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sur 1822 notes
Les « Lettres Persanes » est un roman épistolaire, c'est-à-dire un recueil de lettres écrites par des amis Persans visitant l'Europe de 1712 à 1720. Au fil de leurs rencontres et de leur découverte de la civilisation occidentale, ils échangent leurs impressions, leurs avis et leurs critiques sur la société du 18e siècle. Ainsi, Usbek et Rica, qui se trouvent en France, n'hésitent pas à dépeindre les moeurs, les conditions et la vie de la société française. Rhédi, quant à lui, voyage à Venise. En parallèle de cette correspondance, on lit également celle qu'entretient Usbek avec son sérail, c'est-à-dire ses eunuques et ses femmes restés en Perse.

Ce roman épistolaire est l'occasion pour Montesquieu d'aborder toutes sortes de sujets : politiques, religieux, moraux, littéraires et économiques. Avec un style satirique, il ne craint pas la censure de l'époque en émettant ses avis et idéaux car il se pose comme le simple traducteur de lettres trouvées par hasard. Ce n'est pas lui qui parle, ce sont les voyageurs perses. Ainsi, il expose ses idées sur la société occidentale du 18e siècle, mais aussi sur les us et coutumes qui se pratiquent en Orient, notamment par rapport à l'existence des harems.
J'ai trouvé ce roman épistolaire très agréable à lire. le propos de Montesquieu, satirique et souvent plein d'humour, est toujours vif et incisif.
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Je ne suis pas forcément un adepte des romans épistolaires, mais ces "Lettres persanes" sont probablement mes préférées dans le genre. Je suis tombé sous le charme de ce livre de Montesquieu dès la première lecture. le ton satirique légèrement camouflé sous le vernis du voyage initiatique est merveilleusement bien dosé par l'auteur, qui se permet par ailleurs des analyses intéressantes et comiques sur les moeurs de son temps : qu'elles soient d'ordre politique, social ou religieux.


Une critique acerbe et intelligente qui sait également se comporter comme un roman relaxant et divertissant : difficile de faire mieux de nos jours, non ?! Voilà pourquoi je considère ces "Lettres persanes" comme un classique indubitable de la littérature française.
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Roman épistolaire qui servit à son auteur de critiquer plus librement le système politique de la France du 18ème siècle, les Lettres persanes usent d'un stratagème simple, et pourtant si souvent éprouvé par nos contemporains à travers leurs voyages : le point de vue extérieur sur une société. Montesquieu campe deux personnages persans, Uzbek et Rica qui, dans les années 1710, viennent en France. Leur séjour dure neuf ans, et il est l'occasion d'étonnements très divers de la part des deux hommes, qui correspondent par lettres entre eux et avec d'autres Perses établis en Europe. Pour autant, ces deux personnages ne sont pas des coquilles vides : les développer sert aussi l'exotisme du roman, sorte d'attrait formidable pour le lectorat d'alors. Uzbek avait des relations étroites avec le shah, puisqu'il possédait un harem ; Rica, lui, prend le voyage à Paris comme une occasion de se former, laquelle le réjouira fortement.
Toutefois, la critique sociale est virulente : Rica montre du doigt le ridicule des élites françaises, l'orgueil aussi du peuple, la superficialité des hommes et des femmes. Les Perses décrivent, avec un oeil neuf, la vie politique du royaume : le roi guerrier, le clientélisme permanent, le pouvoir absolu. La critique est enfin religieuse, visant l'intolérance de ceux qui se disent apôtres de l'Amour universel pour mieux frapper cruellement leurs ennemis.
D'une facilité de lecture remarquable, le livre est tout à la fois l'occasion d'un regard historique sur une société passée mais dont nous sommes encore les héritiers - notamment du siècle des Lumières - ainsi qu'un véritable et original traité politique.
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Montesquieu - "Lettres persanes" édition établie et annotée par Jean Starobinski, Gallimard; 1ère éd en 1973. (ISBN 9782070429349)

Est-ce bien utile de préciser qu'il y a là-dedans de véritables trésors de réflexion ? Chaque personnage se voit doté de traits de caractères qui engendrent chez le lecteur quasiment à tous les coups l'évocation de tel ou tel de ses proches. Certaines observations sur le théâtre social n'ont pas pris une ride, et restent toujours aussi drôles. L'intrigue enfin se dessine peu à peu,au fil des échanges de courriers : les adeptes du courrier électronique d'aujourd'hui y retrouvent immédiatement leurs réflexes...

Oubliez tout ce que les profs ont pu faire et dire pour vous pourrir cette lecture : elles et ils sont bien obligé(-e)s de "respecter le programme" et de "débroussailler" des têtes en friches...

Plongez sans crainte et sans bouée, vous verrez, c'est rigolo, ça fait du bien, c'est inusable.
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Comme pour vous, sans doute, les « Lettres Persanes » représentent un souvenir scolaire (bon, mauvais ou neutre, ça dépend), éternellement liés aux classiques Garnier à couverture jaune. Rares sont les élèves qui peuvent être emballés par un roman du XVIIIème (à part les « Contes » De Voltaire, et encore pas tous). Alors vous pensez, un roman épistolaire… Moi, j'ai mis des années avant de me replonger dans ce bouquin, pour finalement y trouver un autre intérêt, sinon un certain charme.
Il est vrai que la lecture d'un tel ouvrage peut rebuter. Les auteurs des lettres, comme leurs destinataires, ainsi que leurs contenus, sont à chaque fois différents. Il nous faut du temps pour comprendre qui est qui, et quels sont les liens qui relient les personnages entre eux. Une fois qu'on a compris ça, c'est beaucoup plus facile.
Deux Persans (mais pas le shah, hélas, un shah persan, dans cette histoire aurait été le bienvenu), Usbek et Rica, entreprennent un voyage à Paris. C'est essentiellement un voyage de découverte, aussi nos deux touristes improvisés ne se gênent pas pour commenter, dans leur correspondance, tout ce qu'ils voient, entendent et ressentent de ce grand pays qu'est la France et qui pour eux est encore une énigme : l'étonnement est leur première réaction, suivi par une critique faussement naïve et parfois mordante.
En fait il y a deux histoires, dans ce roman : la première, c'est ce voyage, et cette découverte d'une nouvelle civilisation aux antipodes de celle qu'ils ont quittée : sur le plan politique, économique, social, sociétal, religieux… tout est nouveau, et la surprise est totale. La deuxième histoire concerne Usbek sur un plan plus… privé (je ne suis pas certain que ce qualificatif soit le plus approprié, mais je n'en ai pas d'autres sous la main) : Usbek est parti en laissant derrière lui cinq épouses (quand on aime, on ne compte pas) : Zachi, la première épouse, la préférée (en tous cas au début), Fatmé, une passionnée, Zéphis, une orgueilleuse et une inconstante, Zélis, une provocatrice, et Roxane la plus jeune, mais pas la plus innocente. Au fil du temps les choses se gâtent dans le harem. le grand eunuque est assassiné, les femmes sont livrées à elles-mêmes : Zélis enlève son voile à la Mosquée, Zachi couche avec une de ses esclaves, Roxane est surprise dans les bras d'un jeune homme .. Usbek, à distance, tente de rétablir l'ordre, mais il est trop tard. Roxane s'empoisonne en accusant Usbek de sa mort, et en revendiquant sa liberté.
La première histoire, de par son aspect satirique, reste souriante ; nos voyageurs, étant sans préjugé, d'un esprit vif et impertinent, et faussement ingénu, ont beau jeu de souligner les incohérences et les ridicules de la société française dans tous ses domaines, et même de remettre en question, sans y toucher, aux fondements de la civilisation occidentale.
La seconde histoire, au contraire, passe d'un orientalisme convenu (style « Mille et une nuits") à la tragédie complète, ce qui fait basculer l'ensemble du roman dans un drame auquel l'auteur, par petites touches, nous a préparés.
On a souvent intérêt à relire nos classiques. Et qui sait, si la France du XXIème siècle était visitée par des Martiens en goguette, comment nous jugeraient-ils ?


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Usbek, un riche noble persan, quitte Ispahan à la recherche de connaissances, en plus de la culture orientale, avec l'idée qu'il faut aussi connaître l'Occident. Il est accompagné de son ami Rica, dans un long voyage à Paris, après avoir laissé ses cinq femmes aux soins de plusieurs eunuques. En entretenant, lors du voyage et du séjour prolongé à Paris (1712-1720), une correspondance avec des amis rencontrés dans les pays traversés, il dresse un regard faussement naïf sur les moeurs, les conditions et la vie de la société française au XVIIIe siècle, politique en particulier, se terminant par une satire cinglante du système de droit.

Montesquieu utilise une perspective étrangère pour mettre en lumière la culture et les systèmes politiques occidentaux, profitant de cette perspective pour tisser une critique bidirectionnelle, des Français et des Perses, des positions libérales et conservatrices.

A Paris, les Perses dressent un portrait de la société française de l'époque, commentant les sujets les plus divers. La différence de tempérament entre les deux amis est notable, Usbek étant plus instruit et posé beaucoup de questions, tandis que Rica est moins impliqué, plus libre et plus attiré par la vie parisienne.

Les Perses notent le rôle des parlements, des tribunaux et des organisations religieuses. Ils décrivent une culture florissante, la prolifération des imprimés. le café - où se déroulent des débats, du théâtre et de l'opéra. La presse périodique commence à jouer un rôle dans la vie quotidienne. Des institutions (universités, Académie française, sciences) et des groupes sociaux sont également décrits.

Il existe également une étude intéressante sur les religions comparées, dans laquelle Usbek tente de comprendre le christianisme à la lumière de l'islam, ainsi qu'une critique cinglante du dogme religieux.

L'action se déroule dans les dernières années du règne de Louis XIV, décrit satiriquement comme un « grand magicien » qui maintient ses sujets sous l'illusion. Critiquant sévèrement le pouvoir absolu des monarques, qu'il prétend maintenir comme représentants de Dieu sur terre.

Le décor exotique est dû à l'énorme succès de la première traduction dans une langue européenne, le français, des Mille et Une Nuits, réalisée par Antoine Galland.
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Plongée dans ce recueil aux morceaux choisis pour une étude scolaire, je me délecte des bons mots de Montesquieu!

Je prends plaisir à me faire lecture à voix haute!!! Je redécouvre ainsi ces textes aux propos si actuels, aux remarques pleines de bon sens sur la société, la nature humaine… Je suis bien contente que Montesquieu ait pensé au subterfuge de lettres trouvées pour faire publier son oeuvre… Quelle langue savoureuse ! Mais il est bien dommage que certains aspects soient toujours le reflet de notre société… Bien souvent, je me suis surprise à répondre tout haut : "Cest vrai!" Mais sa subtilité et son ironie m'ont bien amusée, j'ai passé un très bon moment en la compagnie de Montesquieu

A (re)lire de toute urgence! Mais à dose homéopathique, par petites touches, pour faire durer le plaisir...
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3 raisons de lire ce roman :
- Une jolie petite bombe. Publié anonymement à Amsterdam, Montesquieu ne s'est présenté que comme traducteur des lettres. Jouant sur l'image de la fausse naïveté des voyageurs découvrant de nouveaux horizons. Et il dézingue à tout-va la France du XVIIIème : les coutumes, le gouvernement du pays, le roi, les moeurs et la religion.
- Cédant à la mode de l'orientalisme et des romans par lettres, Montesquieu produit un chef-d'oeuvre du genre, reflet parfait de l'esprit des Lumières. Une satire tout en finesse qui veut mener le lecteur à mener sa propre réflexion - sur des thèmes qui restent totalement d'actualité. Même Diderot était fan : "Quel livre plus contraire […] à tous les préjugés vulgaires et par conséquent plus dangereux que les Lettres persanes ? Que nous reste-t-il à faire de pis ?" Alors il ne faut pas hésiter une seconde…
- La langue, qui pour un texte du XVIIIème siècle, que je ne trouve pas si aisée que ça en général, reste assez facilement compréhensible. le format de la lettre facilite également la lecture du fait de "chapitres" assez brefs. Et je ne m'en cache pas : Montesquieu, je l'aime ;)
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En utilisant des protagonistes étrangers, Usbek et Rica, Montesquieu justifie ainsi ses critiques de la societé française.

C'est aussi le moyen pour lui de présenter, au travers des réflexions de ses personnages confrontés à deux mondes culturellement opposés, ses idées politiques. Dans l'édition que j'ai lue, il y a une préface de Laurent Versini qui est très intéressante. Elle explique notamment pourquoi Montesquieu a choisi de présenter certaines sociétés et leurs formes de gouvernement (l'Angleterre, Rome, etc.) et pas d'autres, et démontre également que la thèse germaniste, à laquelle Montesquieu adhère, commence alors à prendre de l'importance.

Ce roman met en avant l'individu : comment être heureux, justifier son existence, sans toutefois nuire à son prochain ? Il base sa réponse sur deux principes essentiels : la justice et la tolérance. Grâce au regard d'Usbek ou Rica, il montre à quel point les sociétés peuvent être ridicules dans de petits détails quand ces valeurs sont universellement partagées et reconnues. Individualité également parce que Montesquieu montre qu'il peut apprécier une entité ou une personne tout en méprisant un ensemble. Par exemple, il croit en Dieu mais dénigre le clergé.

Lecture fluide et agréable : on passe sans peine d'une lettre à l'autre !
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Cette oeuvre majeure, publiée anonymement à l'origine car le risque de se dévoiler était évident, (les Louis n'appréciaient pas trop la critique) est la façon la plus simple d'aborder Montesquieu. L'emploi de commentateurs étrangers sous couvert d'échanges épistolaires étaient encore assez neufs et permettait une liberté de ton pas si fréquente (étonnement du candide). C'est parfois drôle ce qui ne gâche rien et renforce la vision philosophique et politique de l'auteur.
C'est très agréable à lire et, en étant attentif, on y découvre des petites flèches empoisonnées et des commentaires assez corrosifs.
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