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EAN : 9782330097547
96 pages
Actes Sud (07/03/2018)
4.29/5   188 notes
Résumé :
Éperdument amoureux, Eitan et Wahida confrontent la réalité historique contre laquelle ils tenteront de résister.

Mais les choses tournent mal sur le pont Allenby, entre Israël et la Jordanie : victime d’une attaque terroriste, Eitan tombe dans le coma. C’est dans cet espace-temps suspendu qu’il recevra la visite forcée de ses parents et de ses grands-parents, alors que les chagrins identitaires, le démon des détestations, les idéologies torses s’enfl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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"Un oiseau vient au monde et voilà qu'à la faveur de son premier envol il passe au-dessus des eaux de la mer. La lumière laisse entrevoir sous la surface les poissons aux écailles argentées. Ému par cette beauté inconnue, l'oiseau veut aller à leur rencontre et il tombe vers la mer. Mais les autres oiseaux, ses congénères, le rattrapent avant qu'il n'atteigne les vagues. "Non ! lui dit le plus sage, ne t'avise jamais d'aller vers ces créatures. Elles te sont étrangères en tous points et, les rejoignant, tu mourrais comme elles mourraient si elles nous rejoignaient. Nous ne sommes faits ni pour nous rencontrer ni pour vivre ensemble." L'oiseau obéit et va sa vie, mais toujours son coeur se tord à la vue de la mer. Taciturne, il ne chante plus. Jusqu'au jour où, pétri par un chagrin devenu trop lourd à porter, il songe qu'à une longue vie malheureuse il préfère un seul instant d'extase, et il referme sur lui ses ailes ! Et dans la bleuité du ciel, il tombe vers la bleuité de la mer pour en fendre la surface. le voilà sous l'eau, s'enfonçant vers l'abysse des lumières et dans le peu de temps qu'il lui reste, l'oiseau ouvre ses yeux ! Infinité de poissons multicolores ! Satin insoupçonné des abîmes ! Indicible beauté étrangère ! Son coeur s'enflamme ! Sa dernière heure approche, mais il ne s'en soucie plus, tout à son désir de l'autre, de ce qui est différent, et ce désir est si absolu, si immense, si spirituel, qu'à l'instant précis où la mort veut le saisir des ouïes lui poussent au cou ! Et il respire ! Il respire ! Et respirant, volant-nageant, il s'avance au milieu des poissons aux écailles d'or, de jade et de rose aussi subjugués que lui par eux, et, les saluant, l'oiseau prononce la parole magique : "Me voici ! C'est moi ! Je suis l'oiseau amphibie arrivant au milieu de vous, je suis l'un des vôtres, je suis l'un des vôtres !"
Il m'a semblé approprié de vous relater l'histoire de l'oiseau amphibie pour introduire cette présentation de la pièce de Wajdi Mouawad, car elle illustre à elle seule le propos de la pièce, à savoir notre quête d'identité et la recherche de nos identités perdues ou égarées.
Cette pièce que je n'ai pu que lire, c'est-à-dire que je n'ai pas eu la chance de voir jouer au théâtre, met en scène huit personnages... non en quête d'auteur, mais en quête d'eux-mêmes, perdus qu'ils sont entre ce qu'ils croient être et ne sont pas, ce qu'on veut leur faire croire qu'ils sont et qu'ils ne sont peut-être toujours pas, ce qu'ils voudraient être et qu'on leur refuse qu'ils soient, égarés dans un monde où les murs, les bannières, les barbelés, les check-points, les idéologies, les dogmes, les croyances, les religions, L Histoire s'érigent en parangons identitaires qui ne suffisent pourtant pas à étancher leur quête, tel cet oiseau irrésistiblement attiré par ce qui semble n'être pas lui et ne jamais pouvoir le devenir.
Ces huit personnages sont Eitan jeune juif new-yorkais, étudiant en statistiques, Wahida jeune étudiante new-yorkaise doctorante qui prépare une thèse sur Hassan Ibn Mohammed Al-Wazzân, diplomate de haut rang, enlevé par des pirates en 1518 au retour d'un pèlerinage à La Mecque et offert au Pape Léon X, Eden soldate israélienne, Leah grand-mère d'Eitan... elle vit en Israël, Norah belle-fille de Leah et mère d'Eitan, Etgar mari de Leah, beau-père de Norah et grand-père d'Eitan et père de David... il vit en Allemagne, David père d'Eitan, fils de Leah et d'Etgar, mari de Norah... ils vivent également tous deux en Allemagne, Wazzân personnage historique sujet de la thèse de Wahida.
Eitan, le juif rencontre Wahida, l'arabe... c'est le grand amour.
Ils vivent à New York.
Eitan fait venir ses parents ( David, Norah et Etgar) qui vivent en Allemagne, à New York, pour leur présenter Wahida l'amour de sa vie avec laquelle il veut se marier.
C'est le clash.
Entre l'orthodoxie de David son père, le soutien de Norah sa mère à son époux et ce malgré son passé de communiste de l'ex-RDA et donc pro-palestinienne et l'attitude ambiguë d'Etgar rescapé de la Shoah... ils se quittent sur un constat d'échec et une énième brouille.
Eitan se rend en Israël pour rencontrer Leah sa grand-mère.
Il est accompagné de Wahida qui veut profiter de ce voyage pour se rendre en Jordanie et dans d'autres pays musulmans... sur les traces de Wazzân le "personnage" de sa thèse.
Ils font partie des victimes d'une attaque terroriste.
Eitan est hospitalisé dans le coma.
Wahida prévient Leah et les parents berlinois d'Eitan.
Tous se retrouvent en Israël au coeur de l'affrontement entre Israéliens et Palestiniens.
Les masques vont tomber. Chacun va devoir faire face à ses vérités et à ses mensonges.
Que leur réserve cette recherche d'identité après laquelle ils couraient tous et qui désormais s'impose à eux ?
Une pièce que j'aurais vraiment voir aimé jouer sur scène.
Qui sait ?
Plus que du théâtre, l'art de Wajdi Mouawad, c'est de mêler poésie, réalisme, à ce qui apparaît à la lecture de son oeuvre comme relevant également du cinéma.
Le propos est intelligent, lourd, touchant, et ce, dans un ensemble où se mêlent les langues, les espaces-temps, où le poids de l'Histoire est omniprésent.
Autour du conflit israélo-palestinien plane la mémoire toujours vivace de l'holocauste, et l'auteur à travers - Tous des oiseaux - nous montre son pessimisme face à ce drame fait pour durer.
Les clés, peut-être pas toutes, certaines tout au moins, sont là et pourraient permettre d'ouvrir des portes entravées par des oiseaux sans ailes.
La présence, la vie, l'expérience et le legs à l'Histoire de Wazzân est une de ces clés...
J'espère ne pas avoir été trop confus, mais j'avoue qu'à défaut d'avoir vu la pièce au théâtre... il me faudra la lire et la relire... tant sa structure et son propos sont plus complexes que ce que ma pauvre présentation s'est évertué à essayer de montrer.
Du très grand théâtre !
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Plus qu'un coup de coeur, j'ose parler d'un coup de foudre pour cette pièce de théâtre mais aussi pour la rencontre qu'elle me permet avec son auteur. Wadi Mouawad est comédien,metteur en scène,auteur et actuellement directeur du Théâtre de la Colline à Paris. La postface de Sylvain Diaz est très intéressante pour en apprendre davantage sur cet homme et ses oeuvres. Tous les oiseaux est une pièce bouleversante, déchirante qui peut presque se résumer par le questionnement de Wahida "Faut il à ce point s'attacher à nos identités perdues? Qu'est ce qu'une vie entre deux mondes ? Qu'est ce qu'un migrant? Qu'est ce qu'un réfugié ? Qu'est ce qu'un mutant ?". Wahida écrit une thèse sur Wassam, Léon l'Africain " Diplomate marocain du XVI siècle enlevé et offert au Pape Léon X qui le convertit au christianisme." Eitan prépare lui aussi une thèse en génétique. Ils s'aiment passionnément mais contrairement à lui, elle n'est pas juive...Ils partent ensemble en Israël car Eitan veut faire la lumière sur son père et résoudre un secret familial. Wahida sans le savoir part elle aussi à la recherche de qui elle est vraiment. A travers les six personnages principaux ( Wahida,Eitan,ses parents et grands parents) se joue la question fondamentale de l'identité. Chacun a sa zone d'ombre connue ou méconnue qui une fois dévoilée ne pourra qu'ebranler leur construction. A cette quête intime s'ajoute L Histoire qui elle aussi,interroge l'identité à travers la judéité, le conflit israélo-palestinien, la place du Liban. Plane aussi évidemment la menace terroriste,sa violence son pouvoir séparateur des peuples.
Le texte est splendide et les multiples questions qu'il soulève ne peuvent se traduire par ce simple billet. C'est un texte qui allie un réalisme sans concession et une poésie très humaine, très sensible. Quand je pense que cette pièce s'est jouée dernièrement à Brest et que je l'ai ratée je me maudis!!! A toutes celles et ceux qui comme moi ne sont pas spécialement attirés par la lecture de pièces de théâtre, n'hésitez pas,jetez vous dans cette lecture que vous n'oublierez pas de si tôt !
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Pour ouvrir sa période à la direction du théâtre de la Colline à Paris, Wajdi Mouawad créé en 2017 « Tous de oiseaux », une histoire d'amour tragique entre Wahida, une Américaine d'origine arabe et Eitan, un jeune Allemand d'origine juive. L'un comme l'autre semblent loin des préoccupations liées à leurs origines. Mais un repas organisé par Eitan pour présenter Wahida à ses parents va changer la trajectoire de leur vie. À la suite de cette rencontre, ils partent en Israël, lui à la recherche de sa filiation, elle sur les traces d'un poète. Un attentat va sceller leur destin et celui de toute la famille d'Eitan.
La pièce fut créée en plusieurs langues : allemand, anglais, arabe et hébreu, ce qui n'apparaît pas dans la publication chez Acte Sud. Pour l'avoir vue lors de sa création j'en garde un souvenir très fort, celui d'un des meilleurs textes de Wajdi Mouawad, avec, en le relisant, le regret de ne pas y être retournée pour les dernières il y a quelques mois.

Wajdi Mouawad aborde ici les thèmes qui lui sont chers et qui parsèment son oeuvre : la filiation, l'exil, la violence des hommes, la guerre civile, la quête identitaire, l'entente entre les peuples.

« Tous des oiseaux » c'est un peu Roméo et Juliette au 21e siècle entre Israël et Palestine. le récit nous emporte sur deux continents, dans trois pays. Portés par leur amour Wahida et Eitan ne sont pas prêts à affronter la charge de l'Histoire que portent leurs parents, et plus particulièrement ceux d'Eitan. Poids du passé qui dicte leur rapport au monde, leur rapport aux autres. Sans oublier ce secret enfoui dans la mémoire familiale et qui ressurgit, mettant à nu toutes les haines, tout le passif que les guerres ont accroché dans les coeurs et dans les esprits. Un cocktail explosif qui plus que la bombe qui envoie Eitan à l'hôpital va dynamiter les familles et les individus.

Malgré la violence des mots et des actes, malgré les haines et les rancunes ancestrales, c'est d'humanité qu'il est question ici. Et de savoir ce qui nous définit. Tous les personnages sont confrontés à un moment où à un autre à cette question, et à travers eux le spectateur. Les individus qui composent les peuples doivent-ils être éternellement ennemis au nom du passé ? Un individu peut-il faire abstraction de ses origines ? Ne sommes-nous définis que par nos origines ? Ne pas tenir compte de nos origines fait-il de nous un traitre ? Et au contraire ne pas s'interroger fait-il de nous un esclave d'une histoire, d'un passé (pour ne pas dire d'un passif) ?

À travers les destins de ces hommes et de ces femmes, Wajdi Mouawad amène le spectateur ou le lecteur à plonger au fond de lui-même pour y trouver ses propres réponses, chaque histoire personnelle sur scène apportant de nouveaux questionnements. Comme toujours l'auteur n'impose pas sa vision ni sa réponse mais nous interpelle sur des questions qui traversent notre époque, dans un style percutant.
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Ils se rencontrent à la bibliothèque d'une université new-yorkaise. Wahida rédige sa thèse sur Hassan Ibn Mohammed Al-Wazzân, Léon l'Africain, réfléchissant sur des questions identitaires. Eitan est du côté de la science, plus précisément de la génétique. Elle est arabe, New-Yorkaise d'origine palestinienne, c'est un juif berlinois, descendant d'un rescapé de la Shoah. Ils s'aiment, ils ont vingt ans, pour eux cela ne pose aucun problème, mais la famille d'Eitan, en particulier son père David qui se sent blessé et trahi, s'oppose à leur relation… Lorsque le jeune homme est blessé dans un attentat terroriste alors qu'il se trouve en Israël avec Wahida pour une raison que ses proches ignorent, un secret va être révélé qui va risquer de faire exploser toute la cellule familiale… Sur fond de conflit israélo-palestinien, la pièce, bien écrite et qui se lit comme un roman, portée par l'histoire de l'oiseau amphibie, traite du déterminisme identitaire et de l'héritage de la haine, et questionne la transmission intergénérationnelle des traumatismes de l'Holocauste. Un grand moment de lecture.
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Magnifique texte sur la quête d'identité, le destin, l'amour. Il puise dans des ressorts mythologiques en y mêlant des accents poétiques.

Leah et Etgar ont changé le destin de David. Il n'a jamais su qu'il n'était pas leur descendant, ni de leur religion. Eitan, son fils, venu depuis les Etats-Unis à la recherche de la vérité sur son père est touché par un attentat. David et Norah, le mère d'Eitan, débarquent en Israël....

C'est l'heure des règlements de compte. Eitan est "visité" par sa famille pendant son coma. C'est l'heure des révélations. Elles changeront le cours de l'histoire de ces personnages aux liens obscurs.

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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Les oiseaux vont et viennent de chaque côté de ce mur, quand ils sont là-bas, ils sont là-bas, quand ils sont ici, ils sont ici. Qui saurait dire le contraire ? Il existe pourtant des oiseaux quantiques, à la fois là-bas et ici, apparus comme nous à l'instant du Big Bang, et qui volent toujours au midi des deux mers. Je te le jure ! Je serais fou de me plaindre. Deux ans de bonheur. Pour quelqu'un comme moi, quelle chance ! Depuis cette descente d'escalier, chaque seconde passée était une seconde de gagnée puisque je la passais avec toi, et même celle qui passe là, si amère, et là, et là. De toi j'ai tout pris comme un cadeau, chaque caresse, chaque baiser et tous les jours, je te jure, je me suis tenu prêt pour ce moment où tu allais me quitter. Je l'ai attendu comme on attend la mort : un jour ça va arriver. Mais on a beau se tenir prêt on ne tient rien, et la mer Morte, je vais l'avaler entière tout à l'heure quand tu vas te lever et que tu vas t'éloigner.
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DAVID. Il faut consoler ceux qui vont mourir. Je te remercie. Mais si belle que soit ton histoire, c’est une histoire pour soulager les vivants. Pour celui qui meurt, rien n’est réparé. Moi, j’aurais aimé connaître les enfants de mon fils. Tant aimé encore marcher sous la pluie, compter les étoiles, profiter davantage des silences et parler plus doucement aux choses. Moi, j’aurais voulu vieillir avec ma femme. Je ne savais pas combien étaient puissants les regrets de ce qui n’a pas été réconcilié. Il me semble qu’à présent je sais ce qu’il aurait fallu dire et faire.

WAZZÂN. Tout ne peut pas être réussi. (p. 129)
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ETGAR. Eitan, t’es parents sont fous de toi !

EITAN. (…) Alors pourquoi ils ne m’accueillent pas ? Tu me parles de transmission alors que c’est la question qui occupe ma vie ! Pourquoi tu souris, là ? Pourquoi ça te fait rire ? Tu n’as aucune idée devant qui tu dis ce mot ! Tu dis ce mot sans rien connaître de sa vérité, tu m’empoisonnes avec la douleur du passé dont je devrais être responsable jusqu’à étouffer ma vie alors que je suis le mieux placé pour savoir qu’il n’y a pas de transmission des douleurs ! Il n’y a rien ! La douleur ne se transmet pas de génération en génération ! Il n’y a que des accidents ! Tu entends ce que je te dis ? Je te le dis en hébreu: l’expérience d’un humain sa vie durant n’affecte aucun de ses chromosomes, quelle que soit la brutalité de l’expérience ! Aucune inquiétude n’est la source d’un cancer, rien ne s’enregistre, ne se transforme ! Nos gènes sont indifférents à nos existences ! Indifférents ! Tes chromosomes n’ont pas inscrit les traumatismes de ton père ! Auschwitz au complet n’a pas affecté le moindre gène, le plus petit ADN de mon grand-père. Écoute ce que je te dis: en 1966, quand la semence de ton père a fécondé ta mère, il n’y avait pas de camp de concentration dedans ! Ne pars pas, assieds-toi, tu vas m’écouter ! Il n’y a pas de transmission comme tu te le figures, l’unique transmission qui existe est génétique, et la génétique est sourde, aveugle à tout affect, toute douleur ! Ce n’est pas dans le sang ni dans la chair ! C’est dans la tête ! C’est juste de la psychologie de merde ! Une éducation culpabilisante parce qu’on n’a pas trouvé encore une manière de raconter le passé aux enfants sans les faire chier, et si on les traumatise, c’est parce qu’on veut qu’ils soient traumatisés, on n’accepterait pas qu’ils s’en sortent ! Alors on a inventé ce mot, « transmission », on leur dit « transmission » parce que « assassinat », ça ne se dit pas, on leur dit « mémoire, bagages des ancêtres, responsabilité du passé » et on les tue ! Parce qu’on a de la peine, un chagrin noir sans fin ! Comment expliquer sinon qu’on n’apprend rien ? Que de génération en génération on recommence ? Si les traumatismes marquaient quelque chose dans les gènes que nous transmettons à nos enfants, est-ce que tu crois que notre peuple aujourd’hui ferait subir à un autre l’oppression qu’il a subie lui-même ! (p. 45-46)
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De toute façon ça ne sert à rien de s'en faire parce que les choses ne vont jamais comme on aimerait. N'est-ce pas ? Tout est déréglé et personne ne peut plus rien prévoir. Avant, les fermiers engendraient les fermiers, les rois les rois et les ouvriers les ouvriers. Tu naissais dans un monde et tu ne le quittais pas, sauf pour mourir. Alors que maintenant… celui qui dit "adieu" finit par revenir et celui qui dit "au revoir" on ne le revoit plus. Il a fallu l'anéantissement de mon monde pour qu'un bateau me conduise ici.
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Eden : Eitan, écoute-moi : Wahida, toi et moi et tous ceux qui sont morts cette nuit nous sommes comme l’impossible miroir d’un rêve depuis longtemps assassiné. Plus de réconciliation possible. Trop de terres volées, d »’enfants tués, d’autobus explosés, trop de viols, trop de meurtres. Comment oublier ce qu’ils nous font et comment oublier ce qu’on leur fait ?! [.] Alors c’est la guerre. Une guerre qui va durer encore mille ans ! C’est un charnier, et il nous faut sauter dedans parce que nous sommes tous les endeuillés d’un même rêve perdu, qui n’a jamais été pleuré. Celui de vivre ensemble, entre ciel et mer, de s’attabler et d’inviter les dieux pour fêter les noces d’Eitan et de Wahida avant de bâtir une ville commune au portes toujours ouvertes à nos deux horizons.
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Vidéo de Wajdi Mouawad
Wadji Mouawad est dramaturge, romancier, metteur en scène, Grand prix du théâtre de l'Académie française et il dirige actuellement le Théâtre national de la Colline depuis 2016. Cet homme d'origine libanaise est venu donner son point de vue sur la question "Que faire de notre héritage culturel?". "On a semé en moi la graine de la détestation, qui consistait au fond à détester tout ce qui n'était pas de mon camp et mon clan", a expliqué Wadji Mouawad, qui a grandi au Liban pendant la guerre civile, dans une "culture de la détestation". Aujourd'hui, il a choisi de réfléchir à la manière dont son héritage personnel l'encombre dans la situation que nous vivons actuellement, et notamment le conflit israélo-palestinien, et plus particulièrement depuis les attentats du 7 octobre 2023. Selon lui, il n'est pas possible d'être neutre du fait de notre héritage. Après ce constat, il en vient à se poser la question suivante : "Est-ce que notre héritage ne devient pas un obstacle à notre capacité à l'empathie?".
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