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EAN : 9782383980193
150 pages
éditions Lunatique (12/03/2022)
4.67/5   3 notes
Résumé :
Il y a eu, avant nous, mille bouches pour mille brasiers
Et avant nous toutes les jouissances ont existé
Sur l’écorce des arbres du jardin de ma rue
Les passants
Ont gravé
Quelques initiales de fleurs abandonnées
On en cueille le soir qui volent
Pour les amants endormis
Ceux-là dont la parole se dit sans le bruit

Et avant nous il y a eu
Mille mains pour mille caresses
Et avant toi j... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce pourrait être un vrai couple constitué, cette femme et cet homme qui échangent, ce pourrait être une sorte de fusion immobile, sous une couette, bien lovés, loin des bruits. Mais non.

Deux êtres. Ils s'aiment. Mais son coeur à lui est pris. Par une autre. Dans une longue poésie, Charlotte MONÉGIER tisse ce cocon d'amour, avec ses trous, ses fuites, ses fantasmes non assouvis. Cet amour est un voyage, qu'importe le moyen pourvu qu'on ait l'ivresse : des bateaux qui déchirent la mer, des gares qui attendent les trains, pour des voyages qui se voudraient toujours plus lointains. Retour dans les grandes métropoles avec l'évocation du métro. À ce titre l'autrice reprend ses ingrédients dilués dans « Voyage(s) », les renforcent.

Ce livre est sous-titré dialogue poétique. Quand parle la femme ? Quand s'exprime l'homme ? Parfois c'est l'imagination qui décide, d'autres fois la conjugaison. Ce texte sent la nostalgie, la mélancolie, une période révolue de l'amour. Des mots reviennent, comme aimantant tous les autres : peau, lèvres, corps, pour un amour non consommé, mais le sera-t-il ?

Des images claquent, s'imposent :

« J'étais encore jeune homme

Ma mère et mon père étaient partis

Vendre des larmes au marché

Ils sont faiseurs de larmes

À leur contact souvent je coule

J'en ai profité pour me promener

Une voiture m'a pris

Pour me laisser à Houlgate

J'ai marché jusqu'aux Vaches Noires

Ces roches aiguisées

Dangereuses et altières

Qui dominent le sable et l'immensité de la mer »

Poésie libre, en vers qui le sont tout autant, rimant ou non, à la ponctuation avare comme pour rendre la lecture attentive. Pourrait être intemporelle si la technologie, certes furtive, par le biais des moyens de transports ne venait pas donner quelques indices. Ce dialogue pourrait être intimiste dans un absolu huis clos si une narration ne venait pas l'interrompre, servant de métronome, d'arbitre.

« Je cours après mon souffle, la jeunesse qui ne part pas

Et ce petit je ne sais quoi

Qui fait tomber mon coeur lorsqu'il entend ta voix

Je cours comme ça, dans l'ascenseur

Un peu coincée, la tête ailleurs

Je cours car je ne veux plus marcher

Je cours pour avancer

Et parfois dans mon dos

Surgissent les traces d'autrefois »



L'érotisme vient faire de très discrètes visites derrière un voile pudique. L'essentiel est ailleurs, dans des mouvements simples, répétés, qui font apparaître les sentiments.

Ce petit livre dont la couverture de Stanislas VARIN-BERNIER (2020) est par ailleurs un ravissement, vient de sortir aux éditions Lunatique. Parallèlement, Charlotte MONÉGIER fait paraître un roman « Nulle part ailleurs sur la terre » aux éditions Livres Sans Frontières.

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Dans ce café, à midi,
Face au port ou dans Paris
Où était-ce déjà ?
Je ne me souviens que de tes veines
Qui couraient, comme ça,
Le long de ta tisane verveine

Nous n’étions pas seuls et pourtant :
Nous n’étions que toi et moi

La foule bougeait au rythme
Des mots que nous partagions
Et
D’un coup d’un seul
Tu as voulu ma bouche sur tes seins

D’un coup d’un seul
Je suis parti sans rien

Mes bras pourraient être ton refuge
Tu sais
Un peu de bois pour nos secrets
Nous y mettrions des arbres, la forêt
Tout ce qui gêne à l’avancée des chemins
La verdure gelée aux orées de l’aurore
Et la buée des vitres, à la moindre goutte

De nous deux ensemble
Ne resterait qu’un rêve
Celui d’être ton toit
Protégé par tes lèvres
Et chaque jour le paysage
Deviendrait un autre paysage
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Le Havre paraît toujours plus pâle au soleil
Toujours plus triste, toujours plus loin

Un jour, pour toi
Je marcherai le long de la Seine
J’irai par les paquebots
Et les grues cendrées de l’été
Je prendrai leurs ailes longues et grises
Volerai par-delà ta maison
Ton absence, ma hantise
Et m’arrêterai peut-être au coin de ta rue
Pour m’offrir en mirage

Je dévierai ma route jusqu’aux prochains sables
Ceux qui bougent
Qui font peur
Et placerai mon buste de femme
À la surface de l’horizon
Sur le trait fin que tu vois depuis ton balcon

Il y aura des sirènes et il y aura ce voyage
Que nous ne ferons jamais tous les deux
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Sur les longues autoroutes, tu pourras
Poser ta joue sur mon jean
Pendant que j’écouterai la montagne
Tu dormiras
Et tes pensées seront les fleurs des neiges éternelles
Il n’y aura plus de peur
Plus d’homme sec et violent et promis
Il n’y aura plus d’amertume dans ta bouche rougie
Je ne veux pas, je refuse !
L’amertume dans ta bouche

Tu bougeras quelquefois
La mâchoire pour sourire
Et puis c’est toi qui me prendras
Berceras, conteras
Jusqu’à l’intérieur de moi
Au plus profond de mes os
De ce sang qui me fait battre
Qui me fait homme
Rien que pour toi

Nous n’aurons plus à mentir
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Video de Charlotte Monégier (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Charlotte Monégier
Nuit blanche à Soweto, extrait tiré du recueil de nouvelles Le Petit peuple des nuages, de Charlotte Monégier (Editions Lunatique, sept. 2020)
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