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EAN : 9782366260083
64 pages
LC Christophe Lucquin éditeur (07/03/2013)
4.33/5   3 notes
Résumé :
20 décembre 2012. Paris se réveille avec une boule au ventre. Et si le calendrier Maya avait raison ? Et si la fin du monde était vraiment pour demain ? Alors, au milieu d une panique enflant minute après minute, on tente de s'organiser. Dans les 301 stations du métro parisien, des équipes de bénévoles régulent tant bien que mal les milliers de citoyens qui y voient le seul abri valable de la capitale. Alex, à la station Opéra, fait partie de l'équipe chargée de vér... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Quel plaisir de retrouver la plume de Max Monnehay que j'avais découverte avec le très bon et très étonnant « Corpus Christine » (que je vous conseille d'ailleurs si vous ne l'avez pas lu) ! Ici, elle s'attaque à l'une des figures incontournables de la scène musicale française (ou plutôt people maintenant ...), Joey Starr. Je ne savais pas à quoi m'attendre en ouvrant ce livre qui m'avait accrochée par son titre, frappant, et au final je dois dire que j'ai beaucoup apprécié ma lecture, une petite pépite d'écriture qui se savoure le temps d'une pause, d'un interlude …

J'avoue que la collection « fantasmes » porte très bien son nom ! Elle laisse libre cours, le temps d'une courte nouvelle, aux délires oniriques d'un auteur à la plume mordante et farceuse. Ici, Max Monnehay utilise un prétexte, celui de l'apocalypse prévue en décembre 2012, pour laisser son imagination donner vie à un fantasme, celui de donner un coup de boule à JoeyStarr - qui n'en a pas rêvé un jour ? -. J'ai trouvé l'idée de ce moment choisi vraiment idéale, après tout, quand la fin du monde se profile à l'horizon, les gens ont tendance à perdre un peu (voire beaucoup) de leur rationalisation habituelle et à laisser place à leurs réponses toutes personnelles à l'éternelle question : que feriez-vous si vous alliez mourir demain ? Vos dernières actions, vos derniers souhaits … Il est intéressant ici de voir que l'on peut très vite changer de camp, passer de la mesure à la démesure, lâcher les chiens, péter un câble, tout peut arriver ! Enfermez dans les stations de métro des parisiens persuadés que le monde va s'effondrer au-dessus de leurs têtes pendant la nuit et vous obtenez le lieu, claustrophobe à souhait (le moment où on baisse les grilles est d'une intensité rare, il m'a fait frissonner !), de la scène qui va se dérouler dans cette nouvelle ainsi que ses acteurs. Ce sont des gens comme vous et moi, pourtant, on sent dès le départ que le couvercle est sur le point de sauter et que la tension, à son comble, va conduire à l'émeute. Et, comme tout bon spectateur que nous sommes, nous n'attendons que ça ! Vorace lecteur assoiffé de sang … non, j'exagère … mais pas tant que ça.

Au milieu de tout cet amas humain angoissé, sur les dents, une femme, Alex, notre narratrice, notre héroïne ordinaire. Chargée de vérifier le contenu des sacs des nouveaux arrivants, elle nous raconte cette nuit palpitante, riche en rebondissements et tout sauf calme. Ce qui m'a plu avec ce personnage, c'est le côté … buté, je dirais. le fait qu'elle fasse embarquer une jeune femme juste parce qu'Alex voue une haine sans bornes aux french manucure et que la fille, aux cheveux blonds agrémentés de mèches rose, a le malheur d'être une fashion victim, ça m'a fait marrer, franchement, et j'ai trouvé ça génial ! J'aurais rêvé pouvoir en faire de même ! … et dérangeant aussi quelque part, pour la « morale », mais franchement, la veille de la fin du monde, qui se soucie encore de moralité ? Et c'est justement ça qui m'a plu avec ce personnage, elle se décomplexe, utilise le pouvoir qui lui est donné pour se lâcher un peu, pour ouvrir les vannes, elle se dévoile, du moins, en partie. Mais, malgré son côté un peu cheftaine, on sent sa tendresse … C'est très bien décrit, psychologiquement parlant. Même si finalement peu de choses sont dites, on comprend pourquoi elle agit comme elle le fait, pourquoi elle a envie de le faire. C'est ça aussi que j'aime avec la plume de Max Monnehay, en peu de temps, elle nous dresse un portrait au couteau de ses personnages, c'est fin, puissant, parlant, j'adore !!! Et même s'il semble surréaliste que l'apothéose de cette nuit soit le moment où Alex donne un coup de boule à JoeyStarr, ça paraît très crédible ! Bon, peut-être pas la façon « ninja » employée pour le faire, mais, qu'importe ! On se prend au jeu de la relation qui va se nouer entre les deux personnages et que j'ai trouvé fascinante ! Mais, une fois encore, je vais trop vite en besogne, reprenons donc un peu arrière si vous le voulez bien avant de revenir à ce fameux coup de boule …

Donc, je disais, un personnage central auquel on s'attache dès le départ, enfin, pour moi ce fut le cas ! La plume de l'auteur y est pour beaucoup car on sent son humour transpercé à travers ces mots qui défilent aussi vite que la lumière sous vos yeux. On se laisse bercer par leur musicalité, par les phrases, les jeux de mots qui font mouche. D'un coup, la vie ordinaire d'Alex devient pétillante, exceptionnelle, le temps d'une soirée, elle devient quelqu'un d'autre et nous avec elle. La narratrice nous raconte cette nuit de façon presque détachée, comme si elle savait que cette bulle était irréelle et allait exploser tout bientôt, distanciée, alors que le lecteur arrive facilement à s'y impliquer, se sentant lui aussi enfermé sous terre, mais sous forme si légère, si envolée, qu'on se laisse entraîner dès les premières lignes sans traîner des pieds. J'aime à penser que l'humour, parfois noir, acerbe, mais surtout percutant, de l'auteur qui se reflète dans son personnage, est ce qui donne sa vitalité au texte, ainsi que la critique de la société sous-jacente qui est faite par le regard acéré de notre narratrice. On rit en le lisant, obligatoirement. Là où l'auteur arrive à nous prendre dans ses filets c'est qu'elle arrive à contrebalancer la lourdeur angoissante de la nuit que vive nos personnages avec cette verve, ironique, malicieuse. Oui, c'est tendu et on le sent très bien, mais ça n'est pas que ça ! Comme le trouve d'ailleurs très bien les passages où Alex parle avec sa mère (juste tordant le coup des menottes ^^) ou encore ceux où elle relate ses visites à sa grand-mère Mamie Madeleine, persuadée que la fin du monde se produira le jour où une petite ville du nom de Genoa City sera pulvérisée (fans des « Feux de l'Amour », bonjour !). de l'humour en barres cette nouvelle ! Et ces personnages féminins hauts en couleur y mettent un peps incroyable ! J'ai aussi beaucoup aimé la voisine de chambre de Mamie Madeleine, je la vois un peu comme un agent secret. Il faut dire qu'elle est quand même capable d'enlever sa couche par-dessus sa tête ;)

Et, face à ces femmes, il y a deux hommes. Bernard, le surveillant en chef de la station de métro qui a pris Alex sous son aile … gluante, il faut admettre, et JoeyStarr. Je n'ai pas aimé Bernard, dégoulinant, un peu trop « baveux » à mon goût même s'il colle parfaitement à son rôle et qu'il est nécessaire … non, j'ai préféré, vous vous en doutez, JoeyStarr ! Les bad boys, c'est ma came, j'admets. Couturé de cicatrices et prêt à se battre, ça a son charme, avouez ! Bon, je ne vous raconte pas tout, et surtout pas le pourquoi du coup de boule, ce serait gâcher le suspens. Mais, je vais vous parler d'un petit bout de l'après. Ce que j'ai aimé avec l'arrivée de ce personnage, présenté dès le départ comme une grosse brute, c'est justement que, même s'il est stéréotypé à la première seconde, rendu à la simplification la plus élémentaire de son image, l'auteur arrive à nous faire aller au-delà. Une fois les choses mises aux clair, on découvre un JoeyStarr capable de douceur, de bonté, d'empathie. Surprenant ? Pas tant que ça ! Cela dit, ça peut compromettre la vision unilatérale que l'on a de cette personne publique, dans certains cas. Pour ma part, j'ai adoré voir ce « retournement de situation », ou devrais-je dire, cette mise à nu. J'ai apprécié de voir justement l'homme derrière l'image, le temps d'une nuit. L'auteur a réussit à croquer ses personnages avec talent, les rendant à la fois, doux, forts, peureux, courageux, menteurs, manipulateurs, lâches … toutes les émotions humaines se sont condensées durant ces quelques heures, les rendant très intenses. J'aime quand les émotions passent à travers les mots, ici, ce fut le cas ! Comment ne pas succomber au charme de ce livre ? Impossible ! Parce qu'en plus de jouer sur les émotions du lecteur, il les fait réfléchir, et pas qu'un peu !

Ça aussi Max Monnehay le fait très bien, nous mettre face à nous-mêmes et nous laisser mijoter dans la réflexion. Un concept auquel j'adhère totalement ! Elle analyse dans ce texte la peur, de la mort, de l'autre, de la vie aussi, d'une très belle manière. Elle scénarise la fin du monde avec beaucoup de franchise, sans détours, c'est prenant ! Parce qu'on se pose des questions, parce qu'on se demande ce qu'on aurait fait à la place d'Alex ou de n'importe qui d'autre dans une même situation, c'est un livre qui vous parle, qui vous enferme le temps d'une nuit dans une pièce hors du temps, hors la loi, et qui vous laisse seul, démuni. J'aime ce côté fin du monde qui sert de prétexte au fantasme parce qu'il ouvre des portes qui sont habituellement toujours closes. Mais, le but de cette nouvelle n'est pas qu'elle soit sérieuse, qu'on l'analyse en long, en large, en travers. Ce que je retiens de ce texte c'est son envie de nous délivrer la vision d'une pulsion, d'un moment, d'une échappée du quotidien, totalement inconcevable dans la vie de tous les jours. Et c'est justement le but de ce thème du fantasme, nous offrir une soupape, un instant, une nuit, un jour, où tout est possible. Pas de limites. C'est la liberté que cela sous-entend qui m'a convaincue. Vous voulez mettre un coup de boule à JoeyStarr ? Allez-y ! Vous voulez jouez un rôle ? C'est l'occasion ! Tout est permis, pas de barrières, pas de restrictions. Je trouve que cette notion de liberté totale correspond bien à la plume de Max Monnehay, que j'adore ! Elle excelle dans l'exercice de cette nouvelle sur thème imposé, elle lui donne un caractère éphémère, totalement improbable, farfelu sur les bords et pourtant, on y croit, on est dedans ! Je ne vois pas ce qu'on peut demander de plus !

Pour conclure, ce roman au thème surprenant est addictif ! Il vous plonge dans les ténèbres de la fin du monde sur un air de rap rageur et envoûtant, vous fait rire autant que réfléchir mais surtout, vous redonne goût au rêve et à la liberté ! Laissez-vous porter par la plume magique de cette auteure que j'adore et profiter de cette entre-deux pour prendre une bouffée d'air frais, ça vous fera un bien fou !
Lien : http://coeurdelibraire.over-..
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Si vous suivez régulièrement mon blog, ce dont je vous sais gré, vous savez qu'en fin d'année dernière, j'avais relayé la demande de Christophe Lucquin sur la plate -forme de financement partagé Kisskissbankbank. Sans tout vous raconter dans le détail, j'y suis allé moi aussi de ma petite obole, et ce qui est bien avec cette nouvelle forme de financement, c'est que les contributeurs ont une contrepartie, pour ma part, quelques livres, dont celui-ci, au titre excellent qui en est pour beaucoup dans mon choix. Et oui, qui n'a jamais rêvé de mettre un coup de boule à JoeyStarr ? Euh, ben moi en fait, car si je passe outre le fait que le personnage ne m'est pas particulièrement sympathique, je suis un non-violent. D'abord parce que je crois que la violence ne résout rien, et ensuite, parce que vu comment je suis gaulé, je n'ai pas intérêt à recourir aux coups en général et contre JoeyStarr en particulier.
Cette mise au point, faite, je dois dire que j'ai beaucoup aimé ce petit roman (60 pages) de la collection Fantasmes, qui nous présente une jeune femme pas très bien dans sa peau, n'aimant pas vraiment son boulot et surtout pas son chef Bernard qui aimerait la mettre dans son lit, qui visite sa grand-mère atteinte d'Alzheimer passionnée par les suicides collectifs au sein des sectes qui a des parents déconnectés, une mère flippée, un père qui veut bricoler mais ne sait pas faire. Lorsque JoeyStar arrive avec son arrogance, c'est la goutte d'eau de trop.
Max Monnehay alterne les chapitres dans le métro et ceux consacrés aux rapports familiaux d'Alex. L'écriture est belle, à la fois douce et violente, elliptique. La grand-mère vit dans le passé, les parents sont désabusés et si l'espoir arrivait avec la rencontre improbable avec JoeyStarr, dans ces moments où la violence est dans les faits mais beaucoup moins dans l'écriture... ?
N'hésitez pas à aller voir le site de cet éditeur qui ose et qui publie d'excellents bouquins, c'est ici.
Lien : http://lyvres.over-blog.com
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
A six ans, j'ai dormi trois mois dans le lit de mes parents. Mon nouveau lit était en kit. Toutes ces petites momies au bout des doigts de mon père. Toutes ces petites poupées de douleur. La douceur, déjà, prenait à mes yeux la forme mensongère de ces compresses duveteuses et derrière lesquelles suintaient les écorchures et la souffrance. (p. 18)
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Des dizaines d'armes potentielles.
Une infinité de tragédies possibles.
La fin du monde, c'est peut-être seulement ça.
La possibilité d'un massacre à portée de main.
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Les paupières fardées façon oiseau des îles papillotent. Derrière, l’œil est un gouffre. Il semble bien qu'en face de moi, on ne parle couramment que le Sephora
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La douceur, déjà, prenait à mes yeux la forme mensongère de ces compresses duveteuses et derrière lesquelles suintaient les écorchures et la souffrance.
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Avec ton père, on ne s'est pas touché depuis 2008 et là il m'attend en mini-slip dans la chambre. Il a ressorti notre parure de lit fuchsia et fait brûler toute ta vieille réserve d'encens. On se croirait dans le vagin de Béatrice Dalle. Alors, laisse-moi craindre le pire.(p.29)
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Videos de Max Monnehay (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Max Monnehay
Déjà en librairie, découvrez le nouveau polar de Max Monnehay, "À la gorge". En savoir plus : https://www.seuil.com/ouvrage/a-la-gorge-max-monnehay/9782021541823
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