Extraordinary Records

Dans Rétromania, Simon Reynolds estime que « La culture Internet et MP3 a simultanément amplifié et sapé la notion tout entière de savoir secret. Aujourd'hui, moyennant relativement peu de temps, d'argent et d'efforts, n'importe qui est en mesure de se constituer une gigantesque collection musicale et d'accéder à une expertise en la matière. Les facteurs dissuasifs qui existaient par le passé - les limites de l'espace habitable et des revenus - ont disparu, ouvrant encore un peu plus les portes de la collectionnite obsessionnelle. » (p. 140)

Certes, avec la culture Internet et MP3, la collectionnite est davantage obsessionnelle car, théoriquement, il n'y a presque plus de limite à l'accumulation. Mais la différence avec cette culture est qu'il n'y a plus de rapport de la part du collectionneur avec un quelconque objet physique puisque, évidemment, il n'y a plus d'objets physiques.

Extraordinary records* s'intéresse justement à l'objet physique, le vinyle en l'occurence, support de la musique davantage qu'à la musique elle-même. Avec une introduction du pionnier de l'italo-disco, du compositeur entre autres des mythiques** musiques des films Midnigth Express et Scarface et auquel Daft Punk a rendu un bel hommage***, Giorgio Moroder, et Alessandro Benedetti, un très gros collectionneur de disques, Extraordinary records présente plus de 500 disques. Les disques appartiennent à l'une des catégories suivantes : vinyle monochrome, vinyle inhabituel, vinyle multicolore, vinyle gravé, vinyle découpé et vinyle illustré.

De Yellow Submarine de The Beatles à Ghostbusters de Ray Parker Junior en passant par Living In Another World de Talk Talk, Love Bites de Judas Priest et d'autres disques d'artistes comme Prince, Michael Jackson, Bon Jovi, Pink Floyd ou des artistes moins connus mais dont les vinyles présentent un caractère extraordinaire, Extraordinary records est une exploration de la musique à travers les supports. Il est dommage que les labels dit « indépendants » ne trouve pas place dans cette exploration.

* Comme à l'habitude avec les livres Taschen, cette édition est en trois langues : ici en français, en anglais et en allemand.
** Bon il a aussi composé/ joué pour/avec France Gall, Mireille Matthieu ou Johnny Halliday.
***C'est le titre « Giorgio by Moroder » sur l'album Random Access Memories où Moroder dit « My name is Giovanni Giorgio but everybody calls me Giorgio ».