Pour les amateurs de
Proust il est certain que la lecture de ce roman ne les plongera pas dans l'atmosphère si particulière de la Recherche du temps perdu, néanmoins il en a la saveur sous quelques aspects.
Le titre déjà, est sans équivoque. Qui ne connait pas la maison de Tante Léonie où
Marcel Proust passa des moments agréables de son enfance, et qui a été transformée en un lieu de pèlerinage pour les snobs et les fétichistes proustiens. Mais voilà que cette demeure est devenue le décor d'un crime, celui de la présidente de la
Proust Association Adeline Bertrand- Verdon, à la veille d'un colloque censé réunir quelques universitaires érudits sur la question proustienne, mais aussi un public composé de passionnés de l'écrivain.
L'enquête est menée par le commissaire Faucheroux qui se trouve sur les lieux un peu par hasard puisque mandaté par sa soeur qui se trouve dans l'impossibilité d'assister à ce colloque. Il est secondé par son adjointe l'inspectrice Leila Djemani, une jeune femme qui, par sa personnalité, apparait comme l'opposée (un peu trop cliché à mon goût) du commissaire, mais qui réussit le miracle de le seconder efficacement dans ses investigations. C'est donc autours d'universitaires suffisants, de quelques membres de la bourgeoisie et d'une assistante thésarde et (une fois de plus à mon avis) ridiculement naïve, que les recherches vont tourner.
Je pense que les amateurs de polars ou de thrillers sanglants resteront quelque peu sur leur faim. Il s'agit en effet, comme l'indique la quatrième de couverture, plutôt d'une intrigue digne d'un Hercule Poirot. Quant à l'univers proustien, il sert essentiellement de décor discret. Néanmoins
Estelle Monbrun a su l'exploiter avec une certaine habileté en le peignant avec une certaine ironie, comme lorsqu'elle fait allusion à l'exploitation touristique de lieux somme toute peu fréquentés par
Proust mais qui, pour les bons provinciaux de la région, représentent un intérêt économique grâce à cette manne parisienne qui vient s'émerveiller devant une mare ou quelques pierres au cours de visites guidées pendant lesquelles ces détails retrouvent une existence à travers la lecture de quelques lignes de l'oeuvre de l'artiste.
Finalement, cette balade dans la campagne beauceronne devient agréable grâce à une écriture fluide, riche où se glissent parfois des intonations proustiennes dans la minutie de certaines descriptions et l'ironie légère chère à
Marcel Proust.