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EAN : 9782809418897
50 pages
Panini France (11/05/2011)
3.2/5   5 notes
Résumé :

Que de nouveautés dans la collection Vertigo en ce mois de mai. La première est ce Graphic Novel datant de 1995 à l’époque où le grand Grant Morrison (New X-Men, Final Crisis…) était encoreun jeune scénariste. Il nous offre ici une histoire dans la veine du Tueurs Nés d’Oliver Stone, avec la virée à la fois sanglante, violente et hilarante d’un couple de jeunes anarchistes décid&#x... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce tome comprend une histoire complète et indépendante de toute autre, de 56 pages, initialement parue en 1995. le scénario est de Grant Morrison, et les dessins de Philip Bond, avec une mise en couleurs de Daniel Vozo.

La première page montre le personnage principal (une adolescente dont le lecteur n'apprendra ni le nom, ni le prénom) perchée sur une structure métallique, un pistolet à la main s'adressant aux lecteurs pour dire que les gens n'ont pas compris. Page suivante l'Adolescente est dans le bus l'emmenant au lycée, dans son uniforme scolaire. Derrière elle, un Adolescent (dont on ne connaîtra ni le nom, ni le prénom) vient de subtiliser un paquet de clopes à un professeur pas dupe, mais qui n'arrivera pas à le récupérer. Au fur et à mesure, l'adolescente commente ses actions à l'attention du lecteur. Elle s'ennuie en cours et rêve de massacrer sa classe au pistolet mitrailleur. Elle trouve que Paul (son petit ami) est immature, trop égocentrique et trop pépère. Elle ne supporte pas ses parents, et croit comprendre, non sans raison, que son père a développé un fétichisme dérangeant pour ses sous-vêtements à elle. Elle finit par quitter la table du repas familial pour aller s'acheter des frites à l'établissement de restauration rapide du coin. Elle y croise l'Adolescent qui lui propose de picoler et de commettre quelques actes de délinquance bien sentis tels que vandaliser une voiturette et briser une vitre d'un salon où un couple de vieux en train lire dans leurs fauteuils. C'est le début d'une fugue à haut risque.

La première fois que j'ai feuilleté cette histoire, je me suis dit que Grant Morrison avait écrit une variation sur la rébellion adolescente à tendance autodestructrice, sous forte influence de Thelma & Louise et je l'ai reposé sans l'acheter. La deuxième fois aussi. Puis sous l'influence de commentaires favorables (merci M. Cyrille) et d'une appréciation grandissante de Grant Morrison en tant qu'auteur, j'ai fini par me lancer dans cette lecture. Il s'agit d'une histoire relativement courte, linéaire et respectant la chronologie (sauf pour la première page). Elle constitue donc un récit très accessible de Grant Morrison mettant en scène une forme de rébellion contre l'ordre établi, à base d'actes de vandalisme gratuits, sans idéologie particulière. Ce qui fait la différence avec d'autres récits de ce genre, c'est que l'Adolescente s'adresse au lecteur avec bonne humeur quelle que soit la situation. Sa tentative de destruction de l'autorité, son entrée dans la criminalité s'en trouvent dédramatisées et tombent même sous le coup d'une gentille moquerie. Ce point de vue provoque une forme d'empathie inattendue avec elle.

Il ne s'agit plus d'une cavale improbable de 2 adolescents en phase de désocialisation aigüe à base de violence aveugle et cruelle, en quête d'un absolu incompatible avec la réalité. le récit se situe à mi-chemin entre la tragédie et la farce noire. le second degré permet de faire passer une accumulation peu probable de névroses ordinaires, tirant vers la déviance, qu'il s'agisse du fétichisme paternel pour les petites culottes, du sarcasme des policiers, ou de l'étonnant appartement du monsieur qui aime s'habiller en femme et se filmer. le lecteur peut alors apprécier ces éléments saugrenus comme autant de caricatures d'une société aux valeurs morales en déclin. La force de Morrison en tant que narrateur est de trouver le point d'équilibre entre ces aspects satiriques et la justesse des émotions de l'Adolescente. Sans avoir besoin de forcer le trait sur les tourments de l'adolescence, Morrison fait ressortir cette sensation de devoir se plier aux diktats du conformisme pour vivre en société selon un schéma rigide qui semble inéluctable : avoir un petit copain plutôt égocentrique et peu romantique, se taper des heures de cours abrutissantes, etc. du coup les écarts de conduite de l'Adolescente deviennent une échappatoire naturelle, sans pour autant être justifiables.

Philip Bond a collaboré à plusieurs reprises avec Grant Morrison que ce soit pour quelques épisodes de la séries des Invisibles (dans The Invisible kingdom, en anglais) ou pour la minisérie Vimanarama (2005, en anglais). le style de ce dessinateur s'adresse plutôt à des adultes. Il ne cherche pas à faire joli, ou à en mettre plein la vue. Il mélange une approche assez réaliste, sans tomber dans le détail photographique, avec également une forme de second degré en sourdine. Par exemple, le lecteur ne peut se tromper sur le fait que l'Adolescente et sa copine de classe sont bien assises dans un bus et qu'elles portent bien leur uniforme scolaire. Par contre il ne représente pas la texture de la matière des places assises, ou la structure des flancs du bus. La hauteur sous plafond semble aussi relever de la licence artistique. Bond ajuste donc le niveau de détails en fonction des besoins du récit. Son style lui permet de donner des formes de visages et des tenues vestimentaires spécifiques à chaque personnage. Il retranscrit visuellement l'hommage à la série télévisée L'autobus à impériale, sans que le lecteur ne puisse s'y tromper. de même l'accoutrement de l'un des rebelles artistes permet tout de suite de comprendre que son modèle artistique est Andy Warhol. Bond participe également grandement au ton de la série en transcrivant le registre de la farce par le biais des sourires francs qu'arborent les personnages. Ces expressions participent grandement à la dédramatisation de la cavale des 2 Adolescents, ainsi qu'à la prise de recul quant à leurs positions.

Derrière l'apparente facilité du thème du récit de 2 adolescents rebelles qui veulent tout casser en allant jusqu'au bout, Grant Morrison et Philip Bond racontent une histoire disposant d'un ton plus savoureux que prévu, grâce à un léger second degré bien dosé. Loin de tomber dans un récit sinistre et glauque, ils marient une farce aux crimes gratuits commis par les 2 exaltés. D'ailleurs, lors de la scène de cours, Morrison donne une indication supplémentaire de l'approche qu'il a souhaité développer lorsque le professeur évoque les Ménades, les accompagnatrices de Dionysos.
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Les mythes ont la vie dure. Des fois je me demande si tout n'a pas déjà été dit dès l'antiquité. Mais bon, la forme me semble moins amusante que les productions de Blain ou Moore. Ici, il s'agit pour Grant Morrison d'écrire son road-movie du couple de jeunes assassins désabusés. le titre laisse présager que ce ne sera pas fin, qu'on va droit au but, et c'est le cas. le cadre est connu, la fin prévisible et l'histoire est très courte et se lit vite. Elle ressemble à un exercice de style autant qu'à un exutoire.

Mais ce n'est pas le cas. D'abord parce que Morrison a largement eu le temps de se lâcher ailleurs, que ce soit pour le sexe et la violence, et ensuite parce qu'aucun élément psychédélique cher à l'auteur n'apparaît ici. Seuls les étudiants en art vivant dans un bus à impériale font directement référence à une série télévisuelle britannique des années 60. Rien ne m'a fait penser au rock non plus. le propos tient encore une fois dans le thème de la rébellion salvatrice.

Toute l'histoire est racontée en voix off par la jeune personne en couverture, la moitié de ces Bonnie and Clyde modernes, tout notre jugement ne peut que se faire par son point de vue. Et elle ne fait qu'énoncer des faits. Celui de la vie de banlieue sans avenir et sans rêve, celle de la ville pervertie, celle des faussaires qui prêchent uniquement pour asseoir leur pouvoir et celles des mensonges des adultes.

Pour une fois, la narration est limpide, simple, dans un style proche des polars, loin des pages remplies d'informations, des apartés incongrus et des dialogues cryptées que Morrison a l'habitude d'écrire dans ses Batman: R.I.P. (deluxe edition) ou ses Invisibles, The: Revolution VOL 01.

Quant aux dessins de Bond, il sont fonctionnels et jamais racoleurs. Tout est factuel, le sexe comme la violence n'ont aucun attrait. le trait rappelle celui d'un Jamie Hewlett sans facétie, solide et lisible, il colle parfaitement au ton de cette mini-mini-série.

On est tellement loin de tout ce que je préfère chez Morrison que je considère cette bd comme mineure. Mais encore une fois, même pour un travail rapide, pour caractériser des adolescents et leur monde réaliste, il fait preuve d'une virtuosité et d'une facilité telles que leur seule existence littéraire nous rappelle que d'être adulte, ce n'est pas être, mais devenir.
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Dans sa préface à la réédition de 2016 de cette oeuvre 1995, Morrison explique que l'histoire de Kill Your Boyfriend était un truc original quand iel l'a écrit à l'époque, mais que c'est devenu un trope très utilisé. Et... en effet.

Une adolescente sage et parfaite décide qu'elle en a assez d'être sage et parfaite. Elle veut faire des trucs avec son copain qui refuse. Elle rencontre un voyou qui la corrompt et ils décident d'aller tuer son copain pour déjouer l'ennuie de leur vie d'adolescents pleine d'angoisses. S'ensuit une poursuite policière, beaucoup de sexe et beaucoup de drogues.

Non seulement c'est usé, mais ça va à peine plus loin que la panique moral que les adultes éprouvent envers les adolescents depuis que les adolescents existent.

(Dans mon édition anglaise, qui n'est pas sur Babelio, cette histoire est accompagnée d'une autre intitulée Vinamarama. C'est une histoire de superhéros générique, mais qui jouent avec des clichés orientalistes. Bof.)
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« Kill your boyfriend » invite à suivre la rébellion d'une jeune adolescente de classe moyenne qui cherche à fuir la monotonie d'une vie trop formatée. C'est la rencontre d'un petit voyou qui entraîne la lycéenne dans une cavale amoureuse qui brave tous les interdits.

Si le scénario de ce titre datant de 1995 fait inévitablement penser à l'épopée meurtrière de « Natural Born Killers », ce road-movie sanglant qui se situe dans l'Angleterre post-thatchérienne ne manque pas de critiquer la société anglaise. Dans une ambiance punk qui fleure bon l'Anarchy in the UK, Grant Morrison joue clairement la carte de la provocation. Si la mise en place, narrée par une héroïne qui s'adresse directement au lecteur, ne manque pas d'intérêt, la deuxième moitié de l'album est moins réussie. La quête de liberté spirituelle et sexuelle tourne au burlesque une fois que les deux fugitifs entrent dans le bus et l'auteur semble vouloir en faire trop dans sa volonté de choquer à tout prix.

Visuellement, le style de Philip Bond, sans être extraordinaire, colle parfaitement à l'ambiance punk et à l'humour noir du récit.

Un comédie sombre et amorale qui se laisse lire, mais ce n'est certainement pas le meilleur récit de Grant Morrison.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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critiques presse (2)
BDZoom
19 juin 2011
Sexe, drogue et violence parsèment ce road-movie déglingué et psychotique laissant un drôle de goût une fois le livre refermé…
Lire la critique sur le site : BDZoom
Kill your boyfriend n’est certes pas exempt de défauts, mais il possède un charme certain. Avec ce récit d’une cavale sans issue, Grant Morrison signe une histoire en marge, comme un hommage aux amours adolescentes.
Lire la critique sur le site : BullesEtOnomatopees
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Ils vous prennent quand vous êtes petit et vulnérable, et ils vous arrachent un par un vos petits bouts d'humanité, jusqu'à ce que vous ne soyez plus qu'un jouet à ressort, on tourne la clé, et hop vous avancez. Alors le jouet va à la fac, trouve un boulot, s'installe avec quelqu'un de sympa...
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