En juste deux livres,
Bernard Minier a acquis une place de choix dans les auteurs qui me font frissonner d'horreur. Personnages bien campés, épais et tortueux à souhait, intrigue rondement menée et, surtout, des ambiances digne du septième art.
Mais voilà, tout comme au casino, la martingale ne dure pas très longtemps. La chance tourne. Il faut juste savoir s'arrêter avant qu'il ne soit trop tard. A cette différence près : avec la littérature et au contraire des jeux de hasard ou des drogues chimiques on ne risque pas grand chose. Juste d'être un peu déçu, même pas d'avoir perdu son temps. Même dans le plus nanar des « cale-armoire » il y a bien quelque chose à en tirer.
Lucia, c'est mon troisième
Minier et, comme j'avais encore mieux aimé le second que le premier (dans l'ordre de parution), je me disais que... Perdu !
Cette fois, l'auteur fait une infidélité à ses Pyrénées enchantées mais pour ne pas aller bien loin : juste en Espagne. Une fois de plus la parité est respectée avec une flic, digne épigone de Martin Servaz, vieil ours bourru à qui je prêtais les traits de Cluzet dans ses deux romans précédents.
Lucia (cette fois pour moi, ce sera
Charlotte Gainsbourg, cheveux courts) est une guerrière et entend faire le jour sur l'assassinat de son collègue, maquillé en une sorte d'oeuvre d'art. Bien sûr, les scènes macabres vont s'enchainer sur fond d'intelligence artificielle : un programme informatique censé coordonner les différents crimes et, in fine, aider à résoudre tous les crimes de la terre.
Si tout ceci a l'air alléchant, d'un point de vue littéraire s'entend, on a l'impression que
Minier tourne en rond. Qu'il remplit des cases comme une grille de mots croisés avec les obligations inhérentes au genre : du spectaculaire dans les scènes de crime, juste un peu de violence, savoir mener le lecteur dans son bateau avec, bien sûr, la révélation finale qui n'étonne plus personne du coup, étant attendue depuis le début. On se plait même à en trouver la clé. Dommage.
Reste que
Lucia se situe dans le carré v.i.p du polar et que commencer une série «
Minier » par celui-ci ne fera qu'augmenter votre plaisir au fil des romans suivants.