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Critique de Eric75


Décidément, les clubs holmésiens rencontrent beaucoup de soucis dans la production littéraire actuelle. Après le Mystère Sherlock, où sont décimés une bonne dizaine d'universitaires enfermés dans un hôtel en Suisse, voici 221b Baker Street qui débute par la mort violente d'un distingué holmésien, Alex Cale, qui venait de trouver le Saint-Graal : le tome perdu du journal intime d'Arthur Conan Doyle (octobre-décembre 1900), supposé expliquer le revirement d'attitude de Conan Doyle ! SACD (Sir Arthur Conan Doyle) décide en effet à cette date de reprendre son personnage favori, disparu dans les chutes du Reichenbach, en publiant le chien des Baskerville (1902) un premier pas qui annonce la résurrection prochaine du héros dans La Maison vide (1903).
221b Baker Street aborde classiquement en alternance deux enquêtes situées dans deux époques différentes (astuce déjà vue à maintes reprises dans les récits holmésiens, dès lors que l'on a affaire aux fameux manuscrits apocryphes récupérés dans la célèbre malle en fer…) mais ici, petit changement ! Les enquêteurs sont : à ma droite, poids léger, holmésien débutant, récemment intronisé chez les Baker Street Irregulars de New-York, la plus éminente association au monde consacrée à l'étude de Sherlock Holmes, j'ai nommé Harold White (maigres applaudissements et quelques sifflets) qui va combattre le crime pour la période actuelle (2010) et à ma gauche, poids lourd de la littérature policière et créateur du grand Sherlock Holmes, voici Sir Arthur Conan Doyle himself (tonnerre d'applaudissements, cris hystériques) qui va avoir bien du fil à retordre dans son époque (1900). Donc, le manuscrit faisant le lien entre les deux récits n'est pas de Watson, pour une fois, mais de SACD lui-même, et sera à la fois le résultat du récit de 1900 et le point de départ du récit de 2010.
Le roman est construit de façon extrêmement rigoureuse avec le déroulement parallèle mais à un siècle d'intervalle des deux enquêtes qui vont rebondir et entrer en résonance. le scénario assez plaisant intègre, comme souvent, célébrités et faits historiques. le cortège de guest stars entourant SACD est cette fois-ci composé de : Bram Stoker, Oscar Wilde, Millicent Fawcett… Honnête, Graham Moore signale dans la postface une petite liberté concernant un décalage de date. SACD n'aurait reçu le colis piégé de la part d'une suffragette surexcitée qu'en 1911, soit onze ans plus tard, mais faute avouée est déjà à moitié pardonnée !
Le descendant de SACD en 2010 est curieusement présenté comme un personnage inquiétant et sans scrupules, étonnant parti-pris, mais ce roman-ci, il est vrai, n'est pas estampillé « Conan Doyle Estate Ltd » comme chez Anthony Horowitz (La maison de soie). J'avoue avoir été un peu déçu par la chute du roman, au regard de la virtuosité de sa construction, je m'attendais à une trouvaille de scénario plus renversante. Mais tout au long des deux récits, le style reste alerte, les dialogues savoureux, les décors et l'ambiance parfaitement reconstitués, les personnages attachants, et les enquêtes crédibles. SACD est décidément un pro, et sa participation aux enquêtes de Scotland Yard, qu'il a contribué à résoudre, est un fait avéré. Harold White s'en sort plutôt bien comme enquêteur débutant, malgré ses états d'âmes et sa grande naïveté. Que demander de plus ? 221b Baker Street est un excellent et habile premier roman qui plaira aux amateurs de polars bien construits comme aux holmésiens les plus férus. Graham Moore ? 221b Baker Street ? Une adresse à retenir !
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