Nous sommes ici en pleine uchronie...et qui plus est une uchronie qui mélange allègrement SF et fantastique.
Nous sommes en 1962 et la deuxième guerre mondiale se poursuit. L'Allemagne nazie a été sauvée de la déroute par l'intervention d'entités surpuissantes : les Ases (à savoir Odin, Thor et tout le bataclan mythologique venu du nord). Les auteurs ne sont jamais clairement affirmatifs quant à l'origine exacte des Ases (aliens ou dieux) même si leur nature divine semble avoir leur préférence. J'aime à croire qu'ils ne font que refléter l'ignorance de l'humanité, qui ne sait pas vraiment comment les qualifier...
Ainsi donc les nazis, aidés de leurs alliés providentiels, ont maintenant conquis une grande partie du monde (notons que le Japon est toujours avec eux). Les américains continuent de résister comme ils peuvent à l'oppression. L'histoire débute par une mission commando (du genre mission suicide), menée par des marines...aidés de Loki. Celui-ci, fidèle à sa nature, est en effet le seul Ase à oeuvrer pour le camp adverse...
Ce roman graphique est l'adaptation d'une nouvelle de David Brin "Thor meets Captain America", écrite en 1986. C'est en 2003 que l'auteur l'adapte, Scott Hampton en assurant la partie graphique. le terme "roman graphique" me semble d'ailleurs adéquat, la construction du récit alternant cases, phylactères et textes descriptifs. Le ton général met en avant le dépassement de soi, et David Brin, fidèle à une idée largement répandue aujourd'hui dans l'univers des comics, nous assure que c'est davantage l'homme dans le costume, que le costume ou les pouvoirs, qui fait le héros.
L'opposition entre croyance et science est l'autre thème phare de ce récit et je ne suis pas le dernier à apprécier la critique des religions (mais aussi des idéologies et des nationalismes) qu'affiche l'auteur (disons plutôt de leur instrumentalisation). La fin, très ouverte, appellerait volontiers une suite...elle me laisse quand même un peu sur ma faim. En ce qui concerne les dessins de Scott Hampton, s'ils sont très bons dans les scènes statiques, ils pêchent vraiment (trop ?) dans les scènes d'action. Il est clair qu'il est plus un illustrateur qu'un dessinateur de BD complet...Mais rien de rédhibitoire selon moi...et puis comment ne pas apprécier le fun d'un tel concept ?
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Je ressors partagé de ma lecture, parce qu'il s'agit d'un comics qui a une très bonne idée mal exploitée, reposant sur un sujet que j'apprécie de voir traité mais qui l'est malheureusement pas assez bien pour que ce soit réellement intéressant. Je suis donc mitigé sur le final, avec un sentiment que tout ceci n'est pas très abouti.
Pour le dire rapidement, j'ai trouvé le dessin moche. C'est ce genre de dessin qui fait trop comics et trop peu intéressant à mon gout. Certains passages étaient bien trop nébuleux pour moi, à cause de celui-ci, notamment pour différencier certains personnages de dieux nordiques, ou des personnages principaux (notamment la confusion des héros, au début, qui m'a beaucoup perturbé). Après, il s'agit d'un style et ce n'est juste pas le mien.
Par contre, je trouve l'idée de l'histoire sympathique et amusante, une sorte d'uchronie mêlée de fantastique (ou de magie) autour d'une réussite des projets ésotériques nazis. Cette idée est assez bien orientée ensuite, lorsque cela gagne d'autres continents et d'autres ethnies, mais finit un peu trop vite avec cette action qui ne résout pas la guerre et laisse envisager beaucoup d'autres possibilités ensuite, sans pour autant expliquer grand chose : d'où vient la puissance de cette épée, quid de la suite, que dire des personnages esquissés et peu développés ? C'est dommage d'avoir posé de telles bases d'un conflit (l'idée de la guerre climatique est génialement trouvée, à mon sens) et de ne pas s'en servir plus. La conclusion ne résout rien, et c'est bien dommage pour un début qui offrait tant de possibilités.
Le deuxième aspect qui est triste, c'est que l'idée derrière cette histoire est objectivement bonne : démontrer que, contrairement à de nombreux comics, ce n'est pas l'individu héroïsé qui gagne, mais le collectif de personnes lambda, incarnés ici à travers les valeurs scientifiques. Cette idée, explicitée à la fin du comics, est réellement bonne et je trouve ça audacieux de la part d'un auteur américain de défendre une telle vision dans un comics, surtout dans la double page mentionnant les religions qui vont toutes de leur méa culpa. C'est maladroit dans la forme, mais intéressant dans la conception. Et encore une fois, frustrant vu le peu qui en est fait ensuite. Surtout lorsque l'histoire s'articule sur deux personnages modélisés comme héros (corps d'athlète sculptés, tendance à faire les actions individuelles spectaculaires au détriment de plans préparés, mental d'acier etc ...), ce que ne suffit pas à atténuer le retournement final qui est, hélas, trop tardif et pas assez poussé. Surtout que c'est, encore une fois, très peu fin : On oppose de façon très manichéenne ce héros à un nerd scientifique plutôt gringalet. Adieu l'infini panel de nuances humaines situés entre les deux ! Bref, sans trop rentrer dans les détails, c'est frustrant de voir une idée dans ce genre là aussi mal et peu exploitée. Surtout qu'il y avait matière, dans un tel contexte, à faire ressortir les faiblesses de l'individualisme et de l'héroïsme forcené. Mais les auteurs passent trop vite par dessus les possibilités et la conclusion intervient bien trop tôt dans le récit pour avoir un réel impact.
C'est donc un comics que j'apprécie pour des idées et, j'ose le dire, des audaces, qui ne sont malheureusement pas assez portées par le récit et les développements. Je suis ressorti de ma lecture sans avoir senti le temps passer, mais en ayant bien senti la fin tomber. Pour un peu, j'aurais envie de voir l'idée reprise et portée plus loin que ce qui est proposé ici, parce que clairement, pour moi, c'est trop peu. Ce qui veut dire aussi, indirectement, que j'ai apprécié ce que j'y ai trouvé, même si j'en voulais plus, et c'est ce qui explique ma note !
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- Nous sommes dans les années 1960, en pleine seconde guerre mondiale.
- 1960 ? Tu veux parler de la guerre froide non ?
- Non non, je parle bien de la seconde guerre mondiale. Assieds toi, je t'explique.
Nous sommes donc dans les années 1960, Hitler, adepte de mysticisme, a invoqué des dieux nordiques qui ont répondus à son appel.
Ainsi, les alliés n'ont pas pu mettre fin à la guerre et des années plus tard, cette dernière est toujours en cours et est même dominé par les nazis.
Si la SF n'est pas un genre dont je raffole spécialement, en tant que fan d'histoire, les uchronies, genre de SF prenant comme point d'encrage un événement historique réel et en changeant les conséquences, me plaisent particulièrement.
La seconde guerre mondiale, les dieux nordiques... tout est réunis pour que j'apprécie cette lecture, je me lance !
Et la... ça ne marche pas...
Si j'avais entendu parler en bien de ce récit et que j'en entendais beaucoup, mes attentes n'ont malheureusement pas été comblées. Pas que le titre soit mauvais, mais simplement que ce n'était pas du tout ce que j'attendais en venant sur un tel récit.
Il faut noter que les deux auteurs ne sont pas des habitués du comics, l'un est écrivain de roman, et l'autre est peintre.
Le duo nous propose ici un récit qui se centre d'autant plus sur les scientifiques qui cherchent comment mettre fin à la guerre que sur les dieux nordiques (ou autres, car oui il y en a d'autres).
Et si ce point de vu est intéressant, ce n'est pas ce que j'attendais en venant sur ce titre. Des dieux qui prennent part à la seconde guerre mondiale, j'en attendais quelque chose de plus... bourrin ? Plus de combats ? Je ne sais pas, mais malheureusement, le récit n'aura pas réussi à me convaincre.
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Un comics un peu particulier, mélange d'histoire, d'uchronie, de comics, de fantasy, de mythes...
J'ai pris ce livre pour son côté uchronique où les nazis font appels aux dieux nordiques pour renverser le cours de la guerre. Une guerre qui devient une guerre de Dieux mythologiques avec l'apparition de ceux d'Aie et d'Afrique ; et au milieu de cela des humains s'unissant pour survivre à ce chaos.
C'est intéressant pour ceux qui aiment ces différents genres notamment les mythes nordiques.
L'histoire reste plaisante à suivre même si parfois elle est un peu floue avec beaucoup de blabla philosophique.
Au final, une bonne surprise même si je n'ai pas accroché totalement. En cause, des personnages pas assez charismatiques, un dessin un peu fade et un récit conté à la première personne un peu monotone.
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Les hommes chuchotaient. Ils parlaient tous anglais mais seulement la moitié d'entre eux étaient nord-américains. Leurs insignes - "Français libre" "Russe libre", "Irlandais libre", "Chrétien allemand" - étaient masqués dans la pénombre mais les accents ne trompaient pas, ni la façon qu'ils avaient de caresser leurs armes, ni encore la lueur que Chris remarqua dans beaucoup de regards. Voilà le genre de gars qui étaient volontaires pour des missions suicides. Des hommes qui n'avaient plus rien à perdre. Après vingt-trois ans d'une guerre effroyable, on en rencontrait partout.
Nécromancie...Le mot désignait l'exercice de la magie, mais une magie terrible, d'un genre très spécial. Selon la légende, un nécromancien avait jadis utilisé l'agonie humaine pour optimiser ses incantations. La plupart des civilisations anciennes avaient eu recours à ces techniques occultes [...] C'était donc pour ça que les nazis avaient osé déclencher une telle guerre : ils pensaient pouvoir industrialiser la magie ! Faire des sacrifices humains à grande échelle ! Créer assez d'horreur pour pouvoir utiliser d'anciens sortilèges !
Mais le vent allait peut-être tourner : ici, en Asie, les Ases semblaient enfin avoir trouvé un ennemi à leur taille. A présent, il s'agissait vraiment d'une guerre mondiale. Et, comme toujours, l'humanité serait la seule perdante.
Un jour, des hommes défieront ces monstres, songea Chris. Le désir de vengeance guidera nos descendants, et la science sera leur alliée. Mais il y a encore une chose dont les héros de demain auront besoin. Il leur faudra de l'inspiration. Les héros ont besoin de légendes.
Et je sais ce qu'un simple humain est capable d'accomplir. C'est pour ça que je me suis battu... et me bats encore aujourd'hui.