Nous sommes un maillon de chaîne, ou plutôt un passeur de relais qui ignore les coureurs qui le précèdent et qui le suivent. Seule compte la vivacité de la flamme reçue et transmise. Voici qui devrait conférer une grande modestie à l'humanité, amoindrir les ego et les rêves prométhéens, bref redonner à l'homme la fonction de géniteur anonyme que l'on conçoit en découvrant les foules ou les personnages oubliés, en parcourant les allées d'un cimetière.
Si notre univers spirituel n'est qu'affaire de physico-chimie, si les libres élans de notre volonté sont fabriqués de toutes pièces par un enchevêtrement de neurones, eux-mêmes esclaves de médiateurs chimiques, si le déterminisme de toutes ces réactions organiques se cache derrière tous les mouvements de notre vie mentale et les dirige secrètement, alors adieu notre liberté de pensée. Adieu notre liberté de choix. (J. Hamburger)
L'eugénisme est une erreur tragique. Erreur puisque le mécanisme équilibrant de toute espèce vivante est au contraire l'hétérozygotie, la diversité génétique. Deux exemples, choisis parmi des milliers, en témoignent: le gène d'une anémie thalassémique, très fréquent en Afrique, protège du paludisme; des pur-sang, remis en liberté, ne vont pas loin. Erreur tragique, puisqu'elle fait le lit de la barbarie.
Le cerveau supérieur, développé chez les mammifères supérieurs et chez l'homme, est le siège des processus mentaux supérieurs tel que pensée, jugement, perception, parole et déduction. Il peut donc délivrer également de la violence et de l'agressivité, mais il peut aussi exercer une inhibition sur les cerveaux inférieurs qu'il domine.
Le concept d'eugénisme repose sur une conception erronée du darwinisme qui dit seulement que l'espèce adaptée à l'environnement est celle qui survit. Or les meilleures chances de survie sont précisément opposées à l'eugénisme: elles sont données par le polymorphisme de l'inné, par le métissage.