AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,48

sur 100 notes
5
6 avis
4
15 avis
3
6 avis
2
4 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Terré dans les montagnes japonaises avec son ami Takeshi afin de se protéger des bombardements américains, Hisao souffre affreusement de la soif. Au sein de la montagne, les deux hommes se croyaient « protégés des ombres ». Pourtant, la poussière et l'obscurité auront raison d'eux. Takeschi y laissera la vie. Pour Hisao, il s'agira de fuir les ténèbres, de retrouver la lumière, la vie, les autres. Démobilisé, mais hanté par la figure de son double, il part rejoindre sa future épouse – qu'il ne connaît pas encore –, avec pour tout bagage un oeuf de jade en guise de cadeau de mariage.
Mais le train s'arrête et taraudé par une soif intense, le jeune homme en descend à la vue d'un robinet extérieur. le train repart sans le jeune homme en emportant sa valise, sa vie, ses rêves.
Et Hisao court derrière le train. Il court derrière une promesse et au-devant des cauchemars qui l'oppressent. de gares en rencontres, il touchera au but sans parvenir à conjurer ses traumatismes.
Ce magnifique roman pourrait emprunter le titre d'un livre de John Irwing : « L'épopée du buveur d'eau », car c'est à une véritable épopée que va se livrer ce pauvre soldat.
Le thème est grave, mais le texte est à la fois léger et puissant, poétique et joyeux.
Commenter  J’apprécie          390
1946, le Japon, vaincu, est occupé par les soldats américains. Démobilisé, Hisao prend le train pour rejoindre Hokkaido et sa fiancée Shigeko. Il y a dans sa valise, bien protégé par son caleçon de laine, un oeuf de jade qu'il compte offrir à celle qu'il ne connait pour l'instant qu'à travers des lettres échangées. Mais Hisao n'en a pas fini avec la guerre. Il est revenu de la terrible bataille de Peleliu des cauchemars plein la tête et une soif inextinguible dans la bouche. Ce désir de boire plus fort que tout l'a fait descendre du train, abandonnant la valise et le cadeau. Car quand Hisao a soif, il n'est plus qu'une bête prête à tout pour quelques gouttes d'eau, même lapées dans une flaque. Une fois sa soif momentanément étanchée, arrivent les regrets. Il faut courir le long de la voie ferrée jusqu'au terminus, vers cette valise et son précieux contenu, vers son avenir.


C'est dans une montagne qu'il a creusée jour et nuit jusqu'à ce qu'elle finisse par s'effondrer sur lui qu'Hisao a laissé son ami Takeshi, un ami qui partageait son temps, son labeur, sa peur, un ami qui avait le don d'écrire des chansons qu'il lui murmurait dans le creux de l'oreille avant qu'ils s'endorment, un ami mort sans eau, sans oxygène, écrasé par la montagne bombardée. Hisao a survécu mais son ami le hante toutes les nuits, lui et le soldat étranger qui lui a tendu sa gourde quand il a réussi à s'extraire de la montagne. Les cauchemars, la soif qui le taraude, il voudrait les laisser derrière lui et ne penser qu'à Shigeko sa future femme. Peut-être l'apaisement viendra-t-il de sa marche forcée, de ses rencontres avec d'autres laissés-pour-compte de cette guerre achevée dans le déshonneur...
Périple initiatique, L'homme qui avait soif est un roman âpre qui se lit la gorge sèche, avec l'impression de suffoquer à chaque page. le récit d'une douloureuse errance, illuminée toutefois par le souvenir d'une amitié très forte et l'espoir de jours meilleurs. Un homme en souffrance dans un pays en souffrance, marqués tous deux par la défaite, par les morts trop nombreux, supportant le fardeau de celui qui doit réapprendre à vivre après le chaos.
Un roman triste, douloureux mais porteur d'espoir. Magnifique !
Commenter  J’apprécie          390
1946. le Japon sous l'occupation américaine. Un homme qui avait soif. Il s'appelle Hisao. Fraîchement démobilisé, il prend le train pour rejoindre sa femme tant aimée à qui il est décidé de se marier. La belle Shigeko. Enfin, je l'imagine belle comme toute japonaise, des yeux noirs foncés, une chevelure noire de jais, des petits pieds et un beau sourire timide. Dans sa valise, un magnifique oeuf de jade enveloppé dans son caleçon de laine. Eloignez-vous du bord du quai, le train va entrer en gare. 5 minutes d'arrêt. Hisao se jette sur le quai, il a soif, aperçoit un filet d'eau entre deux pierres. Il met ses mains en coupole, et regarde les gouttes tomber dans ses deux mains. Il est absorbé par cette scène. Totalement contemplatif, l'esprit ailleurs. Où ? Je te le dirai bien mais voilà que la locomotive fume, grince, geigne, avant de redémarrer. Hisao contemple toujours l'eau recueillie dans ses mains. Il boit lentement, à petite gorgée. le train prend de la vitesse mais cela l'importe peu. L'homme a soif. Il lève la tête, le train disparait sous ses yeux alors que sa valise est restée à l'intérieure avec cet oeuf de jade pour sa fiancée.

Commence alors, une longue course poursuite. L'homme face au train. Il court, il sue, il trébuche sur les traverses, tombe, roule, se relève et continue de courir. Il n'en peut plus, il a soif, il s'arrête, voit une flaque d'eau. Il boit. Il marche. Il rencontre d'autres paumés. Et puis il y a aussi Takeshi, ce jeune soldat qui chante dans le noir et surtout qui hante les nuits de Hisao. Ce dernier gémit, sue, crie pendant son sommeil. Il se réveille chaque nuit, affolé, apeuré, en pleurs. Car derrière cette histoire d'oeuf de jade, se jouent la mort de Takeshi sous ses yeux et la terrible bataille de Peleliu.

[Interlude : petit aparté historique sur mon fabuleux blog à propos de la bataille de Peleliu]

De Hubert Mingarelli, je n'avais lu que son premier roman « une rivière verte et silencieuse ». Un roman court d'une puissance onirique magistrale. Une histoire de père et de fils qui m'avait particulièrement ému. « L'homme qui avait soif » change de registre ; sur fond de guerre, il s'agit d'une profonde histoire d'amitié de deux soldats qui se termine lors d'un bombardement américain. La montagne grogne, se soulève, le noir devient insondable, la poussière te prend à la gorge, mais l'auteur garde néanmoins sa plume poétique. Il te donne soif.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
Commenter  J’apprécie          361
Portrait par petites touches d'un homme marqué : dès le début, le lecteur voit l'homme rater son train pour aller boire quelques gouttes d'eau. Cet homme en question, c'est Hisao. Il part alors à la recherche de sa valise qui contient un cadeau pour sa fiancée.
L'histoire est lente, on progresse doucement en alternant passé et présent afin de comprendre l'homme qu'il est devenu et ce qui le hante. Très belle amitié entre deux hommes sous fond de bataille. Une petite déception sur les dialogues, je les ai trouvés presque trop doux… Un auteur que je relirai pour sa façon remarquable de mettre en scène des hommes dans l'Histoire.
Commenter  J’apprécie          290
J'ai beaucoup aimé cette histoire courte empreinte de poésie.
Hubert Mingarelli nous raconte l'histoire de Hisao, soldat japonais démobilisé qui part pour rejoindre la femme qu'il va épouser.
En chemin, Hisao, qui avait soif, va perdre sa valise et devra arriver au terminus du train pour la récupérer.
Les rencontres qu'il va faire l'amèneront à se souvenir de la dernière bataille à laquelle il a participé et surtout d'évoquer la mort de son ami.

Commenter  J’apprécie          250
L'homme qui avait soif

En 1946 au Japon la guerre est finie, on sait comment. Hisao jeune soldat nippon ne se souvient que de la montagne dans laquelle il perçait des galeries et de l'ennemi, noir ou blanc . Démobilisé il doit gagner Hokkaidō en train puis en bateau pour épouser une inconnue.

Ce court roman au ton légèrement affecté (un français aura toujours du mal à se mettre dans la peau d'un asiatique) est particulièrement poignant dans la simplicité émouvante de son propos.
Hisao garde dans la bouche la sécheresse de la montagne, des galeries, des bombes et du noir.Il sacrifierait tout pour étancher sa soif.

Son voyage n'est pas initiatique. Les rencontres qu'il fait le sont, et une certaine tendresse s'installe entre ce jeune homme aguerri mais fragile et le monde nouveau qu'il découvre ; monde dans lequel l'ennemi a disparu où mieux a perdu toute hostilité vis-à-vis de lui.

On accompagne Hisao jusqu'au bateau et on lui souhaite bon vent.

Plus profond qu'il n'y parait ce roman s'inscrit dans la mémoire au même titre que la soif inextinguible de son héros.

Commenter  J’apprécie          140
Japon 1946. Fin de la guerre. Hisao a vécu cette guerre et est un survivant de la bataille de Peleliu. Il doit rejoindre sa fiancée à qui il veut offrir un oeuf de jade. Mais il souffre d'une soif que rien n'apaise. Il sort du train pour s'abreuver et oublie ses affaires dans le train qui prt sans lui. Il lui reste à courir après le train. Hisao va rencontrer des gens variés et nous allons apprendre petit à petit ce qu'il a vécu, la perte de son ami Takeshi et pourquoi il a sans cesse soif.
Comme tous les romans de Mingarelli, l'écriture est pudique, délicate, le récit est court, épuré. Toute l'humanité des personnages, leur solitude, leur souffrance sont écrites avec peu de mots mais une grande justesse. Un beau roman.
Commenter  J’apprécie          80
Le Japon en 1946. Hisao est revenu de la bataille avec une soif maladive. A cause d'elle, il descend du train et n'a pas le temps de remonter. Dans le train est restée sa valise avec, à l'intérieur, un cadeau pour sa fiancée. Il n'aura d'autre choix que de rejoindre à pied le terminus du train pour la récupérer. Mais cette soif le hante, ainsi que les souvenirs douloureux de la bataille et son ami perdu, Takeshi...


Ce roman est dans la lignée d'"Un repas en hiver" et de "Quatre soldats". Mingarelli met ses héros dans des situations extrêmes où ils ressentent des sentiments et des sensations basiques : la faim, la soif, la peur, l'angoisse... Son style poétique et minimaliste rend ses récits universels et intemporels et j'aime retrouver cet auteur au fil de ses livres.
Commenter  J’apprécie          50
Le roman s'ouvre sur la scène suivante : un homme, japonais, est sur le quai d'une gare, face à une pierre de laquelle tombent quelques gouttes d'eau. Il essaie, tant bien que mal, de les boire. Il faut dire que, depuis qu'il a fait la guerre dans des sortes de tranchées où sa gorge a été asséchée, il a toujours soif. D'où le titre.
Sur le quai de cette gare, en arrêt, il se désaltère comme il peut, son train sur le point de repartir, son train repartant avec ses affaires, sa valise dans laquelle se trouve la bague qu'il devait offrir à sa fiancée.
Il court après le train mais ne le rattrape pas.
Cette scène inaugurale, écrite d'une belle écriture, ouvre un roman de voyage (on serait au cinéma, on dirait un road movie) fait de courts chapitres comme de longs haïkus, magiques comme ce flocon de neige en suspension sur l'eau d'un tonneau décrit au cours du récit.
Commenter  J’apprécie          50

Deux lieux, deux moments de la vie de Hisao, et pourtant une vraie continuité dans son histoire personnelle, inscrite dans celle du monde et du Japon pendant la dernière guerre mondiale.
Car Hisao est un soldat, revenu depuis peu des lieux de guerre. Nous sommes en 1946, le Japon est occupé par les Américains, jamais désignés autrement que par « les soldats étrangers » car pour Hisao, un Blanc ressemble à tous les Blancs.

La nuit Hisao fait des cauchemars terribles, il ré-entend le rire de ce soldat « étranger » qui, l'ayant manqué avec sa carabine, lui donne de l'eau à boire. Car le propre d'Hisao, c'est d'avoir soif, encore et encore. Il appelle cela « sa maladie », c'est surtout la séquelle de mois passés à creuser la poussière jaune de la montagne, des tunnels, des tunnels à l'infini, qui s'enchevêtrent sous la montagne comme un gigantesque réseau de taupes. Comme dans nos mines, les wagonnets se remplissent, évacuent les gravats, brinquebalent et leur bruit métallique fait le lien entre dehors et dedans. Il faut être volontaire pour les pousser dans un sens, puis dans l'autre. Mais c'est le prix à payer pour savoir s'il fait jour ou nuit, s'il y a du soleil, pour respirer, pour ne plus entendre les chocs des pics et des pelles. Mais Hisao reste sous terre, avec son compagnon de misère, Takeshi, jeune homme de tout juste vingt ans, comme lui, tendre comme une fleur, qui chante et invente des chansons pour tranquilliser Hisao, doucement, dans le vacarme . Soudain le bruit cesse, wagons au point mort, outils abandonnés, civils disparus, il ne chante plus qu'à voix très basse. Car c'est le signe que la bataille a commencé, la terrible bataille de Peleliu, dans l'archipel de Palaos, bataille inutile qui va tuer 97% des Japonais et 60% des Américains qui y auront participé.

Et toute cette horreur tourne dans la tête de Hisao qui sanglote en silence la nuit, traumatisé à vie, malgré le doux projet de mariage qui l'occupe : il doit aller à Hokkaido rejoindre sa fiancée, qu'il n'a encore jamais vue et lui apporter son cadeau : un oeuf de jade, la pierre mythique pour les Asiatiques. Mais parce qu'il a soif, trop soif, il descend du train qui repart sans lui et avec lui s'éloigne son rêve nuptial .
La quête de la valise, les souvenirs de guerre qui imprègnent chaque jour et chaque nuit, le trajet d'Hisao constituent la trame de ce livre avec un suspens quant à l'issue de ce périple. le récit est nourri de bruits terribles, de lumières (les bougies des tranchées, les lumières de la ville qui s'éloigne, la lumière de proue), de sensations d'étouffement dans la poussière souterraine, dans le brouillard sur la mer. Nous vivons, respirons, étouffons, tremblons, ressentons la peur et le chagrin avec le personnage. Et toujours cet espoir : retrouver la valise, l'oeuf de jade, le droit à l'espoir.
Superbe !


Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (189) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3190 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}