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EAN : 9782234088412
306 pages
Stock (19/08/2020)
3.76/5   196 notes
Résumé :
Un couple sans histoire, Laure et François Berteau. Leur fils adoptif, David, adolescent enjoué qui se pose des questions sur ses origines. Le père Georges Tellier, un prêtre qui s’arc-boute à sa foi, dans une Eglise qui s’étiole. Frédéric Nguyen, flic résolu à l’action et au silence, pour préserver sa vie privée. Hicham, que le goût du risque et de la frime finit par conduire en prison. Des remarques blessantes, de mauvaises rencontres. Une emprise croissante de l’... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (51) Voir plus Ajouter une critique
3,76

sur 196 notes
La décapitation de Samuel Paty m'a incité à lire « La grande épreuve » inspirée de l'assassinat du Père Hamel le 26 juillet 2016 en l'église Saint Etienne de Rouvray.

Ouvrage remarquable (fort bien commenté par Doralex72 et Verdure35), qui décrit comment David, fils adoptif des Berteau, une famille « bien sous tous rapports » et Hicham, « issu de la diversité », formé à l'islamisme en prison, en arrivent à égorger leur cible.

Journaliste, Etienne de Montety, livre les résultats de son enquête sur l'idéologie, les médias inféodés à Daesh et les modes d'actions des islamistes et montre comment des jeunes se trouvent entrainés dans une spirale suicidaire davantage par rejet d'une société occidentale orpheline de ses repères et ses valeurs civilisatrices que par adhésion à un Islam dont ils ont une connaissance aussi superficielle que criminelle.

Cette enquête dépasse donc l'égorgement de Jacques Hamel et recoupe ce que l'on sait du tchétchène qui a décapité Samuel Paty, ou de Mohamed Merah qui le 19 mars 2012 abattit l'enseignant Jonathan Sandler et ses enfants Gabriel et Arieh, âgés de 4 et 5 ans et souvenons nous que quatre vingt onze professeurs furent assassinés dans nos départements algériens entre la Toussaint 1954 et 1962, (un chaque mois).

David, alias Daoud, et Hicham m'ont remis en mémoire Khalil, terroriste ambigu de Yasmin Khadra, et surtout Brenden, héros du chef d'oeuvre de Gabriel de Beauchesne « je voudrais exister » car la question qui se pose à chacun d'entre nous est de savoir comment éduquer nos enfants afin qu'ils répondent à leur vocation … le sort de la civilisation face à la barbarie dépend plus de l'éducation que de l'instruction !
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L'église Saint-Michel, dans un quartier de Brandes. A l'intérieur, le père George Tellier donne la messe devant un petit groupe de religieuses et quelques fidèles. Soudain Daoud et Hicham, deux hommes en djellabas, surgissent.

Le préambule rappelle évidemment l'assassinat du père Hamel dans son église de Saint-Étienne-du-Rouvray le 26 juillet 2016.
L'originalité du roman est de chercher à reconstituer le parcours des principaux acteurs du drame : David, enfant adopté par une famille chrétienne, qui deviendra Daoud le révolté, converti à l'Islam ; Frédéric, petit-fils d'un migrant vietnamien, enfant sans père qui a choisi la police ; Agnès, la jeune fille libérée, qui inexplicablement a choisi de devenir nonne ; Georges, l'instituteur devenu prêtre après la guerre d'Algérie ; Hicham, petit délinquant, enfant rebelle d'une famille marocaine plutôt bien intégrée...
L'auteur nous fait pénétrer dans ces vies par les faits, sans porter de jugement. Il n'explique pas, mais fournit les clés pour que chacun essaie de comprendre. le sujet est sensible, mais il est traité avec pudeur pour ne pas risquer de blesser le lecteur.
C'est écrit simplement, sans recherche de fioriture ou d'effet de manche. L'alternance des personnages donne du rythme, de l'élan, à une narration qui aurait pu être monotone. le livre, relativement court, se lit donc facilement.
Une très belle découverte.


Lien : http://michelgiraud.fr/2022/..
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Il arrive qu'un roman exprime mieux qu'une thèse le malaise d'une société. C'est le cas du roman d'Étienne de Montety que l'Académie française a eu la lumineuse idée de récompenser.
Un terroriste, « made in France », n'est pas issu d'une génération spontanée mais d'un environnement qui l'a stigmatisé à force d'insultes et de regards mauvais. Pas besoin d'être islamo-gauchiste pour s'en alarmer. Mais cela ne suffit pas à l'absoudre, le bourreau n'est pas la victime de son vécu, ce serait trop facile, comme une plaidoirie d'avocat. Contre tout déterminisme, les personnages de ce roman font des libres choix.
L'Islam n'est pas soluble dans la République. La laïcité est née avec et contre l'Église catholique. L'Islam est étranger à ce compromis de départ, d'où les malentendus. Il a ses lois et sa résilience. L'auteur le montre bien en retraçant le parcours de deux gosses conduit à la radicalisation par leur trouble identitaire.
Étienne de Montety nous parle de foi. Foi en le Christ (Agnès et George), foi en l'Islam (Daoud et Hicham) ou foi en la Nation (Frédéric). Il le fait avec pertinence, sans tomber dans la caricature (malgré quelques dialogues un peu didactiques). Ce livre est un état des lieux des incompréhensions. Certains Français n'admettent pas que l'Islam puisse faire partie du quotidien (savez-vous que Jésus, Issa, est un prophète de l'Islam ?). Certains musulmans n'ont pas compris que la République a ses principes et qu'ils doivent s'y soumettre (savez-vous que la laïcité doit protéger les cultes ?). de ces minorités nait le conflit.
C'est un roman sur la connaissance de soi et sur l'acceptation du prochain. Mais toi, en quoi tu crois ? Est-il possible qu'un jour on se respecte, qu'elle que soit la réponse à cette question ?
Bilan : 🌹🌹
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C'est un beau roman , réfléchi, intelligent, sans idéologie,que propose l'auteur , romancier et critique E.de Montety. le cheminement de quatre hommes et une femme qui ont voulu donner un sens à leur vie, et parfois pour certains jusqu'à la folie.
Un prêtre, une soeur, un policier, un jeune homme adopté très tôt, natif de l'autre côté de la Méditerranée, et un autre, fils d'une famille digne arrivée en France pour une vie meilleure.
Les chapitres s'articulent autour de ces hommes et femme ; leur cheminement spirituel, leur quête de sens, leurs manques,leurs doutes , sont finement explicités, jusqu'au don de soi pour le bien et parfois pour l'horreur.
On ne peut que penser à l'année 2016 et à l'assassinat du prêtre de St Etienne du Rouvray.
Avec une belle écriture, ce livre décrit les dérives de notre époque facilitées par Internet.
J'ai beaucoup apprécié cette lecture et remercie les Edts Stock ainsi que NetGalley pour leur confiance renouvelée. Sortie en librairie le 19/8/2020.
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Cinq itinéraires qui convergent vers un instantané dramatique, inspiré des faits connus de notre récente actualité. (Décès du père Hamel en 2016, avec une étrange résonance en 2020)

Dans ce roman choral contemporain, dénué de tout manichéisme et prosélytisme, se raconte la trajectoire de chacun, dans leurs choix, leurs origines sociales ou familiales, leurs expériences de vie. Des croyants catholiques et musulmans, des jeunes en révolte ou en recherche, des policiers qui affrontent la violence sociale au quotidien...
Chaque parcours ouvre à réflexion sur ce que sont la foi et l'idéologie, posées par l'auteur en nombreuses formes interrogatives dans sa narration.

L'Histoire n'en aura jamais fini avec la confrontation des religions. L'Islam vient bousculer un christianisme essoufflé et moins directif sur les comportements. Les dissensions s'illustrent dans des formes différentes, souvent plus individuelles.

Où prennent racines les dérives actuelles, où la tolérance est mise à rude épreuve et où le corporatisme social ou spirituel remplace souvent le désir d'assimilation ? Comment comprendre l'engagement de jeunes dans un Islam radical?

Un roman intelligent en radiographie sombre et complexe de notre temps, qui liste les symptômes d'un paradoxe: une société de contradictions, et qui reste aussi pétrie d'humanité.
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critiques presse (3)
LaLibreBelgique
30 octobre 2020
Un très beau roman d'Etienne de Montety décrit chemins spirituels et infiltration islamiste.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Bibliobs
25 septembre 2020
Le récit d’Etienne de Montety ne condamne pas, mais cherche à remonter aux sources de la révolte suicidaire de gamins déracinés.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeFigaro
16 septembre 2020
Le roman permet à l'auteur de plonger dans les eaux profondes des destins et d'y capter des courants de fond, des reflets secrets et des mascarets terrifiants.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Le troupeau continuait de s'amenuiser inexorablement, même si les Français requéraient encore la présence de l'Église lors des grands événements de leur existence. Pour un mariage, des obsèques, l'église était pleine ; les parents, les voisins se pressaient, exigeant la présence d'un prêtre. Que Georges déléguât un laïc pour une bénédiction, on lui reprochait son absence. Il maugréait...

« Les gens sont incroyables ! Personne ne pratique plus, on se désintéresse de l'Église, de son message, on la critique, mais on compte sur elle : il faut un prêtre.»

Le mariage, les obsèques ne ramenaient pas les participants à une pratique plus régulière. Le lendemain de la cérémonie, l'église retrouvait son aspect ordinaire, comme une salle de spectacle après le concert. Livres rangés, micros éteints, allées balayées. Un bâtiment vide et propre, était-ce ça l’ecclesia voulue par les premiers chrétiens ?

L’époque est curieuse, pensait le père Tellier : on ne tient plus compte de ce que l'Église dit, chacun vit à sa guise, mais qu'elle prenne la parole sur le divorce, l'homosexualité, la fin de vie, aussitôt elle dérange. Elle est un caillou dans la chaussure de nos contemporains. Plus ils désertent, plus ils se heurtent à elle ; son discours plein de mesure les rend furieux : elle les empêche de forniquer, d'abréger une vie, sans se poser de questions sur ce que ces gestes signifient.

Ils la détestent mais ils ne peuvent pas se passer d'elle.
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Arrive alors le cercueil, porté par six jeunes hommes en aube, les sémlnaristes du diocèse qui mènent leur aîné à sa dernière demeure. Il est tout simple. Ni bois verni, ni velours, aucune poignée en métal, sa sobriété tranche avec la magnificence des lieux. La foule se signe au passage du cortège qui remonte l'allée centraie, après avoir franchi le portail d'entrée, une magnifique ogive ornée d'anges, d'apôtres et de figures de l'Ancien Testament.

Le cercueil est déposé à même le sol, sur les dalles séculaires de la cathédrale, entre quatre chandeliers.

Il y a cinquante ans, le diacre Georges Tellier était allongé au même endroit; c'était le jour de son ordination. L'évêque s'approche et déploie sur le cercueil une chasuble blanche et une étole rouge, les vêtements sacerdotaux du défunt. La grande croix près de l'autel, est, elle aussi, entourée d'une étole de la même couleur, celle du sang, celle des martyrs.

L'orgue s'est tu. Une femme s'approche du pupitre, lève les bras et un chant éclate, entonné par des milliers de voix :

À l'Agneau de Dieu soit la gloire,
À l'Agneau de Dieu, la victoire,
A l'Agneau de Dieu soit le règne,
Pour tous les siècles, Amen.
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Il écoutait le maire lui parler de la ville et de politique. Aux dernières élections, le scrutin n'avait pas été bon pour son parti. Les grands scores des communistes de l'après-guerre semblaient appartenir à l'Histoire. Si la ville votait encore pour lui, c'était moins pour son étiquette que pour sa personnalité.

- Soyez-en sûr, Padre, communistes, catholiques, aujourd'hui notre problème est le même.

- Que voulez-vous dire, monsieur le maire ?

- Notre section locale diminue à vue d’œil. Pour la présidentielle, avant le grand meeting à Paris, il a fallu battre le rappel dans tout le pays. Ça a à peine suffi. Je n'avais jamais vu ça. Les gens ne veulent plus bouger. Vous vous dites peut-être : «Ses emmerdements - pardon pour le mot. ça ne me concerne pas.» Mais on est dans la même barque, vous et moi. Votre église se vide, vous avez l'impression de prêcher dans le désert... Les gens préfèrent le jogging du dimanche à la messe, sauf votre respect...

- Ce n'est pas faux, mais il y a quand même une différence entre nous deux.

- Laquelle ?

- Moi, je n'ai pas d'obligation de résultat. Pas de réélection en vue.

- Un point pour vous.
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Quand elle rentre en France pour les vacances, elle séjourne chez ses parents. La première fois qu'elle est arrivée escortée d'une clocharde, c'était quelques jours avant Noël ; à la vue de la femme aux cheveux décolorés et en bataille, vêtue d'un blouson et d'un pantalon de treillis, son père l'a prise à part :

⁃ D'où sort-elle, celle-là ?

- Je l'ai rencontrée dans le train. Elle ne sait pas où dormir.

- Tu ne vas pas la faire coucher à la maison, enfin !

- C'est l'hiver, papa. Même ta voiture est à l'abri dans le garage.

- Il y a sûrement des hébergements en ville, je vais la conduire aux services sociaux.

- Ils m'ont dit que tout est complet.

- Pas question qu'elle reste ici.

- «J'avais froid et vous m'avez hébergé... » M. Mauconduit a blêmi, et cédé.

«Pauvre papa, songe aujourd'hui Petite Sœur Agnès, je ne l'ai guère ménagé. Il ne manquait jamais la messe, soutenait des œuvres, donnait au mendiant du porche de l'église. Quant à l'accueillir chez lui... »
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Servir, d'accord, mais servir qui ? La République ? C'est une notion bien imprécise. Un temps, elle a eu pour Frédéric Nguyen les traits de La Liberté guidant le peuple le tableau de Delacroix qui figure dans tous les manuels scolaires. Chevalier servant de cette belle femme insurgée à la poitrine généreuse, ça, ça lui aurait plu ; mais il le savait, la République, la Liberté, comme l'Égalité ou la Démocratie, ce sont des mots pour les éditorialistes et les politiques, qui se grisent à les prononcer. Frédéric ne croit pas à ces abstractions.

Assurer la paix civile pour que tout citoyen puisse aller et venir sans risque, vivre à sa guise, penser, croire, aimer comme il l'entend. Certes, mais au nom de quoi ? De leur commune condition. Une manière de solidarité. Toutes ces notions lui rappelaient sa classe de terminale : l’homme est un loup pour l'homme. Seule la force légale, canalisée, permet de contenir celle que génère toute société - et de protéger les plus faibles. Il se souvenait aussi d'un cours sur Camus et sa « généreuse complicité », inhérente à la nature humaine. C'est elle qui pousse l'homme à aider autrui, et à accepter de mourir pour lui. L'Autre, sa dignité, l'attention qu'on lui porte, c’est peut-être seulement ça qui donne un sens à la mort d'un soldat ou d'un policier.
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