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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Quel temps fait-il à Middenshot, petite ville de campagne anglaise où les âmes sont bien tourmentées ?

Un présentateur météo le qualifierait de « changeant », passant successivement du vent qui perturbe la vie et les équilibres des habitants, au brouillard qui trouble et opacifie les événements sanglants qui s'y déroulent, pour finir en neige qui, comme chacun le sait, recouvre de sa blancheur les errements du passé et les fait disparaître, mais conserve des traces de ce qui se passe à sa surface.

Voilà pour la jolie métaphore météorologique – un peu lourde à la longue - déroulée durant les 350 pages de le Temps qu'il fait à Middenshot, de Edgar Mittelholzer traduit par Jacques et Jean Tournier et révisé par l'éditeur. Pour le reste, on est ici dans un conte noir, qu'on pourrait presque apparenter à un vaudeville tellement les relations entre les personnages sont volontairement caricaturales. C'est-à-dire souvent exagérées. Et même parfois drôles.

Un mot sur les éléments de cette pièce de boulevard en contrée d'Albion : à ma gauche, la famille Jarrow dont le père est définitivement ravagé par les tourments de l'âme et les réminiscences de la guerre, à tel point qu'il considère comme morte sa femme qui vit pourtant toujours à ses côtés sans qu'il ne la voie. Seul moment d'apaisement, les séances de spiritisme avec Grace, leur fille, où M. Jarrow peut communiquer avec sa femme. Et pour cause…

À ma droite, M. Holme, voisin des Jarrow et vieux garçon endurci. Sa servante Hyacinte, dont la croupe fait frémir de désir bien des hommes au village, lui mettrait bien le grappin dessus pour s'assurer des jours meilleurs. Mais Holme ne lorgne que sur Grace, alors que Jarrow exècre Holme. Vous suivez ? Et au milieu de tout cela, débarque le Grand Exécuteur, tueur fou qui sème en quelques jours l'horreur et la suspicion dans ce microcosme campagnard qui n'attendait qu'un révélateur de ce type pour révéler l'ampleur de ses tourments.

Si tous les acteurs du drame sont rapidement présentés et l'histoire vite mise en place, ça se gâte ensuite quelque peu. Dans un style pourtant enlevé et rythmé, le livre semble tourner en rond, en attente d'une bascule qui ne vient jamais, continuant de décliner ses réflexions sur la litanie des maux de l'époque – la guerre, la religion, le gouvernement des hommes, la justice… - sans que l'on comprenne bien où l'auteur veut en venir.

Reste un livre plaisant et drôle mais qui ne tient pas toutes ses promesses, probablement un peu daté pour un genre littéraire différemment travaillé aujourd'hui. Rien de grave au demeurant car l'objet est remarquablement édité et fabriqué par Les Éditions du Typhon, un éditeur à qui l'on pardonne tout, ce qui contribue grandement au plaisir de lecture.
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Vent, brouillard et neige mêlés. Une météo anglaise à souhait. le genre de temps qui rend fou.
Fous, les protagonistes de ce roman le sont tous un peu. Entre celui qui est persuadé que sa femme est morte et qu'il ne peut communiquer avec elle que lors de séances de spiritisme (alors qu'elle lui fait la cuisine et gère la maison... comme quoi...), celui qui voue une passion immodérée à ses serres et à ses orchidées (surtout une qui sera la perfection faite fleur), celle qui se voit comme une star hollywoodienne (de l'accent à la cambrure) et celle qui se dévoue jusqu'à l'abnégation de soi (moins invisible que sa mère mais pas plus récompensée), c'est un beau tableau de névroses qui nous est présenté. Et quoi de mieux pour un auteur de croiser les névroses de ses personnages ?

Alors tout ce petit monde se croise. Jusqu'au moment où un fou (à peine plus fou qu'eux mais lui s'est échappé de l'asile où il était interné) vient bouleverser la toute relative tranquillité du lieu. Et permet d'ajouter deux policiers, un modèle de Dupont et Dupond punk qui se font une idée toute personnelle de la justice.

Le temps qu'il fait à Middenshot est un roman étrange et il conduit bien évidemment à une lecture qui l'est tout autant. J'ai eu le sentiment de lire un texte qui reprend de nombreux codes du roman gothique et pourtant, c'est un livre transgressif, qui ne ressemble à aucun autre. Je ne serai pas étonnée d'apprendre que Tim Burton est un lecteur d'Edgar Mittelholzer en plus d'Edgar Allan Poe. C'est aussi un livre qui porte avec beaucoup de sarcasmes un discours sur le Bien et le Mal (de l'importance des majuscules) et sur la violence dans notre société. L'auteur l'a écrit en 1952, dans un monde encore bouleversée par deux guerres mondiales.

Avec les éditions du Typhon, l'objet est beau et le choix audacieux. C'est toujours plaisant de lire un texte aussi original qui vient casser un enchaînement de lectures plus consensuelles. J'aurais aimé un peu plus d'humour pour que ce livre soit une véritable comédie gothique, (ce vers quoi il tend parfois) et un peu moins de misanthropie. Que le vent dissipe un peu le brouillard et laisse place à un jour de neige plus joyeux.
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Un polar "expérimental" où le cozy crime flirte avec la démence.
Une petite bourgade de la province londonienne, une ambiance qui n'est pas sans rappeler le petit village de Miss Marple, tout droit sorti de l'imagination d'Agatha Christie quelques années auparavant... et des personnages qui en seraient presque des caricatures de l'absurde.
L'auteur brode une intrigue savamment organisée de sorte que chaque personnage a son arc narratif propre. le lecteur fait des sauts de puce permanents entre l'un et l'autre, jusqu'à ce que l'intrigue soit correctement ficelée.
La folie de l'auteur transparaît au travers des obsessions de ses personnages, la construction du récit, et la frontière entre fiction originale et démence créative est ténue. le lecteur ne peut en être que troublé, longue sera la réflexion amenée par cette oeuvre qui suivra la lecture de celle-ci.
Ma note : 2,75/10
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