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sur 200 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
« La grande épreuve » est un roman chorale retraçant les parcours du Père Georges Tellier, prêtre d'une petite paroisse, de Soeur Agnès de retour d'Afrique du Sud, de David, enfant adopté s'interrogeant sur ses origines, de Frédéric Nguyen, flic à la BRI et d'Hicham qui ne comprend pas le désir d'intégration de ses parents.

Chaque chapitre laisse évoluer l'histoire d'un de ces personnages dont les destins vont se mêler en une fin tragique.

L'histoire est intéressante mais je n'ai pas eu d'affinité avec le style de l'auteur et je n'aime pas vraiment les romans dans lesquels se côtoient de trop nombreux personnages, empêchant, à mon sens, d'approfondir la psychologie de chacun. Tout ceci a rendu ma lecture un peu laborieuse mais je suis sûre que ce n'est qu'une question de goût personnel et qu'il plaira à d'autres lecteurs.

A lire après la prière, quelle qu'elle soit.
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En juillet 2016, nous étions frappés par une nouvelle attaque terroriste : vous vous en souvenez sans doute, deux jeunes hommes s'étaient introduits dans une église de la commune de Saint-Etienne-du-Rouvray pour y égorger le prêtre, faisant une autre victime - qui, par chance survécut à ses blessures - parmi les quelques fidèles qui assistaient à l'office.

Journaliste au Figaro, Etienne de Montety, reçut très vite les dépêches qui informaient du drame. Cinq ans plus tard, il s'en inspire pour écrire un roman où il donne la parole à chacun des protagonistes de l'événement.

Les deux assaillants, le prêtre, le capitaine de la BRI qui donna l'assaut, l'une des soeurs présentes dans l'église : Etienne de Montety imagine l'histoire de chacun de ces personnages et retrace leur parcours depuis leur enfance à ce moment effroyable où ils se trouvent réunis. Mais nulle recherche de sensationnel ici. Ce n'est pas un roman qui se complait à évoquer chaque minute du drame ni à en mettre en scène les détails sordides. Et si l'attentat constitue bien la scène finale du livre vers laquelle le lecteur sait tendre inexorablement, elle n'en est pas pour autant le point d'orgue. L'auteur ne cherche pas une montée en puissance de l'intensité dramatique. Son propos est ailleurs et il prend au contraire le parti d'une écriture apaisée pour s'attacher à comprendre ce qui a amené chacun à la place où il se trouve.

Ce faisant, il s'interroge sur la place de la foi, d'une manière générale mais aussi plus particulièrement chrétienne et musulmane, dans notre société, sur la laïcité et la définition que l'on peut en donner, sur la perte des repères et la place laissée aux discours de radicalisation.

Grâce au recul et à l'espace qu'offre la littérature, il aborde ces questions en mettant de côté toute réaction émotionnelle et tout esprit partisan. Il en ressort un roman parfaitement construit qui se lit avec intérêt. Et si l'on n'apprend rien de nouveau - on n'est pas ici dans un essai, une enquête journalistique ni la démonstration d'une thèse -, il permet d'affirmer que l'on peut aborder des thèmes brûlants et prompts à déchaîner les passions avec un peu de sang-froid. Et ça, ça ne fait pas de mal de le rappeler. Je dirais même que c'est nécessaire.


Lien : https://delphine-olympe.blog..
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Montety Etienne de – "La grande épreuve" – Stock, 2020 (ISBN 978-2-234-08841-2) – format 22x14cm, 300p. – Grand prix du roman De l'Académie Française, 2020.
NB : d'après la quatrième de couverture, l'auteur dirige la revue "Le Figaro littéraire".

Le récit s'inspire d'un fait réel : le 26 juillet 2016, à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine Maritime), le père Jacques Hamel (85 ans) est assassiné et décapité dans son église, à la fin de l'office matinal ; les deux assassins (âgés de 19 ans) sont abattus sur place par la police, ils se réclamaient de "l'Etat Islamique".
En ce mois de février 2021, après l'assassinat de l'enseignant Samuel Paty (16 octobre 2020), le monde de la politicaillerie s'est emparé du thème de l'islamisme radical. Les débats se sont rapidement enlisés dans les discours alambiqués et tortueux habituels, pour finir par accoucher d'un projet de loi au titre tellement contorsionné qu'il ne signifie plus grand chose, tout en ratissant tellement large (bien-pensance oblige) qu'il va empoisonner la vie de gens n'ayant rien à voir avec le moindre agissement extrémiste : c'est la sauce habituelle des politicard(e)s, toujours champions dans l'art de dire et écrire tout et son contraire de façon à garantir ses arrières, tout en produisant un maximum de sauce médiatique...

Ce roman d'Etienne de Montety – bien écrit, bien mené – ne va pas apporter grand chose dans ce débat. L'auteur décrit les itinéraires menant à ce genre de désastre : deux jeunes paumés d'origine plus ou moins maghrébine, un prêtre exemplaire, des adultes bien-pensants ne voyant rien venir.

La réflexion la plus intéressante, mais hélas peu approfondie, réside dans les allusions à la quasi disparition aujourd'hui de ce qui constituait la colonne vertébrale morale et idéologique de la société française, à savoir l'Église Catholique Romaine et son enseignement. Jusqu'au milieu du vingtième siècle, cette Église jouissait en France d'un "monopole monolithique" typique des pays latins, inconnu dans le monde germanique et anglo-saxon, où sont implantées des églises protestantes occupant une place au moins égale à celle de l'Église papiste.

La principale faiblesse de ce roman provient justement de l'absence totale de réflexion sur cette question pourtant essentiel : comment cette Eglise a-t-elle pu littéralement se suicider au point de ne plus s'incarner aujourd'hui que sous forme d'églises et de cathédrales vidées de leurs fidèles, un clergé masculin célibataire viellardisant accusé des pires turpitudes pédophiles, une institution fossilisée refusant tout rôle pastoral important aux femmes qui représentent pourtant l'écrasante majorité des quelques fidèles encore mobilisables (les premières femmes pasteurs furent intronisées dès la fin du dix-neuvième siècle dans les églises protestantes).

Face à ce désastre cultuel autant que culturel, l'auteur ne peut que s'étonner de la vivacité spectaculaire du monde musulman, des salles de prière débordant dans les rues...

L'Église catholique romaine participa largement à l'intégration de l'immigration italienne, espagnole, portugaise, polonaise et même parfois africaine. Elle s'avère totalement inopérante face à l'Islam, surtout dans sa version "moderniste" de type "gentils animateurs de club-mèd" et ne constitue plus en aucun cas un facteur possible d'intégration pour des gens venant d'une religion aussi structurée et profonde que l'Islam.

Le récit est bien écrit, bien mené, mais il esquive la question de fond.
Décevant.
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Après l'assassinat de Samuel Paty et ceux perpétrés à Nice puis à Lyon, j'ai voulu plonger dans des romans qui pouvaient peut-être aider à comprendre le cheminement de ces horreurs.

Ce roman commence en nous rappelant de façon frontale les événements dans l'église de Nice. A la faveur d'une analepse, nous suivons ensuite divers personnages et réfléchissons à la place de la religion dans notre nouvelle société de consommation, mais surtout dans notre société éclatée (la période que nous traversons nous le révèle inévitablement puisque nos avis divergent tous et la solidarité ne semble pas évidente pour tous).

J'ai trouvé ce roman difficile à cause de l'éclatement justement. Eclatement des époques (de trop nombreuses analepses), des personnages (Hicham, Georges, Agnès, Frédéric...) eux-mêmes éclatés dans la mesure où ils sont attirés par diverses choses qui ne sont pas forcément compatibles.
L'usage du narrateur extérieur et l'emploi du temps du présent apportent, je trouve, une grande froideur. On a l'impression d'un constat pur et simple qui ne donne pas d'explication approfondie à ces déchirements. On a l'impression qu'il s'agit juste d'une attirance pour la nouveauté, d'une volonté d'aller contre le père, contre l'amante...

Je n'ai donc pas adhéré à ce roman malheureusement. Et pour ceux qui cherchent un roman relatant le déchirement, l'éclatement, la difficile intégration dans une société qui n'est pas la nôtre de prime abord, je conseille la lecture "Des hommes couleur de ciel" qui fut magnifique à mon sens.
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Dans La grande épreuve, Étienne de Montety s'attaque à un sujet qui a fait l'actualité, l'assassinat du Père Hamel dans son église en 2016 au nom de l'islam par deux paumés. le livre décrit leur processus de radicalisation, au fil des rencontres, des lectures, de la consultation des sites de Daech. L'un est un enfant adopté, l'autre un beur élevé par des parents intégrés, et tous deux vont glisser progressivement vers une attitude radicale et criminelle. Un des points communs est que leur famille voit qu'il se passe quelque chose mais n'arrive pas à appréhender la transformation de leur enfant.

L'histoire est intéressante parce qu'elle nous montre comment ces deux jeunes que rien ne prédestinait à la violence vont adopter une idéologie qui repend la haine et massacrer de sang-froid deux personnes âgées dont le prêtre. Mais le style n'est pas à la hauteur de l'enjeu, l'auteur complique l'histoire en ajoutant des personnages qui n'ont que peu d'intérêt, et le rythme est lent, très lent. Est-ce un parti pris pour montrer le lent processus de radicalisation ? Je ne sais pas, mais la tentation de lire certaines pages en diagonale est grande, et j'avoue que je ne m'en suis pas privé.
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