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Critique de Lamifranz


Depuis une cinquantaine d'années, la « littérature de terroir » s'est taillé une place de choix dans les succès de librairie (et donc dans les bénéfices des éditeurs !) et de ce fait a contribué grandement au renom d'excellents écrivains comme Christian Signol (La Rivière Espérance), Claude Michelet (Des grives aux loups), Michel Peyramaure (L'Orange de Noël) ou Gilbert Bordes (Le Porteur de destins), pour n'en citer que quelques-uns. le genre perdure, et aujourd'hui, les femmes ont pris le relais Marie-Bernadette Dupuy (Le Moulin du loup), Françoise Bourdon (La Forge au loup) … Vous remarquerez au passage la place que le loup occupe dans cette littérature, c'est sans doute qu'il en occupe aussi une grande dans notre Histoire, sans parler de notre imaginaire.
Pourquoi ce succès ? Pourquoi ce « retour à la terre » (qui n'a rien de vichyssois, quoi que certains en pensent) ? La réponse est simple : Vous et moi, et elle, et lui, et eux, et nous tous avons forcément dans notre généalogie un ancêtre « laboureur » ou « journalier », une aïeule « paysanne », « ouvrière agricole » ou simplement « agricultrice ». On appelle ça des racines. Et notre époque, plus que jamais nous invite à retrouver nos racines. Personnellement, pour des raisons familiales ou sentimentales, voire patriotiques pour certains. Mais aussi collectivement : vous et moi, et elle, et lui, et eux, et nous tous sommes des enfants de cette terre-mère, cette terre-mère que nous tuons à petit feu.
Le message que nous envoient ces auteurs est donc double : le rappel du passé et la mise en garde de l'avenir.
Claude Michelet (1938-1922) l'une des figures les plus marquantes de cette école d'écrivains, est l'auteur de deux belles sagas : La Saga des Vialhe (Des grives aux loups – 1979, Les Palombes ne passeront plus – 1980, L'Appel des engoulevents – 1990, La Terre des Vialhe – 1998) et La Saga des Leyrac (Les Promesses du Ciel et de la Terre – 1985, Pour un arpent de terre – 1986, le Grand Sillon – 1988). A ces deux sagas, il faut ajouter La Nuit de Calama (1994) qui réunit les descendants des deux familles.
Des grives aux loups raconte l'histoire de la famille Vialhe de 1899 à 1968, dans un petit village rural de Corrèze : Saint-Libéral. Si le village est fictif, tous les évènements qui s'y déroulent sont bien réels, c'est ni plus ni moins 70 ans d'histoire locale (et nationale) qui nous sont racontés. A travers une belle trame romanesque qui tient toutes ses promesses (amours et amitiés, contrariétés de toutes sortes, haines et incompréhensions, mais aussi forte générosité) nous assistons à la transformation radicale d'un monde paysan qui évolue très rapidement (électrification des fermes, chemin de fer, mécanisation du matériel, le tout ponctué par deux guerres meurtrières)
Il n'est pas nécessaire d'être paysan pour adhérer au propos de l'auteur. Car, si Des grives aux loups a une très forte valeur documentaire, on peut y voir aussi une fonction allégorique : nous assistons à la transformation d'un monde (pas seulement rural) qui est le nôtre, sur une terre qui est la nôtre. Si nous ne voulons pas que Le Progrès nous dépasse, à nous de la maîtriser.
Juste un dernier mot concernant la « littérature de terroir » : j'ai parlé abondamment du monde rural, car il concerne une majorité de nos contemporains. Mais il faut rendre justice à des auteurs qui ont célébré d'autres terroirs : (Marie-Paule Armand : La Courée – 1990-1994), Elise Fischer (Trois reines pour une couronne – 2001) Hervé Jaouen (Que ma terre demeure – 2001)…
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