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sur 851 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  

°°° Rentrée littéraire 2022 #4 °°°

Lorsqu'on referme ce premier roman, on ne peut qu'être estomaqué par l'incroyable maturité littéraire, émotionnelle et romanesque dont fait montre Leila Mottley, dix-neuf ans seulement ( dans les notes finales, elle dit même l'avoir démarré à dix-sept ans ! ). C'est d'autant plus remarquable qu'elle ne se complait pas dans un récit autofictionnel déguisé mais propose une fiction dont la matrice est inspirée d'un scandale qui a secoué la ville d'Oakland en 2015 : la lettre de suicide d'un policier a lancé une enquête impliquant plusieurs services de police corrompues, accusées d'exploitation sexuelle d'une prostituée mineure. A partir de ces grandes lignes, l'auteure imagine la vie d'une jeune afro-américaine de dix-sept ans, Kiara Johnson, emportée dans une spirale descendante dès qu'elle commence à se prostituer.

Kiara rejoint mon panthéon des héroïnes anglo-saxonnes inoubliables : Duchess ( de Chris Whitaker ), Turtle ( My favorite darling, Gabriel Tallent ), Tracy ( Sauvage, Jamey Bradbury ) et Lady Chevy ( de John Woods ). Leila Mottley développe un exceptionnel degré d'empathie auquel adhère immédiatement le lecteur, et pas seulement parce que la vie de Kiara est précocement brisée : père décédé juste après son retour de prison, mère oscillant entre prison, dépression et centre de réhabilitation sociale, frère aîné refusant de travailler pour tenter de percer dans le rap malgré une absence de talent évidente ; misère la poussant à arrêter le lycée pour accumuler les petits boulots ; avis d'expulsion en cours. Et puis la prostitution qui lui semble être un choix économique rationnel pour payer ses factures avant qu'elle ne se retrouve totalement piégée. Nous la regardons, impuissants face aux décisions qu'elle prend et qui la conduisent dans les rues sombres de la ville.

Pourtant, Arpenter la nuit ne raconte pas l'histoire d'une jeune fille qui s'effondre. Kiara est un être résolu avant d'être en chute. L'auteure donne un accès direct à cet esprit, ce corps, ce coeur qui gère le chaos intérieur et extérieur avec une candeur flamboyante, porte d'entrée rare à la méditation des impuissants. Jamais elle ne dérive du point de vue de Kiara. L'abandon lyrique de l'écriture sait aussi bien dire la violence que la beauté brute, offrant à Kiara une voix impossible à quitter, de nombreux passages sont éblouissants et résonnent très fort tant elle parvient à insuffler de la poésie dans la laideur du monde de Kiara ( bravo à la finesse de la traduction de Pauline Loquin ) :

« Il creuse ma chair et c'est exactement comme on m'avait dit que ce serait, et je suis tellement triste que ça ait l'air si normal. C'est juste une nuit comme les autres, pas vrai ? Il y a énormément de façon de marcher dans la rue et moi je suis juste une fille recouverte de chair. »

« Le plus souvent, je me dis que je ne crois en rien, sauf que la façon dont la nuit met des couleurs sur tout me donne envie de croire. Pas à l'au-delà, ni au paradis, ni à aucune de ces conneries. Ça, c'est juste des trucs qui nous font sentir mieux par rapport à la mort et moi je n'ai aucune raison de craindre la mort. Je crois simplement que les étoiles pourraient s'aligner et atteindre un autre monde. Pas la peine que ce soit un monde meilleur parce que ça, ça n'existe sûrement pas. Je pense que c'est autre chose, un quelque part où les gens marchent un peu différemment. Si ça se trouve, ils parlent par vibrations. Ou alors ils ont tous le même visage, ou pas de visage du tout. Quand j'ai le temps de fixer le ciel, j'imagine avoir assez de chance pour apercevoir ce quelque chose. Mais je finis toujours par être ramenée sur cette planète. »

Ces passages de catharsis émotionnelle ravagent le lecteur autant que les scènes traumatisantes d'une noirceur extrême, sans pour autant désespérer totalement. Malgré tout ce qu'elle subit, Kiara est encore capable d'aimer et d'apprécier les petits bonheurs de la vie. Ainsi sa relation avec son petit voisin de neuf ans, abandonné par sa mère toxicomane au crack, illumine tout le roman, son instinct maternel inébranlable constituant une bouée. Dans ce monde brutal gangréné par le racisme et le sexe tarifé, où les jeunes femmes noires pauvres sont particulièrement vulnérables et invisibilisées, Leila Mottley révèle à quel point l'amour se trouve dans les liens profonds d'une famille choisie.

Mes seules petites réserves concernent la longueur du roman, il aurait pu être un tout petit peu plus resserré pour éviter quelques répétitions sans perdre pour autant ni en densité ni en intensité. La romance débutante avec son amie Alé est par exemple sous-développée et n'apporte rien de plus au récit. Ce qui est sûr, c'est qu'une formidable écrivaine est définitivement née et que ce roman puissant et déchirant va laisser une empreinte éclatante dans le coeur de nombreux lecteurs.
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Un roman coup de point, qui nous renvoie dans la réalité de la vie, nous sommes loin de la part de fiction de cette histoire, c'est un roman d'une noirceur extrême, l'auteure avec une grande dextérité nous dépeint la dureté de la vie, le quotidien d'une vie avec son lot de malheur, un univers nauséabond. L'auteure entraîne ses lecteurs ,dans ce monde où la misère est l'élément précurseur, C'est l'histoire de Kiara, jeune fille de 17 ans , qui n'est pas née avec une cuillère en argent, mais dans un milieu loin de la normalité , elle subit la mort de son père, une mère emprisonnée,et un frère qui vie dans ses rêves, devenir un star reconnue. Là voila seule avec Marcus, comment faire face à cette grande précarité, sur le point d'être expulsé, Son frère ne semble pas remarquer ce désastre,
Kiara , trouve le moyen , peu respectable, mais qui peut ouvrir une porte de sortie dans son malheur, elle décide de vendre son corps , Elle subit violence, manipulation, tous les aléas de la vie nocturne. Elle se lie d'amitié de Trévor, âgé de 9 ans, qui est livré à lui même, sa mère le laisse seul, et à d'autres priorités dans la vie, Il devient le rayon de soleil, une source de bonheur pour la jeune fille
Elle se voit devenir la marionnette, des forces de l'ordre, qui abusent d'elles , elle n'a pas le choix et doit accepter, aucun moyen pour elle de se sortir de ce carcan,Rien ne lui est épargnée. Nous assistons à sa descente dans les méandres de la folie, de la destruction physique et psychologique.
Une jeune femme noire, âgée de 17 ans , prostituée, tout pour l'enfoncer, tout pour l'humilier, une rage de ma part, des hommes sans état d'âmes qui sortiront blanchis, suite à un procès.
L'auteure décrit en profondeur la psychologie de Kiara, un personnage attachant, dégageant de l'empathie, une envie de rallumer la flamme qui s'est éteinte,, la reconduisant dans cet univers anxiogène, glauque, oppressant , angoissant,Un histoire qui m'a chamboulée, Un roman qui peut-être une ode à la vie à l'amour, un espoir que nous gardons au plus profond de notre âme, L'auteure nous a attiré dans son monde du début jusqu'au final, une fin imprévue, et qui m'a pris aux tripes,
Un premier roman, magistrale.
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C'est en compagnie de Kiara Johnson, une jeune afro-américaine de dix-sept ans, que le lecteur va arpenter la nuit, même en plein jour, dans les rues d'East Oakland en Californie. Depuis le décès de son père et l'emprisonnement de sa mère, elle vit seule avec son frère Marcus dans un quartier déshérité avec vue sur une piscine ou flottent des merdes de chien. Comme son grand frère passe ses journées à rapper en studio dans l'espoir de devenir aussi célèbre que leur oncle Ty, c'est elle qui se démène pour payer le loyer de leur appartement. L'augmentation de ce dernier combiné aux nombreux refus d'embauches vont pousser l'adolescente vers l'argent facile… le début d'une longue descente aux enfers, surtout lorsque les flics s'en mêlent !

S'inspirant d'un fait divers réel qui a secoué la ville d'Oakland en 2015, Leila Mottley dénonce l'exploitation sexuelle de jeunes femmes noires par des représentants des forces de l'ordre. En se glissant dans la peau d'une jeune fille de son âge, l'autrice développe un niveau d'empathie immense envers cette héroïne qui ne laissera personne indifférent. Partageant l'impuissance de cette gamine face à l'engrenage qui vient détruire son innocence, le lecteur se prend claque sur claque et ressort totalement KO de cette lecture absolument bouleversante.

En dressant le portrait d'une ville où il ne vaut mieux pas être noir et pauvre, tout en abordant des thématiques d'une noirceur extrême, tels que la prostitution juvénile, le racisme, la corruption, la pauvreté, les communautés opprimées et la condition des jeunes filles noires, Leila Mottley livre certes un premier roman particulièrement sombre, mais également assez lumineux grâce à la force extraordinaire de cette héroïne encore capable d'embrasser tous les petits bonheurs de la vie. Kiara a beau progressivement se noyer dans cette piscine remplie de merdes de chiens, qui sert admirablement de métaphore à la vie et au désespoir dans lesquels elle baigne, elle trouve néanmoins la volonté et le courage de s'accrocher à une bouée de sauvetage nommée Trevor. Ce petit voisin de neuf ans, délaissé par une mère toxicomane, lui offre une raison d'exister et illumine les pages de ce récit. Un peu de tendresse dans ce monde débordant d'injustice !

Oeuvre engagée, abordant des thématiques sombres avec grand brio, « Arpenter la nuit » prend aux tripes tout en livrant des moments de beauté particulièrement émouvants. Ayant entamé l'écriture de ce premier roman à seulement 17 ans, Leila Mottley fait cependant preuve d'une maturité incroyable, tout en proposant une écriture poétique sublime. Je suis fan !

Mon premier gros coup de coeur de cette rentrée littéraire !
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Depuis la mort de leur père et l'internement de leur mère, Kiara, dix-sept ans, et son frère aîné Marcus vivent d'expédients, seuls dans leur appartement miteux d'un quartier noir défavorisé d'East Oakland, sur la côte californienne. Pendant que Marcus, caressant le doux rêve de percer dans le rap, s'échine avec quelques comparses sur un projet d'album qui ne verra jamais le jour, la jeune fille cherche désespérément le moyen de payer leur loyer et d'éviter l'expulsion. Faute de trouver le moindre emploi, elle finit par se résoudre à arpenter la nuit et ses trottoirs, et se retrouve rapidement sous la coupe de policiers véreux qui l'exploitent sexuellement en échange d'une vague protection. de passes furtives en soirées gang bang, sa descente aux enfers la mène droit au coeur de la tourmente médiatique et judiciaire qui se déchaîne lorsque le scandale éclate.


Inspiré de faits réels survenus à Oakland en 2015, le récit se nourrit de la proximité de l'auteur avec son personnage, une fille noire du même âge et de la même ville en qui elle se projette avec une profondeur de ressenti et un réalisme impressionnants - lui prêtant beaucoup d'elle-même et jusqu'à une compagne calquée sur la sienne propre -, pour nous plonger dans une narration puissante, intelligente, sublimée par le naturel sobre et direct et par la poésie d'une plume si parfaitement mature et maîtrisée que l'on s'ébahit de ses même pas vingt ans et d'un talent déjà si éclatant.


Sans colère ni amertume, mais avec une lucidité désabusée qui en dit long sur la désespérance afro-américaine dans ces quartiers où la vie semble sans issue, Leila Mottley prête une voix et un visage à toutes ces femmes noires, en butte à des violences sexuelles en plus des persécutions policières habituelles, et qui, oubliées des mouvements comme Black Lives Matter – nés pour la défense de victimes jusqu'ici masculines -, demeurent désespérément invisibles. Loin de la représentation diabolisante et réductrice entretenue par les médias, son meilleur argument est l'empathie qu'elle suscite pour une poignée de personnages très jeunes et attachants, dont la profonde détresse ne vient jamais assombrir la lumineuse tendresse, pour un frère, pour un enfant, pour une amante.


Si, avec ce premier roman confondant de maturité, Leila Mottley n'a pas remporté le prestigieux Booker Prize dont elle était la plus jeune sélectionnée depuis que ce prix littéraire existe, gageons que ce n'est que partie remise et que cette magnifique nouvelle plume fera encore parler d'elle. Coup de coeur.

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Kiara, presque 18 ans, et son frère, Marcus, de 3 ans son aîné, vivotent et se démènent comme ils peuvent depuis le décès de leur père et le placement en maison de redressement de leur mère. Depuis le succès d'Oncle Ty, Marcus ne rêve que d'une chose : sortir un disque de rap. Aussi a-t-il abandonné son ancien job et passe son temps dans le studio d'enregistrement de fortune de son meilleur ami, Cole. Kiara, elle, a abandonné les études et essaie de trouver des petits boulots, tout juste de quoi pouvoir manger et payer le loyer qui, malheureusement, va augmenter. Heureusement que sa meilleure amie, Alé, est là pour la soutenir et que les rires de Trevor, un petit voisin âgé de 9 ans, dont elle s'occupe parfois, sa mère étant bien trop occupée à se droguer, sont là pour égayer ses journées. Par un malencontreux hasard, alors qu'elle a passé une partie de la soirée dans un bar de striptease, un homme la prend pour une fille facile, l'entraine sur un toit, fait sa petite affaire et lui file deux billets. L'idée germe alors dans sa tête : vendre son corps...

À partir de sombres affaires qui ont défrayé la chronique, à partir de 2015 et suite au suicide de l'un d'eux, accusant certains membres de la police d'Oakland et plusieurs services de police de la baie de San Francisco soupçonnés d'exploitation sexuelle sur une jeune femme, Leila Mottley donne la parole, à travers le personnage de Kiara, à toutes celles, victimes de violence de la part de la police, qui n'ont pas eu/pu la possibilité de s'exprimer. Dès lors, l'auteure s'imagine ce que peut être la vie de ces jeunes filles. Par manque d'argent, délaissée par sa mère, Kiara voit en la prostitution un moyen facile et rapide d'en gagner. Un moyen qu'elle croyait sans nul doute indolore jusqu'à ce qu'elle tombe sur ces policiers corrompus, abusant de leur pouvoir. de sa plume riche, parfois poétique, parfois écorchée, Leila Mottley nous entraine dans les bas fonds d'Oakland, une ville que l'on ressent chère à son coeur, où la misère suinte, où la violence s'immisce, où les coeurs se fêlent et où, pourtant, l'amour transparait par vagues qui nous emportent, où l'air iodé permet de reprendre son souffle entre deux asphyxies, où les matins clairs font oublier pour un temps les nuits sombres, où les caresses apaisent ces corps écorchés et où un rire permet de sécher quelques larmes. Kiara est de ces jeunes héroïnes inoubliables, dont les épreuves témoignent de sa force, de son courage, de sa foi en la vie, bien qu'elle ait côtoyé la noirceur humaine. Autour d'elle, l'on n'oubliera pas non plus l'amitié indéfectible d'Alé, le soutien infaillible de Tony, la fougue de Marcus et les rires et l'innocence de Trevor.
Un premier roman remarquable, tout à la fois émouvant et déchirant...
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Kiara a dix-sept ans. C'est aussi l'âge de l'autrice au moment où elle a commencé à écrire ce roman.
Kiara vit sous la menace d'une expulsion, elle gagne peu d'argent dans les petits boulots qu'elle trouve occasionnellement, son colocataire de frère a des ambitions artistiques qui le tiennent à distance d'une activité alimentaire. Pour compléter le tableau un gamin de neuf ans que sa mère est incapable d'élever passe le plus clair de son temps dans l'appartement.

La situation est terrible et Kiara presque sans s'en rendre compte en vient à vendre son corps, puis à faire de très mauvais choix, qui la mettront en danger.

Inspiré d'un procès qui a réellement eu lieu en Californie il y a quelques année, ce roman met en lumière la descente aux enfers de cette toute jeune fille pour qui les coups durs se succèdent, alors qu'elle n'est pas armée pour se faire une place dans cette société impitoyable.

Sans complaisance, avec une pudeur qui correspond bien à la naïveté de Kiara, Leila Mottley décrit avec un ton juste l'environnement sans concession qui ne peut conduire qu'au pire, malgré la volonté de la jeune fille de s'en sortir, pour elle, pour son frère, pour sortir de ce cercle vicieux que les erreurs de ses parents ont tracé autour d'elle.


Avec détermination et maturité, Leila Mottley devrait rejoindre le groupe des autrices américaines à suivre.

416 pages Albin-Michel 19 Août 2022

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« Arpenter la nuit » est le premier livre que je lis pour cette nouvelle rentrée littéraire, dans le florilège des nombreuses parutions qui, comme chaque année, se bousculent au portillon une fois le 15 août passé. Et waouaw, quel roman coup de poing ! Première lecture et premier coup de coeur direct pour ce roman sombre mais ô combien puissant, porté par une plume que je qualifierais tout simplement de sublime !

Leila Mottley, son auteure, a commencé sa rédaction alors qu'elle n'était même pas encore majeure : à l'âge de 17 ans. Pourtant, la force et le caractère de son écriture font qu'on pourrait penser se trouver face à un écrivain plus que confirmé. Alors qu'il s'agit d'un premier roman, le talent de l'auteure est indéniable et vous transporte au fil des mots.

On se trouve en Californie, à Oakland, pas loin de la baie de San Francisco. Pourtant, le monde à paillettes de Los Angeles et des richesses du Golden State sont à mille lieues de l'histoire qui nous est contée. Kiara, une jeune afro-américaine de 17 ans, habite dans un complexe de flats à bas loyers en compagnie de son frère, Marcus. Alors que ce dernier rêve d'entamer une carrière de rappeur, comme leur oncle parti à Los Angeles, Kiara, après avoir arrêté ses études, porte sur ses frêles épaules, leur survie quotidienne. Après le décès de leur père et l'emprisonnement de leur mère, elle essuie de nombreux refus d'embauches, la seule issue qui se présente est de se prostituer, bien malgré elle. le cauchemar commence alors de façon exponentielle.

Par le résumé, on se rend compte que l'histoire ne sera pas forcément gaie et qu'on évoluera dans les bas-fonds de la cité. Malgré la noirceur de ce récit, celui-ci est hypnotisant et intelligemment porté. Très actuel par ses thèmes abordés, ce livre est inspiré d'un vrai fait divers et la façon de l'auteure de retranscrire les sentiments égrenants ses protagonistes est saisissante de réalisme.

Je n'ai trouvé absolument aucun grief à ce livre. Tant ses personnages attachants, que ses descriptions aussi bien des lieux que des situations vont marqueront au fer rouge. Vous ne pourrez pas rester insensible à ce que vous lirez, malgré qu'il s'agisse d'une fiction.

Kiara est une héroïne qui m'a marquée et qui restera dans mon esprit pour encore certainement un bon bout de temps. Je souhaite tout le meilleur à ce roman qui mérite très amplement d'être parcouru, lu, découvert pour sa justesse et son intensité chatoyante.

Leila Mottley, un nom à absolument retenir pour les prochaines années car il est certain qu'on est face à l'une des plumes contemporaines américaines en pleine envolée.

Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Je remercie chaleureusement les éditions Albin Michel et sa collection "Terres d'Amérique" pour cette cette lecture ainsi que pour leur confiance.
Leila Mottley est une auteure afro-américaine très remarquée par la critique littéraire aux Etats-Unis. "Arpenter la nuit", Leila l'a pensé et écrite alors qu'elle n'avait que dix sept ans. Quand on se plonge dans ce roman on ressent ce cri de douleur d'une communauté afro-américaine pour qui le principe d'égalité devant la loi, la Constitution, n'est encore pour beaucoup d'entre eux, qu'une vaine chimère. Etre noir aux Etats-Unis, c'est dès son départ dans la vie, un manque cruel de reconnaissance et de chance de réussir dans la vie. Ceux sont des chances accrues de finir en prison, de se détruire avec la drogue pour oublier un contexte social et économique très difficile. Lelia Mottley aborde toutes ces thématiques avec une acuité saisissante. Son histoire est celle de Kiara, dix-sept ans et de son frère Marcus. Ils vivent dans un immeuble insalubre d'East Oakland, ghetto noir où se côtoie toutes les misères. La mère de Kiara et Marcus est emprisonnée, leur père est mort et il a subit lui aussi une longue peine de prison pour avoir été proche des Black-panthers. Il n'ont plus de famille. Marcus, l'aîné, se plonge dans la musique reine, le rap des ghettos, la musique comme échappatoire pour crier sa colère à la face du monde. Malheureusement, non seulement Marcus n'a pas le talent nécessaire pour percer dans ce milieu, mais gravite autour de lui des paumés qui deal pour vivre. Kiara est la seule qui travaille. Mais ce n'est pas suffisant pour payer le loyer vu que Marcus est incapable de trouver du travail. Il y a bien cet ami de son frère qui l'aime mais Kiara, elle, le voit comme un ami. Il est néanmoins là et puis il y a ce petit garçon d'une voisine accroc au crack. Une mère défoncée qui ne revient presque plus chez elle, laissant son enfant seul pendant plusieurs semaines. Une triste réalité. Kiara protège cet enfant qui lui fait oublier le drame de son existence. Kiara arpente la nuit, elle n'a pas d'autres choix que de se prostituer, la nuit, avec des hommes qui abusent d'elle alors qu'elle n'a que dix sept ans. La description des passes fais d'autant plus mal, qu'ici on nous ne sommes pas voyeur, tout est métaphorique, tel un cauchemar où l'on mesure la souffrance de Kiara. Leila Mottley choisit une description des conséquences psychiques, du dégoût de Kiara pour son corps, pour ce qu'elle est contrainte de supporter, ces hommes qui ne voient en Kiara qu'un objet sexuel, un corps jetable. Elle n'est rien pour eux. Cette plongée dans la rue, dans cette réalité sordide de la rue fait profondément mal au coeur. Comment se reconstruire après avoir été abusée, violée à un âge aussi précoce. La pauvreté, l'absence d'issue pour s'en sortir, le manque d'estime de soi, d'une enfant sans parent. Et puis un jour, la descente aux enfers se poursuit lorsqu'elle rencontre une patrouille de police. Rarement un roman ne m'aura autant percuté tel un coup de poing en plein coeur. L'écriture est sublime et poétique, elle nous prend aux tripes avec une telle force que je dois bien reconnaître avoir essuyé des larmes. le supplice de Kiara et puis cette rédemption en la personne de cet enfant auquel Kiara se reconnaît. Tout l'amour, la tendresse, la gentillesse qu'elle offre à ce petit bonhomme qui lui permet de ne pas plonger définitivement. le mal rôde dans les rues de Californie à East Oakland. La description de la jungle que peut-être la rue est poignante. Kiara est une victime mais il lui faudra un long cheminement pour l'accepter. Son dégoût qu'elle éprouve pour ces hommes qui l'abusent, pour elle-même. Un roman sombre, magnifié par une forme de poésie, de réalisme avec une pointe de mystère, une plongée dans la psyché de Kiara et de tous ces oubliés crevant dans la rue, elle qui dévore tout les êtres arpentant la nuit. le sordide côtoie l'amitié inaltérable entre cet enfant et Kiara, perçu par ce petit être comme une maman de substitution. Un roman qu'il faut absolument découvrir en cette rentrée littéraire. Un coup de coeur. le roman s'intitule "Arpenter la nuit" de Leila Mottley paru en cette rentrée littéraire chez Albin Michel dans la collection "Terres d'Amérique" dirigée par Francis Geffard.

Lien : https://thedude524.com/2022/..
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On lui répète qu'elle avait le choix, qu'elle aurait pu faire autrement, on la regarde, on la juge. le sexe, ce n'était pas une fin en soi. Facile. Kia pourtant n'entrevoit pas d'autre solution. Il faut se nourrir, s'occuper de Trevor, le petit voisin, dont la mère défaille, assurer ses arrières, pallier la détresse. Kia n'a pas atteint la majorité mais son frère traine ailleurs, son père est mort, sa mère est incarcérée dans un centre pénitentiaire psychiatrique. Alors le sexe fait rentrer de l'argent même s'il faut tout endurer. Les flics d'ailleurs en profitent ; ripoux, ils imposent. Les lieux, le temps, la violence.
Portrait inspiré de la vie réelle, de l'actualité, de faits sordides, « Arpenter la nuit » décrit la misère d'une jeune fille noire livrée à elle-même. Il faut payer le loyer, manger, survivre. Que vendre si ce n'est ce qui rapporte ?
Les mots sont durs, le récit insoutenable tout en étant indispensable. On ne peut garder les yeux secs et clos. Cette vie reflète une réalité dont on ne peut ignorer l'ignominie. Non. Ici ou ailleurs la misère ébrèche les plus démunis, les minorités, les mal chanceux. Je refuse d'écrire « les plus faibles » car Kia n'est pas faible. Elle est au contraire tout ce qu'il y a de plus fort et de déterminé. Un courage vrai. Une force dans un monde de brutes.
Lisez ce livre !
Une lecture incontournable sur la vie vraie.

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Un premier roman percutant : avoir 17 ans et se retrouver sans ressources.

Les parents de Kiara sont absents, on apprendra peu à peu leur histoire. Son frère ainé est censé être responsable, mais il consacre toute son énergie à en faire de la musique pour devenir célèbre. Et en attendant la célébrité, il faut quand même payer le loyer.

C'est tout à fait par hasard que quelqu'un lui donne de l'argent pour avoir des relations sexuelles. Elle devra ainsi arpenter la nuit pour assurer sa subsistance.

Kiara est généreuse et s'occupe de son jeune voisin, mais elle risque aussi de tomber sur des mauvaises personnes qui vont vouloir exploiter ta faiblesse. Et même les policiers de la ville d'Oakland veulent avoir leur part.

Un excellent roman, une qualité de plume surprenante de la part d'une jeune autrice, avec beaucoup d'émotions et un bon niveau d'analyse sociale.
À découvrir!
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