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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quel roman étrange et envoûtant ! Je l'ai refermé sans être tout à fait certaine de l'avoir parfaitement compris, même si je crois que oui malgré tout : il faut dire que j'ai eu, dès le départ, quelques difficultés à entrer dans l'histoire et notamment à adhérer aux passages mettant en avant le personnage de l'écrivain. Je les ai trouvés parfois peu clairs et souvent absurdes, ce ton caustique est cependant celui qu'a choisi l'auteur. J'ai davantage apprécié les passages consacrés au jeune garçon à la peau exceptionnellement sombre, cet enfant surnommé « Charbon » qui, grâce à l'enseignement de ses parents, semble avoir acquis la capacité à devenir invisible. Un jour, les deux personnages se rencontrent. Est-ce réel ? L'enfant est-il au contraire le fruit de l'imagination de l'écrivain ? le lecteur est perdu et en même temps constamment recentré sur ce qui est au coeur du roman – la dénonciation du racisme – jusqu'à ce que le propos devienne plus clair et plus captivant. C'est vraiment une sensation très curieuse quand on lit un roman d'alterner entre ennui, incompréhension, curiosité et admiration… L'important étant bien entendu ce qu'il reste après la lecture : ici, des passages qui sont, en termes de style et de propos, de véritables petits bijoux. Et c'est sans doute la force de L'Enfant qui voulait disparaître : sous des apparences de légèreté loufoque et en s'amusant à brouiller les pistes, l'auteur livre une réflexion actuelle et essentielle de manière tendre et poétique.
Un grand merci à Babelio et aux éditions Autrement pour cette découverte !

Lien : http://aperto-libro.over-blo..
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Entre grimace jubilatoire et pied de nez caustique, Jason Mott compose un récit quasi picaresque sur le racisme aux Etats-Unis et trouve cette voix qui lui permet de se positionner parmi les grands écrivains qui ont combattu le racisme aux Etats-Unis.
« Dans le Sud des États-Unis où j'ai grandi, souligne Mott, les questions raciales étaient très importantes. J'ai porté sur mon dos tout le poids de mon identité de mâle noir. J'ai été marqué pour la vie par cette expérience. Mais lorsque je travaillais sur mes premiers romans, j'avais l'impression que ce que je voulais dire sur la question raciale, avait déjà été dit par des grands écrivains ou par des personnalités qui avaient l'habitude de prendre la parole au nom de ma communauté. Ce qui m'intéressait à l'époque, c'était d'écrire des romans qui soient en harmonie avec mes préoccupations purement littéraires. »
Au cours d'aventures des plus extravagantes, notre héros se retrouve confronté à des épisodes multiples, prétextes à la satire d'une société où les classes dominantes blanches et les médias se font ridiculiser.
Un premier niveau narratif s'exprime par la voix du narrateur anonyme, écrivain auto-fictionné en tournée promotionnelle pour un « livre d'enfer » au titre homonyme à celui que le lecteur tient en main. Ce narrateur à bout de souffle, souffre d'une «étrange dissociation qui l'empêche de discerner le rêve de la réalité.
Au cours de ses déambulations fantasques et de ses rencontres hallucinées, il croise le fantôme d'un jeune garçon noir, assassiné par la police qui incarne toutes les victimes innocentes de la violence policière. Ce gamin lui fait prendre conscience de son effacement du monde. Plongé dans une insoluble contradiction, l'écrivain cherche à la fois à être vu, comme auteur à succès qui enchaîne les shows télévisés, tout en étant invisible en tant qu'homme noir.
L'histoire de Charbon prend alors tout son sens. Entraîné à l'invisibilité par ses parents soucieux de le protéger, l'enfant invente des histoires qui lui permettent d'exister. Mais pour rester à l'abri et rejeter la souffrance du deuil, il est contraint de fermer les yeux sur un passé terriblement injuste et violent. L'enfant-écrivain recule devant cette histoire « trop immense à raconter ».
Mais les événements le rattrapent et le forcent à prêter sa voix aux opprimés.
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Pour se protéger des prédateurs dans la nature, certains animaux sont des experts du camouflage au point de disparaître à la vue desdits prédateurs. Ici, il s'agit d'un gamin d'une dizaine d'année surnommé Charbon que rencontre le narrateur lors d'une tournée promotionnelle de son dernier roman qui est vraiment un livre d'enfer "Hell of a book" (titre du livre en VO) qui parsème les réflexions des lecteurs lorsqu'ils échangent avec l'auteur.
Je ne sais pas si le livre est d'enfer, mais l'histoire du narrateur et de son double onirique l'est et il nous la raconte par le biais de ce petit garçon qui a des réflexions d'anciens alors que l'auteur ressemble à un gamin qui joue avec le feu. Il y a dans ce roman l'Amérique et son racisme, la pauvreté, la violence, Nicolas Cage, la nécessité de ne pas baisser les bras pour se battre, de la peur : peur de l'autre, peur de soi, peur d'affronter une réalité chaque jour plus violente. C'est un texte très émouvant, dur et tendre qui se lit de façon très fluide. Etre noir en Amérique, une bonne raison pour devenir invisible.

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Ça débute comme une sorte de conte aux ficelles un peu grossières : un garçon adoré de ses parents apprend, sous leur tutelle, à disparaître. Presqu'aussitôt le décor et le ton, surtout, changent. le lecteur est transposé aux côtés d'un narrateur en fuite, nu, poursuivi par un mari cocu.
L'alternance entre le il du garçon et le je de l'amant débusqué est entretenue tout au long du roman, en une oscillation qui se fait bientôt osmose entre tragique et burlesque, fantasme et réalité.

L'enfant grandit, réalise que ses parents lui ont menti puisqu'il est impossible de devenir invisible, même s'ils l'exhortent encore à essayer, car c'est pour eux le seul moyen de le mettre à l'abri, notamment des brimades que lui vaut sa peau d'une noirceur quasi-surnaturelle. Surnommé "Charbon" par ses camarades d'école, il subit quotidiennement moqueries et harcèlement.

L'adulte est quant à lui en tournée promotionnelle, suite à la parution de son roman "L'enfant qui voulait disparaître", qualifié par la critique de "livre d'enfer". Son auteur, qui fait la une des magazines, est devenu le "jeune romancier qui fait rêver l'Amérique". le lecteur restera dans l'ignorance quant à l'intrigue de ce best-seller, et finira même par se demander si le narrateur lui-même en sait davantage : il parle de son livre sans entendre ni se souvenir de ce qu'il prononce, ignorant jusqu'au nom des villes dans lesquelles il fait étape au cours de sa journée, qui se pare d'une dimension irréelle. Il semble même avoir oublié qu'il est noir, jusqu'à ce que quelqu'un lui en fasse la remarque. Est-ce dû à cette pathologie qu'il avoue bien volontiers, une imagination hyperactive qui lui provoque des sortes de rêves éveillés au cours desquels ne sait plus distinguer la réalité du fantasme ? Dès l'adolescence, il voyait ainsi "des dragons au crépuscule et des arcs-en-ciel à minuit", tenait des discussions avec son chien et avait des amis imaginaires. La psychiatre qui le suit soupçonne, à l'origine de ces rêves éveillés, un traumatisme non identifié.

Notre écrivain lui, les aborde avec une désarmante désinvolture, à la manière dont il semble mener sa vie, buvant plus que de raison, multipliant les aventures sans lendemain, faisant preuve en permanence d'un humour distancié mais sans complaisance dont il est l'une des cibles principales, décrivant les situations qu'il vit comme s'il se mettait en scène. C'est aussi de cette manière qu'il aborde l'apparition soudaine et sporadique, à ses côtés, d'un Gamin à la peau d'un noir si intense qu'il en est hypnotique, qu'il semble être le seul à voir.

Et les étrangetés liées à cette pathologie ne sont pas les seules à hanter le récit, dont l'intrigue est ponctuée de l'évocation d'événements que leur caractère obscur mais répétitif ramènent à l'état d'ellipses, ou d'images subliminales. le héros croise à de nombreuses reprises des personnages qui lui demandent s'il a entendu parler de ce gamin qui…, mais qui sont interrompus à chaque fois qu'ils tentent de répondre à ses demandes de précisions ; les informations captées comme par inadvertance aux abords de téléviseurs évoquent inlassablement des meurtres par balles ou des arrestations de noirs…

Ce roman m'a impressionnée. Il va là où on ne l'attend pas, déstabilise dans un premier temps par ses ruptures de ton et les contours flous d'une intrigue dont on ne comprend pas très bien où elle nous emmène. Puis s'y dessine, de manière de plus en plus prégnante au fil de la lecture, un sens, une direction, qui soudain devient tellement évidente qu'elle emplit tout le champ émotionnel du lecteur.

En abordant le racisme et les violences policières subies par les afro-américains par le prisme des traumatismes qu'ils provoquent sur les individus, déstructurant leur identité, les rendant à la fois héritiers et dépositaires de la terreur que génère leur vérité à la fois horrible et incontournable, Jason Mott nous en donne à lire un versant intime, et profondément bouleversant.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Lors d'une tournée promotionnelle, un auteur rencontre un enfant particulier. Particulier par sa couleur de peau exceptionnellement sombre et par sa capacité à disparaître que lui ont enseigné ses parents. Au fur et à mesure de ce récit labyrinthique des liens se dessinent entre cet enfant et l'auteur, comme dans un jeu de miroirs. Un roman qui parle du racisme et du poids que la couleur noire fait porter à chacun dans la société américaine.
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Après une lecture comme celle-ci, les mots ne sont pas évident. Tel le souffle coupé, j'en perds la parole.

Entre réalité et imagination, l'auteur mène un combat passant de l'humour à la brutalité des actes.

Je me dois d'être brève face à cette réalité que sont le racisme, les violences policières, le harcèlement et l'oppression. Parfois dérangeant, ce livre dévoile cette vérité qui nous arrive parfois d'oublier dans nos propres cocons de vie.

Je me suis sentie perdue mais vite rattrapée par les éléments si effroyables de ce livre. Il m'a happé et livré cette triste vérité qui ne devrait exister dans notre société. Nous sommes tous égaux. La couleur de peau ne définit pas qui nous sommes. Nous sommes toutes et tous libres de vivre, de respirer et de ne connaître aucune peur.

La beauté de ce roman est l'idée qui faut écrire pour affronter la réalité.

Quoi de mieux que cette phrase pour vous résumer ce livre : « Quel livre d'enfer, brillant et dérangeant ! ».

J'espère vous avoir donner la curiosité de le découvrir.

Belle soirée
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Confuse. C'était mon sentiment pendant que je lisais : Réel ou fiction ? Cette question m'a perturbée pendant toute ma lecture. Mais attention ! C'était plutôt agréable.

C'est un livre particulier, avec une histoire particulière, qui nous met dans une position et nous donne un sentiment particuliers.

La lecture de cette ouvrage de Jason Mott est une véritable expérience, un peu bouleversante certes, mais qui colle plutôt bien au sujet traité.
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J'ai été attirée par le rouge de la couverture, et bien évidemment l'inscription "National Book Award, qui généralement témoigne d'une belle histoire. Et ça n'a pas raté !
Je suis depuis toujours très intéressée par l'histoire de la population afro-américaine, alors bien évidemment j'ai adoré ce livre. le racisme, l'oppression des personnes de couleur sont au coeur de cette histoire, à laquelle est ajoutée une point de deuil, de rapport à soi et aux autres.
L'auteur et le personnage principal du roman est frappé par une maladie qui l'empêche de discerner ce qui réel ou de l'ordre de son imagination parmi les éléments qui l'entourent. Je dois avouer que ce roman me rappelle énormément les oeuvres d'Henry James et de Toni Morisson.
Bien qui l'histoire traite de sujets très lourds, la plume est très légère et remplie d'humour, ce qui rend la lecture agréable. Je vous recommande grandement ce roman que j'ai adoré !
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