Mal réveillée, j'ai choisi
Cimetière d'étoiles de Morgiève dans le cadre de l'opération Masse Critique. Pendant plus de la moitié du roman, j'ai cru qu'il s'agissait de la traduction d'un roman américain, tellement il est américain. Dans sa démesure, dans sa manière d'envisager l'espace, le territoire, dans sa violence, avec son tandem de flics qui permet aux deux personnages principaux d'alimenter leur folie, leur violence, leurs conversations surréalistes. On se croirait dans un film de
David Lynch, Blue Velvet ou Mulholland Drive .
L'action du roman se déroule à El Paso fin 62 et 63, année de l'assassinat de Kennedy. Il y a deux crimes, un Marine décomposé, une femme assassinée, une enquête dans une Amérique de cauchemar vérolée par l'alcool et la drogue qui pue le crime, la conspiration , la laideur.
Cimetière d'étoiles n'est pas une traduction, on le doit à un Français,
Richard Morgiève, que je ne connaissais pas, elle est une suite du Cherokee (mais on peut le lire indépendamment). La langue est belle, s'affranchit de tous les carcans de genre, et des normes syntaxiques, offrant ainsi aux lecteurs de belles fulgurances avec en ectoplasme le visage du Christ de Philippe de Champaigne. « "Laid et dingue tel le personnage d'un roman gothique écrit avec un Bic qui fuyait » »
Cimetière d'étoiles est un triste roman noir, poétique et cru. Je remercie les éditions
Joelle Losfeld pour la découverte .