Dans une nouvelle démonstration, toujours aussi rigoureuse, riche et claire,
Léonora Miano nous présente
l'autre langue des femmes, celle qui existe pour ce qu'elle est, et pas pour ce qu'elle représente, plaquée comme elle l'est dans nos contrées comme une langue exclusivement effective contre une vision patriarcale et occidentale du monde.
L'introduction, précise, explique dans les moindres détails, par une progression parfaitement structurée, ce que l'autrice entend par cette langue, et comment cette langue est depuis, bien longtemps, omniprésente, en Afrique subsaharienne. Les deux parties de la démonstration s'intéressent ensuite à présenter, par des exemples tout aussi précis, des portraits de femmes ayant pratiqué, de diverses façons, cette langue : femmes qui ont conduit des peuples, qui ont lutté contre les pratiques coloniales, qui ont mis en pratique leurs propres conceptions de la sexualité, de ce qu'est être femme… Avant de conclure sur l'importance de prendre davantage en compte, en Occident, cette langue davantage tournée vers la sororité qu'elle ne l'est en vérité : en effet, la parole africaine – mais elle n'est pas la seule – est encore bien souvent inaudible, notamment en termes de féminisme, montrant à quel point l'inégalité de genre n'est qu'un des avatars d'autres inégalités, au sein d'un même genre, construites par l'intermédiaire, finalement, de ce qui est en premier lieu décrié : le patriarcat. Conclusion somme toute très intéressante, menée à ce point par la démonstration, logique et justifiée, qui précède, mais qui perd tout de même, à mon sens, parfois un peu de poids rhétorique par la multiplication des exemples.
Je remercie les éditions Grasset et NetGalley de m'avoir permis de découvrir ce nouvel ouvrage de
Léonora Miano : même s'il m'a moins convaincue qu'
Afropea, il n'en reste pas moins éclairant, et pertinent.
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