AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9781616552350
128 pages
Dark Horse (10/12/2013)
4/5   1 notes
Résumé :
When Dean Motter introduced Mister X in 1983, he changed the perception of what comics could be. Now, the world's favorite man of mystery is back in a thrilling new adventure! The psychetecture upon which Radiant City was built is driving its residents insane, and only Mister X can help! If that wasn't enough, a government coup has thrust Radiant City into turmoil, initiating a countdown that could embroil everyone Mister X holds dear in a deadly new conflict!
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome regroupe plusieurs histoires parues indépendamment : les épisodes 1 à 3 de la minisérie "Eviction", les épisodes parus dans "MySpace Dark Horse Presents online" 26 & 27, et les épisodes parus dans " Dark Horse Presents" 12 à 14, pour au final une centaine de pages de bandes dessinées, en couleurs. Dean Motter a tout fait : scénario, dessins, encrage, mise en couleurs et le lettrage.

The vanishing breed - À Radiant City, HG Welles (le préfet de police) essaye de se dépêtrer de ses affaires. Mercedes (l'une des rares amies de Mister X) est arrêtée par les forces de l'ordre pour un motif inconnu. Mister X va demander l'aide de Katsuda (une femme de loi). Ils sont tous les 2 arrêtés par la police et emmenés en détention.

Hard candy - Mister X est engagé par Madame Friedkin pour retrouver sa fille Tootsie qui a été enlevée. Les kidnappeurs exigent que l'entreprise pharmaceutique de Friedkin recommence à produire une drogue appelée "brain candy". Ils envoient le nez de la jeune fille dans une boîte de chocolat pour prouver qu'ils ne plaisantent pas.

Eviction - 2 factions essayent d'extorquer les plans de reconstruction de la cité à Mister X. L'une d'entre elles détient Mercedes. Mister X fait appel à la journaliste Rosetta Stone pour essayer de sauver son amie.

Première bonne surprise : il est possible de lire cette histoire sans rien connaître de Mister X ou de Radiant City. L'introduction en 1 page de Brian Michael Bendis oriente le lecteur vers la spécificité de l'histoire : la forte personnalité de la ville où se déroulent ces histoires. La postface en 1 page de Dean Motter insiste sur le fait que cette bande dessinée est l'occasion pour lui d'appliquer de manière ludique ses études d'architecture et de beaux arts. L'historique des histoires consacrées à Mister X est assez déconcertant. Tout a commencé en 1983 par une série de posters promotionnels très alléchant réalisés par Paul Rivoche, à partir de concepts de Dean Motter. 1 an plus tard, l'éditeur Vortex Comics publie le premier épisode de la première série, réalisé par Gilbert, Jaime et Mario Hernandez (toujours à partir du concept initial de Dean Motter, mais sans sa participation active, il ne reprendra la tête de cette première série qu'à partir de l'épisode 5 en tant que scénariste). Cette première série comptera 14 épisodes réédités dans Mister X Archives. La deuxième série a bénéficié d'une réédition dans The brides of Mister X, and other stories. En 2008, Dean Motter a réalisé une nouvelle histoire : Condemned. Dean Motter a également écrit les scénarios de Terminal City, Electropolis, ou encore Shattered visage (une coda à la série "Le Prisonnier" de Patrick McGoohan), Heart of the Beast, Batman - Nine lives.

Découvrir pour la première fois une histoire de Mister X est une aventure déconcertante qui induit une forme de désorientation narrative. En lui-même, Mister X est un individu énigmatique chauve, portant des lunettes de soleil rondes en toute occasion, sans réelle personnalité, prétendant être l'un des architectes de Radiant City (la narration insiste à plusieurs reprises sur les doutes quant à sa fonction réelle). À plusieurs reprises, il apparaît surtout comme un expédient narratif bien pratique. Il remplit différentes fonctions (détective privé, ou architecte ayant pour objectif de guérir la cité, ou activiste recherché par les forces de l'ordre). Encore plus "deus ex machina", Mister X est censé avoir truffé la ville de passages secrets qui lui permettent d'apparaître au moment opportun dans les endroits les plus inattendus et les plus inaccessibles. Dean Motter ne cherche pas à prétendre que Mister X est plausible, il insère même une réflexion du personnage sur des pinces coupantes qu'il avait sur lui, indiquant que Mister X s'était aperçu quelques pages avant qu'elles étaient très utiles. Par cet aparté prononcé à voix haute, Mister X indique au lecteur qu'il a conscience d'être dans un récit. S'il ne s'agit que d'un moment fugace, Motter relativise en une réplique le premier degré de son récit. En y prêtant plus attention, le lecteur décèle de ci de là d'autres signes de métacommentaires, tels les titres intégrés dans les décors (à la manière de Will Eisner dans "The spirit"), le nom de la journaliste (Rosetta Stone = la pierre de Rosette), ou encore un rêve dessiné à la manière de Windsor McCay dans Little Nemo in Slumberland.

Et pourtant les récits en eux-mêmes baignent dans une atmosphère de polar urbain, avec des intrigues basées sur des enlèvements, un trafic de drogue, un technicien ayant piraté le système de régulation de la circulation de la ville, des individus désabusés cherchant un réconfort dans l'alcool ou les drogues. le lecteur perçoit au travers de ses intrigues une solide connaissance des codes des polars, ainsi qu'une utilisation habile des conventions intrinsèques à ce genre. Mais alors que le lecteur s'installe dans le genre du polar, un gros élément de science-fiction fait irruption dans ce registre clairement identifié, qu'il s'agisse de voitures volantes, ou de gros robots de démolition de la taille d'un immeuble. Décidément, Dean Motter fait tout pour empêcher le lecteur de se retrouver dans une zone de confort, d'autant que ces éléments futuriste portent la marque d'un esthétisme des années 1950, une science-fiction d'un âge révolu.

Sur la base de solides intrigues, Dean Motter emmène le lecteur dans un monde déconcertant offrant une variété plus grande que ce que le principe de base ne laissait supposer. le lecteur croisera même une sorte de momie de sexe féminin s'appelant Anubis Mahoney et carburant à un produit pharmaceutique appelé Zombicyllin. Pour des raisons inconnues, le format de ce recueil est d'environ 2/3 du format comics traditionnel. En tant que dessinateur, Dean Motter utilise un style de type réalisme simplifié, un peu arrondi avec une vraie volonté de faire plaisir à l'oeil, mais sans tomber dans des rondeurs systématiques. Toutefois en prêtant attention aux cases, le lecteur détectera des variations dans les modes de représentation. Il y a bien sûr la page rendant hommage à Little Nemo qui est dessinée à la manière de Windsor McCay. Il y a le soin particulier apporté aux façades d'immeubles, et aux paysages urbains en général. Il ya également l'utilisation de la couleur pour rendre compte des veines du marbre. Il y a certaines cases qui tirent vers l'abstraction telle l'étrange silhouette de Mister X à moitié dématérialisée page 21. Il y a la silhouette d'Anubis Mahoney emmaillotée de bandelettes mal ajustées, dévoilant un décolleté généreux, à nouveau une sorte de parodie de momie couplée avec une belle pépée. Il y a ces énormes robots démolisseurs tellement simplistes dans leurs formes qu'ils en deviennent presque des jouets géants. Il y a également un usage sophistiqué de couleurs passant de camaïeux complexes pour l'ambiance d'une séquence, à des fonds monochromes et vifs pour intensifier une émotion.

Dean Motter se montre déraisonnablement ambitieux, réussissant chaque scène de manière admirable, passant d'un genre à un autre sans nuire à l'ambiance de la scène concernée avec habilité. Tout aussi épatant, il réussit à faire de la cité un personnage tangible, avec une personnalité complexe. Il ne se contente pas de poser au hasard 3 bâtiments à l'architecture remarquable ; de part leurs remarques les personnages font ressentir au lecteur l'importance de l'architecture et de l'urbanisme, leur impact sur leur vie quotidienne et sur leur état d'esprit. D'un côté, il s'agit d'une performance exceptionnelle (proche du niveau de celle de François Schuiten et Benoît Peeters avec Les cités obscures). de l'autre côté, la succession de changement de registres narratifs finit par produire un effet de dédramatisation, en pointant avec insistance les ficelles de l'intrigue.
Commenter  J’apprécie          40


autres livres classés : drogueVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (2) Voir plus




{* *}