Il est toujours difficile de résumer l'univers d'
Agnès Michaux, parce qu'il est un enchevêtrement d'actions, de temps, de sentiments si complexes que l'on ne sait jamais où se trouve le commencement et où se situe la fin.
Ce roman est la mise en exergue de ce
système centrale qu'est celui de la vie mais qui tel un tentacule se multiplie en d'autres
systèmes. Celui de la société, de la justice. Celui du
système nerveux. Celui du corps, des liens ambigus, fusionnels qui peuvent parfois mettre mal à l'aise. Celui de l'Homme, du primitif et de l'Histoire. le grand
système de notre monde créé par l'Homme en somme. Mais c'est aussi celui de l'écrivain, de ce
système mis en mots et qui se joue de nous, petit lecteur, jusqu'à la dernière page réelle du roman. Avec beauté et volupté.
Quant à la forme, l'auteure parsème son récit de quelques vers, quelques lettres qui renforcent ainsi le déroulé des pensées obscures ou lumineuses de ces deux personnages. On y retrouve
Rimbaud et
Alfred de Vigny pour le grand plaisir de nos âmes nostalgiques. Et lorsque l'on pense clôturer ce roman, il n'en est rien. Elle nous fait le plaisir de prolonger un peu le voyage, en y recensant
poèmes, lettres intimes et faits historiques distillés de ça, de là. Pour délicatement sortir de ce roman éprouvant et magnétique.
C'est tout cela que j'aime dans l'écriture d'
Agnès Michaux, il n'est pas uniquement question de fiction mais de profondeur, de mélancolie et d'universel. Il faut appréhender son univers car forcément avec elle, nous sortons de notre confort. Elle nous surprend, nous transporte, nous entraîne aux confins de nous-même, de la nature humaine, du bien du mal s'ils existent. Elle est surprenante, poétique, énigmatique, ambivalente et c'est tout simplement un régal.