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EAN : 9782253000327
155 pages
Le Livre de Poche (01/03/1989)
3.83/5   9 notes
Résumé :
C’est pour échapper à la mort lente de sa race que s’enfuit « le prisonnier de Cintra », héros de la nouvelle qui donne son titre à ce recueil.
Mlle Briséchalas ne pense qu’à lire, mais s’occuper de son agence matrimoniale « A la fleur d’oranger » ne l’empêche pas d’être toute à sa passion…
Dans « Un chat nommé Gaston », Paul Morand donne à l’histoire du « Chat botté » une fin en forme de satire contre l’Ogre moderne qu’est le fisc. De même traite-t-il... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Un recueil de nouvelles où l'on retrouve la plume de Paul Morand dans toute sa finesse, ses envolées et ses railleries. J'ai beaucoup apprécié les cinq nouvelles, notamment le Prisonnier de Cintra pour la beauté des décors et le fait qu'il évoque l'enfance. Mais plus que tout, A la fleur d'oranger car elle donne la parole à une femme qui ne vit qu'avec des livres, qu'avec les héros de ses romans préférés jusqu'à leur donner consistance. Il revisite aussi les contes avec Un chat nommé Gaston (une pique pour le fisc au passage) et se rit des gens veules, mielleux qui aiment vivre dans l'ombre des puissants à n'importe quel prix avec le Coucou et le Roitelet « son faible, c'était de servir un roi ; son fort, ce sera d'en servir deux. »
Une ballade très agréable dans le temps, dans l'espace et dans l'imaginaire. Et des envies de lectures encore renouvelées grâce à Mlle de Briséchalas.
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Quel plaisir d‘ouvrir un recueil de nouvelles de Morand ! Dans celui-ci cinq nouvelles pour retrouver sa plume au classicisme parfois flamboyant, parfois un peu désuet.
« le prisonnier de Cintra » : les deniers membres d'une illustre famille portugaise, prisonnière de ses terres de Cintra végètent dans un décor immuable, mais le dernier descendant songe à s'évader...
« A la fleur d'oranger » : Mademoiselle Briséchalas, vieille fille bibliophage ne pense qu'à lire et, au lieu de marier les clients de son agence matrimoniale, unit dans ses rêves les héros de ses livres (dont Poil de Carotte ou Harpagon !). Une pépite, pleine de références littéraires et d'humour.
« Histoire de Caïd, cheval marocain » : un sujet qui a priori n'avait pas grand-chose pour me plaire mais où l'auteur se montre un excellent conteur
« le coucou et le roitelet » : peinture pleine de dérision d'un snob, qui malgré sa jalousie est fier que son épouse le trompe avec Joseph Bonaparte, roi d'Espagne.
« Un chat nommé Gaston » : l'histoire du « Chat Botté » revisitée façon satire avec un coup de griffe au fisc
En prime, en préface l'auteur explique son goût pour la nouvelle. Et il faut bien dire qu'il en est un grand maître.
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Familiers de la flamboyance des nouvelles de Paul Morand, ne vous laissez pas abuser par la première de ce recueil qui est somme toute un peu poussive.
Pourquoi en avoir choisi le titre pour en faire le fronton de ce livre ? Je m'interroge encore, car il eut été plus intelligent de rendre justice à la seconde nouvelle "A la fleur d'oranger" qui est un bijou de bons mots, d'ironie et de fine psychologie.
La troisième "Histoire de caïd, cheval marocain" rappelle au lecteur qui n'aurait pas lu "Milady" combien le monde du cheval n'a plus de secret pour l'auteur.
Pour la quatrième "le coucou et le roitelet" Paul Morand dresse le tableau de l'orgueil d'un homme à la cour d'Espagne de Joseph Bonaparte entre dérision et indulgence.
La dernière revisite le conte de Charles Perrault, le Chat Botté, avec le coup de griffe nécessaire qui fait tout le talent de Paul Morand.
Voilà encore un bon moment passé en compagnie d'un des plus brillants académiciens du XXème siècle, César de la nouvelle.
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« le prisonnier de Cintra », un recueil de cinq nouvelles de la part de Paul Morand, grand amateur du genre ; et qui déclare en avant-propos : « La nouvelle est un saut périlleux ; elle ne pardonne pas. C'est plus qu'un tour de main, ce serait plutôt un tour de force. »
Cinq nouvelles, donc :

« le prisonnier de Cintra » : une illustre famille « prisonnière de Cintra », anglophile comme le sont souvent ces familles portugaises… le fils s'évadera…

« A la fleur d'oranger » : Mademoiselle Briséchalas ne pense qu'à lire et néglige quelque peu son agence matrimoniale…

« Histoire de Caïd, cheval marocain » : le noble art qu'est l'équitation…

« le coucou et le roitelet » : entre snobisme et jalousie…

« Un cheval nommé Gaston » : l'histoire de « Chat Botté » traitée en satire contre l'ogre moderne qu'est le fisc…

Cinq nouvelles sous la belle prose « classique » de Paul Morand
Je ne sais pas vous, mais moi, j'aime bien…

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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
La forêt de Cintra devenait sous-marine par son désordre visqueux, par l'enchantement de ses bruits d'eau ; il s'attendait à voir circuler les poissons entre les arbres et des bulles d'air se dégager de l'humus, tant il ressentait jusqu'au fond du cœur cette prodigieuse effervescence poétique de la vieille sylve. Encroués les uns dans les autres, les chênes à feuilles caduques et les chênes à feuilles persistantes se battaient à mort pour la conquête de l'azur, ayant à leurs trousses mille parasites, des buis, des ronces, du houx, des barbes et des champignons rouges emmêlés, tandis que les racines-pieuvres s'efforçaient de se dégager de rochers bossus, rugueux, baroques comme les coquilles des huîtres portugaises.
Manuel n'arrivait pas à comprendre que ce lieu d'élection natal pût être un objet de curiosité pour étrangers, une pause dans un circuit touristique, un ombrage pour pique-niques. C'était avilir l'étrangeté spirituelle d'un lieu qu'il eût voulu soustraire aux barbares de l'American Express, afin d'en mieux protéger le désordre.

[ Le prisonnier de Cintra ]
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Étrange vie, en 1958, que ce coin si noir au milieu du Portugal tout blanc ! Étrange existence, en ce palais si désuet, dans une nation rajeunissante ! Au cours de ses promenades avec M. Rochat, son précepteur suisse – le dernier des La Harpe rousseauistes qui enseignèrent au monde l'herborisation et la démocratie – Manuel longeait la route sinueuse qui, à flanc de montagne, côtoie ces nobles domaines des estivants lusitaniens ; des portes cochères à colonnes manuélines ceinturées de cordages torses, des grilles baroques, vraies débauches de fer forgé, ouvraient sur le vide de la vallée ; l'enfant y voyait le symbole de son existence recluse, sans principe vital, engourdie de silence, enfermant des sentiments flétris, des élans qui pourrissaient sur place, comme ces massifs d'hortensias jamais coupés. C'est avec un désespoir muet qu'il rentrait pour le thé dans son domaine situé à l'extrémité de tout, au fond d'un pays lui-même placé au bord de l'Europe, ou de ce qu'il en reste.

[ Le prisonnier de Cintra ]
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Elle passa ses journées entières à l'agence ; le matin, elle classait son courrier ; l'après-midi, elle recevait ; le soir, elle écrivait aux personnes qui lui paraissaient sérieuses et qui avaient mis un timbre pour la réponse.
Elle vit bientôt défiler la foule des invalides du célibat. Mme de Marignan avait eu bien raison de lui dire que ces gens cachaient tous quelque chose. C'était comme une cour des miracles de l'amour. Les bègues alternaient avec les louches, et les rachitiques ; des épileptiques eurent leur crise dans son salon ; elle donna audience à des ulcéreux, des albinos ou des culs-de-jatte. Autant de pauvres êtres défraîchis, perdus, qu'il lui fallait ravauder, remettre sur pied avant de les présenter, des affamés de tendresse, des coloniaux verdâtres, des élèves des grandes écoles ayant mal tourné, des humiliés avec des Légions d'honneur crasseuses, des originaux, des hystériques qui fondaient en larmes, des jeunes filles qui commençaient à bâtir sur le devant et qui baissaient les yeux, des affranchis vraiment trop larges d'idées. Elle vit passer des étrangères à face à main sous le coup d'un arrêté d'expulsion, qui cherchaient à s'abriter au plus vite sous un passeport français, des coquins prêts à s'enfuir avec la corbeille et le trousseau, des Levantins bitumeux qui désiraient faire leur trou dans une famille blonde, des institutrices déçues rêvant d'un retour à la terre, des sensitives saccagées par les rebuffades, des biscornus, cornus avant la lettre, des veuves à la petite bouche et aux grands appétits, des acteurs sans rôle et des nobles à généalogie prêts à toutes les adoptions, des râfleurs d'économies rustiques, des imposteurs et des vierges déjà accablées de nourrissons.
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Mais nous devons penser que, les premiers temps, cette passion ne suffit pas à équilibrer la fureur jalouse dans le cœur du marquis, car il songeai très sérieusement à faire occire son rival ou, en langage du temps, à recourir au stylet des sicaires ; nous sommes en Espagne et non à Naples ; offrir son poignard pour venger l'honneur d'un époux n'a rien que de méritoire ; le marquis eût trouver sans peine quelque vertueux assassin. Mais d'abord il voulut être sûr que la marquise ne s'était pas vantée.

- Le coucou et le roitelet -
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Mlle de Briséchalas avait lu tous les livres, s'y était peu à peu ruinée, et sa chair pourtant était gaie ; elle n'avait d'ailleurs point de chair, comme il apparaissait lorsqu'elle levait son visage osseux, stigmatisé par le martyre de la lecture ; visage dont on avait envie de parler en termes techniques, tant cette femme s'était identifié à sa passion : les traits réguliers semblaient bien mis en page, avec « quelques rousseurs », encadrés par des cheveux dorés sur tranche, et sur le front pur fil, deux petits frisons dessinés comme des lettres capitales ; le nez était parcouru d'une couperose qui ressemblait à un filigrane et les prunelles pointues brillaient comme des caractères de plomb sur une peau plus mate qu'une page de papier vergé.
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