Tohu et bohu

TOHU : Ah maman j'aimerais
dans mon bol de lait
tremper mon visage
ressortir nuage
visage blanc comme lait...
BOHU : Ah maman j'aimerais
dans mon chocolat
tremper mon visage
ressortir nuit noire
visage chocolat...
TOHU : Ah papa tu sais petit que je suis tu sais que je sais que c'est interdit et pourtant dans la nuit Tohu ton petit fabrique en secret des bateaux oui oui pour que ce grand fleuve moi je le traverse pour ramener ma toute petite Bohu que je ne connais pas de près.
BOHU : Ah papa tu sais petite que je suis tu sais que je sais que c'est interdit et pourtant dans la nuit Bohu ta petite tire sur ses nattes comme sur deux grandes cordes qu'elle voudrait lancer à son petit Tohu pour que ce grand fleuve Tohu le traverse à la corde de mes cheveux.
LE GRILLON : La nuit, quand le jour efface les couleurs, quand la nuit noire les enrobe et les unit dans son manteau, ils se regardent sans se voir de chaque côté du fleuve et ils s'appellent :
TOHU : Bohu !
BOHU : Tohu !
TOHU : Bohu ! Y es-tu ? M'entends-tu ? Que fais-tu ?
BOHU : Tohu je suis là et je t'entends et je tire sur mes nattes et toi Tohu y es-tu ? M'entends-tu ? Que fais-tu ?
TOHU : Bohu je suis là mais je me cache parce que les gens de ton côté s'ils me voyaient toi et moi ils nous tueraient.

TOHU : Dis Bohu, ton caca, toi qui est blanche il est noir ou il est blanc ?
BOHU : Il est noir. Et toi le tien Tohu ?
TOHU : Il est noir. Moi et mes frères on se disait puisqu'on est noirs et qu'on fait caca noir, les Blancs ils doivent faire caca blanc !
BOHU : Oui, mais alors si tous deux on fait caca noir peut-être tu peux le dire à tes parents et alors ce sera plus interdit de se voir, alors il n'y aura plus de fleuve qui nous sépare !
TOHU : Et tes os Bohu ils sont blancs ?
BOHU : Oui ils sont blancs comme les défenses des éléphants. Et toi tes os ?
TOHU : Ils sont blancs aussi.
BOHU : Si tes os sont blancs Tohu, je vais le dire à mes parents et alors ce ne sera plus interdit de se voir, alors il n'y aura plus de fleuve qui nous sépare !

Tohu et Bohu : Allons enfants de la patrie i-e
Le jour des Noirs est arrivé !
Allons loin de la zizanie i-e
Quel cauchemar d'aller toujours à pied !
On en a usé tous nos souliers !
Étendons-nous dans la campagne
Pour rire de ce dur combat
Allons jusqu'à la fin du monde
Voir si vivre c'est encore vivable !
Au calme nos lendemains !
Formons nos dents de lions !
Mâchons ! Mâchons !
La terre impure !
Au risque que nous mourions que nous mourions !