AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Dave Gibbons (Illustrateur)
Titan Books Ltd (01/01/1987)
4.57/5   44 notes
Résumé :

This Hugo Award-winning graphic novel chronicles the fall from grace of a group of super-heroes plagued by all-too-human failings. Along the way, the concept of the super-hero is dissected as the heroes are stalked by an unknown assassin.

One of the most influential graphic novels of all time and a perennial bestseller, WATCHMEN has been studied on college campuses across the nation and is considered a gateway title, leading readers to other g... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Watchmen (original edition)Voir plus
Walking Dead, tome 1 : Passé décomposé par Kirkman

Walking Dead

Robert Kirkman

4.23★ (33403)

33 tomes

Sin City, tome 1 : The Hard Goodbye par Miller

Sin City

Frank Miller

4.26★ (1857)

7 tomes

Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Lecture postmoderne
-
1. Sortie initialement en 1986, Watchmen est une bande dessinée au potentiel de relecture infini. Il y' a toujours un détail pour reparaître. Ainsi, dès la page 1, on aperçoit un camion de Pyramid Deliveries qui va sûrement livrer l'un des derniers composants pour le dénouement final.

2. Watchmen, c'est une bande dessinée policière qui commence par un crime et qui déroule l'enquête de manière ludique et intelligente adapté à ce média visuel. le Comedian, un ex-superhéros, a été assassiné. Ses anciens compagnons se mettent à la recherche du coupable.

3. Watchmen, c'est une rigueur graphique exceptionnelle. Dave Gibbons réussit à mettre toutes les informations exigées par le scénario dans chaque dessin, sans aucune impression de surcharge visuelle. Il a retenu une trame rigoureuse de 9 cases par page, avec quelques variations qui consistent à fusionner 2 ou 3 cases entre-elles. Les dessins sont entièrement au service de l'histoire.

4. Watchmen, c'est une structure narrative complexe qui donne l'impression au lecteur d'être intelligent. Moore et Gibbons enchevêtrent l'enquête principale avec des pages de textes illustrées en fin de chacun des 11 premiers chapitres, et avec une bande dessinée dans la bande dessinée.

Cette histoire semble dans un premier temps s'appliquer au coupable et condamner ses actions (comme un signe annonciateur du jugement de valeur final du Docteur Manhattan), et comme un clin d'oeil ironique au choix du prochain sujet de la feuille de choux d'extrême droite.

5. Watchmen, c'est un point de vue philosophique sur le sens de l'histoire et la perception de la réalité. À un deuxième niveau, l'histoire du Black Freighter indique que la compréhension et l'interprétation de la réalité dépend de la personne qui la contemple ; chaque individu est limité dans sa capacité à appréhender le monde qui l'entoure.

De la même manière, chacune de nos actions est asservie à notre capacité à comprendre ce qui nous entoure. Et ce développement de l'histoire renvoie à ces moments où les personnages changent de vision sur le monde qui les entoure en contemplant les actions du Comedian. Edward Blake est celui qui dispose de la vision la plus claire du monde qui l'entoure, mais c'est aussi celui qui est le plus incapable d'agir parce que cette absence d'illusions le prive de motivation.

6. Watchmen, c'est une uchronie dans laquelle l'existence d'un seul homme doté de pouvoirs extraordinaires a bouleversé le rapport des pouvoirs des nations. La défense stratégique des États-Unis repose sur ses épaules. Richard Nixon est toujours au pouvoir. Mais la tension monte entre l'Ouest et l'Est et une guerre semble inéluctable et imminente.

7. Watchmen, c'est une analyse psychologique pénétrante et sophistiquée de chacun des principaux personnages. Après le décès du Comedian, chacun se remémore à tour de rôle une de ses rencontres avec lui. Mais il s'avère que ces scènes ne servent pas tant à honorer la mémoire du défunt qu'à mesurer son impact sur chacun des narrateurs et sur l'orientation qu'il va donner à sa vie.

8. Watchmen, c'est un univers visuel d'une rigueur et d'une cohérence parfaites. Dave Gibbons et Alan Moore ont travaillé pour rendre chaque élément visuel significatif : les graffiti sur les murs, la récurrence symbolique du smiley taché, les voitures électriques, les logos des entreprises, les affiches publicitaires, jusqu'au design des chaussures portées.

9. Watchmen, c'est des séquences narratives d'une force et d'une intelligence inouïes. le chapitre consacré à Rorschach est bâti autour de la symétrie du masque. La première page répond à la dernière, la seconde à l'avant dernière, etc.

Dans le chapitre 9, Moore et Gibbons réussissent un tour de force exceptionnel : ils arrivent à faire partager au lecteur le point de vue d'un personnage qui a une perception globale du temps et non linéaire. Et le résultat est convaincant. Cette séquence sur Mars vaut à elle seule 5 étoiles (et même plus).

10. Watchmen, c'est une bande dessinée qui s'est élevée au-dessus de son origine (comics de superhéros) pour atteindre le niveau de chef d'oeuvre auquel on ne pourrait reprocher que la place réduite des femmes. le lecteur fait connaissance avec des personnages singuliers dans le cadre d'une trame policière classique qui sert à interroger les désirs et les motivations de chacun, ainsi que le sens de l'Histoire, tout en possédant une hauteur teneur en divertissement.

11. Watchmen, c'est une déconstruction exemplaire des conventions du récit de genre « superhéros ». À l'instar des philosophes du 20ème siècle, Alan Moore fait apparaître les postulats acceptés sans question et les contradictions internes (concernant les récits de superhéros), tout en proposant une alternative.

Il pointe du doigt les conventions et stéréotypes du genre : problèmes réglés à coups de poing, puissance physique masculine prédominante, loi du plus fort, suprématie d'une vision du monde paternaliste et hétérosexuelle.

Un par un, les superhéros sont confrontés à leurs limites, à l'inadéquation de leur mode d'action. le cynisme du Comédien ne lui apporte ni bonheur ni paix de l'âme et le conduit à vivre en marge de la société. L'intransigeance de Rorschach l'accule dans une impasse existentielle, au sens propre.

Le docteur Manhattan se débarrasse de toute responsabilité en devenant un esprit analytique retiré de l'humanité. Ozymandias a peut-être gagné une bataille, mais pas la guerre. Seul le Hibou semble avoir un avenir, or c'est le seul qui a renoncé à ses modes opératoires de superhéros.

L'idéal héroïque classique est incarné par des individus au système de valeurs sujet à caution, imposant leur volonté par la force, solitaires au point de se couper des individus qu'ils défendent. le pire représentant de cette engeance est Edward Blake, homme d'action sans remords, ayant abattu une femme enceinte de sang-froid, et violeur.

Moore condamne sans appel ni ambiguïté cet individu viril, macho et violent. Son cynisme l'a empêché de construire quoi que ce soit, l'a séparé de tous ses compagnons et ne l'a sauvé de rien.

À l'opposé d'Edward Blake, il y a l'étrange tandem de Sally et Laurie Juspeczyk, la mère et la fille. La première est alcoolique et toujours sous le charme de son violeur, la deuxième boit, fume, tabasse et vomit, sans oublier ses relations sexuelles de femme libérée.

Pourtant, ce personnage débarrassé des atours romantiques et romanesques de la gente féminine incarne l'alternative intelligente et pertinente au patriarcat. Alan Moore a choisi de construire un personnage complexe, avec des défauts très humains, comme modèle à suivre et il s'agit d'une femme.

De la même manière, Moore refuse le simplisme dans la description de la minorité sexuelle lesbienne. Joey et Aline sont également débarrassées des clichés romantiques, dépourvues d'idéalisation, dépeinte sans sensationnalisme ni voyeurisme. L'auteur ne remplace pas un idéal parfait (l'homme viril et puissant), par un autre.

Il montre la réalité dans sa complexité et son pluralisme. Il s'inscrit dans le courant philosophique du postmodernisme (ou philosophie postmoderne, concept différent de celui de postmodernisme artistique). Il fait sienne la remise en question d'une vision universaliste de la réalité, pour mettre en scène une conception pluraliste de la réalité.

Moore montre des personnages agissant suivant leurs convictions, issues de leur compréhension incomplète de la réalité (ce qui est le lot de chaque être humain).

Au lieu d'imposer une vision unique supplantant les autres, son récit sous-entend que la condition humaine doit s'accommoder de cette pluralité, de cette absence de vision unique et absolue.

Les dessins très descriptifs et un peu uniformisés de Dave Gibbons renforcent cette idée, en mettant chaque individu sur le même plan, avec un traitement graphique similaire, sans favoriser un personnage ou un autre, sans qu'un point de vue ne bénéficie d'une esthétique plus favorable.

12. Watchmen, c'est un héritage impossible à porter pour l'industrie des comics de superhéros. Les maisons d'éditions Marvel et DC ont souhaité tirer les bénéfices de Watchmen et de Dark knight returns, en réitérant les éléments qui ont fait leur succès. Il s'en est suivi une vague de récits plus noirs, avec des superhéros plus névrosés, plus désespérés, et souvent plus sadiques dans leur violence.

Dans le pire des cas, les auteurs maisons (et les lecteurs) ont vu en Rorschach le vrai héros de Watchmen, l'individu qui n'a pas eu de chance à la naissance, et qui applique une justice expéditive et sadique. Dans Watchmen, Walter Korvachs n'a rien d'un modèle à suivre. Il exécute froidement, blesse et handicape à vie ses opposants. Il vit une vie malheureuse et misérable. Son intransigeance le conduit à une forme de suicide, par un tiers.

Au mieux, les suiveurs ont vu dans le Comédien une forme de nihilisme adulte et conscient. À nouveau, Edward Blake est une ordure de la pire espèce, violeur sans repentir (il n'hésite pas à revenir auprès de Sally Juspeczyk), meurtrier d'une femme enceinte sans défense.

Depuis sa parution en 1986/1987, l'oeuvre de Moore et Gibbons a inspiré nombre de créateurs qui n'y ont vu que cynisme et violence, passant à côté de la ligne directrice qu'est la philosophie postmoderne.

Watchmen n'est pas l'histoire de cinq ou six superhéros confronté à un niveau de réalité dans lequel les affrontements physiques ne résolvent rien. C'est la déconstruction d'un genre, et la proposition d'une nouvelle façon de regarder le monde.
Commenter  J’apprécie          210
LA SOMBRE LUCIDITÉ DU MAÎTRE DES COMICS
Une saga magistrale qui, derrière une critique incisive de la société américaine d'après-guerre, révèle une humanité profonde, complexe et problématique.
Avec une grande lucidité, Alan Moore dresse un portrait cru et poignant d'une époque troublée. Il le fait sans ménagement, mais sans cruauté non plus : toujours derrière son oeuvre, une lueur d'espoir se devine, une tendresse à peine perceptible, mais présente derrière chaque saillie et chaque posture.
La densité des personnages confère à ce récit un caractère intemporel et élève le propos du comic-book vers des réflexions fortes et colorées qui donnent un caractère à la fois sombre et vivant aux Watchmen, dans un style qu'Alan Moore maîtrise à la perfection, illustré de manière précise et évocatrice.
Si le film a été bien réalisé, il ne fait qu'effleurer la rugosité réelle des thématiques que traversent les Watchmen : psychés contradictoires, ambivalence des idéologies, éternalisme et univers-bloc, Histoire des plus forts... Hollywood n'a retenu que la partie "brillante" d'une oeuvre autrement plus riche, plus élaborée et résolument plus engagée que ce que promet le simple film de "super-héros" : ironie amère pour Moore (qui désapprouve vivement les films qui ont été tirés de ses oeuvres), les Watchmen, qui se voulaient critique de la société de super-héros, sont devenu un représentant de cette même tendance... !
Si vous avez aimé le film, vous aimerez encore plus redécouvrir la vivacité de l'oeuvre originale. Si vous ne l'avez pas aimé, voilà de quoi vous réconcilier avec ces personnages tourmentés par leur propre humanité.
Commenter  J’apprécie          100
L'originalité repose aussi sur l'importance du texte à chaque chapitre. Il commence systématiquement avec quelques pages d'un projet de livre, d'un journal intime, d'échanges de lettres... Une volonté audacieuse de mettre de mettre du texte où là les lecteurs sont habitués à que des images. de façon récurrente, cela apporte toujours des données complémentaires et des regards dissemblables. Quel plaisir de croiser les méthodes de communication. Il y a tellement de chose à dire sur cette lecture très percutante, réfléchie, incisive... Cette incroyable fin qui nous laisse perplexe et pourtant tellement censé. Pour éviter la guerre dans le monde, la meilleure méthode n'est-elle pas celle de tuer la moitié du monde? Après tous ne veulent que la paix et l'amitié. Vous avez 2h00 pour répondre avec philosophie.
Lien : https://22h05ruedesdames.com..
Commenter  J’apprécie          60
Excellent tout simplement et d'actualités. J'ai adoré ce comic, ce classique du genre. Cela m'a donné envie d'en lire d'autres.
J'ai lu ce comic car il a des similitudes avec le manga Death Note, un de mes mangas préférés. Nous avons une vision de la justice différente dans chacune de ces oeuvres et il est intéressant de les comparer.
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
We're all puppets, Laurie. I'm just a puppet who can see the strings. - Dr Manhattan.
Commenter  J’apprécie          20
But the world is so full of people, so crowded with these miracles that they become commonplace and we forget... I forget.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Alan Moore (22) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alan Moore
Les comics format poche débarquent en librairie ! Toutes les infos : https://www.urban-comics.com/urban-comics-nomad-nouvelle-collection-poche-durban-comics/ Batman La cour des hiboux – Première partie de S. Snyder & G. Capullo – 5,90 € Batman La cour des hiboux – Deuxième partie de S. Snyder & G. Capullo – 5,90 € Flashpoint de G. Johns et A. Kubert – 5,90 € Killing Joke & L'homme qui rit de B. Bolland, A. Moore, E. Brubaker & D. Mahnke – 5,90 € Batman White Knight de S. Murphy – 5,90 € – 224 pages Transmetropolitan Tome 1 de W. Ellis & D. Robertson – 7,90 € Transmetropolitan Tome 2 de W. Ellis & D. Robertson – 7,90 € Watchmen de A. Moore & D. Gibbons  – 9,90 € – 416 pages Fables Tome 1 de M. Buckingham, L. Medina & B. Willingham – 9,90 € Fables Tome 2 de M. Buckingham & B. Willingham – 9,90 €
Music : © rockstar trailer 109945
+ Lire la suite
autres livres classés : comicsVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (99) Voir plus



Quiz Voir plus

Etes-vous incollable sur Watchmen ?

Qui a adapté le roman graphique au cinéma ?

Jon Favreau
Zack Snyder
Bryan Singer
Sam Raimi

10 questions
210 lecteurs ont répondu
Thème : Watchmen (Intégrale) de Alan MooreCréer un quiz sur ce livre

{* *}