Il avait assisté à une réunion plus ou moins secrète de jeunes socialistes mais n’avait rien appris de particulier. Les jeunes révolutionnaires anglais n’étaient en rien comparables à leurs homologues russes ou italiens. Ils ressemblaient plus à une assemblée de jeunes idéalistes qu’à de potentiels terroristes. Ils parlaient de la nécessité de sortir le peuple de son ignorance et de sa pauvreté mais, quand il leur demandait comment ils comptaient s’y prendre, ils restaient silencieux, incapables de proposer une solution.
Les Français avaient beau vous assaillir dès potron-minet avec leurs brioches, leurs pains au lait, leurs croissants, leurs confitures et leurs miels, aucun petit-déjeuner au monde ne pouvait surpasser une tasse de Earl Grey accompagnée de toasts croquants, de tranches de lards croustillantes, de black pudding savoureux, d’une omelette encore fumante, le tout servi avec des tomates et des champignons. En cette recette résidait le secret de la réussite de l’Empire britannique.
Elle se croyait désormais dotée d’un certain charme voire, dans quelques rares cas, d’une beauté certaine. Toutefois, même la plus éclatante beauté ne viendrait pas seule à bout du cœur d’un célibataire aussi endurci qu’Alistair. Hayley devait donc en conclure que ses multiples talents avaient contribué à envoûter ce gentleman.
Comment pouvait-elle sauver les apparences désormais ? Elle, une femme célibataire indépendante, se retrouvait installée chez un célibataire à la réputation établie de séducteur et personne ne songeait à mal ! Les hommes étaient véritablement infernaux !
Sa fille serait peut-être capable d’attirer dans ses filets un jeune homme plaisant et de bonne famille, qui pourrait lui enlever toutes ces histoires d’espionnage de la tête…