus littéraire. Torturés, les héros d'Eric Metzger ont soif de toutes ces blondes, brunes, ces Eurydices inaccessibles qui ne cessent de disparaitre et de le tourmenter… pour mieux le pousser à la créativité. Quel piège infernal que l'écriture!

Un roman totalement abouti, une psychologie très fine des personnages, une plume parfaite et une superbe histoire d'amour impossible.
Lien : https://agathethebook.com/20..
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J'ai une profonde affection pour le courant romantique, mon préféré parmi les autres, et de loin. Je me répète quelques peu mais cela a son importance dans ma perception du dernier roman d'Eric Metzger, La Citadelle. On y retrouve la patte de ses précédents opus, en ceci que nous suivons les pérégrinations d'un trentenaire au prénom désuet, qui se cherche. Et ça me parle. Énormément. A ceci prêt que l'intrigue aurait tout aussi bien se dérouler en Bretagne, mais je suis pas sûr que les Vieilles Charrues eussent été propices au psyché torturé et tortueux de notre héros.

Là où nous avions fait une descente aux enfers et rencontrer les pires canailles dont elles puissent être habitées dans Les Orphee, nous entrons ici dans un cercle inédit. Celui de l'enfer personnel, intrinsèque à sa personnalité. Celui qu'on ne peut fuir, qui nous condamne à une vie d'errance perdue. L'enfer des romantiques. le mal être exacerbé et romancé, qui touche au sublime.

Et quoi de plus sublime qu'une histoire d'amour avortée, mal vécue par l'attente inassouvie et qui tend vers une haine tant l'être aimée est portée aux nues. Qui se passe dans un paysage changeant et isolé, à l'instar de la duplicité de son protagoniste principal, Émile. Jugez en vous même : « Après une année passée sous le soleil gris de Paris à rédiger des devoirs sans fin, Émile atterrit en Corse avec des amis. le paysage splendide de Calvi illumine son été, ainsi qu'Andréa, une jeune Corse rencontrée au pied de la citadelle. Par orgueil, Émile refuse de tomber amoureux, quitte à en éprouver de terribles regrets. L'énigme d'Andréa ne cessera jamais de le hanter, au point de bouleverser son existence. Ce sont là les débuts d'Émile dans la vie. L'histoire d'une défaite autant que d'un succès, où il est question d'espoirs, de remords et d'envie."

Nous assistons à un drame en cinq actes savamment orchestrés, dont les racines prennent source dans le caractère du héros stendhalien Julien Sorel. Dont Émile n'a de cesse de faire référence, car sujet de sa thèse, car double maléfique. On ne peut que se demander si son travail l'influence ou si sa personnalité en elle-même s'est portée sur ce choix de caractère. Malgré tout, c'est au Werther de Goethe que notre jeune ami m'a fait songé. Dans ce renoncement menant à l'agonie, qui le fait se perdre lui même. Andrea incarnant une Lotte au caractère fort et insaisissable.

J'ai aimé quitter les nuits parisiennes poisseuses pour une corse chaude et festivalière. J'ai associé l'ambiance italienne paisible du Talentueux M. Ripley à toute ma lecture, avec sa bande son en arrière fond musical. le fait du premier acte peut être. le fil d'Ariane de la condition sociale à la fois perçu comme frein et comme cheval d'orgueil certainement. Je n'ai pu que penser, dans les tourments dont son âme fait preuve, au « ver de terre amoureux d'une étoile » même s'il n'a pas le courage de Ruy Blas.

Car c'est de cela qu'il s'agit après tout. Émile est pleutre. Il a peur. Peur d'aimer, d'être aimé pour ce qu'il est et non pour ce qu'il essaie de paraître. Peur de la mise à nue de son âme, et plus Andréa s'en rapprochera, plus il la tancera et la repoussera. Cercle vicieux dont on attendrai une fin plus légère et joyeuse, mais dont on sait qu'elle sera impossible.

Je crois que quand il s'agit d'Eric Metzger je ne suis pas objective. Sa plume me parle réellement, je m'y retrouve par moment, et surtout je ne peux que constater qu'elle s'affûte à chaque nouveau roman. Avec La Citadelle, il signe un roman romantique au sens hugolien du terme, dont je ne pouvais par essence que vanter les mérites.

Belle lecture à vous !
Lien : http://lesjolismotsdeclem.co..
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ACTE 1
A l'ombre de la citadelle de Calvi
Julien Sorel intrigue Émile.

Acte 1, Scène 1
Émile

Étudiant parisien, il passe l'été en Corse pour participer au festival de Calvi et se changer les idées après une année consacrée à sa thèse sur le personnage de Julien Sorel dans "Le rouge et le Noir" De Stendhal.

Acte 1, Scène 2
Entre Andréa

Jeune Corse, belle, libre, exubérante et pleine de vie.
Très vite, Émile se montre hautain, méprisant. Orgueilleux.
Et pourtant, intérieurement, Andréa lui plaît.
Amour ou haine?
Les deux se quittent à la fin de l'été sur une note d'incompréhension.

ACTE 2
A l'ombre de la citadelle de Calvi
Julien Sorel inspire Émile.

Acte 2, scène 1
Émile, Andréa

Andréa, objet de gloire d'Émile.
La gloire, la victoire après un combat.
Une lutte, une bataille. Contre quoi? Contre qui?
Contre soi-même, pour soi-même ?
Sauver le "je" du "nous"? Garder son identité, ne pas être dilué, englouti dans une entité aux contours obscurs ?
Pour prouver sa valeur? Affirmer son égo?
Émile agit comme Julien Sorel, sorte de double, et cache ses véritables sentiments aux autres tant qu'à lui même.
Il est odieux avec Andréa et ne cesse de la rejeter comme pour se protéger.

Acte 2, scène 2
Émile

Seul. Face à lui-même. La solitude comme gage de paix.
Émile écrit. Pour combler le vide, atténuer la déception.
Tente de comprendre Julien Sorel, de comprendre le monde, de se comprendre lui - même.

Acte 3
Dans l'ombre de la citadelle de Calvi
Julien Sorel leurre Émile

Acte 3, scène 1
Émile, la citadelle

La citadelle. Mystérieuse. Puissante.
Immobile, immuable, inchangée depuis des siècles.
La citadelle, à l'image d'Emile. Reflet de ses émotions.
Lui non plus n'évolue pas.
Chaque été passé à Calvi est un retour à zéro. Un retour au point de départ alors que le monde autour de lui évolue.

Acte 3, scène 2
Entre Julien Sorel

Sorel, mauvais modèle.
Sorel, double maléfique.
Figure de la peur de l'échec, de la peur du rejet.
Rejeter les autres, l'Autre, pour se protéger soi-même.
Pour ne pas être rejeté.

Rejeter ou être rejeté .
Apprentissage ou Désapprentissage.
Amour ou Désamour.
Rouge ou Noir.

Un monde binaire. Qu'Emile découvrira tellement plus riche en couleurs. En émotions.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Très bon livre, la découverte chaque été ce qu'il s'est passé dans l'année, c'est parfait !
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Je découvre Eric Metzger, l'écrivain. Une bien belle découverte.
Me voilà embarquée pour Calvi. Ses plages, ses fêtes. Sa Citadelle. Un voyage en Balagne en compagnie d' Emile et de ses amis. le petit groupe a bien l'intention de profiter des vacances d'été. Décontraction absolue au menu suite à une année bien remplie. Pour Pierre et Vladimir, rien ne parait impossible. Pour ces jeunes gens, de milieu aisé, aucune porte n'est fermée. Ils transpirent la facilité de vivre. A l'opposé, Emile suinte la difficulté d'exister. Très vite, celui-ci est en retrait, souffrant d'un complexe d'infériorité vis-à-vis de ceux qu'ils appellent ses amis.
J'ai rapidement été intriguée par ce protagoniste à la personnalité…complexe. Cet homme m'a happée. Et touchée. Ces démons intérieurs, sa quête d'identité, son manque de confiance en lui. Au premier abord, il pourrait rebuter ce thésard amoureux de le rouge et le noir, cet admirateur de Julien Sorel. le jeune homme le prend pour modèle, se questionne sur ses agissements en permanence. Emile semble vivre deux vies en parallèle et mener une lutte perpétuelle pour que les deux voies se rejoignent.
Cet être imparfait d'arrogance et parfois d'agressivité, qui me parut très irritant au début, m'a rapidement émue part la souffrance qui émane de lui.
L'amour et l'amitié sont au centre de ce très beau roman. Et l'orgueil tourne en orbite autour de ces sentiments complexes, sur la belle île où la fierté est de mise. La fierté mais aussi la gentillesse de ses habitants. L'amitié entre le jeune homme et celui qui deviendra son employeur puis son ami est une bulle de douceur et d'émotion. L'amour que nourrit Emile pour celle qui hantera longtemps ses pensées est un amour à l'image des classiques que le protagoniste affectionne tant.
Un roman à la psychologie fine. Un magnifique voyage sur l'île de beauté. Tous les ingrédients étaient présents, non seulement pour me faire passer un excellent moment de lecture, mais aussi et surtout pour m'offrir cette belle découverte qui me restera longtemps en mémoire. le personnage d'Emile n'est pas de ceux qu'on oublie facilement.
Lien : https://labibliothequedeceli..
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