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EAN : 9791097357177
92 pages
éditions Lunatique (10/06/2021)
4.5/5   4 notes
Résumé :
Éprise de liberté, Charlotte Monégier a toujours voyagé, avec pour seul compagnon de route, un carnet dans lequel écrire, raconter ce qu’elle vivait : être sur la route, ne pas savoir où dormir le soir, faire des rencontres toutes plus improbables les unes que les autres. Au bout du monde, tout est plus fort, tout est plus intense, surtout quand on est seul et que les repères habituels ne sont plus que des points de bateaux à l’horizon.

L’écriture de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Voyages mobiles et parfois presque immobiles, rencontres de soi, de la nature et des autres : entre ciel, mer et arbres, quarante-trois moments de poésie subtilement orientés.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/09/14/note-de-lecture-voyages-charlotte-monegier/

Nous avions déjà eu la chance de lire Charlotte Monégier dans plusieurs recueils collectifs de nouvelles publiés chez Antidata, notre éditeur spécialiste favori de la forme courte : sa « Valise », dans « CapharnaHome », formidable mise en scène d'un voyage immobile, ou son « Tout ce que tu fais est merveilleux », dans « Douze cordes », défendant le pouvoir de la musique, à préserver coûte que coûte. « Voyage(s) », publié chez Lunatique en 2021, est son premier recueil de poésie, et nous dévoile quarante-trois facettes d'un rapport à l'ailleurs, proche et lointain, atteint en une trajectoire mobile ou (parfois, à nouveau) immobile. D'Afrique du Sud en Islande, d'Inde en île Maurice, de Maroc en Vietnam ou de Cambodge en Chili, mais aussi à Paris et à Clichy, il y a des moments à saisir, des impressions fugaces à entrer dans une histoire plus vaste, personnelle ou partagée, et c'est ce que Charlotte Monégier réalise ici avec un sens aigu de la rêverie orientée et de la rencontre inattendue.

Mêlant indications géographiques légères et pourtant précises, situations immémoriales et éclairs humains spontanés, sentiment du vaste et attention au détail, ces quarante-trois poèmes dessinent ensemble une toile plus audacieuse qu'il n'y paraît d'abord, et instillent à la lecture une discrète sensation lancinante qui ne nous quittera plus, celle d'une quête qui n'a rien de vague, mais qui s'affirme à la fois multiple, inscrite avec délicatesse entre nature et culture, mais bien déterminée quant à sa volonté de ne pas subir – même dans la rêverie suscitée. Même si les rythmes et les cadences retenues ne sont pas du tout les mêmes, Saint-John Perse et Édouard Glissant ne sont pas toujours très loin (et pas uniquement lorsque s'infiltre en beauté la créolisation, surtout réunionnaise ou mauricienne ici), et Cabourg ou Houlgate laissent ainsi deviner à l'occasion leur potentiel de rades foraines et de coeurs au matin. Entre le tisserin cher à Christopher Okigbo et un sens frontalier des îles, réelles ou métaphoriques, que l'on est peut-être plus habitué à saisir sur les rivages atlantiques jadis recensés par Jacques Darras, il nous est ici offert une transformation permanente des paysages et de la nature en précieuses occasions d'humanité et de songe avancé.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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C'est par un recueil de poésie en vers libres que nous revient Charlotte MONÉGIER aux éditions Lunatique, après les remarquables « Petite fille » (roman) en 2014 et « le petit peuple des nuages » (nouvelles) en 2020.

Après de nombreux périples un peu partout dans un monde lointain et inconnu de nous, la jeune globe-trotteuse a fini par poser ses valises à Clichy, et prend la plume pour se remémorer. Dans une langue délicate, fine et à la fois puissante, elle évoque la mer, le ciel, cet horizon les délimitant, horizon jamais atteint mais fantasmé. « Les soleils qui se couchent, / Vous ne prendrez pas ceux qui se lèvent ».

Charlotte MONÉGIER joue avec les corps, les scrute et les sculpte, les fait s'enlacer, se découvrir et s'habituer, se dompter et se respecter, s'aimer et se consoler. Participer au monde aussi, à ses images : « Nos tongs faisaient des bruits de baisers ». Avec cette fenêtre sur la mer qui pourrait bien permettre de prendre son envol tant la figure du corps ailé est prégnante, ces ailes dans le dos comme poussées par magie. Pégase n'est pas loin. Mais il faut rester sur la terre ferme malgré les envies, les besoins : « J'ai les deux mains dans les poches / de peur de m'envoler ».

Dans ce recueil les déplacements sont incessants. En train surtout. Et les rencontres furtives avec les autochtones chez qui l'aventurière est hébergée, à la bonne franquette après des heures toutes en improvisation. La fenêtre disparaît. « Il n'y avait pas de fenêtre sur l'océan. / Pas de mur, pas de toit / Pour cacher les étoiles ». Découverte de l'autre, de sa culture.

Certains des titres de poèmes sont partie prenante du texte, ils en sont l'amorce et se coulent, se lovent en début de vers. Ils ne sont plus titres mais lien, première fondation d'une passerelle ouverte sur la mer.

Charlotte MONÉGIER écrit ce monde, celui de l'autre bout du monde, qu'elle a fréquenté, aimé, celui que peut-être elle ne connaîtra plus. Une page est tournée. Celles de ce recueil sont quelques dizaines, délectables et adroites, épurées et communicatives, talentueuses et imagées. Mais est-ce bien un recueil ? Si les évocations paraissent orphelines, le lien (ce fameux lien) existe entre elle, il est la Vie, une tranche de celle-ci, et puis la fin, non de la vie, mais du Voyage, les valises déballées, l'aventure terminée. « Si elle était revenue ici, c'était bien pour lui. / Une autre sorte d'oiseau, / Une autre sorte de plante, / La nature entière, peut-être, / Qui s'étire en rouge-doré / Sur les sommets de la ville / Et qui la couvre de baisers / La couvre de baisers / À l'approche de l'hiver ».

Restent les instantanés, somptueux, l'horizon comme repère, ailes dans le dos repliées (fatiguées ?), détachement sans nostalgie, retour au bercail après un long voyage, des voyages que Charlotte MONÉGIER nous fait ici partager grâce à sa plume alerte et élégante. Petit bouquin qui injecte du carburant, dans une écriture qui touche son but, qui renvoie immédiatement une sensitivité palpable. Sorti chez Lunatique, il est à lire, à partager, à relire et à méditer, il est une collection de cartes postales ouvertes sur le monde, inscrite dans une autre collection, celle des Mots-coeurs des éditions Lunatique.

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Nous laisserons au port
Nos peaux trempées d’eau de mer
Nos peaux gonflées de larmes
Et nos peaux de méduses.
Nous laisserons
Flotter sous les bateaux
Les coques molles et les épaves
Tout ce qui use
Tout ce qui rage
Les vagues hautes, les amarres
Ce que nos corps ont éprouvé.

Sur l’île,

Nous oublierons les subterfuges
Les tentations, les abandons
Tous les apparats des marées descendantes
Pour enfin trouver refuge
Sur la roche nue.

Contours aqueux, épais, drus.

Frotter nos cœurs aux parois difficiles
Jusqu’à les rendre purs.

Devenir la terre
Devenir le feu.

S’habiller d’absence, d’incandescence.

Et puis le soir nous compterons
Les étoiles dans nos yeux.
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Nous n’espérions rien de plus qu’un peu de pluie.

De l’eau du ciel
Versée sur la terre.

Les gens de la ville ne comprenaient pas cela
Les graines mortes, les arbres et les sentiers secs,
Les paysages rasés de leurs fleurs et les bêtes
Qui s’esquintent à creuser
Des puits sans fond dans ces nouveaux déserts.

Depuis la plaine, la verte grange,
Nous espérions, mais rien ne venait.

Parfois le dimanche, nous grimpions sur nos mobs
Direction Battambang.
Sans un mot, nous regardions les passants.

Ils portaient des carapaces de plastique
Pour se protéger du temps
Et nous nous demandions :
Depuis quand croient-ils
Qu’ils ne sont pas des animaux ?
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Nous avions atteint le bout du monde,
Cap des Aiguilles.

Quel vertige d’imaginer qu’au-delà de l’eau
Il y avait de l’eau,
Toujours de l’eau,
Rien que de l’eau.

Nous étions marins, aventuriers,
Collecteurs de nuages,
Lunes et soleils s’entrechoquaient.
Nous abandonnions tout – leurres, ports, fêtes,
Orages – et voulions tout.
Des roches ciselées à l’infini des vagues
Recommencées,
Poser le temps sur un espace
Et l’arrêter.

Nous rêvions tout.

Depuis,
Nous suspendons aux coques des bateaux
L’équilibre de nos vies.
Un pied dans la terre, l’autre dans l’océan.
Le reste du corps vole comme un cormoran.
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Video de Charlotte Monégier (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Charlotte Monégier
Nuit blanche à Soweto, extrait tiré du recueil de nouvelles Le Petit peuple des nuages, de Charlotte Monégier (Editions Lunatique, sept. 2020)
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