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3,63

sur 1823 notes
Excellent complément aux essais de M. Michel Eyquem.
A lire d'urgence pour tous ceux qui comptent se rendre aux urnes l'an prochain...
Que lire après ça? Écrit intemporel, humour et dérision, clairvoyance et objectivité à chaque page, mais que lisent nos élus, L'équipe?
;)
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Oser une critique des Lettres Persanes, oeuvre majeure du 18ème siècle, sans tomber dans la prétention ou le ridicule est un exercice difficile. Et pour autant, j'ai le sentiment qu'un résumé de plus de ce roman épistolaire n'apporterait rien aux babeliotes, d'autres l'ayant fait avant moi avec talent.
Disons juste ce que j'ai aimé et moins aimé dans cet ouvrage.
J'ai aimé le brio d'un jeune auteur plus que prometteur (Montesquieu avait 32 ans à la parution de l'ouvrage), son habileté à se servir de personnages étrangers pour soulever des idées originales dans un siècle où la liberté d'expression était encore sous contrôle.
J'ai aimé la liberté de ton et l'humour du livre. C'est drôle sans être ironique. Montesquieu n'a pas la méchanceté De Voltaire.
J'ai aimé enfin certains portraits de personnage annexes, qui m'ont rappelé les Caractères de la Bruyère, qui demeurent à ce jour inégalé par la brièveté et la netteté du trait.

J'ai moins aimé les lettres en relation avec le harem d'Usbek, que j'ai trouvé sans grand intérêt. C'est la partie romanesque du roman. le regard sur la condition féminine a quel peu changé depuis trois siècles, et c'est tant mieux.
Autant la critique de l'occident m'a semblé pertinente, autant les commentaires relatifs à la Perse m'ont semblé assez factifs et nourris de préjugés.

Je suis content d'avoir lu ce classique dont la lecture me manquait. Il s'agit plus d'un essai que d'un roman, même épistolaire, qui introduit bien à la lecture des oeuvres du siècle des lumières, oeuvres le plus souvent sérieuses et lourdes, du moins pour celles qui sont parvenues jusqu'à nous (j'excepte Marivaux et Beaumarchais).
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Orient et mystères. Charmes et sérail se voilent et se dévoilent.
Relations épistolaires, rêves et désirs font de ces pages un carnets de voyage au pays des mille et une nuits.
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On ne lit trop souvent que quelques lettres choisies dans l'ensemble de ce roman épistolaire foisonnant, drôle et tellement varié. C'est dommage : on passe à côté de l'histoire complexe du sérail, des relations homme-femme; de l'échec ironique du "libéral" Usbek à mettre en pratique ses propres idées progressistes avec ses femmes. On néglige l'histoire tragique des eunuques, les débats sur l'islam, l'étonnement des Persans devant tout le bouillonnement culturel de la Régence. Il faut donc se plonger dans ces Lettres et n'en sortir qu'à la fin, quitte à en lire distraitement certaines, comme on ferait avec un livre d'images, un album de photos ou une anthologie, la forme relativement libre de l'ensemble le permettant.
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Premier ouvrage de Montesquieu. le contenu est très composite, voire désordonné : politique, histoire, religion, comparaison des cultures… et contrairement aux oeuvres qui suivront, il relève moins d'analyses documentées que de premières réflexions, brutes. Ces lettres semblent contenir comme l'actualité de pensée de l'auteur, comme un journal. Sans doute conscient de la non-scientificité de ses réflexions, de la jeunesse de sa pensée politique encore en formation et de ses techniques d'écriture que Montesquieu use du détour de la fiction littéraire.
Pour exprimer son point de vue philosophique sur la situation politique de son pays, Montesquieu va mêler trois ressorts littéraires particulièrement à la mode : l'écrit épistolaire, l'orientalisme et le récit de voyage. Si les Lettres portugaises en 1869, tout comme Les Lettres d'amour entre un noble et sa soeur en 1684 en Angleterre, tous deux parus anonymement, avaient fait grand bruit, c'est sans nul doute L'Espion turc (1684), de Giovanni Paolo Marana, célèbre roman épistolaire dans lequel un turc informe par lettres des moeurs de l'Europe, qui inspire le schéma des Lettres persanes à Montesquieu. Les lettres permettent de donner un effet de réel à la fiction en faisant croire au lecteur qu'il entre dans la discussion intime de vrais hommes et femmes. Ajoutons pour comprendre le contexte littéraire la vogue de l'orientalisme, avec le succès énorme des Mille et une Nuits d'Antoine Galland (1704-1717) – Montesquieu joue sur l'érotisme exotique du sérail – et celle des récits de voyage (on sait que Montesquieu a lu le Voyage en Perse de Jean Chardin en 1707).
Mais ce roman épistolaire semble un prétexte à l'écriture, un moteur. Comme si chaque lettre avait été le lieu d'un entraînement à la réflexion et à l'expression sur un sujet offert par ses lectures ou par l'actualité politique. L'auteur crée une situation d'énonciation propre à développer un sujet, créant parfois de nouveaux personnages pour le traiter. C'est peut-être ce qui donne cet entrelacement de thèmes et d'expéditeurs. le livre n'est sans doute pas planifié (peut-être l'intrigue finale du sérail) et certains personnages épistoliers apparaissent pour évoquer un nouveau sujet qui ne sera plus développé par la suite, et ne réapparaissent donc plus. Ce roman, c'est l'atelier de formation intellectuelle de Montesquieu.
Pour s'exprimer à loisir sans craindre la censure, il utilise le détour de la fiction mais également le subterfuge du décentrement : il place son regard critique dans les yeux de voyageurs venus d'un pays lointain et qui donc peuvent s'exprimer avec des yeux naïfs et des paroles de blasphème sans craindre les foudres des discours d'autorité (toutefois le roman sera publié anonymement à Amsterdam). Plus encore, le décentrement permet de bloquer les réflexes d'analyses des lecteurs : pour lire ces lettres, ils acceptent de se mettre à la place des personnages et intériorisent leurs point de vue sur le monde et réfléchissent à partir de ce nouveau centre. Ils ont donc suspendu leur jugement automatique résultant de leur éducation et sont peut-être arrivés à un avis totalement contraire à celui qu'ils avaient. le résultat obtenu ainsi est le relativisme culturel : nos opinions et jugements moraux sont totalement dépendants de notre bain culturel, de notre situation sociale ou géographique… Il n'y a à priori pas de valeurs morales universelles. (A peu près à la même époque, Jonathan Swift use d'une technique semblable, mais inversée – c'est un Anglais qui voyage et découvre des civilisations extraordinaires qui le font réfléchir et relativiser –, pour exprimer ses opinions politiques dans les Voyages de Gulliver, écrit en 1721).
Mais ce roman n'est pas seulement un jugement sur la France, Montesquieu compare et critique aussi certains aspects du mode de vie des pays musulmans, notamment les interdits alimentaires mais surtout la domination de l'homme sur les femmes, enfermées dans un harem, la polygamie, les eunuques… alors que ce dernier aspect est au contraire généralement fantasmé par ses contemporains orientalistes. Il va au contraire admirer leur simplicité, leur humilité, leur respect, au contraire du mode de vie européen, de sa modernité excentrique, de l'hypocrisie de la Cour, des intrigues politiques, de la culture de l'apparence…
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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Oeuvre de réflexion, l'échange épistolaire n'est qu'un prétexte pour Montesquieu pour distiller ses commentaires sur son époque. Les Français n'ont pas le beau rôle; ils surprennent par leur fantaisie, leur superficialité appliquées indifféremment aux moeurs, à la mode et à la politique.
C'est furieusement moderne.
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Lettres persanes est un roman épistolaire de Montesquieu rassemblant la correspondance fictive échangée entre deux voyageurs persans, Usbek et Rica, et leurs amis respectifs restés en Perse. Leur séjour à l'étranger dure neuf ans.
Ce roman cherche à provoquer une prise de conscience générale afin que chacun se serve de sa raison pour comprendre le monde dans lequel il vit. Une des problématiques des Lumières.
Un classique à lire...
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Texte de jeunesse d'un auteur philosophe dont L'Esprit des lois marqua la consécration, Lettres persanes est un roman épistolaire où nous est donnée à lire la correspondance de deux Persans, exilés politiques partis à la découverte de l'Occident. Satire sociale, philosophie politique, dénonciation des absurdités religieuses, le point de vue des étrangers devient la porte ouverte à une liberté de penser que l'on tente en vain de censurer. En 1721, le succès est immédiat : les échanges entre Rica, Usbek et leurs compatriotes fictifs sont bientôt déclinés sur le mode chinois, juif ou encore iroquois. C'est l'occasion pour la société française de l'époque de prendre du recul sur elle-même, à l'heure où la monarchie absolue révèle ses limites et où commence l'ère des Lumières.

Lettres persanes met en scène une multitude de personnages. Les voyageurs sont Rica, jeune homme gai qui ne manque pas de vivacité, et Usbek, plus âgé, porteur d'une maturité mais aussi d'une gravité qui donne un peu de corps au roman. Si Rica ne laisse rien derrière lui, Usbek abandonne en effet son sérail, ses femmes et ses eunuques pour venir en France : tolérant, ouvert d'esprit et brillant dans ses lettres, il ne laisse pas d'être d'une grande sévérité auprès de ses épouses, qu'il enferme jalousement. Quelques-unes de leurs missives nous sont données à lire, égrenées au fil des pages avec d'autres réponses qui donnent l'illusion d'un véritable échange. Cependant, Fatmé, Zélis, Roxane, Rhédi ou encore Ibben manquent de corps : avant d'être des protagonistes, ils sont les destinataires d'une correspondance qui se fait presque à sens unique et dans un relatif désordre chronologique.

Je m'attendais à être conquise par ce récit que je rêvais de lire depuis plusieurs années : j'ai finalement été divertie et surprise, sans être emportée comme je l'escomptais. Lettres persanes relève davantage de la philosophie que du roman. J'ai été agréablement étonnée de voir la correspondance d'Usbek avec les eunuques et les femmes, qui apportait une dimension personnelle bienvenue. Toutefois, cet aspect reste trop réduit pour avoir une véritable importance, aussi a-t-il engendré une certaine frustration, d'autant plus accentuée par la lettre finale. L'aspect philosophique, s'il est très juste et passionnant, ne m'a rien appris de plus que L'Esprit des lois. La satire sociale m'a beaucoup amusée, mais j'espérais la voir porter sur des classes sociales plus variées. Je n'en ai pas moins particulièrement apprécié la modernité de ce roman, notamment en ce qui concerne la religion, le journalisme ou encore les manies de la vie sociale.

J'en veux presque un peu à mes professeurs de lycée de m'avoir fait lire les lettres les plus piquantes. La partie avec le sérail m'a déçue : Usbek se révèle d'une trop grande contradiction selon ses destinataires. Néanmoins, on peut aussi y voir l'incarnation de l'homme qui, voulant connaître le monde, ne se connaît pas lui-même, et doit encore parcourir un long chemin quand il croit avoir tout vu.

Pauline Deysson - La Bibliothèque
Lien : http://www.paulinedeysson.co..
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On peut pas dire que j'ai été enchantée de commencer ce livre. Étant un des romans qui a amené au succès du genre épistolaire, beaucoup d'entre vous en auront au moins entendu parler. En tout cas, de mon côté, ça a été le cas. Mais j'ai quand même dû attendre la fac pour l'avoir dans les mains. J'en avais un peu peur, je ne savais pas vraiment comment l'appréhender. Est-ce qu'il allait être un roman épistolaire aussi magnifique que les Liaisons dangereusesDe Laclos ? Était-il accessible par les sujets qu'il aborde et par le style de l'auteur ? Car oui, une question se pose dès le début : lettres fictives ou véritables ? Dès sa préface, Montesquieu nous fait comprendre avec ironie que ces lettres sont le fruit de son imagination, influencées tout de même par sa découverte du pays oriental et de ses rencontres avec les persans. Tel Laclos avec ses Liaisons dangereuses, Montesquieu nous raconte une véritable histoire où il est question de découverte culturelle mais invite également à des réflexions philosophiques. Usbek, un seigneur persan, quitte avec ami Rica son pays natal pour découvrir l'Europe, particulièrement Paris ou encore l'Italie. Dans ce roman à plusieurs voix, le lecteur va pouvoir suivre la rencontre entre la culture orientale et occidentale, leur comparaison, etc...

À l'honneur, questions théologiques, métaphysiques, interrogations sur la place et la "valeur" de la femme, dans un certain sens libre dans la société française et enfermée dans le sérail persan. Je dois dire que ce sont les lettres à propos des femmes, que ce soit celles d'Usbek sur ses observations à Paris, ou celles de ses femmes dans le sérail, le priant de revenir vite, qui m'ont le plus intéressé. Celles également sur la présence de la religion dans la société, la distinction entre les différentes croyances et parfois également leur comparaison. En dehors de ses sujets, il est vrai que j'ai été beaucoup moins intéressée par les difficultés du voyage ou par les récits des différents personnages sur tel ou tel sujet qui m'ont le plus souvent ennuyé. Malgré la forme narrative qui peut se révéler plus dynamique que le roman ou autre genre littéraire, ma lecture a été parfois laborieuse. La polyphonie dans le récit est alors bienvenue, pouvant découvrir différents points de vue, toujours du coté des persans. Montesquieu a réussi à créer une oeuvre orientale factice à laquelle on croit.

Car qui croirait que ces lettres sont le fruit de la plume d'un français ou d'un européen ? Surtout à l'époque de l'auteur où la censure fait rage. La caractérisation du roi Louis XIV dans ce roman est loin d'être flatteuse tout comme son régime monarchique, et ne parlons pas d'une certaine remise en cause de la religion catholique en prenant en compte celle musulmane et judaïque. On peut comprendre alors le choix de Montesqieu de publier à l'époque son oeuvre anonymement en Belgique. le président à mortier au parlement de Bordeaux aurait été fortement tapé sur les doigts ! Même si évidemment, personne n'est dupe et connaît peu à peu le nom d'auteur de ce récit, écrivain vivement reconnu par ses différentes oeuvres qui lui vaudra son entrée à l'Académie française.
Lien : http://entournantlespages.bl..
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Quel livre embetant !
Pardon pour l'auteur, vraiment, j'ai honte pour un si grand classique mais mon Dieu quel ennui !!

Si encore on ne précisait pas au début du bouquin qu'il ne s'agit que d'une pure fiction, que les lettres ont été inventées de toutes pièces, j'aurais trouvé un charme à ce bouquin mais, vraiment je me suis trainée d'un ennui mortel de bout en bout;

Par contre, ce qui m'a intéressé tout de meme, c'est le regard que porte les "héros" sur notre façon de pratiquer notre religion ou sur notre manière de vivre;
mais je dois dire que mon intérêt à fort peu été soutenu.
Le style (d'époque je vous l'accorde) est ampoulé et très lourd.
On passe d'une lettre à l'autre et on ne voit pas très bien vers quoi on se dirige;

Courage à ceux qui s'y attaquent en 2016 :-)
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