[...] la sacralisation non pas du féminin mais de la maternité qui n'est pourtant qu'une éventualité, peut compliquer les relations entre femmes et hommes dans la période actuelle. Puisque la femme est surtout une mère sur le plan symbolique, il est attendu d'elle une capacité presque surnaturelle à endurer les frasques de celui qui ne peut être, dans le fond, qu'un enfant.
Convaincue que les femmes, qui mettaient au monde les enfants, étaient plus qualifiées pour prendre en charge les affaires de la cité, la reine voulut un gouvernement exclusivement féminin.
Amina ne voulait pas être une femme libre mais vivre comme un homme dans une société patriarcale, ce qui n’est pas exactement la même chose.
On voudrait le féminisme universel, mais un environnement régi par l'occidentalité ne peut rien produire qui bénéficie à toutes.
Il y eut, on le sait, des guerrières à foison ou des femmes qui consacrèrent leur vie à la politique, même quand elles n'étaient pas supposées y accéder.
Citons à cet égard Mkabayi kaJama, princesse zouloue qui prit part à la gouvernance du royaume aux 18e et 19e siècles.
Parce qu’elles se sentaient dotées d’un pouvoir, elles surent le découvrir, faire en sorte de le manifester. Tel est leur legs le plus précieux à la communauté des femmes : l’exemple de l’ancrage en soi-même. C’est cela, l’autre langue des femmes.
Nul n’ose avancer que le goût de la conquête, en particulier quand celle-ci se révèle meurtrière, est nécessairement pathologique.
L’autre langue doit pouvoir dire que le goût pour le pouvoir n’est pas plus noble lorsqu’une femme en est affligée. L’exercice de la violence, quand il n’est pas défensif, n’est pas plus vertueux lorsqu’il est le fait d’une femme.
Le féminisme, quant à lui, entre assez fréquemment en conflit avec le féminin qu’il semble prendre de haut. Il est avant tout la quête de l’égalité entre femmes et hommes au sein de l’environnement ayant vu naître cette doctrine : un milieu impérialiste et capitaliste. Avant que ne se créent les mille obédiences que l’on connaît aujourd’hui et qui arborent toutes les couleurs de l’échiquier politique, avant que ne se succèdent ses vagues dont la prochaine ne tardera pas, le féminisme veut permettre aux femmes d’être elles aussi des dominantes réjouies au sein de sociétés prédatrices.
Déplorer le fait que les femmes habitent essentiellement le domaine privé, c’est dévaloriser les tâches qui s’y accomplissent, conférer un plus grand prestige aux activités dites masculines.