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Citations sur Le Prisonnier de Cintra (17)

La forêt de Cintra devenait sous-marine par son désordre visqueux, par l'enchantement de ses bruits d'eau ; il s'attendait à voir circuler les poissons entre les arbres et des bulles d'air se dégager de l'humus, tant il ressentait jusqu'au fond du cœur cette prodigieuse effervescence poétique de la vieille sylve. Encroués les uns dans les autres, les chênes à feuilles caduques et les chênes à feuilles persistantes se battaient à mort pour la conquête de l'azur, ayant à leurs trousses mille parasites, des buis, des ronces, du houx, des barbes et des champignons rouges emmêlés, tandis que les racines-pieuvres s'efforçaient de se dégager de rochers bossus, rugueux, baroques comme les coquilles des huîtres portugaises.
Manuel n'arrivait pas à comprendre que ce lieu d'élection natal pût être un objet de curiosité pour étrangers, une pause dans un circuit touristique, un ombrage pour pique-niques. C'était avilir l'étrangeté spirituelle d'un lieu qu'il eût voulu soustraire aux barbares de l'American Express, afin d'en mieux protéger le désordre.

[ Le prisonnier de Cintra ]
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Lire, c'est cueillir.

[A la fleur d'oranger]
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Mon cher, une femme entre dans votre vie : c'est merveilleux ; elle en sort : c'est providentiel !

[ Le coucou et le roitelet ]
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Étrange vie, en 1958, que ce coin si noir au milieu du Portugal tout blanc ! Étrange existence, en ce palais si désuet, dans une nation rajeunissante ! Au cours de ses promenades avec M. Rochat, son précepteur suisse – le dernier des La Harpe rousseauistes qui enseignèrent au monde l'herborisation et la démocratie – Manuel longeait la route sinueuse qui, à flanc de montagne, côtoie ces nobles domaines des estivants lusitaniens ; des portes cochères à colonnes manuélines ceinturées de cordages torses, des grilles baroques, vraies débauches de fer forgé, ouvraient sur le vide de la vallée ; l'enfant y voyait le symbole de son existence recluse, sans principe vital, engourdie de silence, enfermant des sentiments flétris, des élans qui pourrissaient sur place, comme ces massifs d'hortensias jamais coupés. C'est avec un désespoir muet qu'il rentrait pour le thé dans son domaine situé à l'extrémité de tout, au fond d'un pays lui-même placé au bord de l'Europe, ou de ce qu'il en reste.

[ Le prisonnier de Cintra ]
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Mais nous devons penser que, les premiers temps, cette passion ne suffit pas à équilibrer la fureur jalouse dans le cœur du marquis, car il songeai très sérieusement à faire occire son rival ou, en langage du temps, à recourir au stylet des sicaires ; nous sommes en Espagne et non à Naples ; offrir son poignard pour venger l'honneur d'un époux n'a rien que de méritoire ; le marquis eût trouver sans peine quelque vertueux assassin. Mais d'abord il voulut être sûr que la marquise ne s'était pas vantée.

- Le coucou et le roitelet -
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il ressemblait à un lapin myxomateux, sucé par une belette.

(Un chat nommé Gaston)
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Le marquis de M...ne fut pas un mari trompé, puisque la marquise ne laissa à aucun des intermédiaires habituels, hasard, lettre anonyme, ami dévoué, correspondance surprise, soubrette infidèle, le soin de lui apprendre son infortune ; mais pas davantage il ne fut - quoi qu'en ait cru ou dit l'Europe - complaisant à sa femme par intérêt, indifférence ou lâcheté.

(Le coucou et le roitelet)
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Elle passa ses journées entières à l'agence ; le matin, elle classait son courrier ; l'après-midi, elle recevait ; le soir, elle écrivait aux personnes qui lui paraissaient sérieuses et qui avaient mis un timbre pour la réponse.
Elle vit bientôt défiler la foule des invalides du célibat. Mme de Marignan avait eu bien raison de lui dire que ces gens cachaient tous quelque chose. C'était comme une cour des miracles de l'amour. Les bègues alternaient avec les louches, et les rachitiques ; des épileptiques eurent leur crise dans son salon ; elle donna audience à des ulcéreux, des albinos ou des culs-de-jatte. Autant de pauvres êtres défraîchis, perdus, qu'il lui fallait ravauder, remettre sur pied avant de les présenter, des affamés de tendresse, des coloniaux verdâtres, des élèves des grandes écoles ayant mal tourné, des humiliés avec des Légions d'honneur crasseuses, des originaux, des hystériques qui fondaient en larmes, des jeunes filles qui commençaient à bâtir sur le devant et qui baissaient les yeux, des affranchis vraiment trop larges d'idées. Elle vit passer des étrangères à face à main sous le coup d'un arrêté d'expulsion, qui cherchaient à s'abriter au plus vite sous un passeport français, des coquins prêts à s'enfuir avec la corbeille et le trousseau, des Levantins bitumeux qui désiraient faire leur trou dans une famille blonde, des institutrices déçues rêvant d'un retour à la terre, des sensitives saccagées par les rebuffades, des biscornus, cornus avant la lettre, des veuves à la petite bouche et aux grands appétits, des acteurs sans rôle et des nobles à généalogie prêts à toutes les adoptions, des râfleurs d'économies rustiques, des imposteurs et des vierges déjà accablées de nourrissons.
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Elle s'offrait des vertiges autour du monde, des croisières impossibles, des survols tropicaux, des plongées tièdes, des concerts étrangement cuivrés, en ouvrant, dans l'édition Lemerre, Leconte de Lisle et Heredia.


(A la fleur d'oranger).
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Sa grande froideur d'approche faisait dire à Crisostomo, le maître d'hôtel : "Quand Madame dit bonjour, c'est comme si elle disait au revoir."
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