Le roman de
Pierre Mora se fonde sur un événement réel, le grand incendie de 1949 qui ravagea 52000 ha dans la forêt landaise, sur les communes de Saucats, Cestas, Mios et Marcheprime et fit 82 victimes. Il clôturait une période noire, débutée à la fin des années 30 où la combinaison d'années de sécheresse et de la guerre s'était traduite par d'immenses incendies dans toutes les Landes de Gascogne.
Pierre Mora rend bien l'atmosphère de cette période de l'immédiate après-guerre où tout le monde se relève de l'occupation, où la guerre d'Indochine commence, où les réformes sociales du Conseil National de la Résistance n'ont pas encore eu lieu. le grand incendie semble mettre un point d'orgue au chaos de la vie de Rose, récemment revenue dans le "château" de son père après un exil forcé dans le midi pendant la guerre. Elle ne le vit pas, elle le voit de loin mais il s'insinue jusque chez elle (à l'époque on disait que Bordeaux était couvert de cendre et qu'il faisait nuit en plein jour tant le sinistre était important).
Peut-être l'auteur court-il trop de lièvres à la fois, pour un roman finalement assez court, sans s'appesantir sur aucun. A peine un voile est-il levé sur un personnage ou l'autre, qu'on change de sujet. La nostalgie est bien présente, l'émotion un peu moins. Rose reste à distance malgré ses confidences. C'est sans doute ce qui m'a laissée un peu sur ma faim même si j'ai suivi avec intérêt cette évocation de l'été 1949.