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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Anecdote : je cherche ce livre dans les rayons de la FNAC et ne le trouve pas. Je demande à la vendeuse qui au final ne le trouve pas non plus mais me dit : « Une collègue l'a lu et vraiment, elle a été déçu par rapport au précédent."

Du coup, j'ai encore plus envie de le lire.

Et.

Paf. Je le prends en pleine gueule.

Touché en plein coeur.

Générationnel et pourtant tellement personnel. Isabelle Monnin se raconte et nous raconte. Ce temps où on ne mettait pas de ceinture à l'arrière des voitures aux enfants, où on fumait n'importe où, où les téléphones n'étaient pas mobiles … Michel Drucker. Les trente-trois tours. le 11 septembre.

Tous ces petits témoignages universels nous plongent encore plus dans l'histoire personnelle de l'auteur et de sa petite soeur. Tant aimée. Partie.

« Je suis le 11 septembre autant que la seconde où elle est morte.

Je suis tous mes événements. »

Ce livre, c'est de l'émotion. de la pudeur. Des sourires. C'est un livre d'amour, un roman d'apprentissage, un documentaire … Je ne sais pas le qualifier. Pourtant qu'est ce que j'ai aimé cette écriture pleine de poésie. C'est un hommage à sa soeur. C'est un livre politique. C'est un livre écrit par chacun des lecteurs qui l'aura entre les mains.

Ce livre est un poème. Ce livre est une chanson.

« Te raconter enfin qu'il faut aimer la vie et l'aimer même si le temps est assassin et emporte avec lui le rire des enfants … »

Et toujours, oui, toujours, se méfier des vendeuses à la FNAC …

Lien : https://labibliothequedejuju..
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C'est vrai que je ne suis pas française mais pour se plonger dans ce très beau roman, toutes les nationalités peuvent s'y retrouver puisque c'est un roman qui parle du monde depuis les années 1970. Je suis née un peu après, je n'ai pas connu les pattes d'eph ni la coupe au bol ni le Minitel français mais j'avais six ans quand Renaud chantait sur son banc le mistral gagnant, vingt ans quand les tours jumelles à NY ont été saccagées. J'en avais trente-six lors des attentants au Bataclan. Tout est encore dans ma tête, dans mon coeur comme autant de souvenirs qui soulèvent ou réconfortent. La vie est universelle. Ni couleur, ni drapeau, ni race pour ici comprendre le message d'Isabelle Monnin : la vie passe et passe avec elle le mistral et les événements. Seuls ceux que tu vois tomber, se relever, assassinés au nom d'une religion, c'est ceux-là qui comptent, ceux dont on rêve, ceux avec qui on rêve, ceux qui nous font rêver, ceux qu'on n'oubliera jamais.

C'est un roman où Isabelle Monnin raconte la vie, d'abord main dans la main avec sa soeur adorée. du bac à sable, à l'adolescence, on entendra Renaud chanter Mistral gagnant ou encore le Pen brandir sa haine au nom de la France.
C'est un livre de gauche, un livre de coeur, un livre coup de coeur.

C'est un livre à souvenirs, à la lueur d'une bougie ou avec une lampe torche sous sa couverture à sourire de se rappeler la vie il y a vingt ou trente ans.

L'écriture est un écrin de poésie et de justesse, les mots chantent la vie, l'abandon, les désillusions, l'espoir, c'est doux, c'est de l'or en barre pour se rappeler qu'on existe à travers des événements qu'on survole, qu'on se prend de plein fouet, qu'on gardera à jamais en soi. Splendide.
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Nouveau coup de coeur 2021, un roman que j'ai d'autant plus vécu que l'autrice, dans cette autobiographie, commence par raconter les années 80, me donnant l'impression de mêler ma jeunesse à la sienne dans de magnifiques pages à l'écriture parfaite.

Elle raconte, sa relation fusionnelle avec sa soeur omniprésente, elle raconte la succession des gouvernements, les événements marquant entre ces années 80 et nos jours, événements donnant des indication de temps dans un récit ou les années ne sont pas précisées, jalons qui permettent de se repérer et grâce auxquels on retrouve ses jeunes années.

Elle raconte la relation avec sa soeur en usant de leitmotivs parlants et évocateurs de sa souffrance au début de chacun des chapitres : nous sommes deux, je suis seule, je suis deux... Elle s'exprime en hurlant sa souffrance, en racontant son travail de deuil, elle communique sa tristesse dans un texte qui invite au recueillement, à l'intériorisation, comme un trésor cachée au plus profond de soi.

Je ne connaissais pas cette écrivaine, et je suis heureuse d'avoir trouvé ce roman sur mon chemin. Une belle découverte.

A lire absolument simplement pour savourer ce texte magnifique.
Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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Isabelle est née au début des années 70 dans une famille intellectuelle, ouverte et de gauche. Sa soeur arrive trois ans après. Une relation si fusionnelle qu'elles sont devenues Les filles. Inséparables. Volontaires. Curieuses. C'est ensemble, main dans la main, qu'elles vont grandir, s'ouvrir, s'épanouir, partager leurs joies et leurs peines. de l'enfance qui fleure bon les sous-pulls marron ou la coupe au bol à l'adulte qui trébuche ou qui se cogne en passant par l'adolescence rebelle, baignée d'illusion et bercée par Renaud, Isabelle traverse ces années cahin-caha dans un contexte social, politique et économique en plein mouvement...


Isabelle Monnin nous offre un roman profondément intime et poignant. Où il est question de deux soeurs inséparables et complémentaires. Où il est question de R5, de minitel, de bandana de Touche pas à mon pote, d'internet. Où il est question de gauche, de droite, de l'Ogre et sa fille. Où il est question de "Devaquet au piquet", de l'affaire Malik, du Mur de Berlin, de la Coupe du Monde, du 11-septembre, du Bataclan. Où il est question de Gainsbourg, de Barbara, de Daho et, évidemment, de Renaud. Où il est question de rêves inachevés, de désillusions mais aussi d'espoirs, de chagrins inconsolables, de déceptions, de souvenirs doux-amers, de morts tragiques et de vies qui s'apprennent, qui subsistent et résistent. À travers Mistral perdu, l'auteure nous fait (re)vivre tous les événements marquants des années 70 à nos jours auxquels s'imbriquent sa propre histoire. Un récit fort et empoignant servi par une plume éloquente et vibrante...
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Je viens de terminer Mistral perdu en larmes. Un petit livre qui ne paie pas de mine, pas très épais, que j'ai acheté après avoir lu une critique de Ptitgateau que je remercie au passage, mais une véritable claque littéraire. Une écriture forte et poétique, bouleversante aussi pour raconter deux soeurs fusionnelles qui ont tout partagé jusqu'à ce que la mort les sépare…
Je n'ai pas perdu ma soeur, je n'ai jamais eu de soeur d'ailleurs mais ce livre parle de moi quand même. J'ai vu défiler mon enfance dans un village de l'Est de la France, dans les années 70. Je me suis souvenue des départs en vacances vers la Costa Brava, dans la R5 familiale, ma mère au volant, moi sur la banquette arrière devenue lit improvisé. Pas de ceinture de sécurité et sous mes couvertures les bouteilles d'alcool et les cartouches de cigarettes achetées illégalement au Perthus. J'ai revu mes copains d'école, les cabanes dans les champs, les pattes d'eph, les boums, les 45 tours, l'insouciance de l'enfance. Comme dans le livre, je suis née dans une famille de gauche où l'on a fêté le 10 mai 81 comme si la victoire de François Mitterrand était la nôtre et comme les deux soeurs j'ai aimé passionnément le chanteur aux cheveux jaunes qui chantaient la banlieue en même temps que sa haine des bourgeois et de la société. Sur une page, quelques mots évoquent Slimane, le héros d'une de ses chansons. Encore une claque ! J'avais oublié Deuxième génération que je chantais à tue-tête adolescente ! Un petit tour sur Youtube et les paroles me sont revenues naturellement aux lèvres. Comment ai-je pu oublier mon hymne de l'époque ? C'est le temps qui passe et qui fait des trous dans notre mémoire. Et pourtant que d'évènements inoubliables je viens de revivre : les manifs contre la loi Devaquet, la mort de Malik Oussékine, la mode des jeans neige et des sweats chauve-souris, la main de Touche pas à mon pote, les baladeurs, etc.
Après nos grands-parents qui avaient combattu les Allemands, nos parents qui ont trouvé la plage sous les pavés, ma génération a été en mal de causes à défendre, on nous a appelés la bof génération. Et pourtant…Les années 80 n'étaient pas que les années fric, il y avait des convictions, des rêves, des espoirs.
Au rythme des élections, des victoires, de la cohabitation, de la dissolution, du terrible 21 avril, Isabelle Monnin m'a fait revivre ce temps où la politique me passionnait, où j'étais de gauche et j'aimais les hommes et les femmes de gauche. J'ai pris un vrai coup de jeune en lisant ces lignes. J'ai appelé Soraya, ma copine de toujours, la soeur que je n'ai pas eue. Celle qui a partagé mes rires, mes chagrins, les boums, les bals de village, les secrets, les délires, qui a chanté Renaud, Cabrel, Goldman avec moi.
J'ai grandi, j'ai eu des amours, une fille. le monde a changé. Les politiques aussi. Sarkozy et son karcher, et sa victoire fêtée au Fouquet's. L'espoir incarné par Hollande. La désillusion. Et en vrac, les attentats du 11 septembre, Charlie Hebdo, le Bataclan. La victoire du néo-monarque.
J'ai pris un coup de vieux aussi. Parce que j'ai plus de 50 piges, parce qu'être de gauche ça ne veut plus rien dire, que l'antiracisme de ma jeunesse est désormais qualifié d'angélisme, que les le Pen se reproduisent comme du chiendent, que Renaud embrasse des flics et soutient Macron, que je ne me reconnais pas dans les combats d'aujourd'hui, que je ne sais pas quel bulletin mettre dans l'urne dans quelques semaines, parce que la nostalgie c'est pour les vieux cons et que je suis, de fait, une vieille conne, parce que tout fout le camp ma p'tite dame…
Alors j'ai pleuré sur les mistrals perdus, sur les évènements qui traversent ou bouleversent une vie, sur cette soeur disparue qui n'est pas la mienne mais qu'Isabelle Monnin a su me faire aimer.
Encore merci à Ptitgateau qui m'a fait connaître ce livre. Merci à Soraya d'avoir été là et d'être là encore, depuis les bancs de la maternelle. Merci à Isabelle Monnin d'être elles, elle et nous.
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C'est un livre que j'aurai aimé lire, le soir, la tête sous les couvertures à la lumière d'une lampe de poche, comme quand j'étais môme et que je bravais le couvre-feu parental en m'étourdissant la tête et me brûlant les yeux aux mots chéris et adorés des auteurs des bibliothèques rose ou verte.

"Tout est écrit, partout sous les choses, ne reste qu'à fouiller, gratter le sol, écorcher les roches pour mettre les phrases au jour."

C'est un livre que j'aurai aimé lire ta main dans la mienne, vautrées sur le vieux canap' du salon des parents, en boulottant des réglisses et des boules coco, te faisant la lecture, soeurette, comme quand nous étions mômes.

"Être à ses côtés c'est se chauffer à une force mystérieuse, peut-être tellurique. On dirait qu'elle a trouvé le secret de la vie, ça irradie d'elle entière, je voudrais m'y frotter comme à une lampe magique, qu'elle me prête un peu de son fluide, qu'elle me maquille les yeux et la bouche".

C'est un livre que j'aurai aimé lire à mes mômes à moi, au coin du feu dans la pénombre, tous blottis dans de vieux plaids en tricot, pour leur dire notre enfance. Pour leur dire qu'on n'y est pour rien, qu'on n'a rien vu venir, qu'on y croyait tellement à ce pour quoi on s'est battu, ce pour quoi on n'en finissait pas de chanter, de gueuler, d'user nos clarks et nos kickers bi-color sur ces pavés bien recouverts de béton, au cas où il nous serait venu des idées...

"Ce serait lire, à l'encre sympathique d'un stylo vendu avec Pif gadget, le récit de la dégringolade d'une génération qui s'était crue effrontée et se découvre désarmée."

J'aurai aimé lire ce livre avec dans les oreilles la voix rocailleuse du chanteur énervant, le poing levé en chantant avec lui "J'ai chanté dix fois, cent fois, J'ai hurlé pendant des mois, J'ai crié sur tous les toits, Ce que je pensais de toi ; Société, société, Tu m'auras pas."

J'ai lu ce livre, les larmes aux yeux, le coeur ouvert au bonheur et à la nostalgie. Et la tête haute. J'ai lu ce livre sans arrêter de penser à elles - Isabelle et sa soeur adorée qui te ressemble tellement - à son petit son doux son roi du monde, aux événements passés et présents du monde, à notre sidération berceau de notre passivité.

"J'avance, mais mes poches sont pleines de cailloux".

Est-ce qu'il faut être né dans les années 70 ? Est-ce qu'il faut avoir été "une moitié des filles" ? Est-ce qu'il faut avoir défilé et cru à toutes ces conneries, ces chimères de droits, d'égalité et de liberté ?
Non, je ne pense pas.
Il faut le lire c'est tout.
Tout le reste n'est pas que Littérature !

"J'ai ri, tu as entendu ? Un vrai rire de bon coeur, on disait ça, ils étaient nos préférés. Tu l'as entendu ce rire ? Beau, puissant, musclé par tout le chagrin porté. Tu as vu comme il a inondé mes joues et mon coeur et mes bras ? Il a des notes de toi, je les ai reconnues, si c'est là que tu te caches je veux l'entendre toujours."
Lien : https://page39web.wordpress...
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Ce livre est une madeleine, chaque mot m'a transportée dans mon enfance, mon adolescence, mon chez-moi. J'ai revécu à chaque phrase ce que j'ai ressenti à l'école, au lycée, dans mes études supérieures. La rencontre avec Pierre Bourdieu et ses idées a pour moi aussi concrétisé ce que je vivais et pensais au plus profond de moi . Je me suis reconnue dans presque chaque phrase jusqu'au moment où le drame arrive. Drame que je ne connais heureusement pas mais que j'ai lu avec beaucoup d'empathie . J'ai porté avec moi la douleur de la narratrice qui montre combien l'absence de sa soeur lui sera à jamais une souffrance, c'est une partie d'elle qui est partie.
Ce livre est beau, tendre et reste très pudique malgré le drame qui vient s'abattre sur la narratrice. Comment continuer à vivre lorsque le nous doit devenir je ?
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Merci au site Net Galley et aux éditions J.-C. LATTÈS de m'avoir permis de découvrir Mistral perdu ou les événements en avant première.
J'en suis ravie :) Ce fût une bien jolie découverte :)
J'ai sollicité cet ouvrage sans savoir que ce n'était pas un simple roman mais un livre bien plus personnel. Je l'ai demandé car le résumé me tentait.
Je n'avais pas non plus fait attention à l'auteure. Alors que j'ai lu les gens dans l'enveloppe, je n'avais pas fait attention que c'était elle l'auteure de Mistral perdu ! Mais j'ai tout de suite reconnue son écriture, je me suis dit mais je connais cette façon d'écrire, et là j'ai compris qui était l'auteure :)
J'ai été encore plus contente d'avoir reçu ce livre, très personnel donc car en fait, ce n'est pas un roman.
La narratrice, c'est Isabelle Monnin, je l'ai compris très rapidement. Elle est née en 1971, sa petite soeur en 1974 (comme moi) et elles forment "Les filles". Un peu plus tard viendra un petit frère.
Les filles, pendant 27 ans, ce seront les filles, mais l'une des deux va mourir (je ne spoile pas on le sait en lisant le résumé). Et de deux, la narratrice deviendra une.
Contrairement à ce que je supposais au départ, ce n'est pas tout de suite, il se passe pas mal d'années avant le drame, (27 ans) nous avons donc le temps de nous attacher à elles, de découvrir plein de choses sur leur enfance, adolescence, début d'age adulte...
Nous sommes dans les années 1970, années de mon enfance, donc certains passages m'ont forcément parlé. Nous n'avons pas eu la même enfance la narratrice et moi, mais par moment je me suis forcément dit "Mais oui, je me souviens de ça !".
Comme elle j'ai aimé Renaud, sorte de fil rouge dans ce livre, même si je l'ai découvert bien plus tard qu'elle. J'ai moi aussi chanté sur "L'Ethiopie meurt peu à peu, peu à peu......", regardé Santa Barbara (mais pas en cachette ;).. Nous avons écouté sensiblement les mêmes musiques, regardé les mêmes émissions.
J'ai souri en lisant qu'en l'an 2000 la téléportation aura été inventé car comme beaucoup d'enfants de notre génération, j'en été persuadée :)
Elle a trois ans de plus que moi donc adolescente avant moi, je n'ai pas tout à fait le même ressenti mais j'ai trouvé ça très intéressant de nous découvrir des souvenirs communs.
J'ai redécouvert des choses aussi, par exemple je ne me souvenais pas des manifestations de 1986, je n'avais que 12 ans, pas de frère ou soeur plus âgé et je n'ai aucun souvenir de ça. Ni de l'affaire Malik Oussekine qui a suivie, fin 1986 !
Je ne me souviens pas non plus des premières télé de celui qu'elle appelle l'ogre (Jean-Marie le Pen) car à la maison contrairement à chez elle, on ne parlait pas de politique devant les enfants ou ados.
Plus j'avance dans le livre, plus mes propres souvenirs remontent, comme la coupe du monde de football en 1998, ce que je faisais le 11 septembre 2001, ou le fameux jour d'avril 2002 où tout le monde a découvert que "l'ogre" était au deuxième tour.
J'ai souvent souri en lisant ce livre, j'ai parfois eu les larmes aux yeux aussi. A aucun moment je n'ai eu l'impression d'être voyeuse, ce qui peut parfois arriver quand on lit les souvenirs de quelqu'un.
On sait dès le départ que la seconde fille va quitter ce monde, mais quand ça arrive la narratrice n'en fait pas tout un plat. ça arrive, c'est difficile et il arrivera un autre décès tout aussi difficile pour elle, mais à aucun moment je n'ai été mal à l'aise. C'est la vie, c'est pas juste, c'est triste, mais là aussi je ne me suis pas du tout sentie voyeuse car dès le début dans le résumé on sait à quoi s'en tenir et l'auteure a su coucher ses souvenirs sans en faire trop. de la première à la dernière ligne c'est un très joli texte.
J'aime ce genre de livre très personnel et celui-ci est très réussi.
Et, avant de terminer cette chronique, je voudrais rajouter une dernière petite chose :) J'ai découvert une très jolie chanson de Renaud grâce à Isabelle Monnin. Comme je l'ai dit plus haut, le chanteur est présent tout au long de ce livre, et elle évoque à un moment une chanson de 2016, issue de son dernier album : La batterie.
Je suis allée la découvrir et la voix n'est plus celle du Renaud de notre enfance, plus cassée, mais le texte est magnifique et j'ai pris beaucoup de plaisir à la découvrir puis à la mettre en fond en lisant le dernier chapitre de Mistral Perdu.
Ce livre est vraiment une très jolie découvert du début à la fin, emplie de nostalgie, de fous rires, de petits moments de bonheur, de tristesse aussi, mais c'est vraiment une réussite.
Un énorme coup de coeur qui mérite un gros 5 étoiles :)
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Hier n'était pas un jour de réjouissance...


La situation sanitaire et les conséquences qu'elle implique sont à nouveau anxiogènes et on se demande bien quand tout cela va finir.

Hier, j'ai lu Mistral perdu ou les événements et j'ai pleuré. Beaucoup pleuré.
J'ai eu "la chiale" comme dit l'auteure.
Isabelle Monnin se raconte. Elle parle de sa relation complice et fusionnelle avec sa soeur âgée de trois ans de moins qu'elle. Elle évoque leur enfance, leur adolescence, leur vie adulte et puis soudain, la perte...

J'ai deux ans de plus qu'Isabelle mais autant dire que nous avons vécu les mêmes choses. Moi aussi je traînais avec Sophie, Sandrine, Valérie, Christophe, Fabrice ou Emmanuel...
Et moi aussi, j'ai ressenti cet engouement indéfectible pour le chanteur aux jambes arquées "comme une porte de grange", ses cheveux jaunes et ses yeux délavés dans lesquels je me suis noyée plus d'une fois. Avec lui, j'ai aussi appris "la banlieue, madame Thatcher, la Palestine, les enfants de Soweto, de Bhopal ou de Dublin. " Renaud a longtemps été aussi mon "école sur un voilier".


Je suis restée un peu de marbre en lisant les passages sur l'enfance et l'adolescence. Ce sont des moments heureux, insouciants, un brin révoltés. Nos souvenirs sont les mêmes et en même temps si différents. J'ai eu l'impression qu'Isabelle Monnin évoquait ses souvenirs lointains avec un certain détachement qui m'a finalement un peu laissée de côté.

C'est surtout après que j'ai pleuré.
Lorsque les désillusions commencent à se faire sentir. Lorsque les lendemains qui chantent déchantent...
Et cette génération désenchantée qui autrefois chantait avec Renaud : Où c'est qu'j'ai mis mon flingue ? se met soudain à ployer, à céder.

" Nous renonçons à expliquer, défendre, comprendre. Nous nous rassurons par une manifestation de temps à autre et chaque jeudi soir au soutien scolaire, j'espère qu'Abraham, Youssef et Fatoumata garderont leur goût gratuit des livres, mais tourne comme une mouche insistante cette chose que nous sentons : il faut se résoudre au pire qui vient. Piteusement mettre à terre un genou, puis deux, comme le chanteur épuisé qui ne voit dans son miroir que les ombres de l'enfance perdue et n'entend que dans sa voix le dérisoire des colères qu'il ne rimera plus. Se résigner comme se présenter aux autres tel qu'on est, écorché de renoncement, lacéré des promesses non tenues, à chaque trahison son entaille, et nos corps sont nus de la lumière cruelle, que reste-t-il de nos amours, de nos naïvetés, de nos élans, Mistral perdu ? "

Et j'pourrais continuer à citer ces tristes pages encore et encore mais le mieux, c'est encore de lire ou de relire le livre si jamais l'envie vous vient de vous piquer les yeux.

Isabelle Monnin raconte ses événements personnels, ses joies, ses chagrins, sa douloureuse peine mais aussi les événements vécus par sa génération. Certains s'y retrouveront, d'autres pas...
Peu importe, car les mots sont poignants. La colère, les doutes et la douleur aussi...

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Mistral perdu ou les événements est le récit mosaïque des souvenirs évoqués par Isabelle Monnin depuis l'enfance et sa relation fusionnelle avec sa petite soeur, une enfance dans une famille des années 70, de gauche, une France du plein emploi, des manifestations, des téléphones à cadran, des 33 Tours vinyles, des cassettes enregistrées et du minitel, de Georges Marchais, des raiders et des rochers Suchard, des walkmans, une France que bien évidemment les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître...
Isabelle Monnin retrace cette évocation avec en bande-son, les chansons de Renaud, un vrai coup de foudre musical de la petite fille et qui permet à la femme devenue écrivaine d'être un repère et le fil conducteur de son évolution et de sa construction d'adulte. Ce vrai pèle-mêle de souvenirs, d'anecdotes, de musiques, de sensations et d'images liés à son enfance et sa relation fusionnelle à sa soeur cadette, permettent d'évoquer les évènements historiques qui jalonnent leur enfance, leur adolescence et le début de leur vie d'adulte.
Après une tragédie dans la famille, vient le passage du "nous" à "je" et les réflexions sur l'absence qui fait souffrir, le manque cruel, le deuil qui ne se fait pas, la plaie béante d'avoir perdu un être cher, puis une deuxième perte...
Mistral perdu ou les événements est donc le récit à la fois nostalgique et désenchanté, très bien écrit, un récit autobiographique dans lequel Isabelle Monnin entrelace habilement et intelligemment son histoire et celle de sa soeur avec les évènements historiques, grands ou petits et le Mistral gagnant de son enfance devient un Mistral perdu.
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