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Ivan Reis (Illustrateur)Frank Quitely (Illustrateur)Jim Lee (Illustrateur)Doug Mahnke (Illustrateur)
EAN : 9781401256821
448 pages
DC Comics (27/10/2015)
4.2/5   5 notes
Résumé :

The biggest adventure in DC's history is here! Join visionary writer Grant Morrison, today's most talented artists, and a cast of unforgettable heroes from 52 alternative Earths of the DC Multiverse! Prepare to meet the Vampire League of Earth-43, the Justice Riders of Earth-18, Superdemon, Doc Fate, the super-sons of Superman and Batman, the rampaging Retaliators of Earth-8, the Atomic Knights of Justice, Dino-Cop, Sister Miracle, Lady Quark and the latest,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce tome contient l'intégralité des récits écrits par Grant Morrison, et publiés sous la bannière Multiversity, en 2014/2015. Il s'agit d'une histoire complète, qui suppose de la part du lecteur une connaissance étendue de l'univers partagé DC, et des comics écrits par Grant Morrison pour cet éditeur, afin d'en saisir toutes les nuances. Elle est initialement parue sous la forme de 9 comicbooks

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- (1) Multiversity 1 (dessins d'Ivan Reis, encrage de Joe Prado) – Une logeuse vient chercher ses arriérés de loyer (800 dollars) auprès d'un locataire qui lit un comics dont la première page montre la propriétaire en train de venir chercher son loyer. Sur la Terre 7, Nix Uotan (Superjudge), le dernier des Moniteurs, se bat contre un représentant de la Bonne Société (en VO Gentry, noblesse non titrée). Sur la Terre 23, Superman (Calvin Ellis, le président des États-Unis dans le civil) finit par passer par une porte dimensionnelle qui l'emmène dans un vaisseau spatial où il est accueilli par Captain Carrot (Roger Rodney Rabbit de la Terre 26).

Grant Morrison s'éclate comme un petit fou, avec une entité qui menace l'intégrité de la réalité, des dizaines de superhéros méconnus, inconnus, ou tout neufs. La bonne société s'apprête à coloniser les royaumes des superhéros. de son côté, Ivan Reis est en mode Neal Adams (avec une composition de page plus sage), dessinant des superhéros par dizaines. Ce premier épisode pose le ton : ce récit s'adresse à des fans de superhéros, sans aucune concession, capables d'apprécier toutes les conventions les plus idiotes et idiosyncrasiques, voire infantiles (Captain Carrot) : des tonnes de personnages de second plan (ou même du dernier rang), des superpouvoirs pyrotechniques, des affrontements physiques, une menace mystérieuse d'ordre métaphysique.

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- (2) Society of Super-Heroes (dessins de Chris Sprouse, encrage de Karl Story) – Sur la Terre 20, Anthro (un homme immortel) se rend à l'invitation de Doc Fate qui lui présente Abin Sur. Avec d'autres superhéros de type Pulp, ils vont devoir lutter contre Vandal Savage et l'invasion organisée par ses maîtres.

Le scénariste enchaîne avec une histoire à la manière des Pulps, sans rien concéder : toujours autant de superhéros réinventés (des Blackhawks à Abin Sur), des affrontements physiques, un temple oublié, des immortels, etc. Ce n'est pas la peine de faire semblant : c'est un récit réservé aux fans de superhéros et il est impossible d'apprécier l'intrigue sans savoir qui est Parallax.

Chris Sprouse est l'artiste de la situation, avec ses dessins élégants, à la ligne épurée, avec un bon niveau de détails, et une position entre l'aventure classique et le comics de superhéros. le lecteur le retrouve au meilleur de sa forme, comme lorsqu'il illustrait les aventures de Tom Strong, écrites par Alan Moore.

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- (3) The Just (dessins et encrage de Ben Oliver) – Sur la Terre 16 (aussi appelée Earth-Me), des superhéros de seconde génération (Sister Miracle, Arowette, Megamorpho, Offspring) profitent de leur célébrité, dans un monde où il n'y a plus de supercriminels, et où les rares attaques sont prises en charge par Superman et son armée de robots. Dans ces conditions, qu'est-ce qui a bien pousser Megomorpho au suicide ?

Mais quelle mouche a bien pu piquer Grant Morrison ? Ce chapitre défie l'entendement avec ce suicide qui ne semble intéresser que Batman, ces superhéros désoeuvrés, ce Superman quasiment inutile du fait des robots de son père qui font tout le boulot. Pour un peu, le lecteur pourrait se croire dans un comics de Mark Millar.

Les dessins de Ben Oliver baignent dans des couleurs acidulées un peu vives qui augmentent l'aspect pop et gratuit, la vanité de ces gugusses en costume dont l'utilité est inexistante. Cet artiste transcrit bien la vacuité de leur existence, mais il ne s'intéresse pas beaucoup aux arrière-plans, ce qui finit par se voir.

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- (4) Pax Americana (dessins et encrage de Frank Quitely) – Sur la Terre 4, le président des États-Unis vient d'être assassiné par Peacemaker (Christopher Smith). Question, Blue Beetle et Nightshade mènent l'enquête, alors que le capitaine Adam explique au gouverneur Harley qu'il ne souhaite être appelé Captain Atom.

Décidément, il n'a peur de rien Morrison : cet épisode n'est autre qu'un hommage à Watchmen d'Alan Moore et Dave Gibbons. le scénariste met en scène les superhéros de l'éditeur Charlton (rachetés par DC Comics en 1983) qui ont servi de modèle initial à ceux de Watchmen. Il s'amuse comme un petit fou avec l'écoulement du temps (l'influence de Docteur Manhattan), et à évoquer le spectre de Rorschach. Frank Quitely effectue un travail hallucinant de composition des pages (sur une base de 16 cases, en lieu et place des 9 de Watchmen), avec une précision incroyable dans les dessins.

Au final Morrison et Quitely réussissent l'exploit d'un hommage respectueux, intelligent, et totalement original. Chapeau bas ! L'existence de cet épisode justifie à elle toute seule l'achat et la lecture de ce recueil.

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- (5) Thunderworld adventures (dessins et encrage de Cameron Stewart) – Sur la Terre 5, le sorcier de l'éternité s'est fait destituer par Sivana (aidé par d'autres Sivana d'autres Terre). Il appartient à Captain Marvel et les autres membres de la famille Marvel d'y mettre bon ordre.

Grant Morrison et Cameron Stewart réussissent leur pari : raconter une histoire de Captain Marvel, fidèle au modèle original, sans être niaise (= lisible par des adultes), sans trahir l'esprit des personnages, sans les moderniser, sans les rendre plus sombres (la rénovation opérée par Geoff Johns & Gary Frank, sous le titre de Shazam, fait triste figure par comparaison).

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- (6) The Multiversity guidebook (dessins et encrage de Marcus To) – Sur la Terre 42, les mignons petits superhéros (version chibi) sont attaqués par des sbires du Docteur Sivana. Sur la Terre 51, Kamandi et ses compagnons découvrent des vestiges mystérieux. Cet épisode contient également la liste des 52 Terre, avec à chaque fois un dessin pour montrer les principaux personnages (par exemple le Superman de Red Son, ou le Batman Vampire).

Batman version manga enfant ? Sans coup férir, Grant Morrison réussit aussi cet exercice de style avec la même élégance, et la même pertinence que les précédents. Marcus To dessine des versions chibi mignonnes à craquer, sans une once de niaiserie. Les versions des personnages des 52 Terre (sauf 7 qui restent inconnues) sont réalisées par des pointures de comics de superhéros (même Kelley Jones a participé pour illustrer le Batman Vampire de Red Rain, une madeleine remarquable pour un vieil habitué de l'univers partagé DC).

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- (7) Mastermen (dessins de Jim Lee, encrage de Scott Williams) – Sur la Terre 10, Adolph Hitler est en train de lire un comics aux toilettes (et de pousser fort). 17 ans plus tard, l'extraterrestre recueilli par le Reich a bien grandi et Overman a permis à l'Allemagne de gagner la seconde guerre mondiale.

Oui, il a déjà existé une terre parallèle chez DC où les allemands avaient gagné la seconde guerre mondiale. L'idée de génie est d'avoir choisi Jim Lee comme dessinateur, qui s'en donne à coeur joie pour une interprétation martiale et triomphante. Oui Hitler sur les toilettes, c'est facile, mais c'est quand même irrésistible. Oui dessiner Superman comme le fasciste ultime c'est facile, mais ça n'enlève rien à la pertinence de l'idée, dont l'impact percutant est décuplé par les dessins de Lee.

Qui plus est, Morrison déroule une intrigue plus linéaire et tout aussi foisonnante à la saveur tout aussi percutante et mordante. Un grand moment !

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- (8) Ultra Comics (dessins de Doug Mahnke, encrage de Christian Alamy et quelques autres) - Sur la Terre 33, Ultra Comics prévient le lecteur qu'il ne doit pas tourner la page car il court le risque d'être infecté.

La narration de Grant Morrison approche la vitesse de la lumière dans le registre métacommentaire, tout en restant accessible. C'est maîtrisé et magistral de bout en bout, que ce superhéros animé par la suspension consentie d'incrédulité du lecteur, avec plusieurs brèches dans le quatrième mur. du grand art, d'une élégance rare.

À nouveau un choix parfait pour le dessinateur : Doug Mahnke, impérial et inégalable pour magnifier les émotions d'Ultra, la démesure de ses adversaires, l'aspect conceptuel de l'incarnation de la Gentry, toujours aux frontières d'une loufoquerie terrifiante. À nouveau cet épisode justifie à lui seul l'existence de cette anthologie.

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- (9) Multiversity 2 (dessins d'Ivan Reis, encrage de Joe Prado et quelques autres) – L'heure est grave : les entités Gentry ont pris pied dans la réalité, Nix Uotan est sous leur emprise, Captain Carrot vient bientôt reprendre forme humaine s'il n'arrive pas à reprendre une carotte. Vers qui peut-il se tourner ?

Le courage d'Ivan Reis est mis à rude épreuve dans ce final rassemblant toujours plus de superhéros pour des affrontements de plus en plus titanesque. Les arrière-plans sont parfois les parents pauvres de cette débauche de personnages, mais le lecteur le remarque à peine tellement les cases sont pleines à craquer.

Grant Morrison apporte une forme de conclusion (assez ouverte) à son récit, en mettant sur le devant de la scène le Superman de race noire, Captain Carrot (un lapin anthropomorphe), et un autre superhéros habitué des voyages entre les dimensions. Après les chapitres 5 à 8, ce dernier épisode donne l'impression d'une baisse d'intensité.

Sous réserve d'apprécier les superhéros et de connaître l'univers partage DC à travers les âges, le lecteur s'embarque pour un voyage d'une rare intensité, dans une narration virtuose tout en restant lisible, avec des dessinateurs d'une compétence inégalée, faisant preuve d'un entrain à la hauteur de l'imagination débridée du scénariste. 5 étoiles.

Ce tome se termine avec un cahier bonus de 62 pages comprenant les 28 couvertures alternatives, ainsi que des croquis réalisés par Grant Morrison, des pages de conception graphique des personnages.

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- Tout ça pour quoi ? -

Multiversity est aussi bien plus que la simple somme de ses parties. Pour commencer, le titre fait référence à 2 concepts. Il s'agit d'une part de rétablir de manière officielle l'existence du multivers DC. Ce projet a connu une longue période de gestation puisque Grant Morrison en parlait déjà en interview en 2009. Il s'insère dans la prolongation des séries hebdomadaires "52", "Countdown to Final Crisis", Final Crisis (2008, dans lequel apparaissait déjà une image de planétaire, en anglais Orrery, observé par les Moniteurs) et les épisodes d'Action Comics écrits par Morrison dans le cadre de New 52. Pour un lecteur ayant suivi ce scénariste toutes ces années, c'est un aboutissement très émouvant.

Morrison a également expliqué que cette maxisérie pouvait se concevoir comme le début d'autant de séries indépendantes dans le multivers DC. Ceci explique que les histoires 2 à 8 restent assez ouvertes et peuvent servir de point de départ, à autant de nouvelles séries basées sur ces Terre (20, 16 4, 5, 42, 10, et pourquoi pas 33). Il a d'ailleurs exprimé son désir d'écrire lesdites séries. Avec ce point de vue en tête, le lecteur comprend bien certaines particularités narratives qui autrement restent des bizarreries inexplicables.

Le deuxième concept est celui de la diversité. Cela n'a rien d'un hasard si le premier épisode met en scène un superman afro-américain (Calvin Ellis). Il s'agit pour le scénariste d'entériner le fait que les comics sont capables de refléter la diversité culturelle et raciale de la société. Ce concept de diversité peut se lire d'une autre manière.

À l'évidence, Grant Morrison s'adresse aux fans de comics. Proposer la lecture de cette histoire à un non initié relève de la gageure, un véritable défi au bon sens. C'est incompréhensible et idiot tous ces gugusses en costume moulant aux couleurs criardes, se tapant dessus pour régler leurs problèmes (en quoi c'est important un ciel rouge ?). de ce point de vue, Morrison ne souhaite pas emboîter le pas à Alan Moore qui a tiré un trait sur les superhéros dans Watchmen, en les condamnant comme un vestige d'un âge révolu, n'ayant plus leur place dans un monde postmoderne (en particulier multiculturel, où la suprématie de l'homme blanc est un leurre éventé).

Comme il l'a déjà fait dans d'autres oeuvres, Grant Morrison assume son amour pour le genre superhéros, et toutes les conventions associées. Il ne souhaite aucunement faire réaliste. Ce n'est pas un hasard non plus si Captain Carrot (un lapin anthropomorphe à la carrure de culturiste, avec un joli costume rouge et jaune vifs) dispose d'un rôle de premier plan. L'objectif n'est pas de faire croire que tous ces personnages ont une quelconque chance d'exister, qu'ils ont un rapport crédible avec la réalité. Il s'agit d'une ode à l'inventivité, à la création, à la littérature de l'imaginaire, y compris celle de l'enfance (la très belle réussite de l'histoire de Captain Marvel). D'ailleurs les comics jouent un rôle important dans l'intrigue, puisque certains superhéros y piochent des idées, en lisant un comics racontant les aventures des superhéros d'une autre Terre. Il ne s'agit pas tant d'un commentaire sur la continuité, que sur l'interdépendance de ces créations de l'esprit qui se nourrissent les unes des autres.

Il ne s'agit pas non plus de revenir à un état antérieur des comics où ils étaient conçus à destination des enfants. Dans l'épisode sur la Terre 10 (dessiné par Jim Lee), l'auteur montre qu'il a conscience de l'interprétation fasciste des superhéros, d'une vision du monde du point de vue de l'homme blanc colonialiste, à un ordre mondial imposé par la force. La sophistication élégante de l'épisode Ultra s'adresse à des adultes conscients de ce que le lecteur apporte dans sa lecture, du phénomène psychique extraordinaire qui intervient quand un individu prête vie à des personnages de fiction (des traits et des tâches de couleurs sur une page) quand il se livre à l'exercice de la lecture.

Au sortir de ce tome, le lecteur a constaté qu'il se lit facilement, grâce à sa nature composite de 7 épisodes pouvant se lire comme autant d'épisodes pilotes de nouvelles séries. D'un autre côté, cela signifie que certaines intrigues secondaires n'aboutissent pas (où est passé Darkseid ?). Grant Morrison a bénéficié d'artistes de premier plan pour mettre en images ces histoires, dont plusieurs (Jim Lee, Ivan Reis, Frank Quitely, Doug Mahnke) réalisent une prestation exceptionnelle. Cette forme d'anthologie s'articule autour d'un concept qui la structure : l'invasion du multivers par des entités souhaitant y mettre bon ordre, c'est-à-dire coloniser les différentes Terre et les assainir en éradiquant ces aberrations logiques que sont ces gugusses dotés de superpouvoirs, en quelque sorte une pensée normative et rationnelle cherchant à faire rentrer dans le moule une imagination débordante à base d'idées idiotes (les superpouvoirs).

Comme à son habitue quand il travaille pour DC Comics, Morrison utilise toutes les ressources à sa disposition dans cet univers partagé âgé de plus de 75 ans. le familier dudit univers ressent les souvenir affluer, les plus évidents (les Cieux rouges de Crisis on infinite earths) et les plus obscurs (Bloodwynd). le novice risque de souffrir d'une indigestion de personnages vite apparus, aussi vite disparus de l'intrigue.

Arrivé à la fin, il faut un peu de temps pour comprendre la dernière page, qui boucle avec les 2 premières du tout premier épisode. Visiblement, après avoir loué les vertus des comics de divertissement, l'auteur semble dire qu'on peut lire des comics de superhéros (même adulte), et rester un membre responsable de la société. Il fait le fait avec un certain humour, un peu anglais, présent tout du long de cet imposant recueil.
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Un comic book époustouflant ! Grant Morrison fouille dans les archives de DC Comics, reprenant des séries laissées à l'abandon pour faute de mauvaises ventes, et poursuit ces séries en construisant le Multiverse DC.
Dans Multiversity, chaque monde parallèles est un comic book dans un autre monde. Tout s'imbrique dans ces 52 univers. La narration, quoique complexe, se voit dotée d'une carte représentative du Multiverse.
C'est ça du vrai blockbuster !!!
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critiques presse (1)
ActuaBD
31 mai 2019
Difficile de faire ouvrage plus complet sur le sujet, car tout y est : des artistes talentueux de renom, réunis dans des histoires-hommages et un grand récit cosmique, aussi bien métaphysique que méta-contextuel, Le tout agrémenté de l’incontournable carte qui référence tous les grands concepts de ce fameux multivers. Un must.
Lire la critique sur le site : ActuaBD

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