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Critique de Nastasia-B


Peut-être n'avez-vous jamais entendu parler de Joseph Roulin ? Rassurez-vous, ce n'est pas une grande célébrité oubliée ou une grosse lacune dans votre culture générale. C'était, à la vérité, un employé des postes à la fin du XIXème siècle. Si son nom fait encore couler moindrement de l'encre de nos jours et est passé à la postérité, c'est surtout parce qu'il servit de modèle à Vincent van Gogh lors de son bref séjour en Arles.

C'est vrai qu'il a une gueule qu'on n'oublie pas Joseph Roulin. Si d'aventure vous ne voyez pas non plus à quels tableaux l'on fait référence, je vous glisse ce lien où tous les portraits sont évoqués à l'un ou l'autre moment dans ce livre.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Portraits_de_la_famille_Roulin

Nous y voilà : Pierre Michon s'est donc mis en tête d'écrire une biographie plus ou moins fictive sur ce brave bonhomme, ce Joseph Roulin, employé des postes, qui ne crachait pas sur l'absinthe et qui, ce faisant, devint un peu copain de beuverie avec cet étrange étranger aux cheveux rouquins venu de sa lointaine Mer du Nord pour peintre les soleils du sud.

Roulin fut parfois pris de pitié pour ce peintre mendiant et lui donna des confitures ou lui paya une tournée en refaisant le monde. C'est probablement lui qui se chargea de l'expédition des toiles de van Gogh à son frère Théo durant la période arlésienne. Il lui fit découvrir certains lieux, certaines personnes ainsi que les gens de sa famille.

Le peintre eut envie de les récompenser à sa façon, en les portraiturant, et, il va sans dire que la plastique tout à fait surprenante du vieux postier a très probablement tapé dans l'oeil de l'artiste tant il l'a couché de fois sur la toile. (Hormis lui-même, c'est probablement la personne qu'il aura peint le plus grand nombre de fois.)

Pierre Michon prend donc le parti, à partir des maigres éléments biographiques dont on dispose, de retracer ce qu'aurait pu être la vie de ce modeste facteur des Bouches-du-Rhône, principalement dans le dernier quart du XIXème siècle.

C'est un exercice toujours très délicat et l'auteur y met tout son talent de plume. Il a parfois des formules très plaisantes et n'hésite pas à faire revivre les très longues phrases à la Proust. Indubitablement il y a du style chez Pierre Michon et c'est suffisamment rare de nos jours dans la littérature française pour être signalé et célébré comme il se doit.

En revanche, de là à dire que j'y ai puisé tout ce que j'attends de la littérature, là, les deux plateaux de la balance ne s'équilibrent peut-être pas. Je n'y ai pas trouvé beaucoup de profondeur ; j'ai le sentiment que l'auteur s'est fait plaisir, — c'est déjà ça, me direz-vous — mais si je m'interroge sincèrement, je ne suis pas certaine qu'il m'ait fait plaisir à moi.

Dans ce style, la biographie d'artistes de la fin du XIXème siècle, j'avais mieux goûté l'oeuvre de Mario Vargas Llosa, le Paradis, Un Peu Plus Loin qui nous emmenait sur les traces de Paul Gauguin. Donc, puisqu'il me faut conclure, un livre de belle facture mais pas forcément d'un très grand intérêt pour moi, lectrice lambda, si ce n'est de me pousser à me documenter moindrement sur Vincent van Gogh.

Ceci dit, ce n'est bien évidemment que l'expression mitigée d'un avis minuscule et hautement discutable, brossé à grands coups nerveux sur la toile de Babelio, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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