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Citations sur Tous des oiseaux (28)

DAVID. Il faut consoler ceux qui vont mourir. Je te remercie. Mais si belle que soit ton histoire, c’est une histoire pour soulager les vivants. Pour celui qui meurt, rien n’est réparé. Moi, j’aurais aimé connaître les enfants de mon fils. Tant aimé encore marcher sous la pluie, compter les étoiles, profiter davantage des silences et parler plus doucement aux choses. Moi, j’aurais voulu vieillir avec ma femme. Je ne savais pas combien étaient puissants les regrets de ce qui n’a pas été réconcilié. Il me semble qu’à présent je sais ce qu’il aurait fallu dire et faire.

WAZZÂN. Tout ne peut pas être réussi. (p. 129)
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De toute façon ça ne sert à rien de s'en faire parce que les choses ne vont jamais comme on aimerait. N'est-ce pas ? Tout est déréglé et personne ne peut plus rien prévoir. Avant, les fermiers engendraient les fermiers, les rois les rois et les ouvriers les ouvriers. Tu naissais dans un monde et tu ne le quittais pas, sauf pour mourir. Alors que maintenant… celui qui dit "adieu" finit par revenir et celui qui dit "au revoir" on ne le revoit plus. Il a fallu l'anéantissement de mon monde pour qu'un bateau me conduise ici.
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Les oiseaux vont et viennent de chaque côté de ce mur, quand ils sont là-bas, ils sont là-bas, quand ils sont ici, ils sont ici. Qui saurait dire le contraire ? Il existe pourtant des oiseaux quantiques, à la fois là-bas et ici, apparus comme nous à l'instant du Big Bang, et qui volent toujours au midi des deux mers. Je te le jure ! Je serais fou de me plaindre. Deux ans de bonheur. Pour quelqu'un comme moi, quelle chance ! Depuis cette descente d'escalier, chaque seconde passée était une seconde de gagnée puisque je la passais avec toi, et même celle qui passe là, si amère, et là, et là. De toi j'ai tout pris comme un cadeau, chaque caresse, chaque baiser et tous les jours, je te jure, je me suis tenu prêt pour ce moment où tu allais me quitter. Je l'ai attendu comme on attend la mort : un jour ça va arriver. Mais on a beau se tenir prêt on ne tient rien, et la mer Morte, je vais l'avaler entière tout à l'heure quand tu vas te lever et que tu vas t'éloigner.
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Vous ne l'aurez jamais. David ne voit rien, n'entend rien de ce que les autres ressentent pour lui. En mal ou en bien. Il n'y a que ce que lui ressent. David croit avoir raison sur tout, pas par orgueil, mais par entièreté. Et c'est pour ça qu'on l'aime ! Un monstre, un monstre ! Merveilleux et insupportable monstre et, comme tous les monstres, s'il s'écroule il va tout emporter avec lui !
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Eden : Eitan, écoute-moi : Wahida, toi et moi et tous ceux qui sont morts cette nuit nous sommes comme l’impossible miroir d’un rêve depuis longtemps assassiné. Plus de réconciliation possible. Trop de terres volées, d »’enfants tués, d’autobus explosés, trop de viols, trop de meurtres. Comment oublier ce qu’ils nous font et comment oublier ce qu’on leur fait ?! [.] Alors c’est la guerre. Une guerre qui va durer encore mille ans ! C’est un charnier, et il nous faut sauter dedans parce que nous sommes tous les endeuillés d’un même rêve perdu, qui n’a jamais été pleuré. Celui de vivre ensemble, entre ciel et mer, de s’attabler et d’inviter les dieux pour fêter les noces d’Eitan et de Wahida avant de bâtir une ville commune au portes toujours ouvertes à nos deux horizons.
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EDEN. Rien d’autre n’a de sens, Eitan, sauf peut-être les oiseaux du hasard qui vont et viennent invisibles et nous jettent dans les bras les uns les autres sans que nous n’y comprenions rien. Mais de ces oiseaux-là ils ne faut pas approcher, il faut les laisser aller dans la lumière de nos vies qui passent plus vite que des étoiles effilochées bonnes à faire naître un vœu, avant de disparaître dans la nuit noire de la mémoire. (p. 84)
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- Ne rigolez pas, c'est très sérieux ! Je ne vois pas d'autres explications... Jusqu'à l'instant T du Big Bang, notre matière devait être déjà enlacée à celle de ce livre en un point infiniment plus petit qu'une tête d'aiguille. Entrelacée d'une manière si inconcevable qu'il a fallu le Big Bang pour nous séparer et 1,3 milliards d'années pour nous réunir dans cette bibliothèque, vous, moi et le livre, à nous faire ressentir au-delà du temps et de l'espace la sensation initiale du lien. Bon, je dis ça, je ne voulais surtout avoir l'impression de vous draguer...
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EITAN. Pourquoi alors mon grand-père qui est là, qui est sorti de la cendre des camps, pourquoi lui ne m'écrase pas? Et pourquoi c'est la parole de mon père, qui n'a rien vécu, rien connu des événements, qui me broie ? Et pourquoi c'est I'amour de ma mère qui me tue? Quand elle est capable à la fois de me dire je te comprends, mais je ne prendrai pas ta défense? Pourquoi?
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ETGAR. Eitan, t’es parents sont fous de toi !

EITAN. (…) Alors pourquoi ils ne m’accueillent pas ? Tu me parles de transmission alors que c’est la question qui occupe ma vie ! Pourquoi tu souris, là ? Pourquoi ça te fait rire ? Tu n’as aucune idée devant qui tu dis ce mot ! Tu dis ce mot sans rien connaître de sa vérité, tu m’empoisonnes avec la douleur du passé dont je devrais être responsable jusqu’à étouffer ma vie alors que je suis le mieux placé pour savoir qu’il n’y a pas de transmission des douleurs ! Il n’y a rien ! La douleur ne se transmet pas de génération en génération ! Il n’y a que des accidents ! Tu entends ce que je te dis ? Je te le dis en hébreu: l’expérience d’un humain sa vie durant n’affecte aucun de ses chromosomes, quelle que soit la brutalité de l’expérience ! Aucune inquiétude n’est la source d’un cancer, rien ne s’enregistre, ne se transforme ! Nos gènes sont indifférents à nos existences ! Indifférents ! Tes chromosomes n’ont pas inscrit les traumatismes de ton père ! Auschwitz au complet n’a pas affecté le moindre gène, le plus petit ADN de mon grand-père. Écoute ce que je te dis: en 1966, quand la semence de ton père a fécondé ta mère, il n’y avait pas de camp de concentration dedans ! Ne pars pas, assieds-toi, tu vas m’écouter ! Il n’y a pas de transmission comme tu te le figures, l’unique transmission qui existe est génétique, et la génétique est sourde, aveugle à tout affect, toute douleur ! Ce n’est pas dans le sang ni dans la chair ! C’est dans la tête ! C’est juste de la psychologie de merde ! Une éducation culpabilisante parce qu’on n’a pas trouvé encore une manière de raconter le passé aux enfants sans les faire chier, et si on les traumatise, c’est parce qu’on veut qu’ils soient traumatisés, on n’accepterait pas qu’ils s’en sortent ! Alors on a inventé ce mot, « transmission », on leur dit « transmission » parce que « assassinat », ça ne se dit pas, on leur dit « mémoire, bagages des ancêtres, responsabilité du passé » et on les tue ! Parce qu’on a de la peine, un chagrin noir sans fin ! Comment expliquer sinon qu’on n’apprend rien ? Que de génération en génération on recommence ? Si les traumatismes marquaient quelque chose dans les gènes que nous transmettons à nos enfants, est-ce que tu crois que notre peuple aujourd’hui ferait subir à un autre l’oppression qu’il a subie lui-même ! (p. 45-46)
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EITAN. En quoi aimer sépare, en quoi te le dire te tue ? (p. 42)
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