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EAN : 9782290379738
448 pages
J'ai lu (06/09/2023)
3.72/5   52 notes
Résumé :
Au cours d'une tournée promotionnelle pour son dernier roman, un écrivain noir américain fait la connaissance d'un enfant à la peau si sombre qu'on le surnomme Charbon. D'abord rencontré dans la salle à manger d'un grand hôtel, le gamin d'une dizaine d'années réapparaît à chaque étape de la tournée et raconte sa vie, ses parents et leur idée folle : le pousser à devenir invisible pour ne pas avoir à subir le destin que sa couleur de peau lui réserve.

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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Sacré roman ! A la fois ludique et intimiste, profond et inventif ... tellement surprenant que j'ai mis un peu de temps, désorientée, à y entrer vraiment, ne comprenant pas vraiment à quoi j'avais à faire ni à qui ... mais une fois bien ferrée, j'ai goûté ce festin aux notes surréalistes qui sait dire le monde.

Cela commence comme un récit simple et classique en mode vaudevillesque. Un écrivain à succès est en tournée promotionnelle à travers les Etats-Unis. Il sprinte nu dans les couloirs de son hôtel, pourchassé par le mari qui vient de le surprendre avec son épouse, conquête d'un soir. On rit et on continue à beaucoup rire lors de ses pérégrinations dans le pays flanqué d'une attachée presse caricaturalement new-yorkaise. L'humour est féroce et dézingue tout le barnum marketing à l'oeuvre pour vendre des livres. L'écrivain, en tant qu'Afro-américain, est quasi harcelé par des injonctions à avoir un point de vue sur les événements du moment, à savoir le meurtre d'un enfant noir tué par un policier blanc, alors que son roman semble complètement déraciné de cette question raciale. En fait, l'auteur ose quelque chose de fou : aborder la question du racisme par l'humour et la farce.

Dans cette ouverture tambour battant, quelques dissonances apparaissent. L'écrivain avoue qu'il aurait une maladie qui lui ferait confondre rêves et réalité au point de perdre complètement le Nord. Surtout, il y a des apparitions qui prennent la forme d'un ami imaginaire, un gamin noir.

L'étrangeté du récit croit à mesure qu'il avance, d'autant plus que se rajoute un autre personnage. Enchâssés dans le récit principal centré sur l'écrivain, des chapitres nous content l'histoire de Charbon, une enfant de Caroline du Nord ainsi surnommé à cause de sa couleur de peau d'un noir plus que profond. Il est harcelé, se replie sur lui-même en se réfugiant dans son imaginaire. Il veut ( et peut ? ) devenir invisible pour se sentir en sécurité dans ce monde de Blancs.

Les histoires de ces différentes personnages, l'écrivain, Gamin et Charbon, se construisent progressivement, convergent pour finir par brillamment fusionner. Il y a bien quelques sections un peu bavardes qui perdent un peu, mais la frénésie narrative de l'auteur est terriblement stimulante, surprenant le lecteur et finissant par le toucher profondément. C'est incroyable comme Jason Mott réinitialise les paramètres normaux de narration en créant un véritable tour de passe-passe méta-fictionnel.

L'Enfant qui voulait disparaître est une ingénieuse méditation sur le fait d'être noir aux Etats-Unis, explorant avec subtilité les thèmes rebattus de la violence raciste. Derrière le rire et les touches magiques, le roman est hanté par la mort, le chagrin et le deuil. Ce récit mortellement drôle et sérieux dressent un bouleversant bilan psychique du traumatisme racial en un portrait troublant de l'Amérique.

Lu dans le cadre de la Masse critique Fiction janvier 2022
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Les personnages de Jason Mott confondent la réalité et la fiction, sur le fil entre l'imaginaire et le monde. Cela permet au lauréat du National Book Award 2021 d'étoiler son roman de poésie, mais surtout de mêler habilement humour féroce, histoire poignante, réflexion sur la "négritude" et la condition d'écrivain, achevant de nous cueillir par son final inattendu et grandiose (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/01/13/lenfant-qui-voulait-disparaitre-jason-mott/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Quel roman étrange et envoûtant ! Je l'ai refermé sans être tout à fait certaine de l'avoir parfaitement compris, même si je crois que oui malgré tout : il faut dire que j'ai eu, dès le départ, quelques difficultés à entrer dans l'histoire et notamment à adhérer aux passages mettant en avant le personnage de l'écrivain. Je les ai trouvés parfois peu clairs et souvent absurdes, ce ton caustique est cependant celui qu'a choisi l'auteur. J'ai davantage apprécié les passages consacrés au jeune garçon à la peau exceptionnellement sombre, cet enfant surnommé « Charbon » qui, grâce à l'enseignement de ses parents, semble avoir acquis la capacité à devenir invisible. Un jour, les deux personnages se rencontrent. Est-ce réel ? L'enfant est-il au contraire le fruit de l'imagination de l'écrivain ? le lecteur est perdu et en même temps constamment recentré sur ce qui est au coeur du roman – la dénonciation du racisme – jusqu'à ce que le propos devienne plus clair et plus captivant. C'est vraiment une sensation très curieuse quand on lit un roman d'alterner entre ennui, incompréhension, curiosité et admiration… L'important étant bien entendu ce qu'il reste après la lecture : ici, des passages qui sont, en termes de style et de propos, de véritables petits bijoux. Et c'est sans doute la force de L'Enfant qui voulait disparaître : sous des apparences de légèreté loufoque et en s'amusant à brouiller les pistes, l'auteur livre une réflexion actuelle et essentielle de manière tendre et poétique.
Un grand merci à Babelio et aux éditions Autrement pour cette découverte !

Lien : http://aperto-libro.over-blo..
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Entre grimace jubilatoire et pied de nez caustique, Jason Mott compose un récit quasi picaresque sur le racisme aux Etats-Unis et trouve cette voix qui lui permet de se positionner parmi les grands écrivains qui ont combattu le racisme aux Etats-Unis.
« Dans le Sud des États-Unis où j'ai grandi, souligne Mott, les questions raciales étaient très importantes. J'ai porté sur mon dos tout le poids de mon identité de mâle noir. J'ai été marqué pour la vie par cette expérience. Mais lorsque je travaillais sur mes premiers romans, j'avais l'impression que ce que je voulais dire sur la question raciale, avait déjà été dit par des grands écrivains ou par des personnalités qui avaient l'habitude de prendre la parole au nom de ma communauté. Ce qui m'intéressait à l'époque, c'était d'écrire des romans qui soient en harmonie avec mes préoccupations purement littéraires. »
Au cours d'aventures des plus extravagantes, notre héros se retrouve confronté à des épisodes multiples, prétextes à la satire d'une société où les classes dominantes blanches et les médias se font ridiculiser.
Un premier niveau narratif s'exprime par la voix du narrateur anonyme, écrivain auto-fictionné en tournée promotionnelle pour un « livre d'enfer » au titre homonyme à celui que le lecteur tient en main. Ce narrateur à bout de souffle, souffre d'une «étrange dissociation qui l'empêche de discerner le rêve de la réalité.
Au cours de ses déambulations fantasques et de ses rencontres hallucinées, il croise le fantôme d'un jeune garçon noir, assassiné par la police qui incarne toutes les victimes innocentes de la violence policière. Ce gamin lui fait prendre conscience de son effacement du monde. Plongé dans une insoluble contradiction, l'écrivain cherche à la fois à être vu, comme auteur à succès qui enchaîne les shows télévisés, tout en étant invisible en tant qu'homme noir.
L'histoire de Charbon prend alors tout son sens. Entraîné à l'invisibilité par ses parents soucieux de le protéger, l'enfant invente des histoires qui lui permettent d'exister. Mais pour rester à l'abri et rejeter la souffrance du deuil, il est contraint de fermer les yeux sur un passé terriblement injuste et violent. L'enfant-écrivain recule devant cette histoire « trop immense à raconter ».
Mais les événements le rattrapent et le forcent à prêter sa voix aux opprimés.
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Parce que les sujets développés dans ce roman m'intéressent beaucoup et que j'ai parcouru beaucoup de critiques faisant l'éloge de ce dernier, je pense avoir nourri de grandes attentes avant de débuter ma lecture.

L'ouvrage se lit très vite, mais j'ai tout de même senti que je m'y ennuyais par moments, certainement à cause d'une plume que j'ai trouvé trop concise, typiquement américaine en fait, d'une simplicité qui ne m'a malheureusement pas convaincu. Ce n'était pas de la virtuosité que je cherchais, mais j'aurais aimé ressentir une altérité, une singularité dans l'écriture, quelque chose de neuf. de même, j'aurais aimé trouver une perspective qui creuse plus en profondeur les rouages du racisme aux Etats-Unis, mais l'exploration de la psychologie des personnages reste intéressante.

Les protagonistes sont touchants, leur peine est palpable et leur peur se ressent, mais j'ai eu la sensation, que le roman se rangeait du côté de la doxa commune, sans vraiment aller plus loin… Si les événements narrés sont révoltants, que la terreur induite par les meurtres de personnes Noires par la police est ressentie, comprise et qu'un système dans sa globalité est responsable, j'ai trouvé le roman très lisse et édulcoré, très grand public en somme. Peut-être que ce roman pourra sensibiliser des lecteurs contre le racisme et les violences policières. Néanmoins, il est déjà de notoriété publique que ces injustices ont lieu depuis trop longtemps et j'imagine que des personnes qui seraient portées vers ce livre ne l'ignorent pas.

Toutefois, j'ai trouvé des passages intéressants, par rapport à la liberté que devrait avoir un écrivain racisé d'écrire ou non sur sa condition sociale, sur la construction du personnage médiatique du primo-romancier et j'ai apprécié les derniers passages, où l'écrivain est face à ses troubles, ses hallucinations ont enfin fait sens pour moi. En effet, je trouvais initialement que l'idée était intéressante, mais je pense qu'elles auraient mérité d'être exploitées plus en profondeur. Les apparitions de l'attachant Gamin étaient pour moi redondantes, en se résumant grossièrement à :
" - Je sais que tu n'es que le fruit de mon imagination.
- J'existe pour de vrai ! Seuls les autres ne peuvent pas me voir ! "

J'ai peut-être du mal avec la littérature américaine, ses phrases courtes et son lot de banalités. Particulièrement dans les passages où le personnage principal s'essaye au badinage amoureux, à la séduction ou reste simplement méditatif, amenant à un lot de réflexion dont je n'ai pas perçu la profondeur. J'ai eu du mal à ne pas trouver ça superficiel, commun, dispensable et typiquement américain, tant les productions grand public ont le don de déployer une philosophie et des questionnements existentiels plats. En ce qui me concerne, ça a bien peu de charme.
Ma critique ne se veut pas exhaustive ou accablante pour ce roman aux sujets durs et sensibles, cependant assez lisse pour être une distraction grand public. Ceci dit, j'ai du mal à ne pas percevoir de contradictions dans cette dernière énonciation, ou à ne pas me figurer les visées commerciales qui mènent à ce lissage.
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critiques presse (2)
LeJournaldeQuebec
12 avril 2022
Ce qu’on a beaucoup apprécié, c’est la généreuse part d’humour qu’il y a dans ce roman. [...] Et puis, raconté en parallèle, il y a le touchant parcours de Charbon, un enfant originaire de la Caroline qui a trop souvent été victime de harcèlement et d’intimidation en raison de sa couleur de peau.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeMonde
17 janvier 2022
Un auteur à succès croise un garçon fantôme. Etonnant roman de Jason Mott sur le racisme enduré par les Afro-Américains aux Etats-Unis.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Il essaie de trouver les mots pour lui dire : "Ce gamin est le premier d'une longue liste de gamins abattus que tu vas croiser durant ta vie. Ils vont s'accumuler, chaque semaine. Tu vas tenter de te souvenir d'eux, mais à un moment, tu n'auras plus la place pour ça, et ils sortiront de ta mémoire, abandonnés. Et puis un jour, tu auras grandi, et tu comprendras que tu as oublié son nom - le nom du premier gamin noir que tu t'étais promis de ne jamais oublier -, et tu te détesteras. Tu détesteras ta mémoire. Tu détesteras le monde. Tu détesteras ton impuissance à stopper ce flux des cadavres qui se sont accumulés dans ta tête. Tu essaieras de faire quelque chose, et tu n'y arriveras pas, et tu seras submergé par la haine. Tu t'en voudras de n'avoir rien réussi à changer, et tu seras submergé par la tristesse. Et tu recommenceras, encore et encore, pendant des années et, un jour, tu auras un fils et tu le verras prendre le même le même chemin que toi des années auparavant, et tu voudras lui dire quelque chose d'utile, quelque chose pour qu'il ne s'engage pas sur ce même chemin... et tu ne sauras pas quoi lui dire."
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Quelque part, un jeune Noir marche seul dans une rue la nuit. Peut-être est-ce une route de campagne. Peut-être est-ce sous la lueur aveuglante du lampadaire d’une grande ville animée. Peut-être est-ce dans une banlieue où la majeure partie des gens ne lui ressemblent pas, et où on le lui a rappelé toute sa vie.
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Après la mort de son père, la petite maison où vivent Charbon et sa mère devient plus grande que jamais. Et ce sont ces espaces vides qui n’avaient jamais existé auparavant qui ont le don de submerger de tristesse la mère de Charbon. Chaque centimètre de la maison incarne un endroit où son mari a vécu. Chaque chaise attend son ombre. Chaque pièce veut être habitée par son rire. Les corniches du toit de la maison feulent la nuit quand le vent du sud se met à souffler, pleurant sa disparition. Et au beau milieu de tout ça, la mère de Charbon s’assure que ses bras sont toujours autour de son fils, qui remplit cet espace.
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L’enfant a dix ans désormais. Cinq de plus que lorsque ses parents lui avaient fait croire qu’il pouvait devenir invisible. Et durant les trois années qui ont suivi, il a appris que rien de tout cela n’était vrai. Et le mensonge de ses parents n’était jamais si flagrant que lorsqu’il prenait le bus pour aller à l’école chaque matin.
Il déteste ce trajet plus que tout au monde. C’est de là qu’il a hérité du surnom de « Charbon ».
Charbon. Sept petites lettres accrochées autour de son cou telle une lourde pierre. Tous les jours, alors qu’il observe le bus scolaire arriver cahin-caha sur le chemin de terre, il danse et répète un mantra en boucle : « Fais qu’ils ne te voient pas. Fais qu’ils ne te voient pas. » Même s’il sait que tout le discours de l’Invisible est faux, il est encore assez jeune pour vouloir croire que c’est vrai.
Chaque matin, il tente d’être Invisible.
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C’était ça, la Peur. C’était ça toutes les peurs que connaissaient les gens d’une certaine couleur de peau qui vivaient à certains endroits. Mais ce n’était pas juste la peur, c’était aussi la vérité. Une vérité qui s’avérait réelle encore et toujours, de génération en génération. Une vérité qu’on se passait dans les contes et les témoignages, de bouche à oreille. Certains corps n’appartiennent pas à ceux qui les habitent. Ne leur ont jamais appartenu, ne leur appartiendront jamais. Une vérité incontournable, horrible, increvable. Celle qui habite des millions de corps qui ne sont pas en sécurité. La Peur.
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Vidéo de Jason Mott
À l'occasion du Festival "America" 2022, Jason Mott vous présente son ouvrage "L'enfant qui voulait disparaître" aux éditions Autrement.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2591903/jason-mott-l-enfant-qui-voulait-disparaitre-ou-les-aventures-absolument-veritables-d-un-gamin-qui-fonce-la-tete-la-premiere-ne-et-eleve-en-amerique-la-tete-emplie-de-reves-et-a-la-vie-pleine-de-des
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